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Catégories : CELLES QUE J'AIME, Des femmes comme je les aime

Echappées féminines

LE MONDE DES LIVRES | 22.02.2013 à 10h56 • Mis à jour le 22.02.2013 à 12h10 Par Philippe-Jean Catinchi

 
 

L'obscurité est-elle leur lot ? Les héroïnes de Dans l'ombre de la lumière, de Claude Pujade-Renaud, La beauté m'assassine, de Michelle Tourneur, et Histoire de Rosa qui tint le monde dans sa main, de Bernard Ollivier, vivent dans un monde qui n'est pas fait pour elles, un monde où les hommes se sont réservé le pouvoir, l'autorité, le prestige ; un monde où, comme le dit Daniel Parrochia (lire entretien avec Daniel Parrochia), les femmes sont censées se contenter des seconds rôles. ...

Extraits

"Déjà l'odeur s'est modifiée. Et le rythme de ma respiration. Je pose une petite boule sur le plateau, je prends le temps de la caresser, nous nous apprivoisons, et hop en route ! Le bonheur de sentir pieds et mains se coordonner sans effort, la terre me guide, je l'écoute, nous nous aimons, juste la bonne teneur en humidité, l'argile se creuse et s'érige, le plaisir vient, la forme également, encore quelques tours, les deux plateaux gémissent en sourdine, un dernier miaulement et, lentement, s'immobilisent. Je lisse avec une petite éponge. Savoure le silence. A l'aide d'un fil métallique, je coupe précautionneusement à la base et je transporte le bol sur la grande table où sèchent déjà d'autres pièces.

Je la contemple mon oeuvre. Mais oui, elle existe ! Avec un mélange d'aplomb et de modestie."

Dans l'ombre de la lumière,

pages 168-169

"Et la chose surgit. La chose, la révélation. C'était elle qui parlait tout haut. Sa voix n'avait pas la sonorité de sa voix, mais c'était elle. Elle dit ce qui se dévoilait. L'inimaginable évidence qui couvait depuis le premier regard du premier jour dans la chaleur du livre d'heures : Je serai peintre.

Le coup sourd d'une vieille pendule avait sonné six heures quelque part, loin. Un apaisement se produisait. Un grand calme en elle et entre les pages ouvertes. Une satisfaction du livre d'avoir trouvé à qui transmettre. Elle murmura à nouveau, sachant que cela serait désormais sa préoccupation perpétuelle : Je serai peintre. Les yeux fermés, elle garda le livre encore un peu contre sa poitrine et, (...), l'emmaillotant dans les tours et les tours de drap usé qui le protégeaient, elle le remit dans les profondeurs de la huche et le laissa à son secret."

La beauté m'assassine,

pages 194-195

"Fascinés par l'appât de l'argent, de la gloire ou de la chair, ces hommes venaient pour la première fois de leur vie, sinon de perdre le pouvoir, du moins de le partager avec une femme, ce qui donna un goût particulier à la gnôle ce soir-là. (...) Ils croyaient tous se connaître et se redécouvraient à travers cette histoire qui les excitait, les fascinait et les inquiétait tout à la fois. Dans cette pièce étaient réunis les hommes les plus influents de la commune et des gens sans importance. Mais ils se sentaient un peu solidaires et en même temps concurrents. En deux minutes, la maîtresse des lieux avait redistribué les cartes, les avait mis sur une même ligne. Arsène le riche et Ambroise l'éternel fauché, Alphonse le vantard et Marcellin le discret. A qui irait la cagnotte, considérable, qu'ils allaient réunir ? Ils se situaient, d'un coup, hors du commun."

Histoire de Rosa..., page 93

 

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