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Judith Butler, l’iconoclaste




 

Le Monde.fr | 10.04.2014 à 11h42 • Mis à jour le 10.04.2014 à 11h55 | Par Elisabeth Roudinesco

Philosophe, professeure de rhétorique à l’université de Berkeley (Californie), Judith Butler, née en 1956, s’est fait connaître dans le monde académique anglophone il y a un quart de siècle, avec la publication de Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité (La Découverte, 2006), ouvrage complexe, devenu aujourd’hui un classique, dont le contenu n’a rien à voir avec une quelconque « théorie du genre » inventée récemment par des opposants au mariage homosexuel.

Loin d’avoir fondé les études de genre, enseignées dans les universités américaines depuis le début des années 1960 et qui visaient à distinguer le sexe anatomique de l’identité construite au sens social ou psychique (gender), Judith Butler en était plutôt l’héritière iconoclaste. S’appuyant sur la pensée française des années 1970 – de Simone de Beauvoir à Jacques Lacan –, elle prônait, en 1990, un culte des « états-limites », affirmant que la différence sexuelle est toujours floue et que, par exemple, le transsexualisme (conviction d’appartenir à un autre sexe que le sien) pouvait être une manière de subvertir l’ordre établi et de refuser la norme biologique. Butler s’était elle-même sentie très tôt dans une situation sans frontières ou hors normes, à travers son identité de femme juive, élevée dans le judaïsme mais critique de la politique de l’Etat d’Israël.

Pour penser cette question, elle développa ce qu’on appellera « la théorie queer » (du mot anglais « étrange »), qui fit fortune et contribua à cerner des comportements sexuels marginau...

 

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