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Montrachet,le cru des poètes

le cru des poètes

Publié le 05/04/2007 par
Thomas Jefferson parlait de Montrachet comme le lieu de production du "plus grand vin du monde".
Photo : Olivier Roux/Sagaphoto/Le Figaro Magazine


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Comme ces chefs-d'oeuvre que l'on montre à l'envi, la rareté du montrachet fait son prix.

À moins de 10 km au sud de Beaune, en Côte d'Or, une petite colline grise pointe timidement sa tête entre deux célèbres villages vignerons, Chassagne-Montrachet et Puligny-Montrachet. Et pourtant, derrière son aspect ingrat, sa terre recèle l'un des plus grands terroirs de Bourgogne. Son nom : la colline de Montrachet (le « mont chauve »). Sa particularité : produire le plus grand vin du monde. C'est tout du moins l'avis de Thomas Jefferson après avoir découvert ce nectar lorsqu'il était ambassadeur des États-Unis en France. À plusieurs titres, le montrachet est un vin d'exception. Si son histoire remonte au XIIIe siècle, lorsque l'abbaye cistercienne de Maizières reçoit les premières vignes en « mont Rachaz ou Montrachaz », c'est surtout au XIXe siècle qu'il prend son essor. Les plus grands poètes et écrivains chantent alors ses louanges. À l'image d'Alexandre Dumas qui disait de ce vin qu'« il devrait être bu à genoux et tête découverte », ou de Stendhal s'étonnant qu'une petite montagne bien sèche et bien laide produise un si grand vin.

"Mais à cette époque, le Montrachet n'avait pas encore atteint sa configuration actuelle, souligne Jean- Claude Wallerand, président de l'Association des sommeliers de Bourgogne et mémoire vivante de Montrachet. L'appellation était plus large et comprenait entre autres les actuels chevalier, bâtard et criots-montrachet". Il faudra attendre un jugement de 1921 du tribunal de Beaune pour que celui qui s'appelait alors grand-montrachet soit le seul autorisé à utiliser ce simple nom.

Un vin unique

Au-delà de son prix (les quelques chanceux qui peuvent se l'offrir doivent débourser en moyenne trois cents euros pour un flacon), c'est surtout sa rareté qui nourrit le mythe. Imaginez, son aire de production s'étend sur moins de 8 hectares : 7 hectares, 99 ares et 80 centiares pour être exact. Les années fastes, comme 1999, il se produit 356 hectolitres, soit à peine 47 000 bouteilles par an. Trop peu pour satisfaire une demande mondiale.


Ce qui caractérise aussi ce vin, c'est le très grand nombre d'acteurs intervenant sur l'appellation. Montrachet ne compte pas moins de vingt-six producteurs et dix-huit propriétaires. Le plus important d'entre eux est la famille de Laguiche (plus de deux hectares dont la vinification est confiée à la maison de négoce beaunoise Joseph Drouhin), et le plus célèbre sans aucun doute le domaine de la Romanée Conti. De nombreux vignerons se damneraient pour avoir le privilège de produire un tel nectar. "J'ai réussi à obtenir par contrat entre deux ou trois pièces (la pièce représente un tonneau de 225 litres, NDLR) de montrachet, que je ne rendrai pour rien au monde", se réjouit Olivier Leflaive, propriétaire de la célèbre maison de négoce de Puligny- Montrachet. Le prix des terres est à la hauteur du mythe. "La dernière transaction remonte à 1993, lorsque le Crédit foncier, propriétaire du château de Puligny, a acheté une ouvrée (428 m 2) pour 3,5 millions de francs (533 572 euros)", se rappelle Jean-Claude Wallerand. Il se murmure que Maurice Giraud, l'actuel propriétaire du château de Pommard, serait prêt à offrir un million d'euros pour une ouvrée de cet immense terroir.

De l'opulance à l'élégance

La dégustation d'un montrachet reste un moment unique pour l'amateur chanceux. Ce vin d'une grande finesse et d'une élégance sans pareilles se caractérise par des arômes de miel et une bouche ample et soyeuse, dotée d'une matière incroyablement dense. "Paradoxalement, on peut même dire que le montrachet est un vin tannique alors que, par définition, les vins blancs ne possèdent pas de tanins", sourit Nadine Gublin, oenologue du domaine Jacques Prieur. Un vin qui sait se montrer d'une grande richesse et d'une complexité arom atiques sans égal, tel le montrachet 2005 du domaine des Comtes Lafon. "J'ai eu la chance d'avoir un arrièregrand- père, Jules Lafon, qui fut toujours amateur des très belles choses, explique Dominique Lafon, actuel gérant de la propriété familiale.Lorsqu'il a acquis le domaine, il s'est toujours attaché à sélectionner les meilleurs terroirs dans les plus belles appellations. Le choix de notre parcelle de montrachet n'a pas fait exception à la règle."

Les puristes vont jusqu'à distinguer deux types de montrachets. Ceux situés sur la commune de Chassagne- Montrachet (domaine Lafon par exemple) se révéleraient plus opulents, alors que ceux situés sur la commune de Puligny-Montrachet (maison Bouchard Père & Fils ou maison Joseph Drouhin) se montreraient plus élégants. À voir. Pour l'investisseur, tous les domaines n'ont pas le même attrait. Le domaine de la Romanée Conti, le domaine Lafon ou le domaine Leflaive sont les plus prisés. Toutefois, ces trois propriétés ont volontairement réduit la part de leur clientèle particulière. Pour se procurer leurs précieux flacons, il ne faut pas hésiter à contacter leurs distributeurs pour tenter d'arracher le dernier millésime commercialisé, ou fréquenter assidûment les salles des ventes.

Il est impératif de se focaliser sur les meilleurs millésimes (en dernier lieu 1999, 2002, 2005 et le très prometteur 2006), et de se montrer patient. Le montrachet est un placement sûr mais de moyen terme. L'amateur plus oenologue qu'investisseur pourra se replier vers des domaines moins recherchés, car la qualité est toujours au rendez-vous. "Tous les vignerons ont conscience de l'or qu'ils ont sous leurs pieds, se réjouit Martin Prieur, cogérant du domaine Jacques Prieur. C'est pourquoi chacun s'efforce de tirer le meilleur de sa terre et de ses vignes." Pour le plus grand bonheur de l'appellation.



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