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Courbet et Giacometti en majesté

  • Catégories : L'art

    Arcimboldo, Courbet et Giacometti en majesté

    HERVÉ DE SAINT-HILAIRE.
     Publié le 14 septembre 2007
    Actualisé le 14 septembre 2007 : 10h15

    Ces maîtres célèbres sont plus secrets qu'il n'y paraît. Trois expositions majeures de cette rentrée s'apprêtent à dévoiler quelques facettes inattendues de leur art.

    LA SAISON picturale qui commence s'annonce fastueuse, pleine de surprises et, parmi elles, les plus délectables, c'est-à-dire la découverte d'oeuvres et d'artistes que l'on croyait connaître. Signalons en premier lieu l'exposition proposée à Paris par le Musée du Luxembourg (à partir de demain jusqu'au 13 janvier, 01 42 34 25 95) consacrée au peintre Giuseppe Arcimboldo (1527-1593). Une extraordinaire manifestation où se cristallisent les subtilités inépuisables de ce peintre célébrissime, parfois pour de mauvaises raisons : on connaît, puisqu'ils sont reproduits jusqu'à la nausée, ces portraits anthropomorphes, les fameuses Saisons, par exemple, têtes figurées par des fruits, des plantes et des légumes. On réduit trop souvent Arcimboldo à un grotesque sublime, virtuose, certes, mais confiné dans un vain procédé pour cabinet de curiosités. L'exposition du Luxembourg, riche d'une centaine d'oeuvres, permet de découvrir un artiste saisissant et bien plus considérable : peintre de cour raffiné, dessinateur exceptionnel, sociologue, anatomiste, explorateur de l'âme et des angoisses. Cet ensemble, accroché avec beaucoup d'intelligence et de maîtrise, constitue l'une des expositions que l'amateur de délices visuels, candide ou érudit, ne devrait pas rater.
    Merveilleux paysages
    Voici un autre artiste légendaire dont l'immense notoriété a également occulté l'attention que l'on doit porter à son génie : Gustave Courbet (1819-1877), à qui les galeries nationales du Grand Palais consacrent une exposition de très haute qualité (du 13 octobre au 28 janvier, 01 44 13 17 17). Une présentation foisonnante de l'oeuvre de cet infatigable : 120 toiles, une trentaine d'oeuvres graphiques, 60 photographies permettant d'admirer à loisir les très beaux autoportraits de jeunesse, des toiles-manifestes comme Enterrement à Ornans et L'Atelier du peintre, ainsi qu'une importante section consacrée aux paysages, aux merveilleux paysages. À noter aussi la parution aux Éditions Hazan du troisième titre (après Cézanne et Giacometti) de la collection « Le journal », un Courbet, ouvrage signé Thomas Schlesser.
    Encore un grand nom de l'art abondamment célébré en cette rentrée : Alberto Giacometti (1901-1966). Par le Centre Pompidou d'abord qui propose (du 17 octobre au 11 février, 01 44 78 12 33), sous le titre « L'atelier d'Alberto Giacometti », avec la très précieuse collaboration de la Fondation Alberto et Annette Giacometti, une exposition d'une grande ampleur où seront présentées des oeuvres qui le sont rarement, notamment des plâtres peints ou des fragments de ses trois principaux ateliers de Paris, Stampa et Maloja.
    Une première rétrospective
    Le visiteur aura également une occasion unique d'être saisi par le vertige de la frénésie et de la diversité créatrices de l'artiste, puisqu'ici seront réunies quelque 600 oeuvres dont près de 200 sculptures et plâtres peints, 60 peintures, 170 dessins, 190 photographies et de nombreux documents d'archives. À noter que, parallèlement, la BNF (site Richelieu du 19 octobre au 13 janvier, 01 53 79 59 59) présentera une rareté : l'oeuvre gravé de Giacometti. Très tôt, l'artiste a pratiqué l'estampe, genre qu'il a exploré toute sa vie et dont l'oeuvre, jusqu'à ce jour, n'avait jamais fait l'objet d'une rétrospective.
    Toujours à Paris, le Musée Jacquemart-André se propose de caresser l'oeil du visiteur avec « Fragonard, les plaisirs d'un siècle » (jusqu'au 13 janvier, 01 45 62 11 59). Une centaine d'oeuvres où l'élégance et la suavité conversent volontiers avec la profondeur et la philosophie.
    Signalons plus particulièrement pour les amateurs de dessin une exposition au Musée des beaux-arts de Lyon (du 12 octobre au 14 janvier, 04 72 10 17 40), « Le plaisir au dessin, carte blanche à Jean-Luc Nancy ». Dans cette exposition à la fois pédagogique et rêveuse, Jean-Luc Nancy, philosophe, propose une réflexion sur l'art et la jubilation du dessin, ses techniques, son geste, son désir. Cette invitation à réfléchir sur les joies du tracé, de la ligne, est soutenue et accompagné par un nombre considérable d'oeuvres de maîtres anciens, d'artistes modernes et contemporains.
    Dans la longue liste des manifestations prêtes à nous séduire, signalons enfin l'exposition que le Musée d'Orsay va consacrer aux dessins d'Odilon Redon (1840-1916), le plus singulier des symbolistes français (du 16 octobre au 6 janvier, 01 40 49 48 14). Un ensemble qui devrait être d'une grande richesse, notamment les fusains, cette « poudre fugitive sous la main », comme il la définissait lui-même, dont il reste l'un des maîtres.