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Catégories : L'art

La Sainte Anne», un chef-d'oeuvre réhabilité

 

Après avoir longtemps temporisé, le Louvre s’est lancé dans une intervention controversée.

Études de sainte Anne trinitaire avec saint Jean-Baptiste, dessins de machines. Vers 1500.

Études de sainte Anne trinitaire avec Saint Jean-Baptiste, dessins de machines. Vers 1500.

The trustees of the British museum

 
Études de sainte Anne trinitaire avec saint Jean-Baptiste, dessins de machines. Vers 1500.

The trustees of the British museum

Études de sainte Anne trinitaire avec Saint Jean-Baptiste, dessins de machines. Vers 1500.

 
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Comment a-t-elle été décidée ?

En 2008, des microsoulèvements tirant sur la couche picturale ont été constatés, causés par l’altération des vernis et la rétractation du support en panneaux de peuplier. Débattue en 2009 lors de journées d’études consacrées aux œuvres de Léonard de Vinci au Louvre, la décision d’engager une restauration approfondie de La Sainte Anne fut prise par Vincent Pomarède, directeur du département des peintures du Musée, et Vincent Delieuvin, conservateur. Jauni et taché par les vieux vernis et repeints, le tableau n’était plus très lisible. « Nous avons brisé un tabou, reconnaît Vincent Pomarède, car depuis les années 1950, aucune œuvre de Vinci n’avait fait l’objet d’une telle restauration. » En 1994, une première tentative sur La Sainte Anne avait été suspendue par le ministère de la culture après une polémique dans les médias. 

Tirez sur la barre bleue pour voir le tableau avant et après restauration (RMN, musée du Louvre/Montage Christèle Larpin).

 

  

Quelles ont été les précautions prises ?

Une commission scientifique a suivi ce chantier avec des personnalités comme Pietro Marani, spécialiste italien de Léonard, Luke Syson, conservateur à la National Gallery de Londres, ou Larry Keith, restaurateur de la seconde Vierge aux Rochers de Léonard. Sur appel d’offres, la restauratrice Cinzia Pasquali, déjà intervenue dans la Galerie des Glaces à Versailles et la galerie d’Apollon au Louvre, a été choisie. Puis le tableau a été soumis à une batterie d’examens au Centre de recherche des musées de France (C2RMF). La réflectographie infrarouge a révélé des formes piquetées de points prouvant que l’artiste a reporté sur les panneaux de bois un grand dessin préparatoire. « Des mesures de l’épaisseur des vernis ont aussi été prises grâce à un nouvel appareil de microtopographie », souligne Pierre Curie, conservateur en chef chargé de la restauration des peintures au C2RMF. Une épaisseur variant de 18 à 54 microns a été mesurée, puis contrôlée au fil de l’allègement des vernis.

Pourquoi la polémique ?

Deux membres de la commission ont démissionné : Jean-Pierre Cuzin, ancien directeur du département des peintures au Louvre, et Ségolène Bergeon Langle, spécialiste de la restauration. Tous d’eux s’opposaient à l’allègement des vernis qui risquait à leurs yeux de déséquilibrer l’œuvre, voire, sur une zone blanchie entachant l’Enfant Jésus, d’atteindre peut-être la couche picturale. Alors qu’une majorité de membres de la commission souhaitaient un nettoyage plus profond, Vincent Pomarède a opté pour une solution médiane : une épaisseur de vernis anciens de 8 à 12 microns, voire 16 sur le visage de sainte Anne, a été conservée. « Garder ces traces du temps laisse une marge de manœuvre pour l’avenir », explique-t-il. Dans le doute, il a aussi refusé l’enlèvement de petits arbres sur la droite, que d’aucuns pensaient postérieurs à Léonard.

Quel est le résultat final ?

Après le retrait de certains repeints et le comblement des lacunes à l’aide de glacis réversibles, le vêtement de la Vierge a retrouvé son lumineux lapis-lazuli et sa manche transparente, la toison de l’agneau ses délicates boucles, comme la chevelure du Christ. Une source gris clair a ressurgi dans les gravillons. Les montagnes bleutées du fond ont exhumé deux villes minuscules et un pont. Certains repentirs ou parties non finies sont redevenus perceptibles. Enfin, l’œuvre a retrouvé le volume sculptural de ses figures. Seul le visage de la Vierge, d’une carnation aujourd’hui très claire, paraît légèrement aplati.

   

À qui le tour ?

Ce chantier de dix-huit mois a coûté 200 000 €, financés par un mécène chinois, Barry Lam. « Le Louvre, longtemps réticent à restaurer ses peintures, a aujourd’hui du retard », constate Pierre Curie. Une grande Croix de Giotto et la Vénus du Pardo de Titien sont actuellement traitées. « On ne se lancera pas demain dans la restauration d’un nouveau Vinci. Digérons d’abord les acquis de celui-ci », temporise Vincent Pomarède. Mais le Saint Jean Baptiste de Léonard pourrait être envoyé un jour au laboratoire. « À côté de La Sainte Anne, ce tableau paraîtra terriblement sombre avec ses vernis jaunis, reconnaît Vincent Pomarède. Il y a vingt-cinq ans, quand je suis entré au Louvre, on voyait sa croix. Aujourd’hui elle a presque disparu, comme la peau de bête sur l’épaule du saint. »

 

 

Sabine Gignoux

 
29/3/12 - 18 H 20 mis à jour le 11/5/12 - 16 H 04
 
 

Je précise que cet article n'est pas de moi (lien vers la page citée et si possible son auteur)mais que je suis auteure et que vous pouvez commander mes livres en cliquant sur les 11 bannières de ce blog

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