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picasso et le cirque

  • Picasso : Autoportrait au nez rouge

    ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE.
     Publié le 22 mars 2007
    Actualisé le 22 mars 2007 : 10h38

    La Fondation Pierre-Gianadda passe l'oeuvre au crible de la thématique circassienne.

    ENFANT, il adorait aller au Tivoli Circo Ecuestre de Barcelone. Adulte, il fréquentait Medrano. Vieillard, il ne ratait jamais une diffusion de «La piste aux étoiles». Parmi tous les artistes passionnés par le cirque - et l'on sait combien ils sont nombreux, depuis le Pierrot de Watteau -, Pablo Picasso est assis aux premiers rangs. À une place aussi importante que celle qu'il occupe dans l'histoire de l'art. En 2004 « La grande parade », exposition organisée au Grand Palais par Jean Clair à partir de l'essai définitif écrit sur la question par Jean Starobinsky (Portrait de l'artiste en saltimbanque, Gallimard), l'avait magistralement démontré. Aujourd'hui, dans le cirque naturel du Valais suisse qu'est Martigny, la Fondation Pierre-Gianadda se focalise sur l'artiste en passant l'ensemble de sa carrière au crible du thème des arts de la piste et des saltimbanques. Peu de grandes huiles - tout de même plusieurs Arlequins au costume en damier de plus en plus propice au cubisme, deux Paulo en Pierrot, enfants tristes de 1925 et 1929, une Femme acrobate aussi radicalement démembrée qu'épurée de 1930... En revanche, beaucoup d'esquisses, de dessins et d'aquatintes où la pensée fuse, de plus en plus sûre de son trait, de plus en plus proche du sujet.
    Une passion conservée tout au long de la vie
    Voilà Picasso dompteur d'une humanité bestiale. Picasso clown à la fois amusé et triste d'un monde pathétique. Picasso bateleur aimant se frotter à mille défis inédits, acrobate du risque, forain de l'aventure. Voilà aussi Picasso fabricant de masques ou encore goinfre de ballerines. Et partout se rêvant marginal, maudit et merveilleux. Oui, décidément, l'artiste ne pouvait trouver ailleurs que dans la sciure, la sueur et le fard meilleure métaphore de lui-même. La splendide série de photographies de David Douglas Duncan le montrant déguisé en clown, jubilant comme un enfant, explique tout. Picasso allait partager cette passion avec presque toute l'avant-garde du début du XXe siècle et, surtout, la conserver tout au long de sa vie. Avec, comme seul concurrent d'Arlequin, le Minotaure. À Martigny, l'accrochage ménage l'espace sacré d'un temple antique dédié à Mithra, dieu solaire. Lors des fouilles, on y trouva une tête de taureau tricorne en bronze. La bête fabuleuse était déjà en piste...
    Jusqu'au 10 juin à la Fondation Pierre-Gianadda. 10, rue de la Gare, 1920 Martigny (Suisse). Catalogue 366 p. couleur, 30 eur. Tél. : + 41 27 722 39 78 et http://www.gianadda.ch