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Catégories : Des musées, L'art, Le paysage

L'écrin méditerranéen de Pierre Bonnard

 

Le Point - Publié le 24/06/2011 à 14:52

Un musée dédié au maître de la couleur s'ouvre au Cannet, dont les paysages l'ont tant inspiré.

L'écrin méditerranéen de Pierre Bonnard

Pierre Bonnard, "Le bain". Marthe sous l'oeil de son peintre de mari. © Tate Images

Le tub finissait par être trop petit ; Bonnard partit donc s'installer au bord de la Méditerranée. Cette dernière n'est-elle pas la plus belle des baignoires ? Marthe, l'inimitable modèle à la taille fine et aux petits seins haut perchés, l'épouse aux yeux pervenche, pourrait passer le plus clair de son temps à musarder dans l'eau sous l'oeil de son peintre de mari. D'ailleurs, à peine l'affaire signée devant Me Ardisson, notaire à Mougins, le 27 février 1926, Bonnard convoque les corps de métier et entreprend des travaux pour équiper sa petite maison d'un atelier, d'un balcon et d'une... salle de bains. Le peintre séjournera vingt ans au Cannet, s'y éteindra en 1947, après avoir peint un ultime amandier en fleur. Marthe disparue depuis 1942, la vie n'avait plus de sens, et l'artiste, si ostensiblement attaché à la figure, plus de modèle.

L'ouverture à peu de distance d'un musée Bonnard dans l'hôtel Saint-Vianney, une villa 1900, rappellera avec quelle intensité cet immense peintre interrogeait les couleurs du Cannet, ses toits rouges et la lumière du Midi incendiant les mimosas. Cependant, même si Bonnard appréciait beaucoup la petite ville pour la douceur de son climat et sa proximité avec Nice, où résidait l'ami Matisse, cette installation sur les bords de la grande bleue ne peut en aucun cas être identifiée à la dernière étape d'une longue carrière. La découverte de la Méditerranée, datant de sa rencontre avec Signac, n'a pas fait renoncer Bonnard à ses autres amours. Le peintre avait la bougeotte et n'a jamais vraiment tranché entre l'Atlantique et la Méditerranée. D'ailleurs, c'est à La Baule que la lumière lui semblait la plus belle.

Femme au bain

L'acquisition de la bicoque rose du Cannet, rebaptisée Le Bosquet, ne l'a pas éloigné de sa maison normande ou de confortables villas louées ici et là, tant sur les bords de mer, par exemple à Arcachon, que dans la montagne à vaches, celle des Alpes ou celle du Massif central. Moins cérébral que son ami Matisse, Bonnard éprouva jusqu'à la fin le besoin d'ouvrir sa fenêtre sur un paysage qui stimulerait son lyrisme de la même façon qu'une table dressée ou une femme au bain. À regarder ses délicates Assiettes de pêches ou ses somptueuses Salles à manger sur le jardin, on pourrait en conclure à une célébration trop immédiate d'un art de vie bourgeois. Rien de plus faux. L'homme est plus angoissé que ne le laisse apparaître une oeuvre définitivement solaire. La lumière du Cannet sera le prétexte à d'inquiétants autoportraits, dans lesquels le peintre se représente sans aucune complaisance, avec un regard que l'on jurerait énucléé par le trop vif éclat de la grande bleue.

Par Jean Pierrard

Bonnard et Le Cannet. Dans la lumière de la Méditerranée. Jusqu'au 25 septembre. Musée Bonnard. 16, bd Sadi-Carnot, Le Cannet. 04 92 18 24 42. www.museebonnard.fr.

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