Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES, Venise

Valérie Belin




 

Par Patricia Boyer de Latour
Valérie Belin Photo Valérie Belin

Dans ses troublants portraits, la photographe Valérie Belin nous interroge sans relâche sur la quête de la perfection esthétique.

 

Nymphes, mariées, mannequins… Dans ses troublantes séries, la photographe nous interroge sans relâche sur la quête de perfection esthétique. On la suit de l’autre côté du miroir.

Elle a de faux airs d’ange échappé d’un tableau du Caravage. Valérie Belin a la même ambiguïté, version 2.0. Son atelier du XIIIe arrondissement de Paris jouxte un magasin de photographie kitsch qui, faute de clients, fait salon de thé. Mais kitsch ou pas, les photographies de Valérie Belin mettent la beauté au centre de son travail depuis vingt ans. Avec deux fascinations : l’art minimal américain, qu’elle a étudié en cours d’esthétique à la Sorbonne, et le baroque italien, sa passion depuis les Beaux-Arts de Bourges. En quoi elle est loin des effarouchements de ses confrères qui de la beauté ne veulent pas parler. Ici aucune ride ni imperfection. Tout est parfait. Un peu trop peut-être ? Oui, et c’est la question. Ce ne sont que splendides visages de mannequins, mariées marocaines, miroirs vénitiens et corbeilles de fruits. Mais tout n’est qu’illusion, simulacre, et trafic en tout genre. « Je m’appuie sur la beauté pour interroger les stéréotypes de la société. » Valérie Belin n’a rien d’une militante. « Si l’on me dit “Quelle belle fille !” du modèle qui fait la couverture de Madame Figaro, cela me va. Je pratique un art accessible. » Il serait dommage de s’en tenir là. Au cœur de la société du spectacle dont elle présente les icônes et jusqu’à ses pires avatars – sosies de Michael Jackson, body-builders –, Valérie Belin se sent « sur le fil du rasoir ».

Pas question de tomber dans la complaisance ou, pire, le mépris. « Je suis en empathie avec mon sujet. Je suggère la fragilité d’une identité qui transforme chaque visage en objet et évacue son individualité. » Si Valérie Belin touche le spectateur, c’est que la manière dont elle dénonce les codes n’est pas cynique mais insidieuse… Ce qu’elle résume en ajoutant que « la dureté des sujets est contrebalancée par la douceur du regard ». D’où viennent donc le trouble et même le malaise sciemment fomentés par Valérie Belin  ? Sans doute de la difficulté, pour chacun d’entre nous, plus ou moins embarqué dans la course aux faux-semblants, d’accéder à la substance de la vie. Et d’en être potentiellement atteint. Comment démêler le vrai du faux, le vivant de l’inanimé, le sujet de l’objet chez Valérie Belin ? Le portrait est un jeu d’énigmes. Tous les repères sont perdus, seul persiste le doute.

1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6
 

http://madame.lefigaro.fr/art-de-vivre/valerie-belin-sous-beaute-exactement-080314-844214

Les commentaires sont fermés.