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Les manèges français d'antan enchantent New York

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Les chevaux de bois ont retrouvé, pour la fête, les socles qui les hébergeaient jadis.

Les chevaux de bois ont retrouvé, pour la fête, les socles qui les hébergeaient jadis. Crédits photo : TIMOTHY CLARY/AFP

VIDÉO - L'île de Governors accueille la «Fête Paradiso», un carnaval à l'ancienne orchestré par deux Français.

Loin du tumulte de Manhattan et de la noria touristique autour de la statue de la Liberté, la petite île de Governors, en baie de New York, avait déjà des allures de paradis perdu connu des seuls habitués de Big Apple. Depuis le 13 juillet dernier, cette ancienne douane maritime agrémentée de demeures victoriennes, de fortins en brique et de pelouses ombragées expose en plus un trésor: de vieux et magnifiques manèges forains. Ce sont ceux de la Fête Paradiso, un événement culturel lancé par deux spécialistes français du genre, l'un établi à New York, Nicolas Gitton, et l'autre à Paris, Tristan Duval.

Sous les frondaisons d'arbres centenaires et les lampions de kermesse, voilà tout un univers mécanique et poétique. Tournent chevaux de bois et personnages comiques d'avant guerre, typiques du Paris de la Belle Époque, tandis que résonnent les voix d'Édith Piaf, de Yann Tiersen et de Pascal Comelade.

Le somptueux manège des véloci­pèdes Limonaire, ces drôles d'engins arrimés sur un rail circulaire et conçus pour l'Exposition universelle de Paris (1889), semble le plus tentant. Les usagers doivent pédaler pour entretenir le mouvement. L'illusion est si parfaite que l'on s'attendrait à voir surgir de derrière les bosquets le facteur de Jacques Tati perché sur son vélo dans Jour de fête , ou bien la craquante Amélie Poulain du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, de Jean-Pierre Jeunet. «C'est exactement ce que nous avons cherché à recréer, sourit Tristan Duval, déjà crédité du concept “opéra en plein air ” développé avec succès à travers la France. Je voulais un grand musée en plein air de manèges et de carnavals à l'ancienne.» Pour cela, il est allé démarcher deux des plus fameux collectionneurs français d'art forain, Régis Masclet et Francis Staub. Le premier, la passion chevillée au corps au point de faire des attractions d'antan son métier, a mis à disposition son fabuleux fonds d'attractions colorées. Le second, inventeur des cocottes Staub en fonte émaillée, est le généreux mécène de l'opération, avec 2 millions d'euros de sa poche. Il a aussi fourni des pièces provenant de la célèbre collection de Fabienne et François Marchal rachetée en 2011. Surprise: beaucoup d'entre elles se sont révélées complémentaires de celles de Régis Masclet.

Un contrat d'exploitation

Comme par magie, chevaux de bois, animaux et motocyclettes d'antan ont retrouvé socles et plates-formes qui constituaient leur cadre jadis. «Nous avions deux collections qui ne demandaient qu'à être réunies», sourit Tristan Duval.

Un orgue à Fête Paradiso.

Un orgue à Fête Paradiso. Crédits photo : TIMOTHY CLARY/AFP

Le maire de New York, Michael Bloomberg, représenté par Leslie Koch, présidente de la Fondation pour Governors Island, a accueilli la proposition française avec enthousiasme. «Elle arrivait à point nommé, précise Tristan Duval, au moment où la ville lançait ses Citibike, les Vélib' new-yorkais. Les vélocipèdes Limonaire, imaginés à la fin du XIXe siècle quand les chevaux laissaient la place à l'automobile, avaient habitué les Parisiens aux nouveaux modes de locomotion. C'étaient en un sens les premiers Citibike!»

Governors Island, exclusivement réservée aux deux-roues, s'imposait dès lors pour accueillir la collection. «Nous avons tous notre part d'enfance qui prend corps avec ces manèges, commente Francis Staub, 63 ans, Colmarien comme Auguste Bartholdi, le sculpteur de la statue de la Liberté, rouverte au public le 4 juillet après de longs travaux. Governors Island, c'est un peu Xanadu.» Un territoire mystérieux, offrant un voyage unique dans le passé, celui d'une France rêvée, choyée par les Américains qui ont réservé un triomphe populaire au site lors de son inauguration le 13 juillet.

Un contrat d'exploitation saisonnière de trois ans a été signé avec la Ville de New York. Il pourrait bien se pérenniser, à supposer que le succès se pro­longe. «New York, c'est le rêve du petit garçon qui a grandi en voyant l'Amé­rique comme un lieu mythique, un peu comme la Lune, sourit Régis Masclet, 58 ans, tandis qu'il bâche ses précieuses attractions pour la nuit. Je me sens un peu comme ce petit garçon. Et en plus, j'emmène mes jouets!»

 

 

 

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