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Catégories : Des musées

Une jungle de bambous sur le toit du Met

Par Adèle Smith
04/06/2010 | Mise à jour : 11:07 Réagir

D'ici à la fin de l'été, «Big Bambu , de Doug et Mike Starn, comptera 50 000 tiges et fera plus de 15 mètres de haut.
D'ici à la fin de l'été, «Big Bambu , de Doug et Mike Starn, comptera 50 000 tiges et fera plus de 15 mètres de haut. Crédits photo : ZAK BRIAN/SIPA

«Big Bambu, You Can't, You Don't and You Won't Stop», l'exposition organisée par le célèbre musée de Manhattan est ouverte jusqu'au 31 octobre. 

À Manhattan, il n'y a pas que des gratte-ciel qui poussent. Il suffit de regarder en l'air du côté du Metropolitan Museum pour voir grandir sur son toit une épaisse forêt de bambous. Sur environ 12 mètres de haut, 30 mètres de long et 20 de large, des milliers de tiges s'entremêlent dans tous les sens, sans logique apparente. Cette «jungle» aux couleurs changeantes est l'œuvre de Doug et Mike Starn, deux artistes originaires du New Jersey, qui veillent chaque jour à ce que leur création pousse bien. D'ici à la fin de l'été, la construction comptera 50 000 tiges et fera plus de 15 mètres de haut. Pour la bâtir, ils ont fait appel à une cinquantaine de professionnels de l'escalade qui n'ont utilisé que de la cordelette de montagne pour assembler les chaumes de bambou.

 

«C'est très solide,je vous promets!»  

 

Mais «Big Bambu» n'est pas qu'une sculpture monumentale. L'installation au cœur de laquelle on peut régulièrement apercevoir les deux artistes - jumeaux sveltes à l'allure de trappeurs - livre aussi ses mystères au visiteur… à condition de ne pas souffrir du vertige. Au pied du labyrinthe, une petite pancarte indique:«visite guidée» et une fois l'œil accoutumé au fouillis, on distingue bel et bien une passerelle grimpant à l'intérieur. Le premier jour de visite ouverte au public, une quinzaine de curieux est venue tenter l'expérience.

«C'est très solide, je vous promets!», s'écrie d'emblée la jeune guide, Vanja Vlahovic. Le bambou vient de plantations de Géorgie et de Caroline du Nord, le fil de cuivre qui entoure la construction sert de paratonnerre en cas d'orage, explique-t-elle gaiement, tandis que la petite procession, pas très rassurée, avance en se tenant solidement aux tiges qui forment la rampe. Chacun guette le moindre craquement sous les pieds. Tout en haut, le léger bruissement des feuilles contraste avec les sirènes hurlant le long des avenues de Manhattan.

L'étudiante en art se veut rassurante. «Moi aussi, j'étais terrifiée la première fois», lance-t-elle à une femme d'une quarantaine d'années figée au milieu de la passerelle. Deux dames d'un certain âge font remarquer avec autorité qu'en Asie les échafaudages sont construits en bambou et sont fort solides. «Est-ce complètement chaotique ou bien y a-t-il un plan architectural derrière tout cela?», demande tout de même une septuagénaire venue «pour l'aventure».

C'est le genre de question qui plaît beaucoup à Doug et Mike Starn. Les deux artistes, qui sont fascinés depuis l'enfance par les structures en bambou des tribus du Vanuatu, dans l'océan Pacifique, travaillent depuis plus de trente ans sur le concept d'ordre et de chaos. « Même si la technique est purement instinctive, nous avons dû tracer précisément le schéma des tiges partant du sol. Nous avons confié notre esquisse à un architecte qui l'a traduite en un plan lisible pour les autorités new-yorkaises», expliquent-ils.

Le Metropolitan Museum, qui attend quelque 400 000 visiteurs cet été, a fait passer des tests à l'installation. 8 000 kilogrammes de sacs de sable ont été déposés durant 24 heures sur la structure, qui a tenu bon…

L'exposition est la plus ambitieuse jamais organisée sur le toit du Met. Sa curatrice, Ann Strauss, s'en amuse aujourd'hui, mais elle a dû passer des mois à négocier avec les pompiers, les diverses autorités de la ville et même les voisins de la très chic Ve Avenue, «qui ont une idée très précise de ce qui doit se faire sur le toit du Met». D'ailleurs n'est pas autorisé qui veut à «Big Bambu». Le visiteur doit signer une décharge déclarant qu'il est sain d'esprit et assume toute responsabilité en cas d'accident. «En Amérique, les avocats sont vraiment dingues !», s'exclame Doug, satisfait.

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