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Exposition mayas : rois et dieux en ambassade

 

La Reine d'Uxmal (600-900 apr. J.-C.).

La Reine d'Uxmal (600-900 apr. J.-C.). Crédits photo : Ignacio Guevara / Museo Nacional de Antropología, Mexico

Quatre cents trésors de la riche civilisation précolombienne, de mieux en mieux connue, sont exposés à Paris.

Si les pyramides du Yucatán restent sur place, leurs trésors voyagent. Après Sao Paulo, le Mexique offre une magistrale exposition à Paris. À travers 400 céramiques peintes, bijoux, masques, figurines, armes, ornements architecturaux tirés des collections de plus de quarante des musées du pays, le monde maya se clarifie considérablement.

Fini le prétendu ésotérisme de sa cosmogonie, oublié le caractère surréaliste de dieux tels que le serpent à plumes, invalidées les explications sur une prétendue disparition subite. Les récents travaux archéologiques et la traduction de la majorité des glyphes ornant les cités de Calakmul, Palenque, Uxmal ou encore Chichen Itzá (classées patrimoine mondial de l'humanité) livrent désormais le portrait d'une société pleine de bon sens.

Derrière les sacrifices sanglants que représentent les bas-reliefs, entre les cultes changeants et les calendriers complexes aux 18.980 jours par an ciselés dans des roues de pierre vivaient des cultivateurs cherchant simplement à s'accorder avec la nature. Si l'hémoglobine coulait, elle fertilisait le sol, répondait aux nuages, aux marées, aux volcans, servait à rendre grâce pour ce qui avait été prélevé…

Ici tout est divin. Mêmes les jeux sont des rituels, tel celui de la balle en caoutchouc, ancêtre du basket, sauf que le gagnant avait l'honneur d'être occis sur l'autel.

Des soubresauts et de la luxuriance de cette aire tropicale découlent l'absolu sacré et la beauté foisonnante des objets; haches rituelles en obsidienne, lourds ornements d'oreille, de nez ou de poitrine, statuettes de guerriers à cuirasse, de prêtres à costumes multicolores, de chamans aux superpouvoirs, de femmes portées à dos de serviteur, d'esclaves entravés, d'êtres de l'inframonde ou des airs… Dans la sobre et spacieuse scénographie conçue par l'agence Wilmotte saillent des stucs aux visages grimaçants, comme cette tête de pélican menaçante, ou au contraire d'un surprenant classicisme, comme cet aristocrate au crâne modelé en forme d'épi de maïs.

Dans les vitrines, des divinités minuscules, presque jamais vues, continuent de se montrer adorables. Tel ce génie des bois habitant dans le calice d'un philodendron, cette tête de jade louchant et tirant la langue en signe d'extase ou cette grenouille en or massif fixant le curieux de ses yeux en turquoise.

Ici tout est divin. Même les jeux sont des rituels, tel celui de la balle en caoutchouc, ancêtre du basket, sauf que le gagnant avait l'honneur d'être occis sur l'autel. On découvre également que cette civilisation est tout sauf homogène. La chronologie allant de - 1500 à + 1000, les dynasties se déploient en arbres généalogiques tentaculaires. Que de règnes et époques différents! Pas vraiment de centralisation non plus. Le grand Pakal, roi de Palenque, dont l'effigie impressionne - nez aquilin, pommettes hautes et yeux en amande - n'est qu'un souverain parmi d'autres. Il faut donc concevoir l'univers maya comme une ribambelle de cités États, exerçant plus ou moins d'influence les unes sur les autres au fil du temps. On parle désormais d'une trentaine d'ethnies, chacune ayant leur langue. Inépuisable diversité de l'homme: telle est la leçon principale de toutes ces beautés.

«Mayas, révélation d'un temps sans fin», au Musée du quai Branly (Paris VIIe), jusqu'au 8 février. Catalogue QB/RMN, 368 p., 45 €.

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