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Actualité Montpellier

 

Une exposition lui est consacrée au Musée Fabre.


Comment avez-vous réussi à rassembler cette prestigieuse collection ?
C'est le fruit de la réunion de dons de la famille de Cabanel détenus par le musée Fabre et de prêts privés. Nous avions énormément de documentation sur les lieux des oeuvres. Mais il fallait vérifier que tel musée possédait bien tel portrait... On a retrouvé des oeuvres en Arabie Saoudite, au Japon, au fin fond de l'Amérique...

Depuis quand y travaillez-vous ?
Pour le rassemblement des oeuvres, depuis cinq à six ans. Pour l'exposition à proprement parler, depuis deux ans. Il a fallu vérifier l'état des tableaux et lancer une vaste campagne de restauration.

Que va découvrir le visiteur au Musée Fabre ?
L'attrait essentiel, c'est de visualiser une carrière du début à la fin. Cabanel est issu d'une famille d'ébénistes de Montpellier, plutôt modeste. C'était un garçon de santé fragile, souvent malade, un peu tuberculeux, qui avait un don pour la peinture. Malgré sa conditon sociale, il va pouvoir étudier à Montpellier, à l'école des Beaux-Arts, en 1840. Il va avoir une bourse de la Ville puis intégrer l'école de Picot, l'élève de Jacques-Louis David.

Qui le découvre ?
Le conservateur du musée Fabre de l'époque, Charles Matet, qui repère ce garçon au talent exceptionnel.

Comment apprécier son parcours, à travers cette exposition ?
Le visiteur va rencontrer Cabanel enfant et le quitter au sommet de sa gloire, une gloire académique tout à fait exceptionnelle. Le parcours est à la fois chronologique et thématique. Notamment sa période italienne, le prix de Rome, la découverte des grands maîtres, Michel-Ange, Raphaël... Après la période romaine, c'est le retour triomphal à Paris. Cabanel se fait remarquer, rencontre l'enthousiasme de la critique. Les grands banquiers s'adressent à lui pour les décorations. L'artiste assied sa renommée en réalisant de grands décors.
Un mot sur l'académisme, dont Cabanel est l'un des plus grands représentants français ?
Le terme est devenu péjoratif car il donne l'impression que l'on tourne le dos à la modernité. Mais pour Cabanel l'académisme c'est une fidélité à l'histoire. Son drame, c'est l'arrivée de la nouvelle peinture incarnée par Manet. L'impressionnisme s'installe et avec lui les jeunes loups...


Qui font prématurément vieillir l'oeuvre de Cabanel ?
Plus précisément, elle est mise sur la sellette par tous les courants qui arrivent mais Cabanel ne peut pas faire volte-face, se mettre à faire du paysage, peindre des scènes de cabaret... car il n'a jamais été formé pour cela. Il reste fidèle à ce beau idéal, s'enferme dans son univers, toujours aussi brillant... et échoue à prendre le train de l'histoire.

A-t-il pour autant marqué l'histoire de la peinture ?
Oui, pour ce qui concerne cette grande tradition de la peinture du XIX e siècle, contre laquelle se définissent les courants de la modernité. Si Courbet crée un scandale en montrant des nus de baigneuses, c'est parce que l'académisme montre des grands nus dans les salons. On ne comprendrait pas Courbet et les autres sans l'oeuvre des académiques. Mais là où Cabanel reste la référence c'est dans l'apprentissage, il a formé des centaines de jeunes peintres.


Cabanel et Montpellier... on pense à une certaine indifférence ?
On n'est jamais prophète en son pays. Comme Fabre, il n'a jamais été reconnu à sa juste place ici. Plusieurs facteurs peuvent être, en la matière, mis en avant. D'abord, répétons-le, Cabanel est arrivé sur la scène artistique quand l'impressionnisme s'imposait comme courant de référence. Ensuite, les seules créations visibles, à Montpellier, étaient celles de la collection de Bruyas, composée seulement d'oeuvres de jeunesse. Par ailleurs, Cabanel a entretenu des liens distants avec sa ville, n'y a jamais exposé, n'y a jamais réalisé de commandes. Tout s'est fait tardivement, jusqu'au moment où la famille de Cabanel a légué Phèdre à la Ville. Deux petites expositions ont été organisées au XX e siècle. Et après rien. Aucune publication complète, aucun catalogue scientifique. Un comble pour cet artiste national et international.

 

Recueilli par Yannick POVILLON
Midi Libre

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