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"A Diotima" d'Hölderlin

diotima.jpgSi du lointain, dont nous voici maintenant séparés,

Je ne te suis point étrangère, oh! le passé,

A toi, le commensal de mes douleurs!

Peut toujours t'apporter quelque bienfait encore,

 

Dis-le aussi, quelle est l'attente de l'amie,

Dans ces jardins, après les temps d'effroi

Et de ténèbres où nous faisons rencontre,

Près des fleuves, ici, du très-saint monde originel.

 

Je dois le dire: il y avait dans tes regards

Un bon éclat, lorsque lointain déjà, tu t'es

Une fois retourné, joyeux,

Homme toujours fermé et de sombre apparence.

 

Donc les heures ont fui. Comment avais-je l'âme

Aussi sereine? aussi convaincue que je fusse

Du vrai de la séparation?

Ah ! j'étais tienne et je l'ai reconnu.

 

Très véritablement! Tel tu veux par tes lettres

Me verser tout le quotidien dans la mémoire

Afin que je n'ignore rien, de même aussi m'appartient-il

A moi de prononcer tout le passé.

 

Était-ce le printemps? Ou était-ce l'été?  Le rossignol

Avec son chant exquis était au nombre des oiseaux

Qui s'ébattaient non loin dans le bocage,

Et les grands arbres nous baignaient de leur parfum.

 

Les clairs chemins, les brousses rases et les sables

Où se posaient nos pas, rehaussaient tout l'éclat

Et le charme et la joie de la jacinthe,

De la tulipe ou de l'oeillet, de la violette.

 

Verdissait aux parois, aux murailles, le lierre,

Verte se faisait l'ombre heureuse des allées,

Où souvent nous étions à l'aube, au crépuscule,

Parlant de tout, joyeux et heureux de nous voir.

 

Entre mes bras reprenait vie l'adolescent

Encor tout délaissé, venu de ces contrées

Qu'il me montrait là-bas, lourd de mélancolie.

Mais les noms de ces lieux les plus exquis et rares,

Il les savait, et toute la beauté, là-bas,

Des rivages bénis que je chéris de même,

Qui fleurit sur la terre aimée de la patrie,

Ou demeure cachée, aperçue d'un haut lieu

 

D'où l'on peut voir aussi de tous côtés la mer,

Mais où nul ne veut être. Aussi contente-toi

Et songe à celle qui demeure emplie de joie

Du fait que sur nous se leva le jour exquis,

 

Né d'une confidence ou de nos mains serrées,

Qui nous fait un. Mais hélas! oh! hélas!

Quel temps splendide c'était là!  Que devait suivre

Hélas, la tristesse du crépuscule.

 

Que tu sois seul, si seul en ce monde splendide,

Mon bien-aimé, toujours tu me l'assures. Mais

Ce que tu ne sais pas...

 

Traduction Armel Guerne

 

 

http://www.moncelon.com/holderlin1.htm

 

 

Commentaires

  • BEAU !!!

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