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"Fantaisies d'hiver " de Théophile Gautier pour les "Croqueurs de mots"

 

Les vacances sont terminées . On redémarre sur les chapeaux de roue …

Pour cette quinzaine, j’ai  demandé à Fanfan de prendre la barre   pour le défi N°214

Alors,  venez vous asseoir sur le pont afin qu’elle nous dicte le devoir à rendre lundi prochain  :

Pas d’excuse: s’il pleut mettez vos cirés, s’il vente accrochez-vous au mât,

s’il neige mettez vos bonnets et ouvrez vos oreilles .

Tout matelot qui se révolte finira  dans la cale avec les rats (ça rigole pas  
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Recueil : Emaux et camées

 

Fantaisies d'hiver

I

Le nez rouge, la face blême,
Sur un pupitre de glaçons, 
L'Hiver exécute son thème 
Dans le quatuor des saisons.

Il chante d'une voix peu sûre
Des airs vieillots et chevrotants ;
Son pied glacé bat la mesure
Et la semelle en même temps ;

Et comme Haendel, dont la perruque 
Perdait sa farine en tremblant, 
Il fait envoler de sa nuque 
La neige qui la poudre à blanc.

II

Dans le bassin des Tuileries, 
Le cygne s'est pris en nageant, 
Et les arbres, comme aux féeries, 
Sont en filigrane d'argent.

Les vases ont des fleurs de givre,
Sous la charmille aux blancs réseaux ;
Et sur la neige on voit se suivre 
Les pas étoilés des oiseaux.

Au piédestal où, court-vêtue, 
Vénus coudoyait Phocion, 
L'Hiver a posé pour statue 
La Frileuse de Clodion.

III

Les femmes passent sous les arbres 
En martre, hermine et menu-vair, 
Et les déesses, frileux marbres, 
Ont pris aussi l'habit d'hiver.

La Vénus Anadyomène
Est en pelisse à capuchon ;
Flore, que la brise malmène, 
Plonge ses mains dans son manchon.

Et pour la saison, les bergères 
De Coysevox et de Coustou, 
Trouvant leurs écharpes légères, 
Ont des boas autour du cou.

IV

Sur la mode Parisienne 
Le Nord pose ses manteaux lourds, 
Comme sur une Athénienne 
Un Scythe étendrait sa peau d'ours.

Partout se mélange aux parures 
Dont Palmyre habille l'Hiver, 
Le faste russe des fourrures 
Que parfume le vétyver.

Et le Plaisir rit dans l'alcôve 
Quand, au milieu des Amours nus, 
Des poils roux d'une bête fauve
Sort le torse blanc de Vénus.

V

Sous le voile qui vous protège,
Défiant les regards jaloux,
Si vous sortez par cette neige,
Redoutez vos pieds andalous ;

La neige saisit comme un moule 
L'empreinte de ce pied mignon 
Qui, sur le tapis blanc qu'il foule, 
Signe, à chaque pas, votre nom.

Ainsi guidé, l'époux morose
Peut parvenir au nid caché 
Où, de froid la joue encor rose, 
A l'Amour s'enlace Psyché.

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