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"Les halles" de retour au Petit Palais

Petit Palais

Petit Palais / Crédit : l'oeuvre en cours de restauration (c) Hulot Deslozeaux

 
 

L’immense toile de Léon Lhermitte est dévoilée au public à partir du 18 mars.

Les Halles, immense toile de Léon Lhermitte, était roulée en réserve depuis plus de 70 ans. Restaurée à l’occasion de son prêt à l’exposition « Paris en scène 1889-1914 », au musée de la Civilisation de Québec, elle va retrouver le Petit Palais, à son emplacement initial, dans la galerie zénithale des grands formats consacrée à l’art français du XIXe siècle.

Les Halles reviennent au Petit Palais par mairiedeparis


Originaire de Picardie, le peintre Léon Lhermitte est un maître du naturalisme, courant artistique qui se développe en France à la fin du 19e siècle, à la suite de Courbet et sous l’influence des romans de Zola. Lhermitte se veut témoin de son temps et dessine sur le vif des scènes de la vie quotidienne, qui lui servent ensuite à peindre de grandes compositions. Il représente ainsi en 1882 La Paye des moissonneurs (musée d’Orsay), avec laquelle il rencontre son premier grand succès. Il compte alors parmi les personnalités du monde artistique qui prennent part à la défense de l’art indépendant face à l’inertie des institutions académiques.

En 1889, Léon Lhermitte est choisi pour réaliser une peinture monumentale destinée à l’Hôtel de Ville de Paris. Le peintre propose de traiter un sujet moderne, l’approvisionnement des Halles, bousculant ainsi la tradition du décor allégorique. L’oeuvre fait sensation au Salon de 1895. En 1904, elle est transférée au Petit Palais qui vient d’être inauguré et présentée dans la grande galerie des peintures située au rez-de-jardin. Puis entreposée et roulée dans une réserve durant une partie du XXe siècle, l’oeuvre est restée à l’abri des regards.

Sa restauration, qui a bénéficié du mécénat du Marché International de Rungis, a duré quatre mois. Grâce à l’intervention d’un groupement de six restaurateurs aidé par l’équipe technique du Petit Palais, la toile a été déroulée et remise en tension puis installée sur un nouveau châssis en aluminium. La surface peinte a été décrassée et les résidus de marouflage (plâtre, céruse, enduit gras) ont été éliminés. Enfin, le vernis qui protège la couche picturale a été harmonisé.

Ayant retrouvé toute sa vivacité, cette oeuvre illustre l’effervescence de la vie parisienne à la Belle époque. Tandis que le quartier des Halles est en pleine rénovation, le tableau de Léon Lhermitte nous permet de retrouver à l’aube du XXIe siècle l’activité industrieuse et populaire du Paris de Zola.

Revue de presse de 1895

Avant d’être placé à l’Hôtel de Ville, le grand panneau « Les Halles» de Léon Lhermitte est exposé au Salon de la Société nationale des Beaux-arts, qui ouvre au public le 25 avril 1895. Classée parmi les « toiles sensationnelles » du Salon, l’oeuvre suscite de très nombreux commentaires dans la presse. Certains lui reprochent le désordre de sa composition qui déroge aux règles de l’académisme, d’autres la trivialité du sujet au moment où les symbolistes remettent au goût du jour le rêve et la spiritualité, mais tous reconnaissent la formidable vivacité de la scène et la virtuosité du peintre qui préserve sur l’immensité de sa toile la fraîcheur de l’esquisse.

« M. Lhermitte est un vivant exemple de ce qu’une volonté opiniâtre, aidée d’une infatigable conscience, peut fournir. On n’oserait affirmer qu’i fût né pour aborder les grands sujets en peinture. Longtemps confiné dans le crayon, il en avait gardé dans la manoeuvre du pinceau une facture hésitante et mince, qui ne permettrait guère de prévoir, dans le peintre d’épisodes rustiques et d’obscurs intérieurs de campagne, le décorateur brillant d’aujourd’hui. […] Inutile de décrire la toile destinée à l’Hôtel de Ville. Sans l’avoir vue, tous les Parisiens la connaissent. C’est la grande artère des halles, entre neuf et dix heures du matin, avant que la cloche sonne et rende à la circulation ce gigantesque marché en plein vent. C’est bien là le Ventre de Paris décrit par Emile Zola. […] L’exécution, dans un morceau de cette nature, n’est pas indifférente ; elle doit être, comme le sujet, truculente. Elle l’est. Irréprochablement solide, elle défie, dans la couleur comme dans le dessin, toute critique ; elle est moins tendue que de coutume, elle est même empreinte d’une largeur dont il faut féliciter hautement M. Lhermitte. »
François Thiébault-Sisson, compte rendu du Salon, Le Temps, 24 avril 1895

« Dans le cadre un peu étroit que forme avec l’église Saint-Eustache l’un des pavillons des Halles, l’artiste a surpris dans son activité, dans son grouillement pour ainsi dire, la vie de cette population dont la tâche journalière – noble tâche ! – est de remplir le ventre de Paris. Elle est là tout entière, cette existence matinale que connaissent seuls les soupeurs attardés et les hôtes de l’hospitalité de nuit ; elle est là avec son animation, son sans gêne, sa cohue, ses étalages, ses cris, ses querelles, ses invectives, ses attraits, ses répugnances, j’allais dire ses odeurs : La composition de ce pêle-mêle est simple, et il semblerait volontiers qu’avec un art infini M. Lhermitte en a organisé le désordre. Toutes ces notations sont originales, les tons précis, les valeurs exactes, les expressions justes, et cette agglomération respire largement, s’éclaire nettement dans le jour un peu gris d’une matinée d’automne. On reprochera peut-être à l’auteur l’éclat de deux potirons qu’il a placés au premier plan de droite. Ce serait une erreur. Outre que ce ton violent est nécessaire au tableau, parce qu’il illumine l’œuvre tout entière, le potiron a droit à sa glorification dans cette apothéose des Halles. Il est la joie rutilante des marchés, la chanson des éventaires de fruitiers, il enfle le ton vibrant de ses rotondités comme le clairon qui lande ses appels de victoire et, dans l’aurore grelottante des matins, n’apparait-il pas aux malheureux comme une vision de soleil ? »
Henri Bremontier, compte rendu du Salon, La Presse, 24 avril 1895

« Les halles, de M. Lhermitte, ne sont point autre chose que l’une des études que le peintre a faites sur le « carreau ». Il ne s’ensuit pas qu’elle ait, en décuplant de surface, perdu son caractère d’étude. D’ailleurs, les qualités de M. Lhermitte se trouvent tout ici, et ce sont des qualités estimables. »
J.E. Schmitt, compte rendu du salon « Autres peintures décoratives », Le Siècle, 29 avril 1895

> Pour en savoir plus sur l'oeuvre,  consulter la notice de l'oeuvre.

 
La restauration de l’oeuvre a bénéficié de soutien de :
 
 

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