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J'ai mis de côté:James Ellroy ,Perfidia(médiathèque)

James Ellroy : Tout ce que vous devez savoir sur son prochain roman, Perfidia

20/11/2014 - 14h24
 
© Lisa Stafford
James Ellroy vient de sortir son nouveau roman aux Etats-Unis. Bientôt traduit en France (les traductions d’Ellroy dans notre pays suivent généralement de près celle des parutions initiales), le roman reprend quelques personnages emblématiques du Quatuor de Los Angeles originel et se penche sur une nouvelle période de l’histoire maudite des USA, celle de l’internement des Japonais d’Amérique dans les années 40. Tout ce que vous devez savoir sur ce livre, c’est ici, et maintenant

De Perfidia, le tout nouveau roman de James Ellroy sorti cet automne chez Knopf, on a déjà pu lire les premières lignes dans Extorsion, la novella (longue nouvelle, NDA), parue au printemps 2014 chez Rivages. Un texte plutôt décevant, et en fait assez inintéressant, qui ne laissait pas présager du réel retour de ce grand auteur dans la voie du roman magistral, genre dans lequel s’était si bien illustré celui qui semblait désormais s‘orienter dans une veine autobiographique (avec La malédiction Hilliker en 2011). On avait pourtant tort de penser que James "Le Dog" Ellroy, n’avait plus rien à dire, ou qu’il tournait et retournait les mêmes thèmes dans sa tête et son oeuvre. Le bonhomme nous le prouve avec Perfidia, son nouveau et prochain roman pas encore traduit en France, même si cela ne saurait tarder (on pari sur l’été à venir, la saison du polar). Grâce à Sobel Weber, son agent, on en sait désormais un peu plus sur ce Perfidia, glorieusement accueilli aux States, voici ce que nous avons découvert pour vous :  

Son roman le plus ambitieux

Les fans hardcore du "Dog", peuvent d’ores et déjà jubiler, puisque Ellroy lui-même annonce sur le site de son agent que Perfidia formera le premier volume d’une nouvelle tétralogie, annoncée par l’auteur comme étant "le deuxième L.A. Quartet", en référence à la série composée du Dahlia noir, L.A. Confidential, Le Grand Nulle part et White Jazz. De fait, ceux qui commençaient à avoir des doutes sur l’inspiration du maître du polar US peuvent se rassurer. Selon lui, Perfidia s’inscrit dans la veine de ses livres les plus ambitieux. Ceux qui mélangent avec brio, histoire avec un grand H, intrigues parallèles plus noires que jamais, critique de la société américaine idéalisée des 50’s (et en l’occurrence ici des 40’s), le tout dans le style sec et nerveux quasi télégraphique qui a fait sa renommée.

Sur le site de son agent, Ellroy déclare : "C'est mon plus gros roman, et le plus détaillé sur le plan historique, le plus accessible en termes de style, et aussi le plus intime. Plaintif, mélancolique, il plonge dans la trahison morale des débuts de la Deuxième guerre mondiale aux Etats-Unis, avec l'emprisonnement des citoyens japonais. Une histoire épique et populaire de Los Angeles en décembre 1941 (...)".

Il ajoute : "En termes d'ambition, de style et d'intention dramatique, ce sera du jamais-vu. Je prendrai des personnages - fictifs et réels - de mes romans précédents, et je les placerai à Los Angeles pendant la Seconde guerre mondiale - ils seront beaucoup plus jeunes, bien sûr. L'action commencera avant le 7 décembre 1941, jour de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, et emportera une multitude de personnages jusqu'à la la fin de la guerre. Enquêtes policières massives, intrigues politiques, histoires d'amour phénoménales, profits tirés de la guerre, complots de sabotage sur l'Axe. Quatre romans reliés de 700 pages  chacun qui embrasseront toute l'ampleur du plus grand événement mondial du 20e siècle."

C’est donc en partie l’Amérique en pleine guerre, mais vue par les opprimés, ou par les (futurs) perdants de la seconde guerre mondiale, que nous présente Ellroy avec Perfidia et sa suite de romans.

 

Une galerie de personnages récurrents

L’œuvre d’Ellroy a ses fidèles, et ils connaissent tous les personnages récurrents de ses séries (la Trilogie Lloyd Hopkins et le Quatuor de Los Angeles). Parmi les autres révélations faites par Ellroy, on apprend aussi que de nombreux personnages de ses autres romans réapparaîtront. C’est le cas du flic dévot et tyrannique William H. Parker, qui est une des figures qui apparait en filigrane dans tout le premier L.A. Quartet. On le découvre ici à l’âge de 39 ans. Capitaine du peu brillant "département de la circulation" il n’a qu’une idée en tête pour gravir les échelons de la police de L.A. : s’attaquer au communisme et au programme soviétique, quand la guerre aura été gagnée. Problème, il tombe sur Kay Lake, un des principaux personnages féminins du Dahlia noir. Maquée au fameux Lee Blanchard de L.A. Confidential elle entraîne Parker avec elle dans une sombre histoire chaotique. Troisième personnage de la cosmogonie Ellroy, Dudley Smith, le flic pourri de L.A. Confidential et Le Grand Nulle part. Véritable pourriture, Smith fait honneur à sa réputation en mettant au point, dés l’âge de 36 ans, un plan très dur pour l’internement des Japonais de Californie. Une des périodes les plus scandaleuses de l’histoire américaine.

Ces protagonistes sont l’armature d’une intrigue qui tourne justement autour de cette épisode peu glorieux : la déportation et l’internement de plus de 110 000 civils japonais, ressortissants, et/ou américains d'origine japonaise, dans des centres nommés "War Relocation Camps", à la suite de l'attaque de Pearl Harbor, durant la Seconde Guerre mondiale. Un évènement qui permet à Ellroy de mettre en relief l’arrivée d’un nouveau protagoniste : Hideo Ashida, un chimiste de grand talent, employé par le LAPD au service médico-légal. Homosexuel caché, il est le seul japonais de l'administration policière de Los Angeles. Horrifié par ce que son pays d’adoption fait subir à ses compatriotes Hideo Hashida décide de tout faire pour épargner cette torture et ce déshonneur à sa famille. Ce qui l’amènera bien entendu à enfreindre la loi, à trahir et à basculer  dans le côté sombre de l’âme humaine.

Tout un pan de l’histoire revisité

Une fois encore, le talent d’Ellroy est d’imposer son point de vu anti-conformiste et anti-politiquement correct grâce à une intrigue policière qui, écrite par un autre, serait des plus classique. Ici, c’est l’assassinat de toute une famille de Japonais qui est le détonateur d’un roman qui ne fait pas de quartier. Ellroy, pourtant considéré comme un conservateur (il ne cache pas son appartenance au parti du même nom), fait un nouveau pied de nez à son détracteur en visant la politique anti-interventionniste Américaine du début du conflit mondial. Il utilise également ses personnages pour critiquer ouvertement les heurts de l’histoire, les erreurs de ses compatriotes, les divisions politiques de l’époque et l’isolationnisme hargneusement défendu par les Américains jusqu’à l’attaque de Pearl Harbour par l’aviation japonaise.

Concernant l’aspect macabre du roman : meurtre raciste ou suicide de masse ? C’est tout le mystère au cœur de ce livre de 700 pages. Les corps retrouvés à leur domicile,  ceux d’une famille de Japonais sans histoire, sont également le prétexte qu’utilise l’auteur pour revisiter tout un pan – peu souvent dénoncée - de l’histoire américaine, dans un grand roman policier. Ce qui faisait donc toute l’efficacité de la "Ellroy Touch" semble donc s’être miraculeusement réactivé ici si l’on en croit le L.A. Times qui titrait il y a peu "James Ellroy returns to the 1940s in new four-book series". Autant dire qu’on attend avec impatience la traduction de ce nouveau volet qui s’annonce monumental. 

Par Maxence Grugier

http://fluctuat.premiere.fr/Livres/News/James-Ellroy-Tout-ce-que-vous-devez-savoir-sur-son-prochain-roman-Perfidia-4086159

 

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