Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Catégories : Musique

Quand le Grand Siècle se piquait d'exotisme

Par Christian Merlin
15/07/2010 | Mise à jour : 12:18 Réagir

Le Festival de Beaune exhume des compositions de Lully et Moulinié, marquées par l'empire ottoman et la Chine. 

 

(Envoyé spécial à Beaune)


Quand on a vu le titre du concert ouvrant le deuxième week-end du Festival de Beaune 2010, «L'exotisme à la cour de Louis XIII et Louis XIV», on n'a pu réprimer une sourde inquiétude : n'allait-on pas assister à un cours en Sorbonne, sans doute passionnant mais un peu didactique pour un festival d'été ? Ce fut le contraire.

Deux heures savoureuses et gourmandes, formidablement vivantes et drôles, inventives et émouvantes. On avait demandé au Poème harmonique et à son chef Vincent Dumestre un best of de leurs plus grands succès, à commencer par Le Bourgeois gentilhomme de Molière et Lully qui les a rendus mondialement célèbres.

Mais la compil n'est pas le genre de la maison:tout ce que fait Vincent Dumestre suit un projet artistique.

Il a donc construit un programme autour du métissage culturel que Lully et ses contemporains pratiquèrent à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, soit pour glorifier la supériorité française en se moquant des Turcs, soit pour donner droit de cité à des cultures que l'on découvrait.

Complicité 

On écarquille les yeux en écoutant les harmonies orientalisantes de «l'air du Juif errant» de Moulinié ou les adaptations de chants asiatiques du jésuite Amiot, on sourit d'aise au charme de la Villanelle suissesse de Tessier, on rit de bon cœur à la Cérémonie turque du Bourgeois gentilhomme, que le Poème harmonique a tellement joué que les artistes cherchent encore à s'étonner, quitte à en faire des tonnes (Arnaud Marzorati, cabotin mais irrésistible). Et voilà que, d'un sujet de thèse de doctorat, on a fait un moment de complicité théâtrale et musicale. Le fait que ce programme ne soit donné que trois fois en tournée est une anomalie majeure.

Le Festival de Beaune se poursuit jusqu'au 25 juillet, on y attend encore bien des découvertes baroques, à commencer par le Bellérophon de Lully que Christophe Rousset ressuscitera le 24 juillet, trois siècles et demi après sa création ! Une telle constance valait bien la Légion d'honneur que William Christie a remise samedi soir à Anne Blanchard, fondatrice d'une manifestation qui ne se contente pas d'accompagner le mouvement baroque, mais en est un moteur.

Festival international d'opéra baroque, chaque week-end jusqu'au 25 juillet. Rens. : 03 80 22 97 20. www.festivalbeaune.com


SERVICE

» Réservez vos places pour le Festival de Beaunes, à partir de 17€ sur Fnac Spectacles

 

Les commentaires sont fermés.