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Catégories : CEUX QUE J'AIME, Truffaut François

« Correspondance avec des écrivains » : François Truffaut et les écrivains, dialogues

Francois Truffaut lors du tournage de « Fahrenheit 451 »  (1966).Francois Truffaut lors du tournage de « Fahrenheit 451 »  (1966). 

Hommages, négociations et passes d’armes : passionnante correspondance du cinéaste avec Jean Cocteau, Jacques Audiberti, Ray Bradbury, Fernand Deligny, Elie Wiesel ou Jean-Louis Bory.

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Publié hier à 09h00, mis à jour à 16h09 

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Francois Truffaut lors du tournage de « Fahrenheit 451 »  (1966).

« Correspondance avec des écrivains. 1948-1984 », de François Truffaut, édité par Bernard Bastide, textes anglais traduits par Cécile Hermelin, Gallimard, 522 p., 24 €, numérique 11 €.

Bâtard qui ne découvrit la vérité sur ses origines qu’à 12 ans, en constante rébellion, François Truffaut (1932-1984) compensa, adolescent, sa solitude par un amour invétéré de la littérature, au point de dévorer chacun des 450 volumes des classiques « Les Meilleurs Livres », chez Fayard. Au poète et critique Jean Mambrino, l’un de ses plus fidèles correspondants, Truffaut livra la clé de son destin : « Comme je suis un autodidacte qui se hait, je ne “m’apprends” rien, ou presque ; ce qui me sauvera, c’est de m’être “spécialisé” très tôt dans le cinéma. » Un transfert de passion qui explique son rapport complexe à l’adaptation littéraire, qu’il condamna d’abord, puis pratiqua non sans surenchère dans la fidélité due à l’écrivain (en particulier Henri-Pierre Roché, auteur de Jules et Jim et des Deux Anglaises et le continent), tout en dénonçant en 1960 « tout ce qu’il y a d’immoral dans le pillage de la littérature par le cinéma ».

C’est dire l’intérêt de cette passionnante Correspondance avec des écrivains. 1948-1984 conçue par Bernard Bastide, à qui l’on doit déjà l’édition des Chroniques d’« Arts-Spectacles » (Gallimard, 2019). Ces échanges, mêlant hommages, négociations et passes d’armes, s’ouvrent sur une requête qu’à 16 ans le jeune homme adressa à Jean Cocteau : « Maître,/ Ici, pas de flatterie, pas de bla-bla-bla d’usage… » Cocteau ne répondit pas, mais n’en devint pas moins, avec le poète et dramaturge Jacques Audiberti (chroniqueur, un temps, aux Cahiers du cinéma) et Ray Bradbury (dont Truffaut adapta Fahrenheit 451, en 1966), l’un de ceux auxquels il écrivit ses plus belles lettres.

Car la constance importe moins ici que l’intensité : Genet, cet autre révolté, rompit brutalement, après dix ans d’amical soutien, pour un simple retard d’une demi-heure – « lâchez les mauvaises manières, François » –, et les quelques lettres échangées avec l’éducateur Fernand Deligny autour de ses recherches sur une forme de langage non verbal ont nourri L’Enfant sauvage (1970).

Projets irréalisés

Plus que les films tournés, on retiendra les projets irréalisés. Telles ces Chroniques martiennes, que Ray Bradbury aurait tant aimé le voir porter à l’écran. Ou ce Dernier Déporté, dont Elie Wiesel devait écrire le scénario, mais qui fut abandonné en 1962 (« Je ne tournerai jamais un film sur les camps, parce que je ne pourrais me résoudre à faire jouer des personnages de 30 kilos par des figurants de 60 kilos », lui écrivit Truffaut). Tout aussi intéressants : le coup de gueule de Marcel Duhamel, l’éditeur de la « Série noire » chez Gallimard, furieux que le cinéaste se soit gaussé des traductions publiées par l’honorable maison, ou celui de François-Régis Bastide, scénariste d’une minisérie que Jean-Pierre Léaud (acteur fétiche du réalisateur) avait coulée par sa désinvolture.

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