© Pierre Grasset- Ville de Saint-Etienne - A Saint-Etienne, le puits Couriot était fermé depuis 1973. Le parc aménagé par Michel Corajoud au pied du chevalement a été inauguré quarante ans plus tard.

Du puits Couriot, cet ancien site minier situé à la lisière du centre-ville de Saint-Etienne (Loire), Michel Corajoud pensait : « Tout est là. » Le paysagiste récemment disparu était associé aux architectes Gautier + Conquet & associés et aux architectes du patrimoine Archipat pour mettre en valeur le lieu, mais certainement pas pour le faire renaître. Si le puits, ouvert en 1919, avait été un fleuron du bassin stéphanois, employant jusqu’à mille mineurs, voilà plus de quarante années qu’il s’est endormi. « Les nouveaux aménagements ne devaient donc en aucun cas donner l’impression que les machines étaient prêtes à repartir, indique Philippe Peyre, le directeur du musée de la Mine. Le projet devait raconter une histoire finie. » Loin de tout ripolinage, le puits Couriot réclamait de la discrétion, du calme.

Désaffecté

Depuis 1991 et l’ouverture du site au public, on pouvait déjà aller à la découverte du haut chevalement, de la salle des compresseurs ou du grand lavabo, autant de lieux qui exhibent sans honte leur caractère désaffecté, leurs herbes folles et leurs toiles d’araignée. Même l’odeur d’huile flotte encore par endroits dans ce site désormais classé Monument historique et qui appartient à la Ville de Saint-Etienne. « Mais jusqu’alors, le puits avait un peu statut de mausolée. Il fallait en sortir et amener des éléments de compréhension. Nous ouvrons ainsi trois espaces muséographiques sur la figure du mineur, l’histoire du site mais aussi de l’aventure houillère du territoire », poursuit Philippe Peyre.

Florian Kleinefenn – Ville de Saint- Etienne - Dans l’ancienne chaufferie, les nouveaux espaces muséographiques sont installés dans de grands coffres en bois.

Le mercredi 3 décembre, veille de la Sainte-Barbe, patronne des mineurs, ont été inaugurés ces quelque 1 000 m² nouvellement aménagés entre les murs de la lampisterie ou de l’ancienne chaufferie. L’exercice a donc consisté, pour l’agence Gautier + Conquet, à glisser le dispositif muséal dans l’existant, sans toucher à la structure d’origine. Ainsi dans la chaufferie, les salles d’exposition sont contenues dans de grandes boîtes en chêne sombre. Elles sont reliées par des galeries vitrées qui permettent de jeter un œil sur le squelette métallique historique de l’édifice.

Humilité

Dans tout l’aménagement, celui des salles comme celui des cheminements extérieurs, la sobriété des matières comme des teintes a d’ailleurs été de mise. « Les interventions sont contemporaines mais dans des couleurs éteintes, souligne Laurent Volay, d’Archipat. L’idée est d’accompagner l’existant et de ne surtout pas fabriquer quelque chose qui n’a jamais existé. » Dominique Gautier, de Gautier + Conquet,  renchérit : « On a vu certains sites tellement transformés qu’ils en perdaient un peu de leur saveur. Au puits Couriot, nous étions aussi dans l’économie du projet. Mais en en faisant peu, nous nous sommes attachés à l’essentiel. »

D’un montant total de 10 millions d’euros TTC, la tranche de travaux qui s’achève a également permis la mise en lumière des bâtiments et, surtout, l’aménagement de 8,5 hectares de parc par Michel Corajoud. Inauguré depuis juillet 2013,  ce vaste jardin s’est lui aussi coulé, avec humilité, dans les traces de l’histoire minière.

© Florian Kleinefenn – Ville de Saint- Etienne - L’ancienne salle des compresseurs a conservé sa patine… Sa poussière et son odeur d’huile.