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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, L'art

Les artistes contemporains délirent sous contrôle

 

La mort du collectionneur mise en scène par le couple dano-norvégien Elmgreen & Dragset, le choc acide de la biennale de Venise 2009.

La mort du collectionneur mise en scène par le couple dano-norvégien Elmgreen & Dragset, le choc acide de la biennale de Venise 2009. Crédits photo : Elmgreen & Dragset

Alors que le musée d'Orsay pose la question de la folie dans l'art en consacrant une exposition à Vincent Van Gogh et Antonin Artaud, que reste-il de dérangeant et de subversif dans les œuvres d'aujourd'hui?

L'art, un peu, beaucoup, à la folie? Depuis les extravagances surréalistes, les processions de Dali à Cadaquès, avec chèvres et couronne, les banquets dégustés sur le corps nu d'une femme en surtout de table pour l'exposition E.R.O.S. (Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme) à la galerie Cordier en 1959, on croyait la folie poussée dans ses plus beaux retranchements. Que reste-t-il de ces élans qui évoquaient les tremblements de la Pythie mâchonnant son laurier à Delphes? L'art contemporain en rêve, s'y risque, mais observe cette planète en feu avec la circonspection de l'élève dépassé par le maître.

Deux artistes de Brooklyn, Ward Shelley et Alex Schweder, viennent de passer dix jours enfermés dans une roue géante pour hamsters à la galerie new-yorkaise The Boiler. Leur installation s'appelle The Orbit , elle fait près de 7 m de diamètre, comporte des espaces sanitaires séparés accrochés dans l'écorce de la sphère. Les performers doivent marcher pour l'activer dans un mouvement perpétuel qui demande une coordination totale. Sujet au vertige, Alex Schweder était dans le cylindre. Acrobate, Ward Shelley restait au sommet et à l'extérieur. Une «space odyssey » à la fois délirante et mesurée comme un métronome.

«La rigueur, voilà le secret »

Les plus sauvages des contemporains furent les vedettes de la YBA (Young British Artists) Generation. À commencer par Damien Hirst qui, dans ses débuts assez punk, posa rigolard à côté d'une tête tranchée, à la morgue. La photo est dans tous les musées. L'Italien Maurizio Cattelan fit danser son jeune galeriste, un certain Emmanuel Perrotin, dans un costume en forme de phallus rose, Errotin le lapin. Cette cocasserie fit leur gloire.

Dans sa Suite vénitienne, Sophie Calle suivit un inconnu dans la rue et l'espionna jusqu'à Venise, premier de ses rituels autobiographiques. Référence française, Sophie Calle enchaîne à l'automne une exposition tous les 15 jours, du Mexique à Shanghaï. Dans ses jeunes années, Jeff Koons et la Cicciolina firent une série de photos hypersexe, Made in Heaven, scandale kitsch que la Tate Modern de Londres ou l'Astrup Fearnley Museet d'Oslo ont exposée à prix d'or.

Or? Voilà le poison qui ramène la folie à une palette plus ordinaire. Ces stars qui débarquèrent sur la scène internationale comme des révolutionnaires, ont aujourd'hui des cotes exponentielles. Le marché de l'art contemporain a explosé en quinze ans, transformant une poignée d'élus en planches à billets. Difficile, alors, de garder cette sauvagerie innée qui faisait leur singularité. Damien Hirst a retiré beaucoup de «fuck » de ses phrases, s'habille en golden boy, étire ses séries à l'infini. Jeff Koons est devenu végétarien, mincit à chaque exposition, reste d'une courtoisie lisse désarmante. «Fou? Je ne crois pas que l'artiste doive être fou. Il doit travailler, encore et encore. La rigueur, la discipline, la concentration, voilà le secret », nous dit-il au dîner de gala du Centre Pompidou, mardi soir. Il reste Elmgreen & Dragset, couple dano-norvégien qui a transformé le Victoria & Albert Museum de Londres en appartement fictif d'un héros viscontien, gay et déjanté (Tomorrow). La folie vient donc du Nord.

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