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Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, J'ai aimé, J'ai lu, Les polars

J'ai fini ce matin:L'apothicaire(ramené des Quais du polar l'année dernière à Lyon)

Le syndrome médiéval de Loevenbruck

LES RAISONS D'UN SUCCES. De Paris au Sinaï en passant par Compostelle, le gros roman médiéval de Loevenbruck emprunte à Dumas et à Eco. Passionnant.

HENRI LOEVENBRUCK, auteur d'ouvrages fantastiques et de thrillers, né en 1972 à Paris, est traduit en 15 langues. En France, «le Syndrome Copernic» s'est vendu à 160.000 exemplaires. ©PhilippeMatsasOpaleFlammarion HENRI LOEVENBRUCK, auteur d'ouvrages fantastiques et de thrillers, né en 1972 à Paris, est traduit en 15 langues. En France, «le Syndrome Copernic» s'est vendu à 160.000 exemplaires. ©PhilippeMatsasOpaleFlammarion

C'est son treizième roman et c'est celui qu'il a pris le plus de plaisir à écrire. Henri Loevenbruck, passionné d'ésotérisme, a mis sept ans à concevoir ce gros récit médiéval qui évoque Alexandre Dumas par la manière et par le rythme: l'auteur de «l'Apothicaire» s'adresse au lecteur, fragmente son livre en séquences brèves et mène de front plusieurs intrigues, afin de tenir ledit lecteur en haleine.

L'histoire prend pour point de départ une énigme qui fait vaciller l'existence d'Andreas Saint-Loup, dit «l'Apothicaire». Un jour de l'an 1313, ce commerçant découvre dans sa propre demeure parisienne une pièce inoccupée dont il ignorait l'existence. Peu après, Saint-Loup remarque qu'un tableau pour lequel il a posé se trouve en partie effacé. Il y a, dans la vie de cet homme honnête et secret, des phénomènes déconcertants. Ils ne font qu'annoncer les bouleversements à suivre.

En effet, Andreas, accusé de trouble à l'ordre public, est bientôt jeté dans la prison du Temple. Libéré, il est de nouveau pourchassé, sur l'ordre de Philippe le Bel, cette fois pour meurtre. Avec son apprenti Robin, l'Apothicaire décide alors de quitter Paris pour le chemin de Compostelle. Ce disciple de Thomas d'Aquin désire rencontrer un moine défroqué qui pourrait l'éclairer sur ce qu'il vient de vivre. Sa route, riche en péripéties, le mènera jusqu'à la péninsule du Sinaï, dans les souterrains du monastère Sainte-Catherine...

Entre thriller, roman d'aventure et conte philosophique, le récit de Loevenbruck est un étourdissant voyage dans ce Moyen Age que l'on dit à tort ténébreux. Ainsi, après avoir discuté du mouvement gnostique avec Maître Eckart ou écouté les confidences de Jacques de Molay, le maître de l'ordre des Templiers, l'Apothicaire croise une femme troubadour chantant les jeux de l'amour en termes mutins. Au fanatisme du Grand Inquisiteur qui poursuit Andreas soupçonné d'hérésie, l'auteur oppose la liberté et la soif de savoir de ses héros.

Si l'on commence son ouvrage en pensant à Dumas - Loevenbruck rend d'ailleurs hommage à «Joseph Balsamo» dans une scène au Sinaï -, on songe aussi à Umberto Eco. Car le propos de ce long périple dont le thème central est la connaissance comme source d'émancipation a une parenté avec «le Nom de la rose». Parce que celui qui cherche est souvent renvoyé à lui-même, la fin, abrupte, a de quoi surprendre. Elle laissera le lecteur, comme Saint-Loup, entre stupeur et amusement...

Claire Julliard

L'Apothicaire, par Henri Loevenbruck,
Flammarion, 604 p., 22 euros.

Source: "le Nouvel Observateur" du 24 novembre 2011

 

 

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