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Gustave Moreau, sa maison, son œuvre

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Le Musée Gustave-Moreau est un lieu poétique d'art néoclassique total.

Le Musée Gustave-Moreau est un lieu poétique d'art néoclassique total. Crédits photo : (c) RMN / Stéphane Maréchalle

L'hôtel parisien que le peintre avait transformé en musée était en chantier depuis six mois. Il vient de rouvrir.

«Je lègue ma maison.» En 1898, en laissant à l'État son hôtel proustien du quartier de la Nouvelle Athènes, sur le flanc sud de la butte Montmartre, Gustave Moreau s'éteignait en révélant son grand œuvre. Car le testament inclut non seulement l'immeuble sur trois étages mais aussi tout ce qu'il contient - peintures, dessins, photographies encadrées de velours bleu, meubles, sculptures en cire, céramiques, livres, boiseries vert d'eau ou blanc cassé, cheminées, poêle… jusqu'à ses lunettes. Le tout dans une disposition et un décor parfaitement pensés. Soit 25.000 œuvres dont 850 peintures et 15.000 dessins. Soit un bijou de musée, ouvert au public depuis 1903. Un lieu poétique d'art néoclassique total, seulement comparable dans le monde à la ­demeure de l'architecte sir John Soane à Londres.

L'ami du comte de Montesquiou, le protégé de Napoléon III, l'aîné de Chassériau et du cadet Degas, le professeur en ­liberté des jeunes radicaux Matisse, ­Marquet, Rouault y a cristallisé «ce qu'il était comme artiste et le milieu dans lequel (il se) plaisait à rêver». Il y livre ce qu'il n'avait jamais osé montrer de son vivant. Un passage, même court, entre ses murs, suffit à comprendre à quel point Gustave Moreau (né en 1826) est un inclassable: académique officiellement, symboliste en petit comité d'esthètes, et électron libre dans l'intimité.

Après six mois de travaux, le musée a rouvert samedi alors qu'il reste encore beaucoup à faire, mais le gros de cette modernisation-restauration (2,5 millions d'euros) est accompli et les visites peuvent reprendre.

«L'imagination de la couleur»

L'appartement du ­premier étage ainsi que les deux grands ateliers des niveaux supérieurs, avec l'élégant escalier en spirale, n'ont bien sûr pas changé. Aux murs rouges Second Empire, la débauche ­mythologique ­saturée de motifs exotiques filigranés, si caractéristique du style à la fois précieux et sauvage de Moreau, est là. Elle fascinait André Breton, la magie continue d'opérer.

Le changement se trouve en fait plus bas. Au sous-sol, une réserve de 180 mètres carrés a été creusée «à la petite cuillère, une performance», note David Ben Si Mohand, le secrétaire général de cet établissement national. Ce volume va soulager la seule pièce technique, trop exiguë, située au premier. À terme, le petit jardin adossé au bâtiment va retrouver son gravier, ses plantes grimpantes et ses lilas d'antan. Ne manquera que le poulailler… «En vérité, le peintre n'avait pas la main verte», glisse Marie-Cécile Forest, conservateur en chef. Ses couleurs fleurissent seulement sur ses cimaises. «Ayez l'imagination de la couleur», livrait ce doux professeur comme unique conseil à ses élèves.

Surtout, plusieurs des cinq pièces du rez-de-chaussée, fermées depuis 2002 et qui seront à nouveau accessibles à l'automne prochain, vont être réinstallées comme Gustave Moreau les avait agencées. L'une sera recouverte d'aquarelles, les autres de grands dessins. «Cet accrochage XIXe siècle, à touche-touche, avec les cadres peints d'origine, n'était plus visible au public depuis 2002», précise Marie-Cécile Forest.

Dans ces salles étroites, des centaines d'autres feuilles seront consultables par les chercheurs. «Toutes ont été reconditionnées, les anciens portfolios sont également conservés avec leurs étiquettes mais il fallait mieux protéger l'ensemble», ajoute la maîtresse des lieux. Gustave Moreau a organisé son univers par grands thèmes à la Prévert: chimères, maîtres anciens, Léda, Hercule, paysages… Durant les trois dernières années de sa vie, il en a collé en séries sur de grands cartons à lire comme des livres. Dans le même sens, il a reconfiguré sa maison-atelier.

Le couloir est dévolu aux amis morts ou vivants, le boudoir à la famille, les chambres aux parents, les salles à manger à l'évocation des œuvres qu'il avait vendues. «Tout fait sens», résume Marie-Cécile Forest. Tout est sophistiqué et raffiné comme dans les poèmes de Lorrain, Huysmans ou Heredia, ces parnassiens qui venaient là en pèlerinage.


Redécouvrir les ateliers d'artistes en Ile-de-France

Chez Gustave Moreau, la saison culturelle reprend avec une programmation autour de conférences chaque jeudi, de concerts de musique de chambre en partenariat avec l'Orchestre de Paris les mardis, d'ateliers pour enfants et, pour la première fois depuis la mort de l'artiste, de cours de dessins pour adultes. Débutants et confirmés travailleront par groupes de dix durant 2h30 au milieu des œuvres, le samedi matin et le lundi soir. Le musée va également signer un partenariat avec la Comédie-Française pour animer les lieux. Cette redynamisation s'inscrit dans le projet d'un label «Maison des Illustres» initié par Frédéric Mitterrand lorsqu'il était ministre de la Culture, et qui se concrétise en Ile-de-France. À terme, il mettra en réseau quelques uns des lieux les plus chargés d'âme et d'histoire de l'agglomération. Avant sa fermeture le musée Gustave Moreau accueillait 40.000 personnes par an. Prochaine exposition en 2015 sur les rapports entre l'artiste et son élève préféré, qui fut le premier des conservateurs des lieux: Georges Rouault.

14, rue de La Rochefoucault, Paris IXe. Tél.: 01.48.74.38.50 et www.musee-moreau.fr

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