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  • Bulletin Nerval nº 68 / 5 janvier 2009

    nerval.jpgARTICLES


    - Maxime Abolgassemi, "La Lumière dans la maison de l'oncle ("Aurelia") et le vertige de la microlecture", Fabula LHT, mise en ligne en septembre 2007, http://www.fabula.org/lht/3/Abolgassemi.html

     

    - Robert Beylot, "Une source nouvelle de l'Histoire de la Reine du Matin et de Soliman, prince des Génies de Gerard de Nerval", in "AEthiopica. International Journal of Ethiopian and Eritrean Studies" (Wiesbaden), tome XI (2008), p. 203-205.

     

    - Vicens Pujol (Carlota), "La Cythere de Nerval, un carrefour d'iles", in "Anales de Filologia Francesa" (Murcie, Espagne), n° 15, 2007, p. 311-319 (texte disponible aussi a l'adresse : http://revistas.um.es/analesff/article/viewFile/21091/20421)

    - Brix (Michel), "Nerval, Watteau et le pelerinage a l'ile de Cythere", in "Verbum. Analecta neolatina" (Budapest), vol. X/2, decembre 2008, p. 277-290.

     

    - Keiko Tsujikawa, "Nerval et le realisme : des Confidences de Nicolas aux Nuits d'octobre", "Etude de langue et litterature françaises", Kyoto, n° 39, 2008, p. 23-36

    COMPTES RENDUS


    - Gabrielle CHAMARAT, CR de G. de Nerval, "Han d'Islande" (ed. Jacques Bony, Paris, Kime, 2007), in RHLF, 2008/4, p. 986-988

    - Gabrielle CHAMARAT, CR de G. de Nerval, "Les Confidences de Nicolas" (ed. Michel Brix, Paris, Editions du Sandre, 2007), in RHLF, 2008/4, p. 999-1000.

    - Luc FRAISSE, CR de Kuo-Yung Hong, "Proust et Nerval. Essai sur les mysterieuses lois de l'ecriture" (Paris, Champion, 2006), in RHLF, 2008/4, p. 1007-1009.

    EMISSION DE RADIO

    L'emission "Une vie, une oeuvre" de Francoise Estebe sera consacree a Nerval (France-Culture, le samedi 24 janvier de 15 a 16 h; entretiens avec Michel Brix, Jean-Nicolas Illouz et Jean-Luc Steinmetz)

    Les anciens numéros du Bulletin sont installes sur le site Amitie-Nerval et sur le site du Centre Nerval de Namur.
    http://www.amitie-nerval.com/
    http://www.gerarddenerval.be/

    Ce n'est plus le bicentenaire de la naissance de Nerval... mais je continuerais à en parler.


  • L'autre

    « Je suis l’autre » Ecrivait Gérard de Nerval Sous un de ses portraits « Je est un autre » Disait Arthur Rimbaud « Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère! » pour Baudelaire dans sa dédicace « Au lecteur » des FM

  • Jean Starobinski dialogue avec Gérard Macé : cinq entretiens publiés par La Dogana.

    J Starobinski et FR copie  En décembre 1999, rue Candolle, dans un appartement proche de l'Université de Genève, Gérard Macé interrogeait Jean Starobinski en compagnie de techniciens de France-Culture requis pour l'émission "A voix nue". Francesca Isidori et Olivier Kaeppelin lui avaient donné carte blanche pour que soient enregistrées cinq demi-heures de conversation qui furent diffusées en matinée, du lundi au vendredi.

    Dix années plus tard, parce qu'un invincible "goût d'inachevé" affectait des fragments de leur conversation, les deux protagonistes ont relancé leurs correspondances et se sont de nouveau concertés afin de reformuler par écrit leurs questions et leurs réponses. L'intégralité de leur entretien vient d'être publiée par les éditions de La Dogana. Responsable du fonds Jean Starobinski des Archives littéraires suisses de Berne, l'un des membres du comité de cette maison d'édition, Stéphanie Cudré-Mauroux s'est chargée d'assurer les va-et-vient de ce processus de réécriture.

    En guise de titre ainsi que de manifeste pour ce dialogue, Gérard Macé fait réimprimer le début d'une citation de Montaigne qui figurait dans l'incipit de leur conversation : un fragment des Essais qui énonce fermement que "La parole est moitié à celuy qui parle, moitié à celuy qui écoute". Une post-face de Macé et un léger appareil critique, des repères bio-bibliographiques, complètent la transcription de cette série d'émissions. La très fine résultante de ces réemplois successifs, c'est à présent la lecture d'un élégant volume de 110 pages qui, écrit très justement Stéphanie Cudré-Mauroux, "prend ici et là des allures de mémoires ou bien de testaments".

    Du côté des souvenirs, on découvre bribe après bribe quelques traits de l'existence de Jean Starobinski, principalement des moments d'une jeunesse allègrement formatrice : "Alors que j'étais encore collégien, je me glissais à l'université pour écouter les merveilleuses leçons de Marcel Raymond sur Rousseau". Marcel Raymond fut pour Jean Starobinski l'un de ses meilleurs modèles pour ce qui concerne sa tâche d'enseignant : "Il savait lier les faits à connaître et la réflexion qu'ils appelaient. Il allait droit à l'événement, aux mots chargés du sens le plus provocant et le plus troublant. Il savait soulever une question, pour éveiller une inquiétude, sans la poursuivre, quand elle aurait pu détourner la suite du propos. La construction des parties du cours, l'emploi des cinquante minutes n'étaient jamais en défaut".

    Quelques pages auparavant, Starobinski évoque "un évènement bouleversant", les émotions qu'il éprouva pendant l'été de 1939 lorsqu'il lui fut donné de découvrir au cœur des malheurs de ce temps les trésors du Musée du Prado pendant quelques saisons entreposés à Genève. Celui qui continue d'affirmer fortement que les peintres qu'il préfère de très loin, ce sont ceux "qui célèbrent le don de voir. Le bonheur d'une échappée, d'une scène simple", était alors âgé de dix-neuf ans : "Les salles de notre Musée d'Art et d'Histoire offraient Goya, Vélasquez, Greco. J'ai beaucoup rêvé devant "La Bacchanale des Andriens" de Titien qui est aujourd'hui encore un des lieux sacrés où mon souvenir s'attarde... Les salles du musée, en juillet, étaient presque vides à certaines heures. Je tentais de déchiffrer les rapports entre les personnages dans les sublimes "Fileuses" ou "Les Ménines". En un sens, il y avait dans ces œuvres une force, une vérité qui prévalaient. Mais qui n'avaient pas empêché la folie meurtrière".

    Les années de guerre furent également celles d'une rencontre déterminante, celle de Pierre Jean Jouve, "la première occasion où un texte de critique m'a été demandé"... "Comme il venait d'achever la grande étude intitulée "Le Don Juan de Mozart", on lui en a demandé des lectures publiques. Il fallait qu'un étudiant tourne la manivelle du gramophone pour faire écouter les exemples musicaux... Et l'étudiant, c'était moi ".

    Jacques Rancière a su le rappeler en citant Rilke dans un tout autre contexte, "Perdre aussi nous appartient". Rien de superflu, aucun relâchement, des curiosités polymorphes qui touchent à Georges Canguilhem, à la fleur Narcisse ou bien aux fabriques qui se construisaient au xviiie siècle en bordure de rivière, les citations de cet entretien pourraient être multipliées. On n'oublie pas le grand âge de l'homme dont la radio et l'édition nous restituent la voix. Une parfaite courtoisie, et puis surtout une inflexible capacité de résistance, point de vains regrets chez l'immense critique qui ne laisse pas entrevoir un espoir de dénouement lorsqu'il avoue en fin de partie "une dette qui persiste" à propos de Gérard de Nerval : "Il faut que je reprenne des pages inédites où je cherche à voir comment il a vécu la quasi-simultanéité de ce qui s'annonce et de ce qui se dérobe". Celui que ses meilleurs amis appellent affectueusement "Staro" confirme tout de même, à côté d’un troisième livre à fournir pour la collection de Maurice Olender,  l'imminente parution chez Gallimard d'un livre depuis longue lurette patiemment attendu, son inoubliable titre est emprunté à un passage du Neveu de Rameau : "Diderot : un diable de ramage".

    A défaut d'une cascade de livres qu'il ne faut pas souhaiter, ce qui dans ces pages ne cesse pas d'advenir et de fournir d'admirables preuves, ce sont une éthique et une esthétique souverainement joueuses, incroyablement audacieuses par rapport à tout ce qui semble prévaloir dans l'air du temps. Jean Starobinski aura fait de chaque journée de son parcours l'espace d'un combat musicalement livré "pour que le passé humain ne reste pas invisible et muet dans notre présent".

    Cet homme des Lumières qui, comme l'indique Gérard Macé, "nous intimide et nous enchante", "rend possible l'avenir". Jean Starobinski réaffirme clairement qu'il "pense en société"  et qu'il travaille en étroite amitié avec d'autres personnes : "Je crois même qu'une vraie recherche ne commence que lorsqu'on se sent en compagnie" ... "Si les circonstances, ou la Fortune, nous sont favorables, notre parole sera une vie qui se propage. Mais elle est aussi, comme tout l'humain, comme tout ce qui possède une forme, bordée par l'oubli, menacée d'effacement. Ce qui est difficile, dans le monde d'aujourd'hui, ce n'est pas de rompre le silence, mais de persévérer, de simplement persister, face au bruit qui se multiplie..."

    Contribution d’
    Alain Paire

    Légende photo : Jean Starobinski et Florian Rodari, l'un des responsables de La Dogana (photo X. dr.) - on peut agrandir encore l'image par un double clic.

    Faute de pouvoir disposer d'une photographie de Gérard Macé pendant les moments d'enregistrement effectués par France-Culture, j'utilise ici un document qui réunit deux citoyens de Genève : Jean Starobinski et Florian Rodari, le principal responsable de La Dogana. Comme l'indique le livre que détient Rodari - les Cahiers pour un temps préparés par Jacques Bonnet qui venaient de paraître à propos de Starobinski - cette photographie date des alentours de 1985.

    A propos de Gérard Macé, il faut signaler chez
    Verdier la parution prochaine, le 5 janvier 2010 de Pêle-mêle, un recueil de textes de Jean-Pierre Richard. Dans l'un des articles de cet ouvrage, J-P Richard évoque chez Macé le portrait réinventé de trois anthropologues.

    Le catalogue de La Dogana (diffusion Belles-Lettres et
    Atheles) comporte trois autres titres où figurent d'importantes contributions de Starobinski : "Le poème d'invitation", précédé d'un entretien avec Frédéric Wandelère et suivi d'un propos d'Yves Bonnefoy (2001). "Goya, Baudelaire et la poésie" un essai d'Y.Bonnefoy qui comporte un entretien avec Jean Starobinski suivi d'études de John E. Jackson et de Pascal  Griemer (2004) ainsi qu' "A tout jamais", lieders de Gustav Mahler interprétés par Bo Skovhus, préface de Jean Starobinski (livre & CD, 2009).

    Parmi les projets de livres/ CD que La Dogana concrétise actuellement depuis Grignan, on peut  signaler des enregistrements de poèmes prononcés par Philippe Jaccottet.
    En coproduction avec  les éditions
    Le  Bruit du temps d'Antoine Jaccottet, La Dogana met également en chantier la  traduction et l'achèvement de la biographie d'Ossip Mandelstam composée par Ralph Duti.  
    Par ailleurs directeur de la Fondation Jean Planque, Florian Rodari sera en 2010 pour plusieurs musées d'Espagne  le commissaire d'une exposition de photographies issues de la Donation
    Jacques - Henri Lartigue

  • Traduire le rêve

    nerval.jpgEric LECLER. L'humour du rêve romantique

    Dans la littérature romantique allemande puis française, le rêve devient constitutif du récit romanesque, manifestement chez Hoffmann et Nerval. Il est la porte ouvrant sur une « supranaturalité » : les frontières entre la réalité et l'imagination sont brouillées dès lors que le monde est vu par un personnage aux limites de la folie. Le fantastique naît de cette ambiguïté tragique du conscient et de l'inconscient. Mais il existe d'autres récits de rêves dans la littérature du premier romantisme. Il y est, paradoxalement, le lieu critique de la mise à distance, le moment de l'humour et du bel esprit, comme on peut le voir dans un récit exemplaire, "Les Veilles" (1804) de Bonaventura, pseudonyme dont on a longtemps cru qu'il masquait Jean-Paul ou Schelling lui-même.

    Cette attribution a d'autant plus de sens que l'inconscient est devenu avec Schelling le substrat même sur lequel s'éveille notre moi conscient. Dès lors que tout est jeu dialectique du conscient et de l'inconscient, que la distinction du rêve et de la veille est effacée, le rêve n'est ni le moment du triomphe baroque de l'illusion, ni celui de la folie du « moi » romantique. Il serait davantage le moment d'une plus grande rationalité, d'un éveil de la conscience à elle-même et au monde.

    Début et fin de cet article ci-dessous:

    Début:

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    Traduire le rêve
    Evénement
    Information publiée le jeudi 9 octobre 2008 par Alexandre Gefen (source : Marielle Anselmo)
    Du 31 octobre 2008 au 1 novembre 2008, Fukuoka, Japon


    Colloque

    franco-japonais

    Traduire le rêve

    31 octobre 2008 – 1er novembre 2008


    Université Seinan-Gakuin

    Fukuoka

    Japon


    co-organisé par

    l'Université de Provence (Equipe CIELAM, Littératures Comparées)

    et

    l'Université Seinan-Gakuin (Section Française)

    avec le soutien de

    l'Ambassade de France au Japon, l'Institut Franco-Japonais du Kyushu

    l'Université Seinan-Gakuin (Institut de Recherches)

    l'Université de Provence (Equipe CIELAM et Ecole Doctorale « Langues, Lettres et Arts »)


    *

    150ème anniversaire des relations franco-japonaises
    Traduire le rêve

    Dans un article qu'il consacre au rêve, J.-F. Lyotard relève que son expérience repose sur un paradoxe : “universelle” elle est cependant “d'une singularité incommunicable”. La singularité de ses contenus semble en effet “interdire l'élaboration d'aucun code, d'aucun système lexical et syntaxique qui, une fois établi et appris, nous permettrait de comprendre ce que "veut dire” tel rêve”, comme tel message verbal. Insaisissable, obscur, d'une “opacité rebelle à tout langage intelligible”, le rêve lance au logos un “défi irrelevable” et se trouve en retour disqualifié par le discours de savoir - discours marqué, en Occident, par la “prévalence de la pensée de la représentation” et de la “référence au langage”. Au tournant du siècle passé, Freud fait sortir le rêve de ce “profond désaveu" : reprenant à son compte les deux méthodes d'interprétation “populaires” – l'interprétation symbolique et le déchiffrement - considérées jusqu'alors comme “fantaisies de primitifs”, il le constitue en objet scientifique.

    Cette rupture épistémologique se produit à l'articulation du rêve et du sujet - le rêve n'est plus émanation d'un autre, d'une voix extérieure, de dimension mythique ou religieuse, mais produit de l'intérieur, de la psyché. Qu'en est-il alors du jeu du rêve et de la littérature? Le rêve, c'est entendu, hante la littérature. Mais en fut-il toujours ainsi ? Si dans les productions des deux derniers siècles, le rêve et l'oeuvre semblent avoir ouvertement partie liée, de quel dispositif relève le rêve dans les productions artistiques de l'Antiquité ou du Moyen-Age par exemple ?

    Traduire le rêve pourrait donc d'abord s'entendre comme le désir d'élaborer une manière de topologie des rêves en art et en littérature : quels lieux, quelles formes, quels usages et à quelles époques? On voudra ainsi interroger le sens de la présence ou de l'absence du rêve dans l'histoire de la représentation, avant d'analyser les formes et les fonctions (esthétiques, éthiques) de ces représentations. On se demandera enfin dans quelle mesure la représentation du rêve modifie ou ébranle le code dans lequel l'oeuvre s'élabore : si l'on définit en effet le rêve comme défi au langage, en quoi la “matière de rêves” (Butor) ou « l'autre vie » (Cixous), à s'inscrire dans l'oeuvre, engage-t-elle un bouleversement des codes – préfiguration, peut-être, de langues à venir?

    Traduire (le rêve) pourrait encore s'entendre comme relevé d'opérations de déplacements, de transferts, de translations : transaction des rêves entre les langues, les cultures, les arts, les disciplines, les genres - mais aussi transaction entre les rêves, déplacement des rêves d'un continent à l'autre. Ce colloque invitant à la réflexion des chercheurs tant japonais que français, on voudra s'interroger sur ces mouvements aussi bien dans l'espace occidental que dans l'espace oriental, en questionnant les transferts qui s'opèrent d'un monde à l'autre, dans un échange ou une circulation continue, interrompue (le Japon ayant connu trois siècles de fermeture, jusqu'à la modernisation voulue à l'ère Meiji) mais toujours relancée. Ce colloque s'en voudrait la preuve.

    *

    La langue du colloque est le français (à l'exception de la conférence d'ouverture, traduite consécutivement en japonais). Les actes du colloque paraîtront dans un numéro spécial de la revue Études de Langue et Littérature françaises de l'Université Seinan-Gakuin.

    Lieux : Université Seinan Gakuin, 6-2-92 Nishijin, Sawara-ku, Fukuoka 814-8511, Japon. Tel +81 92 823 2501; Institut Franco-japonais du Kyushu : 2-12-6, Daimyo, Chuo-ku, Fukuoka 810-0041, Japon. Tel : +81 92 712 0904.

    Coordination et renseignements: en France, Marielle Anselmo (Université de Provence) : marielle.anselmo@wanadoo.fr; au Japon, Mitsumasa Wada (Université Seinan-Gakuin) : wada@seinan-gu.ac.jp

    Colloque Traduire le rêve

    Programme


    Première journée : vendredi 31 octobre 2008

    (matin)

    Université Seinan-Gakuin, salle 402, bâtiment 2

    10h20 : Accueil des participants

    10h40 : Allocutions d'ouverture

    11h-12h: Conférence d'Inès Oseki-Dépré (Université de Provence), en marge du colloque :

    « D'un rêve en réalité, d'une langue à l'autre : Rocro Koyama, une figure de l'immigration japonaise au Brésil. » (Conférence en français, traduite consécutivement en japonais).

    vendredi 31 octobre 2008

    (après-midi)

    Université Seinan-Gakuin, grande salle, bâtiment du Daigakukin

    Modérateur : Alexandre Gefen (U. de Bordeaux III)


    Séance 1 : Rêve et mythe : voix, visions, prémonitions.

    14h – 15h30

    - Hiroko MASHIMO (U. Seinan-Gakuin, Fukuoka) : « Le songe et la narration. Athalie et le Dit du Genji »

    - Hidetoshi YANAGAWA (U. de Kagoshima, Kagoshima) : « Le Journal des rêves de Myoe (1173 -1232). La vie d'un moine et ses rêves »

    - Yuko TAKEMATSU (U. Seinan-Gakuin, Fukuoka) : « Les rêves de Julien dans La légende de saint Julien l'Hospitalier (Flaubert) »


    Séance 2 : Rêve et langage (1): ironie, utopie, illusions.

    16h00-18h

    - Lise WAJEMAN (U. de Provence) : « Les Songes drolatiques de Pantagruel : ce que le songe monstre »

    - Eric LECLER (U. de Provence) : « L'humour du rêve romantique »

    - Hisashi SUEMATSU (Professeur émérite, U. du Kyushu, Fukuoka) : « Méfiez-vous des rêves... Quelques aspects de la poétique des Immémoriaux (Segalen) »

    - Patrick REBOLLAR (U. Nanzan, Nagoya) : « Le langage des rêves chez Antoine Volodine »


    18h30 : Réception de bienvenue, Université Seinan-Gakuin

    Deuxième journée : samedi 1er novembre 2008

    matin

    Institut franco-japonais du Kyushu


    Modérateur : Eric Lecler (U. de Provence)


    Séance 3 : Rêve et langage (2). Le rêve ou la raison?

    10h-11h

    - Toru KITAGAKI (U. Seinan-Gakuin, Fukuoka) : « Du rêve interprétant au rêve interprété : pré-histoire de la théorie onirique freudienne »

    - Fridrun RINNER (U. de Provence) : « Le “rêve” dans la littérature du pays de Freud »


    11h-12h

    - Makoto HIRANO (psychiatre et psychanalyste, Tokyo) : « Dreams of psychotic people» (Rêves de psychotiques)

    - Shinji IIDA (U. Kagoshima-Kokusai, Kagoshima) : « Le droit de rêver à l'École : l'enseignement de la poésie dans le collège français et le chugakko »


    après-midi

    Institut franco-japonais du Kyushu


    Modérateur : Shinji Iida (U. Kagoshima-Kokusai)


    Séance 4 : Rêve et écriture

    14h-15h30

    - Alexandre GEFEN (U. de Bordeaux) : « La littérature rêvée »

    - Mitsumasa WADA (U. Seinan-Gakuin, Fukuoka) : « Le Pont flottant des songes de Tanizaki ou l'invention d'un père anti-oedipien »

    - Marielle ANSELMO (U. de Provence) : « Des rêves dans l'écriture. Proust et les rêves »


    16h-17h

    - Vincent TEIXEIRA (U. de Fukuoka) : « Rêves invisibles à mes yeux. Le rêve(il) de l'écriture »

    - Ghislaine DUNANT (écrivain, France) : « Le rêve dans l'écriture romanesque : liberté et risque »

    17h15  : Bilan et clôture du colloque.

    18h : Cocktail de clôture, Institut franco-japonais du Kyushu.

    Colloque Traduire le rêve


    RESUMES DES COMMUNICATIONS


    Marielle ANSELMO : Des rêves dans l'écriture. Proust et les rêves.

    Ici l'on voudra s'interroger sur la force du rêve dans l'écriture : plus précisément, sur le rêve comme moteur du langage - ou moteur dans le langage – à travers ce qui en affleure en particulier dans l'oeuvre de Proust.

    On s'intéressera donc aux rêves du narrateur , en devenir écrivain, tels qu'ils surgissent à l'orée de la Recherche (l'incipit de Du côté de chez Swann étant marqué, comme on le sait, par le sommeil et le réveil) mais également dans Sodome et Gomorrhe où Marcel, rêvant de sa grand-mère morte un an plus tôt, lui fait donner l'assurance qu'il écrira un livre.

    On verra comment l'écriture du rêve, entre jouissance et mort, régression et projection, travaille précisément au versant dangereux de l'acte de création, questionnant l'ordre du roman autant que l'ordre du langage – les renversant même, par un étrange retournement qui fait la puissance du roman.


    Ghislaine DUNANT : Le rêve dans l'écriture romanesque : liberté et risques

    Dans l'écriture romanesque le rêve apporte ses libertés : il s'affranchit de la logique, du temps, de la disposition des lieux, de la cohérence.

    Le dur devient mou, les bébés parlent, les disparus mangent et rient.

    Le rêve peut être la fenêtre ouverte qui laisse passer des courants contraires à ce qui s'est tramé jusque-là, contredire une atmosphère, une situation, les sentiments d'un personnage, par les images qu'il donne à voir, leur étrange association.

    Mais il est aussi une boîte de Pandore. La porte ouverte au tout possible qui fait perdre le fragile équilibre des images, des scènes, des tons. Fragile, parce qu'il s'obtient au fur et à mesure de l'écriture, au montage comme on monte un film, à l'écoute en vérifiant la balance des sons comme on le fait avant un concert, et que l'irruption d'un petit récit sans règle ni loi m'a toujours donné l'impression de tenir une grenade à la main, qui risquait de mettre sens dessus dessous ce qui disait quelque chose jusque-là.

    Ces conséquences opposées m'intéressent. Il y a là une voie à trouver, une voie entre deux modes d'écriture : la recherche d'un équilibre et le désir - et la peur - de le faire exploser. Et cette voie dit quelque chose me semble-t-il, de la place de l'écrivain au travail, entre accord et menace, en face du livre à écrire.


    Alexandre GEFEN : La littérature rêvée

    Le rêve est-il seulement la narration d'une expérience vécue, le témoignage personnel de la traversée d'une frontière, l'autofiction du subconscient ? Sans doute pas exclusivement. Nombreux sont les écrivains à avoir inventé, en dérogeant au pacte d'introspection psychologique ou psychanalytique selon lequel un rêve serait la forme moderne de la confession ou l'expression immédiate et préconceptuelle du moi, des rêves littéraires, métatextuels, théoriques ou simplement spéculaires, où l'espace onirique vient accueillir le projet de l'oeuvre, la vocation de l'écrivain, les peurs du créateur, voir une fiction assumée en tant que telle : rêve de l'auteur dramatique chez Edmond et Jules de Goncourt, rêve de Marcel écrivain dans Du côté de chez Swann, Rêves de rêves chez Antonio Tabucchi, rêve de Coleridge chez Borges, etc.

    Ces récits de littérature rêvée, parfois accompagnés des oeuvres rêvées par l'oeuvre, ces rêves de fictions constituent un corpus original qu'il faudra essayer de dresser : utopies artistiques plutôt que scènes originelles, bilans esthétiques plutôt qu'anamnèses, programmes plutôt que prémonitions, débats poétiques plutôt que psychomachies, ces rêves de littérature, compliquent de mises en abyme et de métalepses les jeux spéculaires baroques propres aux récits oniriques. Nourris d'intertextes autant que réminiscences fantasmatiques, ils mettent en scène les amonts de l'oeuvre et la construction de l'auteur, interrogent la théorie classique associant rêve et inspiration comme le partage entre la divagation et le projet littéraire, et nous conduisent à revenir sur la notion de fiction en dessinant un espace original de spéculation esthétique.


    Makoto HIRANO : Dreams of psychotic people

    Dreams are often, or I might say usually, discussed within neurotic features. However, this paper will deal with dreams of psychotic people. What is the relationship between dreams and psychotic experience such as hallucination and delusion? This question contains not only clinical interests but also fundamental issues which are related to psychic mechanism in general. Am I mad or normal? That is the question.


    Shinji IIDA (Université Kagoshima-Kokusai) : Le droit de rêver à l'école: l'enseignement de la poésie dans le collège francais et le chugakko japonais

    L'école est le lieu de la raison et de la civilisation par excellence, dans lequel la Lumière doit chasser et exterminer la nuit barbare de l'instinct, de la non-raison. Le rêve n'a donc pas le droit de cité à l'école. S'il y avait cependant dans les disciplines dites “fondamentales”, un espace où l'on pourrait revendiquer le droit de rêver, l'enseignement de la poésie devrait en être. Pourtant ce droit ne semble ni respecté ni appliqué de la même manière en France et au Japon.

    En s'appuyant sur une critique comparatiste des manuels de japonais pour le collège au Japon, on essaiera de dégager quelques traits caratactérisques de l'enseignement de la poésie, qui se focaliseront sur la nature, le voix et la morale.

    Fin:

    Toru KITAGAKI : Du rêve interprétant au rêve interprété : pré-histoire de la théorie onirique freudienne

    L'oeuvre bien connue d'Henri Ellenberger a mis en lumière le rôle et le développement de la « découverte de l'inconscient », qui a occupé tout le XIXe siècle : la science naissante de la psyché commençait alors une exploration de l'aspect caché de l'âme humaine à travers des phénomènes tels que le rêve, le magnétisme animal, le somnambulisme, l'hypnose, l'hystérie, le dédoublement de la personnalité, etc. Mais s'agissait-il vraiment d'une « découverte », c'est-à-dire d'une mise en lumière soudaine de quelque chose de caché depuis toujours ? Ne pourrait-on plutôt parler d'une « dissimulation », qui nous aurait éloignés d'une vérité au contraire dévoilée par l'inconscient? Car les rêves nocturnes et diurnes constituait un savoir onirique servant de guide dans la vie quotidienne. Mais le regard scientifique, avec la naissance de la psychiatrie moderne, a repoussé la part irrationnelle de l'âme dans l'ombre invisible. Le rêve, qui révélait notre vie, servant à l'interpréter et à deviner notre avenir, devient alors quelque chose qui doit être interprété à son tour par la science. Dans cette communication, nous voudrions examiner ce déplacement de la valeur du rêve, en relisant quelques textes qui ont précédé la théorie freudienne.


    Hiroko MASHIMO : Le songe et la narration – Athalie et le Dit du Genji

    Le rêve est une expérience par essence visuelle. En effet, de même qu'on peut dire en français « voir en rêve », ce mot se traduit en japonais par « yumé » qui se prononçait originairement « ime »寝目, signifiant « les yeux dans le sommeil ». C'est en mettant l'accent sur cet aspect visuel que nous examinerons deux pratiques narratives des rêves, distantes cependant dans le temps et l'espace : le songe d'Athalie de la tragédie racinienne et celui du Genji de la littérature japonaise du XIe siècle, du Dit du Genji ou Genji monogatari, dont nous célébrons le millénaire cette année.

    A partir de ces songes, nous présenterons la façon dont les auteurs français et japonais Racine et Murasaki Shikibu, bien qu'éloignés l'un de l'autre dans l'espace et le temps, réactivent chacun de leur côté la vieille technique du songe prémonitoire. Nous verrons comment ils font vivre dans ce monde onirique, avec le verbe « voir » en tant que perception du vécu, les protagonistes de leur mise en scène narrative.


    Patrick REBOLLAR : Le langage des rêves chez Antoine Volodine

    Depuis plus de vingt ans, dans tous ses livres, Antoine Volodine prête des rêves à ses personnages ou recourt à des aventures oniriques communautaires. En étudiant quelques-unes de ces scènes textuelles, nous souhaiterions mettre à jour une stratégie littéraire, autant poétique que politique, dans laquelle Volodine recycle, exploite et transforme une grande partie des utopies du XXe siècle, et notamment des années 60 et 70. Lui-même se rêve en collectif d'auteurs anonymes et persécutés, et souhaite au passage effacer le personnage médiatique de l'écrivain. Faisant appel à des traditions narratives et thématiques russes, japonaises, chinoises, coréennes, etc., traduites dans son système de pensée, il nous propose, souvent avec humour, de rêver un avenir qui n'a rien de meilleur. Que traduit-il alors de son époque, la nôtre ?


    Fridrun RINNER : Le « rêve » dans la littérature du pays de Freud

    Dans cette communication nous nous proposons d' étudier le rôle du rêve dans la littérature d'Europe Centrale – entre autre l'Autriche, le pays de Freud - à partir du début du XXe siècle. Nous savons qu' Arthur Schnitzler par exemple, lui même médecin et psychanalyste, contemporain de Freud, a présenté dans ses textes littéraires les théories de Freud avant même que celui-ci ne les ait développées. Nous savons aussi que dans les oeuvres de Franz Kafka, Stephan Zweig, Hugo von Hofmannsthal, les passages de la réalité vers le rêve sont multiples. Si le rêve joue un grand rôle dans la littérature durant l'écroulement de la Monarchie austro-hongroise (« l'apocalypse joyeuse » de H.Broch), nous retrouvons également ce phénomène chez les écrivains contemporains appartenant à ce même espace culturel : Milan Kundera, Ivan Klima, Peter Esterhazy, Marianne Gruber et bien d'autres .


    Hisashi SUEMATSU : « Méfiez-vous des rêves… Quelques aspects de la poétique des Immémoriaux (Segalen) »

    À la différence de Loti, son prédécesseur, Segalen est peu prodigue en rêve : dans son premier roman, Les Immémoriaux, qui raconte le processus d'acculturation du peuple de Tahiti, provoqué par l'arrivée des Européens et surtout des « envoyés de Dieu » piritané (britain) à la fin du dix-huitième siècle (sujet qui le sépare déjà radicalement de Loti), on ne découvre que quelques épisodes où apparaissent le mot et/ou la chose. Je me propose de les examiner.

    Dans un premier épisode le rêve mènera au sommeil notre héros Térii, apprenti prêtre de la religion maori, au moment critique où se révèlent les anciens Dires transmis ; un deuxième épisode présente deux beaux récits métaphoriques, qui se révèlent cependant faux : ils sont forgés pro domo par un chef arriviste, qui sera bientôt Roi de Tahiti, Pomaré II; dans un troisième il ne s'agit pas non plus de vrais rêves, mais de visions « immémoriales peut-être des temps oubliés », qui surviennent à Térii, au cours du grand rite de Baptême quasi national. Par leur soudaine intrusion, agressive, elles lui font peur car, converti comme les autres, il veut maintenant réussir à tout prix dans la voie nouvelle. Enfin, dans un quatrième épisode, un songe de Paofaï, répondant à la vision de Térii, annonce l'avenir d'une civilisation qui meurt.

    Pour finir, en regrettant de ne pouvoir examiner les procédés de traduction du rêve qu'en ce qui concerne le deuxième cas, c'est-à-dire un faux rêve (hélas!) ainsi que le troisième, je constaterai que ce sont plutôt les fonctions diégétiques du rêve qui semblent avoir davantage de significations dans cette oeuvre. D'où la formulation du titre de ma communication.


    Yuko TAKEMATSU : Les rêves de Julien dans La légende de saint Julien l'Hospitalier .Julien, le héros parricide de La légende de saint Julien l'Hospitalier de Gustave Flaubert rêve beaucoup plus que les autres héros et héroïnes des Trois contes, recueil dans lequel s'insère cette oeuvre : les scènes de chasse du héros sont décrites comme des tableaux oniriques ; Julien rêve dans le château de sa femme ; il rêve également en errant solitairement. Dans ce sens, il a un rapport de filiation avec Saint-Antoine, dont les rêves constituent une autre des grandes oeuvres de l'écrivain.

    Les rêves de Julien ainsi que le conte lui-même sont souvent interprétés à l'aune de la méthode psychanalytique. Pour notre part, nous analyserons ces rêves du point de vue esthétique et montrerons qu'ils se trouvent non seulement à l'intersection de plusieurs légendes, mais également à l'articulation de la vision historique médiévale et de la vision littéraire du XIXe siècle


    Vincent TEIXEIRA : Rêves invisibles à mes yeux – Le rêve(il) de l'écriture

    Le rêve, comme la poésie, a des racines de nuit et l'analyse interprétative ou symbolique des rêves n'arrive à rien si elle oublie cette dimension nocturne, qui ne délivre jamais « la clef des songes ». On s'étonne encore de voir à quel point la « doctrine » de Freud a pu réduire le rêve à une interprétation si étriquée, focalisée sur le solipsisme de la psyché, la tribu familiale et ses scénarios oedipiens, oubliant que le rêve, comme la pensée, est une expérience, un faire, qui engage autant le corps que l'esprit, un corps pensant, et relie les énigmes, inséparables, du moi et du monde. Certes, on rêve en soi, surtout de soi, mais on rêve aussi hors de soi, dans une interdépendance entre espaces du dedans et du dehors.

    Faisant fi de l'herméneutique, les écrivains arpenteurs de rêves, comme Poe, Nerval, Baudelaire, Breton, Kafka, Guerne ou Borges, sont avant tout des plongeurs et des pêcheurs de rêves, aux limites de l'ineffable ou de la folie. Pour eux, l'invisible n'a rien à cacher : il dit et il « fait ». Car ils parient tout sur le langage, leur unique chance. Et en fin de compte, la langue et l'écriture elles-mêmes ne seraient-elles pas un rêve ou une « machine à rêver », un rêvoir ? C'est le constat, d'une gaieté inquiète, que fait Nietzsche : « Il faut que je continue à rêver, pour ne pas périr. »


    Mitsumasa WADA : Le Pont flottant des songes de Tanizaki ou l'invention d'un père anti-oedipien

    Le Pont flottant des songes est un texte qui met en place deux modalités différentes du rêve : l'une par l'emprunt du titre au Dit du Genji, l'autre par l'invention d'un père « anti-oedipien ».

    Le titre est en effet tiré du dernier livre du Dit du Genji. Le récit de Tanizaki partage avec le grand roman de Murasaki-shikibu la quête d'une femme dont l'identité est mystifiée. Le « pont des songes » est une métaphore destinée à rendre ambigües les frontières entre le réel et l'onirique. Dernière oeuvre dans la série des « quêtes de la mère » (Nostalgie de ma mère, Yoshino, Le Coupeur de roseaux et La Mère du général Shigemoto), Le Pont flottant des songes a pour singularité de mettre en scène un père « anti-oedipien », qui prépare et sollicite depuis longtemps l'inceste entre sa femme et son fils.

    Mais ce père anti-oedipien n'existe qu'à travers la voix du « je » du héros-narrateur : elle est elle-même une construction langagière et pulsionnelle. Au dénouement du récit, le narrateur, achevant ses mémoires, se décide à « adopter » son frère Takeshi (peut-être en réalité son fils, né de son union incestueuse avec sa mère) Si l'écriture constitue l'entrée oedipienne par excellence dans le symbolique, ne peut-on considérer aussi que l'étrangeté du Pont flottant des songes provient de ce que devenir Oedipe (adopter Takeshi et écrire) et devenir Anti-Oedipe (vivre comme son père et écrire une histoire de père anti-oedipien) se superposent et se confondent non seulement dans le récit, mais aussi dans l'acte même d'écrire ? Peut-être est-ce là qu'il faut chercher le sens du rêve propre à cette oeuvre. De cette impasse naîtra le Journal d'un vieux fou.


    Lise Wajeman. Les Songes drolatiques de Pantagruel : ce que le songe monstre

    Les Songes drolatiques de Pantagruel paru, sans nom d'auteur, à Paris en 1565, se présente sous la forme d'un recueil de cent vingt gravures de monstres. Le livre ne comporte aucun texte qui vienne éclairer son curieux projet. Si le titre renvoie à un personnage issu des fictions de François Rabelais, aucune des images ne semble pourtant illustrer avec précision un texte quelconque. Le livre semble en fait, à la façon des monstres eux-mêmes, sans queue ni tête, obscur et en même temps perpétuellement signifiant : visiblement, on nous montre quelque chose, mais quoi ? C'est évidemment dans cette façon d'interroger l'activité d'interprétation, de susciter le discours tout en le tenant perpétuellement en échec que le livre nous intéresse, dans la mesure où son fonctionnement présente une parenté avec celui du songe. Autrement dit, il s'agira de tirer toutes les conséquences des célèbres vers d'Horace comparant la peinture de chimères aux songes d'un esprit malade (Art poétique, v. 7), pour réfléchir à la façon dont le monstre et le rêve provoquent une mise en crise de l'herméneutique.


    Hidetoshi YANAGAWA : Le Journal des rêves de Myoe – La vie d'un moine et ses rêves

    Myoe (1173-1232), un célèbre moine japonais de l'époque de Kamakura, a noté tous les jours ses rêves, de l'âge de 19 ans jusqu'à la fin de sa vie. Son Journal des rêves est un témoignage précieux de cette expérience incomparable. Qu'est-ce qui l'a poussé à décrire ses rêves? Quel rôle ces rêves ont-ils joué dans sa propre vie? Sa biographie nous montre de façon évidente que sa vie réelle était étroitement liée à ses rêves : non seulement il jugeait ses actes en les consultant, mais aussi prenait-il des décisions d'importance en tenant compte de ce qu'ils annonçaient. Néanmoins, son attitude à l'égard de ses rêves, dégagée de toute subjectivité, nous fait penser à un « exercice spirituel » bouddhiste.

     

    Ines OSEKI-DEPRE. D'un rêve en réalité, d'une langue à l'autre : Rocro Koyama, une figure de l'immigration japonaise au Brésil.

    Il s'agit d'étudier ici la naissance et le développement d'une pensée ethnographique, née d'un besoin de savoir. Pourquoi Rocro Kowyama, juriste de formation, décide-t-il en 1908 de quitter le Kyushu et de s'embarquer pour le Brésil à bord du Kasato Maru? Ni un rêve d'Eldorado, ni un rêve d'aventures ne l'y poussent, mais le besoin de savoir d'où viennent les Indiens du Brésil... Tout au long de sa vie dans ce pays, découvertes et rencontres l'amèneront à identifier ces Indiens d'abord aux Japonais, puis à un Ur-peuple originaire : thèse qu'il développa dans plusieurs ouvrages et dans un dictionnaire tupy-japonais-portugais (récemment découverts par un chercheur japonais) destinés à montrer la similitude entre les deux langues et les deux peuples.

     

    http://www.fabula.org/actualites/article26061.php

  • J'ai terminé le 30 novembre 2008:Raymond Jean,”Lectures du désir”

    lectures du désir.jpgQuatrième de couverture: Ce livre rassemble des travaux sur Nerval,Lautréamont,Apollinaire et Eluard,extraits de l'ouvrage "La poétique du désir", et qui illustrent l'intervention du désir dans l'acte d'écriture. Désir de vivre le "contretemps du monde" chez Nerval. Désir d'atteindre une fantaslmatique dans l'organisation et la structure d'une oeuvre chez Lautréamont. Erotique de l'invention et invention de l'érotique chez Apollinaire. Multiplication de la parole "amoureuse" chez Eluard. Dans tous les cas, désir de l'autre.

    Le désir est à l'origine d'une poétique. Chaque fois, c'est son "effet" sur des formes littéraires qui est soumis à l'analyse. Comme recherche d'une unité.

    Raymond Jean

    Écrivain français (Marseille 1925).

    Professeur d'université, collaborateur du Monde, de la Quinzaine littéraire et d'Europe, il a publié des essais critiques (la Littérature et le Réel, 1965 ; la Poétique du désir, 1974 ; Un portrait de Sade, 1989 ; le Dessus et le Dessous ou l'Érotique de Mirabeau, 1997), mais aussi des récits politiques, s'intéressant aux États-Unis (les Ruines de New York, 1959), au Maroc postcolonial (la Conférence, 1961), aux pays de l'Est (les Deux Printemps, 1971), au tiers-monde, au Proche-Orient, aux banlieues (la Ligne 12, 1973). Ses romans mettent en scène le pouvoir érotique de la lecture (la Lectrice, 1986) et la jouissance de l'écriture (Mademoiselle Bovary, 1991). Derniers titres : l'Attachée (1993), la Cafetière (1995).

    http://www.larousse.fr/LaroussePortail/encyclo/XHTML/EUL.Online/explorer.aspx?=2010443#larousse/2010443/100/Jean

  • A Paris, les ambassadeurs vivent dans des oasis

    • C'est la dernière opération immobilière en date sur le micromarché des ambassades à Paris : le Kosovo, un peu plus d'un an après son indépendance, va emménager avenue de la Grande-Armée.
      Comme la nouvelle république balkanique, ou encore l'Azerbaïdjan, installé depuis 2006 avenue d'Iéna, les Etats privilégient aujourd'hui le XVIe arrondissement de Paris, qui concentre le plus grand nombre de représentations diplomatiques.
      «Les acheteurs recherchent essentiellement des hôtels particuliers, et accordent beaucoup d'importance à la sécurité et à la confidentialité, explique Charles-Marie Jottras, président du groupe immobilier de luxe Daniel Féau, mandaté par plusieurs pays émergents qui cherchent à agrandir ou créer leur ambassade. Pas question que les voisins puissent voir ce qu'il se passe dans le jardin ou les salons.»
      Les opportunités dans les VIIe et VIIIe arrondissements, autres quartiers de prédilection des représentations diplomatiques, se font, en revanche, de plus en plus rares. Dans ces quartiers historiques, les prix peuvent grimper du simple au double par rapport au chic XVIe.
      Et les emplacements sont déjà trustés par les grandes puissances, qui ont mis la main il y a bien des décennies sur quelques-uns des joyaux les plus précieux du patrimoine immobilier parisien, valorisés entre 40 000 et 50 000 euros le mètre carré.

     

    Ambassade d'Italie

    Ambassade d'Italie 47, rue de Varenne (Paris VIIe). - Estimation Challenges : 110 à 120 millions d'euros. Bâti en 1733, l'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville (ou de Boisgelin) a été acheté par la Caisse des dépôts et consignations en 1937 afin de le louer à l'Italie pour 99 ans; en échange, la France occupe le palais Farnèse à Rome. Son jardin à l'anglaise est l'un des plus étendus de Paris.

     

    Résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis

    Résidence de l'ambassadeur des Etats-Unis 41, rue du Faubourg-saint-Honoré (Paris VIIIe). - Estimation Daniel Féau : 130 millions d'euros. Les Etats-Unis ont acheté l'hôtel de Pontalba au baron Maurice de Rothschild en 1948. Doté de salons ornés de boiseries Louis XV, le bâtiment en forme de U comporte trois étages. Le jardin de 1 hectare, qui s'étend jusqu'à l'avenue Gabriel, accueille chaque 4 juillet la garden-party des Américains à Paris.

     

    Résidence de l'ambassadeur du Royaume-Uni

    Résidence de l'ambassadeur du Royaume-Uni 39, rue du Faubourg-Saint-Honoré (Paris VIIIe). - Estimation Daniel Féau : 160 à 170 millions d'euros. C'est en 1814 que le duc de Wellington a acquis l'hôtel abandonné par Pauline, la soeur de Napoléon. Bâtie en 1722, la demeure du duc de Charost s'étend sur 3500 mètres carrés.

     

    Résidence de l'ambassadeur de Turquie

    Résidence de l'ambassadeur de Turquie 16, avenue de Lamballe (Paris XVIe). - Estimation Challenges : 15 millions d'euros. Edifié en 1703, l'hôtel de la princesse de Lamballe devint, au XIXe siècle, une clinique psychiatrique qui accueillit Gérard de Nerval et Maupassant, puis fut cédé à la Turquie en 1954. Une tour de huit étages (la chancellerie) a été construite en 1974 dans le jardin.

    Ambassade d'Autriche

    Ambassade d'Autriche 6, rue Fabert (Paris VIIe). - Estimation Challenges : 30 à 35 millions d'euros. Après avoir, au XIXe siècle, occupé différentes demeures du faubourg Saint-Germain, l'Autriche s'est installée à l'est de l'esplanade des Invalides. L'hôtel du vicomte de Chézelles, qui date du second Empire et dispose d'un jardin suspendu, lui a été cédé en 1949.

     

     

    David Bensoussan

    http://www.challenges.fr/magazine/1/0182-026643/a_paris_les_ambassadeurs_vivent_dans_des_oasis.html

  • Bohèmes en proses, quand Paris était conté

     Le livre de Jean-Jacques bedu entraîne le lecteur vers ce Paris perdu du XVIII e et du début du XIX e siècle quand quelques extravagants écrivaient la légende de Montmartre ou du quartier latin.

    BOHEMES2271746.jpg 

    Sous la plume de Jean-Jacques Be du, cette bohème-là n'a rien de pénible, qu'elle paraît douce, empreinte de magie cette bohème-là.
    Elle avait pour décors le Paris des années 1830 à celui des années 1930. Paris ? Disons plutôt le triangle des âmes perturbées, formés par Montparnasse, Montmartre et le quartier Latin, trois hauts lieux de la bohème de l'époque.
    "Bohèmes en prose", c'est un panorama de lieux recomposés, de personnages aussi baroques que merveilleux, c'est un amoncellement d'anecdotes invraisemblables et pourtant bien réelles.
    Grâce à une bibliothèque

    aussi riche que volumineuse, constituée notamment lors de l'écriture de son"Francis Carco", l'écrivain perpignanais a pu reconstituer le Paris des bohèmes, mais surtout a-t-il retrouvé des personnages truculents que l'histoire avait presque oubliés. Oh, les Modigliani, Picasso de la belle époque ou autres de Nerval ne sont certes pas oubliés mais il y a les autres, ceux qui, moins connus, ont fait connaître les maîtres. Par leur extravagance, leur verve ou souvent par leur générosité. Car comment vivre pleinement la bohème si votre route ne croise pas celle d'êtres désintéressés ? Ainsi parmi les personnages (re) mis en scène par Jean-Jacques Bedu, notons l'extraordinaire Ernest Cabaner. Un nom dont la seule consonance devrait interpeller chaque habitant des Pyrénées-Orientales. Eh oui, Ernest Cabaner était un authentique Catalan. Exilé volontaire dans la lointaine capitale, ce musicien était très certainement le personnage le plus loufoque qui ait arpenté les rues de Paname du XIX e siècle. Qui se souvient encore qu'il fut l'amant de Rimbaud ? Doté d'une certaine aisance financière, il était l'un des seuls bohèmes à posséder un toit, mais d'un allant généreux, à la fois coeur d'or et naïf, il lui arrivait pourtant bien souvent de dormir sous les ponts. Dans sa gentillesse, il donnait les clés de chez lui a qui en avait besoin, résultat, il arrivait très régulièrement que toute la maison soit occupée par des bohèmes de tous vents. Il ne lui restait plus alors qu'à rejoindre la cloche.
    Ainsi défilent au fil des pages, des dizaines d'anecdotes et une trentaine de personnages ou de lieux, des peintres ou des poètes qui ont marqué leur passage de leur empreinte. Le Café Vachette, le Bateau-Lavoir ou la Rotonde reviennent à la vie.
    Même l'histoire de ce livre vaut le détour, prévu initialement pour être publié aux éditions du Rocher, le manuscrit traîna quelques mois dans les bureaux, assistant à la valse des nouveaux directeurs de collections. Lassé, Jean-Jacques Bedu le proposa alors à Grasset. Et le "oui" fut presque immédiat. On lui demanda seulement de réduire quelque peu le volume par trop exigeant du manuscrit original. Ce qui fut fait "et le livre en a gagné en richesse", conclut l'écrivain en toute modestie malgré sa toute nouvelle adoption chez le pape des éditeurs...

    Guy Bosschaerts
  • Bulletin Nerval nº 49 / 2 avril 2007

    EDITION Gérard de Nerval, "Han d'Islande", (d'apres Victor Hugo), édition de Jacques Bony, éditions Kimé, 2007, 125 p. La 4e page de la couverture. "Un jeune homme de 21 ans adapte en mélodrame le roman noir d'un jeune poète célèbre, chef de file de l'école romantique. Aucune représentation, aucune mention ultérieure, mais le texte vaut d'être lu ; le goût de Gérard pour les transpositions et la transgression des limites génériques décèle, dès cette époque, ce qui sera le fondement de son esthétique : la création est avant tout invention d'une forme. De cette sombre histoire exotique dont le héros est un monstre sanguinaire émergent deux thèmes essentiels de l'œuvre à venir : la relation nécessairement tragique du père et du fils, et la noirceur du monde politique." OUVRAGE Gerard MACE, "Je suis l'autre", Gallimard, fevrier 2007, 142 p. http://www.fabula.org/actualites/article17663.php cf. ma note sur ce livre ARTICLE Hisashi MIZUNO, "Voyage à Nerval (Nerval no tabi)", "Kobe Kaisei Review", nº 45, 2006, pp. 1-25. (Article en japonais) RECHERCHE Je prepare un dossier sur les aspects modernes de la poésie de Nerval. J'aimerais notamment connaitre les informations disponibles sur le tirage de ses oeuvres et j'aimerais aussi savoir comment le public contemporain a recu l'oeuvre de Nerval (ce qui m'intéresse le plus, c'est le nombre de ses lecteurs). Pouvez-vous me donner des renseignements sur ces questions? D'avance merci beaucoup. Anne Wesselmann Contacter anne.wesselmann@web.de ........................................................................................................................................................... Ce Bulletin vous tiendra informe(e) des renseignements concernant Nerval. Si vous desirez le recevoir gratuitement et y faire paraitre des informations ou des commentaires, veuillez envoyer vos coordonnees et vos messages a Michel Brix ou Hisashi Mizuno. Les anciens numéros du Bulletin sont installes sur le site Amitie-Nerval et sur le site du Centre Nerval de Namur. http://www.amitie-nerval.com/ http://www.gerarddenerval.be/ Michel Brix Hisashi Mizuno http://www.amitie-nerval.com/

  • Thierry Girard, ”Un hiver d'Oise”

    un hiver.jpgDans Un hiver d'oise, Thierry Girard a renoncé à son parti pris habituel de rendre compte d'un itinéraire, et a décidé de construire trois ensembles d'images inspirés par des paysages et des éléments constitutifs du département de l'Oise. Il a fait se rencontrer ses problématiques de travail actuelles avec des références littéraires également liées à ce territoire.

    Ainsi, la première partie, intitulée Toise, manifeste une attirance pour la vastitude uniforme du plateau picard que Thierry Girard a traité comme ses paysages maritimes et atlantiques. La seconde série, Noise, est avant tout liée à l'œuvre de Nerval, le poète du Valois, mais évoque aussi La Belle Noiseuse de Balzac, et donc la question de la représentation.

    D'où l'idée, de travailler sur l'ambiguïté de la représentation du corps dans la peinture ou la statuaire religieuse et de suggérer, à travers quelques portraits de jeunes filles et des atmosphères de bois ou de nature, un univers pictural et littéraire d'un romantisme un peu sombre et mélancolique… nervalien en quelque sorte.La troisième partie, Poise, présente des paysages urbains photographiés à la chambre 4 x 5. Ne s'intéressant ni aux monuments, ni aux belles demeures, ni aux fermes pittoresques, mais à des lieux de brique et de gris qui renvoient à l'histoire industrielle et ouvrière de l'Oise et à une époque symbolisée par l'œuvre d'Henri Barbusse, autre écrivain isarien.

    Ces trois séries ne disent pas, bien évidemment, toute l'Oise, mais proposent trois entrées, trois approches possibles, à la fois justes et très subjectives. Un hiver d'oise est le résultat d'une résidence d'artiste initiée par le conseil général de l'Oise, et qui s'est déroulée d'octobre 2007 à mars 2008.


    http://www.paris-art.com/editeur-design/Un%20hiver%20d’oise/Girard%20Thierry/2626.html

  • Le château des Brouillards à Montmartre(Pour Jos)

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    En lisant la note de Jos sur les demeures abandonnées(http://www.lelivrophile.com/livroblog/index.php?2007/04/16/111-s), j'ai pensé à ce lieu nervalien:

    "Son logis est partout et nulle part : il se promène au Caire quand vous le croyez citoyen résidant au divan Lepelletier [rue Le Peletier], et si vous le poursuivez en Egypte, il s'est déjà perdu dans les brouillards de Londres."
    Le Corsaire-Satan, 19 octobre 1846.

    Par son goût du voyage et de la campagne et par le nombre de ses maîtresses, ce poète à la prose lumineuse est bien un romantique. Mais le distinguent de ses compagnons de la "bataille d’Hernani" sa réelle modestie, la modération de son engagement politique... et sa maladie. De la folie qui le frappe à partir de 1841 et dont il tiendra la chronique (ce qui en fera un héros des surréalistes à venir), il tirera des correspondances entre ce que nous vivons ici-bas et les mystères de l’au-delà.

    À la différence de Sand, Lamartine, Vigny et autres Hugo, il n’a jamais eu de maison. Toute sa vie, il poursuit de l’Oise à l’Orient, en passant par bien d’autres pays, la quête de son Eternel féminin et d’une mère jamais connue, dont il ne possèdera jamais ni portrait ni souvenir…

    Gérard Labrunie naît à Paris, 96 (aujourd’hui 168) rue Saint-Martin, le 22 mai 1808. Fin 1808, ses parents doivent s’installer en Allemagne-son père est médecin des armées de Napoléon.
    Gérard est mis en nourrice à Loisy, entre Ermenonville et Mortefontaine, région d’origine de sa mère où il empruntera son nom à un "clos Nerval". En 1810, sa mère décède. Il est confié à l’oncle de celle-ci, Antoine Boucher, qui habite à Mortefontaine une maison touchant le château (disparue depuis).

    À partir de 1814, il vit avec son père à Paris, tout en retrouvant Mortefontaine et le Valois l’été, jusqu’à la mort d’Antoine Boucher en 1820.
    Élève au lycée Charlemagne, il fait la connaissance de Théophile Gautier. Il compose des vers dès 13 ans. Il n’accrochera pas aux études de médecine que son père souhaite pour lui, mais traduit à 20 ans le Faust de Goethe. Cela lui doit une belle célébrité et il rencontre Hugo et d’autres romantiques, écrit des drames avec Dumas.

    Nerval est un fidèle observateur (et transcripteur pour les journaux) du Paris juste pré-haussmannien. Mais ses domiciles parisiens sont peu connus ou ont disparu. Il n’a guère habité que de pauvres masures, et le baron Haussmann en a rasé la plupart... Quelques indices cependant :
    avec Arsène Houssaye, il habite en 1834 impasse du Doyenné (qui se trouvait sur l’actuelle place du Carrousel, au coeur du Louvre) et vit une idylle sans issue avec l’actrice Jenny Colon. Avec elle comme avec d’autres avant et après, c’est l’histoire d’une rencontre ratée, d’un réel échappé pour un idéal qu’il ne trouvera jamais,
    en 1835, il est basé 5 rue des Beaux-Arts,
    il habite 14 rue de Navarin (9ème arrondissement) avec Théophile Gautier, en 1840-1841,
    entre 1841 et 1855, il effectue des séjours dans les maisons de santé des docteurs Blanche père et fils, à l’actuel 22 rue de Norvins (alors rue Traînée) à Montmartre, pour le père -maison remplacée aujourd’hui par un immeuble-, et à l’hôtel de Lamballe à Passy, pour le fils (aujourd’hui 17 rue d’Ankara),
    il habite en 1846 le Château des Brouillards à Montmartre, 13 allée des Brouillards, au bout de la rue Girardon,
    et, en 1848, 4 rue Saint-Thomas-du-Louvre (rue détruite en 1850 par le percement de la rue de Rivoli),
    en 1850, il habite 9 rue du Mail. Sentant la maladie le poursuivre, il se plonge dans l’écriture et essaie de retrouver les origines de ses obsessions (par exemple dans Sylvie, une des Filles du feu écrite en 52-53 après un séjour dans le Valois pendant l’été 52),
    le 30 janvier 1855, on le trouve pendu à une grille de la rue de la Vieille Lanterne. Sans doute parce que, par cette nuit où il fait moins dix-huit degrés, on lui a fermé la porte d’un asile pour vagabonds et une folle rage le prend... Sur ce lieu, d’après les recherches effectuées par les surréalistes dans l’entre deux-guerres, se trouverait maintenant la cage du souffleur du Théâtre de la Ville, place du Châtelet...
    d’autres adresses parisiennes du poète : 16 rue de Douai, 39 rue de La Rochefoucauld, rue Saint-Thomas-du-Louvre, rue Monthyon.

    Autres demeures de l’auteur

    Gérard de Nerval est un grand voyageur, toujours de l’encre et du papier à la main.
    Par exemple, après la mort de Jenny Colon, il embarque début 1843 pour un voyage d’une année en Orient. Nombreux sont les hôtels d’Orient et d’Europe qui l’hébergent, tel l’hôtel du Brochet, près du lac de Constance (Allemagne), en 1840.

    Plus près de nous, l’hôtel de la Sirène, au fond d’une cour sur la rue du Général Leclerc à Meaux (aujourd’hui transformé en appartements), l’a hébergé à plusieurs reprises.
    Non loin de là, Senlis, dont le poète était amoureux.

    Pour visiter le lieu

    Comme lieux nervaliens ouverts à la visite, il n’y a que les bois et étangs du Valois…

    À voir aux alentours

    Quelques traces littéraires autour de Mortefontaine...
    Rousseau à Ermenonville,
    Constant à Hérivaux (Luzarches),
    Dumas et Vigny à Valgenceuse,
    Daniel Boulanger et Louis Bromfield à Senlis.

    Et à Montmartre, sur la butte :

    Léon Bloy,
    Francis Carco et Roland Dorgelès,
    Alphonse Allais,
    Georges Courteline,
    Marcel Aymé,
    Pierre Mac Orlan,
    Max Jacob,
    Céline,
    ...

    Petite bibliographie

    Aurélia, Promenades et souvenirs, Lettres à Jenny, Pandora, et Les filles du feu, les chimères. Gérard de Nerval. Éditions Garnier-Flammarion, n° 250 et 44.
    Balade en Oise sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.
    Gérard de Nerval. Claude Pichois et Michel Brix. Éditions Fayard, 1995.
    Paris des écrivains. Sous la direction de Laure Murat. Editions du Chêne, 1997.
    Dans les hameaux de "Sylvie". Article de Robert Coiplet dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome II, Éditions de l’Illustration.


    http://www.terresdecrivains.com/Gerard-de-NERVAL.html

  • Pourquoi la catégorie”Nerval”?

    Parce que son poème "Fantaisie" ("Odelettes")trotte dans ma tête depuis que je l'ai lu au lycée....

    Parce qu'au moment de choisir un sujet de mémoire de maîtrise de lettres modernes, j'ai pensé à lui (et Baudelaire).

    Parce qu'à cette occasion, je l'ai "fréquenté" assidûment pendant 2 ans.

    Parce que ses poèmes sont à la fois simples et complexes.

    Parce que son oeuvre en prose est passionnante.

    A tel point que je l'ai encore fréquenté assidûment pendant 2 ans.

    Et je ne m'en lasse pas...

  • Enquête sur ”Les Trois Mousquetaires”

    Publié le 01/01/2010 à 09:02 - Modifié le 02/01/2010 à 13:40 Le Point.fr

    Propos recueillis par Violaine de Montclos

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    L'historienne Simone Bertière vient de publier un livre sur Alexandre Dumas, "Dumas et les mousquetaires. Histoire d'un chef-d'oeuvre" (Éditions de Fallois). ©BALTEL/SIPA .

    Dans son livre Dumas et les mousquetaires , l'historienne Simone Bertière revient sur l'itinéraire qui a mené Alexandre Dumas à son chef-d'oeuvre.

    Le Point : Le succès des Trois Mousquetaires est-il vraiment un cas à part dans l'histoire de la littérature ?

    Simone Bertière : Songez que les petits héros du film Slumdog Millionaire , des gamins illettrés d'un taudis de Bombay, se surnomment entre eux les Trois Mousquetaires... En 2008, et en Inde, les mousquetaires de Dumas sont donc encore vivants ! Voilà le destin incroyable de cette histoire écrite dans la France du milieu du XIXe : cent soixante-cinq ans de succès planétaire et ininterrompu. D'ailleurs, dès l'année suivant sa parution, le roman fut traduit dans une dizaine de langues, une exception à l'époque.

    Le comble est que son auteur rêvait de tout sauf d'être romancier...

    Il le devient par nécessité, mais le roman est un genre que Dumas méprise, comme tous ses contemporains. Jeune provincial débarqué à Paris et bien décidé à vivre de sa plume, il s'essaie à la poésie, et le résultat est catastrophique. Mais en tant que dramaturge, il a très vite un succès fou. On les a maintenant complètement oubliées, mais ses pièces sont à l'époque plus aimées encore que celles de Hugo. Son Henri III et sa cour , premier drame romantique monté sur la scène du Français, est un véritable triomphe. C'est un pactole qui lui tombe dessus ! Or Dumas est un ancien pauvre, et il prend immédiatement de mauvaises habitudes : il mène grand train, entretient femmes, maîtresses, enfants légitimes et naturels et distribue son argent à tous vents, car il est généreux. Mais le goût pour le drame romantique ne dure pas, et les revenus de Dumas s'épuisent. Pour maintenir ce train de vie luxueux, il faut donc trouver autre chose. C'est à ce moment-là qu'Eugène Sue remporte un succès et un argent considérables avec ses Mystères de Paris , qui paraissent en feuilleton dans la presse... Alors, Dumas se lance dans ce genre méprisable, pour de simples raisons alimentaires.

    Et il ne s'y lance pas seul... Au fond, Les Trois Mousquetaires et les deux volumes qui leur font suite n'auraient-ils pas dû être signés Dumas-Maquet ?

    Au départ, Auguste Maquet travaille comme documentaliste pour Dumas, mais son rôle va, c'est vrai, très vite au-delà. Au fur et à mesure de la parution du feuilleton, les deux hommes élaborent ensemble les plans et se partagent la tâche : à Maquet les développements historiques, à Dumas les scènes-clés et les dialogues. Maquet fait des suggestions, écrit aussi, mais c'est toujours Dumas qui revoit l'ensemble, rallonge, arrange, met la touche finale. Les textes font la navette entre Paris et Saint-Germain-en-Laye, où réside Dumas, et les deux hommes se rencontrent très régulièrement. L'étonnant attelage dure sept ans et, au début, Maquet ne voit aucun inconvénient à ce que son nom n'apparaisse pas. Il est même très honoré de travailler pour l'illustre dramaturge. Mais les choses changent en 1848 : Dumas se pique alors de politique ; or, pendant qu'il discourt pour tenter de séduire des électeurs - qui, d'ailleurs, ne voteront pas pour lui -, il faut bien continuer de fournir de la copie au journal, et c'est Maquet qui s'y colle. Le nègre se sent alors pousser des ailes, il commence à traiter directement avec les directeurs de journaux, et il finira par traîner Dumas devant les tribunaux. Il obtient de l'argent, mais pas le partage de la réputation qu'il réclamait.

    C'est injuste !

    Oui et non. On a retrouvé certains "premiers jets" des Trois Mousquetaires écrits de la seule main de Maquet. À première vue, on se dit que tout y est. Mais, à y regarder de près, le texte est plat, sans charme. Les détails que Dumas ajoutera ou changera ensuite feront tout le relief, toute la saveur du passage. D'ailleurs, Maquet a ensuite publié d'autres récits sous son seul nom, et ces romans ne valent rien... Dans ce couple étrange, c'est Dumas, et Dumas seul, qui est l'écrivain.

    Vous écrivez pourtant, et c'est encore un comble, qu'il n'a aucune imagination !

    Ce n'est pas moi, mais Marcel Proust qui le dit ! Et c'est vrai : Dumas est incapable d'inventer de toutes pièces un univers, des personnages, comme le fit Eugène Sue. Il a besoin d'un point d'appui, d'une situation de départ, voilà pourquoi il se sert de l'Histoire. Mais lorsqu'il la tient, alors, son talent se déploie et il peut broder indéfiniment. Car il a, soyons juste, une forme d'imagination bien à lui : celle du détail concret, de l'anecdote plaisante qui donnera du piment au récit. Il a aussi un très grand sens du comique, ce qu'il appelle sa "gaieté persistante".

    Comment naît le personnage de d'Artagnan ?

    L'homme a existé. C'était un mousquetaire gersois qui fut chargé d'arrêter Fouquet, s'est fait tuer à Maastricht, et dont on savait très peu de choses au temps de Dumas. Mais il avait inspiré à un certain Courtilz de Sandras des mémoires apocryphes très librement adaptés de sa vie, Mémoires de monsieur d'Artagnan . C'est ce livre qu'Alexandre Dumas emprunte à la bibliothèque de Marseille pour se distraire durant un trajet pour Paris. Il ne rendra jamais l'ouvrage ! On a retrouvé les lettres de réclamation de la bibliothèque...

    C'est le coup de foudre ?

    Oui, Dumas se sent immédiatement en empathie avec ce jeune provincial qui arrive à Paris sans un sou en poche, avec pour seul bagage une lettre d'introduction, dont il espère qu'elle lui ouvrira toutes les portes. C'est très exactement ainsi qu'il est lui-même arrivé dans la capitale. Impossible de ne pas exploiter ce personnage semi-fictif qui lui ressemble tant... Il va donc mettre dans son propre d'Artagnan beaucoup de lui-même. La gaieté, l'esprit d'entreprise, le pragmatisme du jeune mousquetaire, ce sont ses qualités à lui. Il le décrit comme un homme qui ne s'ennuie jamais, qui aime se raconter des histoires et en rit parfois tout seul. Or les témoignages qui évoquent la personnalité de Dumas disent la même chose. Dans Le Vicomte de Bragelonne , lorsque d'Artagnan démissionne de son emploi royal, il dit en substance à Louis XIV ce qu'Alexandre Dumas avait écrit à Louis-Philippe pour lui présenter jadis sa démission ! C'est dire jusqu'où va l'identification... Et lorsque le directeur du journal exige que l'écrivain fasse enfin mourir d'Artagnan - le roman, qui en est à son troisième volume, commence vraiment à s'étioler -, eh bien, Dumas refuse ! Il est incapable de tuer son héros. C'est donc Maquet qui le tuera pour lui.

    Il achève les autres sans difficulté ?

    Oh que non ! Le fils de Dumas, pénétrant dans le bureau paternel, trouve un jour l'écrivain en larmes. "Je viens de tuer Porthos", avoue-t-il... C'est d'ailleurs sous les traits du corpulent et généreux Porthos que Gérard de Nerval voyait de préférence son ami Dumas. Au fond, s'il se reconnaissait particulièrement en d'Artagnan, il les a tous aimés et a mis un peu de lui en chacun. Cet écrivain truculent, insatiable, qui est à la tête d'un nombre invraisemblable de romans écrits de front, mais aussi d'innombrables relations amoureuses, réalise, avec ces quatre mousquetaires, un rêve impossible : il se démultiplie !

    "Un pour tous, tous pour un" : était-ce la devise des véritables mousquetaires ?

    Non, c'était la devise des cantons suisses ! C'est sans doute lors d'un voyage en Suisse que Dumas a retenu la formule. Je sais, c'est assez décevant...

    Les Trois Mousquetaires , alors qu'ils sont quatre... on se demande toujours pourquoi.

    Sans doute parce que cela sonne mieux que "Les Quatre Mousquetaires" ! Dumas est un homme de théâtre, il a le sens de ce qui est ou non agréable à l'oreille. Ses récits sont faits pour être dits à voix haute et Les Trois Mousquetaires ont d'ailleurs beaucoup été lus "à la veillée". "Comme ils sont quatre, le titre sera absurde, ce qui promet au roman le plus grand succès", avait-il dit au responsable du journal. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait raison...

    Dumas et les mousquetaires. Histoire d'un chef-d'oeuvre , de Simone Bertière (Editions de Fallois, 302 pages, 20 E).

    Le vicomte de Bragelonne , d'Alexandre Dumas, tome 1, édition de Simone Bertière, à paraître au Livre de Poche début février.

    http://www.lepoint.fr/culture/2010-01-01/interview-enquete-sur-les-trois-mousquetaires/249/0/409796

  • Voyage en Nervalie orientale

    Sébastien Baudoin

    Gérard Cogez commente Voyage en Orient de Gérard de Nerval, Gallimard, coll. « Foliothèque », n° 154, 2008.

     

    Parmi la féconde littérature de voyage qui n’a pas manqué de fleurir dans le sillage de Chateaubriand et son Itinéraire de Paris à Jérusalem, Gérard de Nerval, et son Voyage en Orient, se démarque singulièrement de son principal devancier, mais aussi de Lamartine dont les pas l’ont aussi précédé en terre orientale. C’est dans cette perspective que Gérard Cogez, dans son commentaire du récit de voyage nervalien, tend à mettre en lumière l’originalité de l’auteur.

    L’introduction cerne les premiers traits de singularité de Nerval dans son approche viatique pour mieux annoncer les étapes de l’investigation, au nombre de cinq : la nature du récit même, explorée en premier lieu, tend à envisager la nécessaire question référentielle dans un deuxième temps, part inhérente à tout récit de ce genre. Mais Nerval fait du voyage et de sa retranscription une quête, ce que la troisième étape de l’essai explore dans une relation nécessaire à « autruy » dirait Montaigne, dans une « recherche de l’autre » qui forme la quatrième étape. Enfin, c’est dans la moyenne voie entre l’étrangeté et les figures du « moi », tempérant jugements et propos, que Gérard Cogez termine son exploration, par la mise en valeur des « expériences d’ailleurs » ouvrant sur la mise en relief d’un « voyage singulier ». L’essai se conclut, comme il se doit dans la collection « Foliothèque », par un riche dossier permettant de prendre la mesure du contexte immédiat et plus lointain de l’œuvre nervalienne.

    Reconstruction éminemment imaginaire, Voyage en Orient est ainsi décrit, en introduction, comme se voulant avant tout animé d’un « parti pris résolument réaliste », déformant la relation au gré des nécessités de l’écriture, mais toujours dans le souci de rendre « [le] récit aussi plausible que possible ». Surtout, Nerval y fait « une manière d’inventaire de lui-même », il y rencontre l’autre comme un miroir de semblance et d’altérité présidant à la reconstruction d’un moi égaré. Ce portrait de lui « par la bande », l’auteur l’accompagne d’une immersion dans les lieux faite d’« ouverture d’esprit » et de « tolérance » assez rare chez les écrivains voyageurs de son temps. Nerval y est tour à tour « figure de l’errant, difficile à saisir », « chroniqueur », habile conteur de récits mis en abyme ou auteur en dialogue avec son « destinataire fictif » comme dans une « longue correspondance ». Ces méandres multiples se cristallisent alors autour « du rêve que fut aussi, pour [lui], l’Orient ».

    La première partie de cet essai, intitulée « Tel récit, quels voyages ? », cerne la conception même que se fait Nerval du récit de voyage, genre mineur à ses yeux, qui tombe souvent dans l’écueil des impressions et de « l’abus » de la « couleur locale ». Prenant le contrepied de ses illustres devanciers, il chercherait avant tout « l’imprévu » en arpentant les chemins de « traverse » : « la rue sera le domaine de prédilection du voyageur », « l’espace où s’élabore son esthétique littéraire ». S’inscrivant dans le genre viatique tout en se situant en porte à faux avec lui, Nerval fait du hasard « le metteur en scène des personnages successifs sur lesquels se focalisera son regard ». L’aventure et la « posture du vagabond » seraient, pour Gérard Cogez, une « construction du récit », car la correspondance nous révèle au contraire un itinéraire soigneusement planifié. Le travail du texte est aussi un moyen de redonner de l’unité à ce qui a souvent été publié avant de manière « fractionnée », dans un souci de cohérence. « Laboratoire littéraire », Voyage en Orient accueille aussi une bonne part de fiction pour relier entre elles les étapes de divers voyages, d’escales fictives en voyages désenchantés, conférant à sa vision du monde une dimension « fantomatique ». Pourtant, le voyageur manifeste dans le même temps un intérêt pour le concret et la vie quotidienne, s’installant souvent longtemps dans un même lieu, là où ses prédécesseurs ne faisaient que passer. Les mentions de la nourriture et les descriptions du « gîte » et du « couvert » sont ainsi des occasions de rendre « une relation authentique », se démarquant de Lamartine et de Chateaubriand par « le registre de la solitude et de l’anonymat » comme par sa « liberté de mouvement ». Il met en valeur « les résonances intimes » propres à l’incertitude inhérente à son identité vacillante. Aussi le rapport aux lieux est-il déterminant dans cette perspective.

    « L’invention de lieux » est ainsi étudiée dans la deuxième partie de l’essai par Gérard Cogez, insistant tout d’abord sur la conviction de Nerval selon laquelle les lieux « sont toujours à inventer ou à réinventer » par celui qui les traverse et les observe. Ce renouveau passe aussi par les « emprunts » aux voyageurs qui l’ont précédé ou par « la façon de les réécrire ». Si l’auteur tombe dans les clichés romantiques comme celui des Mille et Une Nuits, il les dépasse par l’intérêt qu’il porte aux « réalités présentes des pays et des populations ». Le voyage nourrit la « dimension onirique » fondamentale dans son œuvre et son existence : le voyageur y dépasse la conception figée de « l’orientalisme » pour manifester sa sensibilité picturale, l’ouvrant à la multiplicité insaisissable de l’orient plus qu’à son unité fallacieuse et schématique. Vienne, aux abords de l’oriental nervalien, est ainsi marqué par des « signes de disparité », des « dissemblances », espace « marginal » et « décentré » qui lui convient tout à fait. La Grèce, minorée dans la place qui lui est accordée, est vue loin de la grandeur héroïque de la libération nationale et du « panthéon » tant célébré par ses devanciers. L’Égypte, quant à elle, est observée de l’intérieur, le voyageur se fixant au Caire dans l’univers urbain, laissant aux autres la descente du Nil pour se recentrer sur l’identité du moi au miroir d’un désenchantement premier et d’une vue panoramique de la cité. Le Liban, perçu sous un angle renouvelé battant en brèche les idées reçues pour mettre en valeur la riche et enthousiasmante diversité des lieux, n’est qu’un prélude à l’étape fondamentale de Constantinople, « ville ouverte » et saturée de littérature descriptive et viatique. Il la perçoit à sa manière, comme le carrefour d’une « circulation ininterrompue », de points de vue innombrables, multiplicité qui ne peut qu’« exaucer […] les espoirs conscients […] de sa quête ».

    Nerval voyage essentiellement pour se chercher soi-même, comme le montre Gérard Cogez dans cette troisième partie de son essai, intitulée « Le voyage comme une quête ». Ce qu’il nomme la « visée thérapeutique » de la pérégrination entreprise est avant tout une « vertu curative » nécessaire pour Nerval qui entend par là œuvrer pour « son propre rétablissement ». Le « bouleversement mental » qu’il vient de vivre avant son départ est ainsi compensé par une « liberté retrouvée », un « affranchissement » salvateur qui passe par la réconciliation avec lui-même. Il s’agit d’« adhérer au monde », de s’y sentir lié : le franchissement des obstacles prend une valeur symbolique, celle d’une confusion qui prend sens. « Sur le bord de la route », « en marge du courant de la vie », Nerval voyage en perpétuel décalage, mû par une dynamique initiatique qui conduit, par un « désir de métamorphose », à trouver sa voie vers « un profond remaniement intime ». Indirectement, par un « parcours de légendes », via les histoires qu’il incorpore au sein de son voyage, il entend mettre fin à une « longue divagation intime » et construire son œuvre comme une « fin à son égarement ». Les contes retracés traitent de la folie, de l’enferment et du double, reprenant en abyme les problèmes intrinsèques qui déchirent l’auteur. Mais il n’aboutit ainsi qu’à une « illusion » de maîtrise existentielle qui ne peut se résoudre que dans le dilemme entre un enfermement solitaire et l’aspiration à une « intimité fraternelle » avec autrui.

    L’Orient devient le lieu où se joue cette dialectique essentielle pour Nerval, où il peut l’observer de l’extérieur, « à la recherche de l’autre », comme le montre Gérard Cogez dans la quatrième partie de son essai. Approchant de l’« étude ethnographique », Voyage en Orient témoigne d’un voyageur aux « regards empathiques » posés sur la réalité perçue : de l’intérêt porté aux religions, notamment aux derviches dont il se sent très proche, aux « fêtes et spectacles » montrant l’aspect « hétérogène » de la vie comparée à celle de l’Europe, il nuance la critique traditionnellement intolérante des « usages » locaux et dément ainsi sans ambages « les fantasmes européens » en la matière. De la question du harem à celle de l’esclavage, Nerval atteint tout de même les « limites de la bienveillance » par un « racisme déclaré » à l’égard de certaines éthiopiennes. La « rencontre des individus » n’est donc pas toujours bienveillante, même si elle l’est la plupart du temps, positionnant le voyageur en « témoin » par la vigueur du « commerce » et des échanges avec autrui. Cristallisant ses observations sur la féminité orientale, il met en œuvre cette fascination spéculaire qui aboutit tout de même à l’échec, celui du mariage avec « Saléma », une « jeune fille druze ». L’« expérience du féminin » se solde par une impasse, celle du trop plein de réalité, qui paraît même « sous la reine ».

    Nerval rejoint ainsi ses « hantises » et justifie d’autant plus ces « expériences d’ailleurs » dont parle Gérard Cogez dans la dernière partie de son essai, pour tenter de les conjurer. Le critique s’attache à déceler « l’allure expérimentale » du récit nervalien, livrant ses tâtonnements, ses émerveillements face à des miracles ou au contraire ses déceptions par rapport aux espaces rêvés à l’avance, rejoignant une constante du récit viatique au XIXe siècle. Face à la diversité du monde, le voyageur témoigne de toute sa tolérance et l’illustre dans des dialogues vifs et animés souvent autour de la question épineuse de la religion, ébranlant les « certitudes » et contribuant à façonner le « portrait de l’artiste en étranger ». Sous le feu des regards autochtones, il se livre à diverses métamorphoses mais « ses modifications intimes ne sont pas à la hauteur de ses espoirs initiaux » et la mélancolie ou la tristesse font du périple une véritable « déréliction » dans des espaces promis à mourir sous peu. La brèche persiste au fond de son être et laisse paraître parfois des « dérapages » de jugements irrespectueux, qui ne masquent pas cependant l’impression générale d’empathie et de tolérance qui ressort du récit.

    La conclusion à laquelle Gérard Cogez aboutit est celle d’un « voyage singulier », celui d’un « essai » de lui-même au sens où l’entend Montaigne, entre une perception historique du monde et les « intentions, représentations et réflexions d’un Européen ». A la fois pris dans le « jeu » du genre viatique et enivré par « un imaginaire que l’Orient aura, somme toute, généreusement fécondé », Nerval réalise avec Voyage en Orient une œuvre à ranger aux côtés des plus grandes. Gérard Cogez a ainsi démonté les rouages de la création nervalienne pour y déceler les tensions sublimes qui en font toute la saveur d’une expérience singulière de soi dans son rapport au monde et à l’altérité, qui ne sont que des envers du « moi » nervalien, ô combien riche et complexe.

    En complément de cette analyse, le « Dossier » apporte des éclairages intéressants sur l’écriture de l’auteur : un choix de passages de sa correspondance permet de prendre la mesure de l’écart entre les lettres et le texte de Voyage en Orient, témoin d’une transposition manifeste contaminée par l’imaginaire créateur. Les « prépublications », suivies des « autres textes de Nerval », jouent ce même rôle de miroir réfléchissant et déformant à la fois au regard de l’œuvre aboutie, montrant les essais de la plume comme les échos qui se retrouvent ailleurs et rendent leur cohérence à l’ensemble de l’œuvre nervalienne. Par le filtre d’autrui, Nerval se manifeste dans toute sa « singularité ». Ainsi les sections « autres voyageurs » et « sur Nerval » fournissent-elles un outil très utile pour mesurer l’originalité de l’auteur par rapport à ses devanciers et contemporains, le replaçant dans une continuité viatique comme critique, ce dont témoigne l’abondance des avis en la matière, hostiles ou non à l’homme comme à l’œuvre.

    Publié sur Acta le 13 septembre 2008

    Pour citer cet article : Sébastien Baudoin , "Voyage en Nervalie orientale", Acta Fabula, Notes de lecture, URL :

    http://www.fabula.org/revue/document4538.php

  • Bulletin Nerval nº 69 / 1er fevrier 2009

    nerval.jpgEDITION


    Michel Brix et Jean-Claude Yon, "Nerval et l'Opera-Comique. Le dossier des Montenegrins", Presses Universitaires de Namur / "Etudes nervaliennes et romantiques, 13", 2008.

    OUVRAGE

    Keiko TSUJIKAWA, Nerval et les limbes de l’histoire, Lecture des Illuminés, préface de Jean-Nicolas Illouz, Genève, Droz, 2008.

    Presentation de l'éditeur :
    Les Illuminés, publié en 1852 avec le sous-titre polémique et ambigu Les Précurseurs du socialisme, est un ouvrage énigmatique. Ce recueil des six portraits d’« excentriques de la philosophie » ne rassemble ni des « illuminés » ni des « socialistes » au sens strict, et surprend le lecteur par sa récusation de la catégorisation figée comme par sa composition rhapsodique.
    Écrits de seconde main pour la majeure partie, faits d’un montage de citations ou de plagiats, ces portraits restaient méconnus ou mal connus par les critiques nervaliennes. Témoignent-ils de l’adhésion de l’auteur à un illuminisme ? Sont-ils une création de Nerval ou plutôt le simple assemblage de textes appartenant à d’autres ? Pourquoi Nerval a-t-il choisi ces personnages marginaux plutôt que des autres figures majeures de l’illuminisme ou du socialisme ?
    Pour répondre à de telles questions, Keiko Tsujikawa établit et interprète le dossier des Illuminés en exploitant les livres et documents cités ou consultés par Nerval lui-même. Chaque portrait est en outre rapporté au contexte historique, politique, social, religieux et littéraire, du moment de sa parution. Enfin, la singularité des Illuminés dans l’ensemble de l’œuvre nervalienne augmente le sens et la portée de cette résurrection littéraire du passé, à travers, notamment, les interrogations de Nerval sur l’histoire et le temps historique.
    Trois fils rouges tissent l’ensemble du recueil : le politique, le religieux ainsi que l’histoire au lendemain de la Révolution française. Contre la rupture de l’histoire moderne, Nerval suggère la persistance d’un autre temps, celui des limbes, qui préserve la survie des rêves, non aboutis dans le passé, ce faisant fructueux pour l’avenir.

     

     

    couv mémoire.jpgARTICLES


    - John E. Jackson, "Nerval et l'Italie", in: L'Italie dans l'imaginaire romantique. Actes du colloque de Copenhague 14-15 septembre 2007 édités par Hans Peter Lund en collaboration avec Michel Delon. Det Kongelige Danske Videnskabernes Selskab / The Royal Danish Academy af Sciences and Letters, Historisk-filosofiske meddelelser 105, 2008, p. 109-132. ISBN 978-87-7304-339-4.
    (Information fournie par Hans Peter Lund)


    - Francoise Sylvos, "Nerval et Gautier, l'aventure d'un collaboration", in "Bulletin de la Societe Theophile Gautier", n° 30 ("Le Cothurne etroit du journalisme. Theophile Gautier et la contrainte mediatique"), 2008, p. 43-58. (http://www.lucie-editions.com/librairie/ouvrages/ouvrage.jsp?id=82519  )


    Patrick Nee, "De Nerval a Gautier, l'empiegement romantique du trajet de l'ame", in "Romantisme", 2008/4, n° 142, p. 107-123.


    COMPTES RENDUS

    - Pierangela Adinolfi, CR de G. de Nerval, "Aurélia. Les Nuits d'octobre. (...)" (ed. Jean-Nicolas Illouz, Paris, Gallimard / "Folio", 2005), in "Studi Francesi", n° 155, mai-aout 2008, p. 479-480.

    - Lise Sabourin, CR de Claude Pichois et Michel Brix, "Dictionnaire Nerval" (Tusson, Du Lerot, 2006), in "Studi Francesi", n° 155, mai-aout 2008, p. 479-480.

    - Lise Sabourin, CR de Theophile Gautier, "L'Hirondelle et le Corbeau. Ecrits sur Gerard de Nerval" (ed. Michel Brix et Hisashi Mizuno, Bassac, Plein Chant, 2008), in "Studi Francesi", mai-aout 2008, p. 480.

    - Hisashi Mizuno, CR de G. de Nerval, "Les Confidences de Nicolas" (ed. Michel Brix, Paris, Le Sandre, 2007), in "Romantisme", n° 141, 2008/3, p. 130-131.

    - Gabrielle Chamarat, CR de "Lire Nerval au XXIe siècle" (ed. H. Mizuno, Nizet / coll. "Etudes du romantisme au Japon", 2007) in "Romantisme", n° 141, 2008/3, p. 131-132.

    COLLOQUE

    Michel Brix, "Nerval et la quete de l'Arcadie, du Voyage en Orient a Aurelia", colloque "Connaissance de l'Orient" organise par Bernard Franco, Sorbonne d'Abu Dhabi (EAU), 14 janvier, deuxieme seance de la matinee

    Les anciens numéros du Bulletin sont installes sur le site Amitie-Nerval et sur le site du Centre Nerval de Namur.

    Cette note s'inscrit dans le cadre plus général de la catégorie Nerval (que vous pouvez consulter directement en bas de la colonne de droite ou grâce à la recherche ou en passant par le plan) et de mes travaux dont mon mémoire "Des paysages de Baudelaire et Nerval" (qui figure sur le site Nerval cité ci-dessus)que vous pouvez acheter en passant par la bannière en haut de ce blog.

    A voir aussi: les autres notes de la catégorie "Nerval", notamment les bulletins que je reçois tous les 15 jours:

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/bulletin%20nerval

  • Nerval comme ”nom commun”

    nerval.jpgProposition 54 d'Ecriture ludique -  Noms détournés (Mariev)

    A l'image du mot POUBELLE (en fait le nom de famille du préfet qui imagina et mit en place le système de collecte des ordures en bacs), prenez un nom propre, courant ou de votre invention, et imaginez une histoire qui amènerait ce nom à entrer dans le vocabulaire courant (comme nom commun).

    Aucune contrainte de longueur; votre texte peut se présenter comme une narration classique, un conte, un article de dictionnaire ou d'encyclopédie, le cours d'un prof de français, un dialogue...


    http://www.ecritureludique.net/article-22502889.html

    Mon texte ci-dessous:

    NERVAL : nom masculin désignant un « état entre rêve et réalité. »

    9 septembre 2008

    Cette note a été selectionnée par Paperblog:

    http://www.paperblog.fr/1078173/mon-texte-inedit-sur-ce-blognerval-comme-nom-commun/

    et Lartino:

    http://www.lartino.fr/lauravanelcoytte/texte-inedit-blog-nerval-nom-pa1215.html

    Cf. ce texte complet dans mon recueil "Mes paysages de Nerval et Baudelaire" en vente sur ce blog

  • Je suis très fière d'être...

    dans le Bulletin Nerval numéro 77:

    EDITION

    Gerard de Nerval, "Les Faux Saulniers. Histoire de l'abbe de Bucquoy", texte presenté et annoté par Michel Brix, Paris, Editions du Sandre, 2009, 278 pages.


    OUVRAGE

    Laura VANEL-COYTTE, " Mes paysages de Nerval et Baudelaire", the bookEdition.com, 2009, 41 pages. 
    ARTICLES

    - Alain Costa, "De la poésie et de la propriete. L'impossible mariage selon Gerard de Nerval", in "Etudes foncieres", revue bimestrielle publiee par l'ADEF (Association des Etudes foncieres, 7, av. de la Republique, Paris), n° 138, mars-avril 2009, p. 52-55.
    ( Information fournie par christian Besse-saige)

    - Corinne Bayle, "Une lettre de Nerval a Maurice Sand (5 novembre 1853) : "Sylvie" sous le regard critique d'un poete "toujours lucide"", in "La Lettre et l'oeuvre. Perspectives epistolaires sur la creation litteraire et picturale au XIXe siecle", textes reunis par Pascale Auraix-Jochiere, Christian Croisille et Eric Francalanza, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, coll. "Ecritures de l'intime, 19", 2009.


    COMPTES RENDUS 

    David Evans, CR de "Lire Nerval au 21e siecle", (Edited by HISASHI MIZUNO, La Societe des Etudes du Romantisme au Japon, Saint-Genouph, Nizet, 2007. 246 p.) in "French Studies", 2009, 63(4), pp. 479-480.

    (Anonyme), CR de M. Brix et JC Yon, "Nerval et l'Opéra-Comique. Le dossier des Montenegrins" (Namur, Presses universitaires / coll. Etudes nervaliennes et romantiques, 2009), in "Histoires litteraires", 2009/3, p. 132-133.

    (Anonyme), CR de K. Tsujikawa, "Nerval et les limbes de l'histoire. Lecture des Illuminés" (Geneve, Droz, 2008), in "Histoires littéraires", 2009/3, p. 161.


    SOUTENANCE DE DOCTORAT 

     

    Le 5 janvier 2010, à 14h 20, à l'université Jean-Moulin de Lyon 3, Jean-Pierre Mitchovitch soutiendra sa thèse de doctoract, intitulee " Creation et representation de "Leo Burckart" de Gerard de Nerval".
    Composition du jury : Jacques Bony, Jerome Thelot, Guy Lavorel, Michel Brix, Hisashi Mizuno

     


    CONFERENCE

    Jacques CLEMENS, "Gerard de Nerval, Nerac, Nesmond", Agen, Academie des sciences, lettres et arts (9, boulevard de la Republique), mercredi 18 novembre 2009, 15 heures


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    Ce Bulletin vous tiendra informe(e) des renseignements concernant Nerval. Si vous desirez le recevoir gratuitement et y faire paraitre des informations ou des commentaires, veuillez envoyer vos coordonnees et vos messages a Michel Brix ou Hisashi Mizuno.

    Les anciens numéros du Bulletin sont installes sur le site Amitie-Nerval et sur le site du Centre Nerval de Namur.


                                                                                                      Michel Brix <Michel.Brix@fundp.ac.be>

                                                                                                      Hisashi Mizuno <hisashi.mizuno@kwansei.ac.jp
    Ils avaient déjà parlé de mes "Paysages de Baudelaire et Nerval."
  • Littérature n°158, Nerval

    Parution revue

    Information publiée le dimanche 13 juin 2010 par Laurent Zimmermann

     

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    Littérature n° 158

    Nerval

    Armand Colin

    Juin 2010

    EAN : 9782200926502



    Sommaire


    Jean-Nicolas Illouz

    Avant-propos


    Jean-Nicolas Illouz

    Nerval, poète renaissant


    Henri Bonnet

    Métamorphoses de l'idylle dans l'univers nervalien


    Dagmar Wieser

    Nerval : la science des déplacements


    Odile Bombarde

    Palimpseste et souvenir-écran dans Sylvie : la noyade du petit Parisien


    Régine Borderie

    Bizarre et vie privée dans l'oeuvre en prose de Nerval


    Patrick Née

    De quel voile s'enveloppe le Voyage en Orient de Nerval ?


    Henri Scepi

    Dire le réel : détours et recours biographiques (à propos des Illuminés)


    Jean-Luc Steimetz

    Les rêves dans Aurélia de Gérard de Nerval


    http://www.fabula.org/actualites/article38536.php
  • Bulletin Nerval nº 67 / 1er decembre 2008

    nerval.jpgOUVRAGE


    Sandra GLATIGNY, "Gerard de Nerval. Mythe et lyrisme dans l'oeuvre", Paris, L'Harmattan, coll. "Critiques litteraires", 2008.
    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=27341

     

     

    ARTICLE


    Marina Muresanu Ionescu, " Meridiane: Cérisy-la-Salle, 2008 Anul Nerval ", in "Roumanie Litteraire", no 42, 24 octobre 2008.  (Article en roumain)

    COMPTES RENDUS


    - Juliana Starr, Compte Rendu de Theophile Gautier, "L'Hirondelle et le corbeau. Ecrits sur Gerard de Nerval" (ed. M. Brix et H. Mizuno, Bassac, Plein chant, 2007), in "Nineteenth Century French Studies", t. 37, numeros 1 & 2, fall-winter 2008-2009, p. 167-169.

    - Patrick M. Bray, Compte Rendu de Gerard de Nerval, "Les Confidences de Nicolas" (ed. M. Brix, Paris, Ed. du Sandre, 2007), in "Nineteenth Century French Studies", t. 37, numeros 1 & 2, fall-winter 2008-2009, p. 175-176.

    - Scott Carpenter, CR de Cl. Pichois et M. Brix, "Dictionnaire Nerval" (Tusson, Du Lérot, 2006), in "The French Review", 2008, vol. 82, n° 1, p. 161.

    - Aurelie Loiseleur, CR de Corinne Bayle, "Gerard de Nerval. L'inconsole" (Aden, 2008), sur le site Fabula (http://www.fabula.org/revue/document4635.php)

    COMPOSITION GRAPHIQUE

    Z. W. Wolkowski, "Gerard de Nerval. L'esprit et la lettre. Une évocation chirographique et sémiotique à travers ses propres citations", (c) Z. W. Wolkowski, Paris Universitas (2005) ISBN 2-904414-89-4
    Coordonnees de l'auteur : <
    zww@ccr.jussieur.fr>


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    http://www.amitie-nerval.com/
    http://www.gerarddenerval.be/


                                                                                                      Michel Brix <Michel.Brix@fundp.ac.be>


                                                                                                      Hisashi Mizuno <mizuno@amitie-nerval.com>

  • Bulletin NERVAL

    1er décembre 2013

     
     
    ARTICLE

    Hisashi Mizuno, " Nerval en 1855 ", in "Jinbun Ronkyu", décembre 2013, pp. 17-35.
     
     
    COMPTE RENDU
     
    (anonyme) CR de G. de Nerval, "Le Diable rouge" (éd. M. Brix, Bassac, Plein Chant, 2013) et de M. Brix, "Nerval. Glanes et miettes de presse" (Paris, Champion, 2013) dans "Histoires Littéraires", juillet-septembre 2013, n° 55, p. 193.
     
     
    SEMINAIRE
     
    Séminaire Nerval (Paris III - Paris IV, amphithéâtre Guizot, vendredi 15 novembre 2013, 16-19 h)
    Henri Scepi, "Essayisme de Nerval dans Les Nuits d'octobre"
    Violaine Boneu, "Nerval, l'idylle ou l'écriture obstinée"
    Dagmar Wieser, "Prémisses du délire : le concernement dans Aurélia"

     1er mars 2014

     
     
    COMPTE RENDU
     
     
    Stéphane Lelièvre, CR de M. Brix et JC Yon, "Nerval et l'Opéra-Comique. Le dossier des Monténégrins" (Presses universitaires de Namur, 2009), in "Revue de musicologie" (Paris), tome 98 (2012), n° 2, p. 495-498.
     
    2 avril 2014
     
     
    DICTIONNAIRE
     

    "Dictionnaire littéraire de la nuit", sous la direction d’Alain Montandon,  2 vol., Honoré Champion, 2013.

     
    1er mai 2014
     
     
    DÉCES

    Nous avons appris la triste nouvelle du décès de Kurt Schärer, survenu le 26 mars 2014, à l'âge de 81 ans. Les obsèques de Kurt Schärer ont eu lieu en l'église réformée de Stâfa, en Suisse. Kurt Schärer était l'auteur de deux ouvrages consacrés à Nerval, "Thématique de Nerval, ou le monde recomposé" (1968) et "Pour une poétique des Chimères de Nerval" (1981), tous deux parus aux Lettres modernes / Minard.


    AUTOGRAPHE
     
    Monsieur Stéphane Barsacq nous a communiqué la reproduction d'un billet de Nerval qui se trouve en sa possession.
    Sur ce billet, voir Pléiade, t. III, p. 915.
     



    CONFERENCE, SEMINAIRE
     
    - Maxime Abolgassem,  conférence : "Nerval et le double du temps" dans le cadre du programme de classes préparatoires avec "Sylvie" :
    http://www.lycee-chateaubriand.fr/cru-atala/publications/conferences13_14/Temps_Nerval_Abolgassemi.pdf


    - Sarga Moussa, "Nerval lecteur de Lane : la médiation d'un orientaliste anglais dans la représentation des 'Femmes du Caire'", dans le cadre du séminaire "Construction de l'Orient", lundi 28 avril, université Paris 8 Diderot
     
     
    THESE
     
    Le 9 septembre 2013, Elena Mihaela Andrei (université Alexandru Ioan Cuza, Iasi, Roumanie) a défendu sa thèse de doctorat, qui a reçu la plus haute mention :  Figures de l'excentricité dans la littérature française du XIXe siècle: le cas des Illuminés de Gérard de Nerval  (travail dirigé par Mme le Professeur Marina Muresanu et M. le Professeur Jean-Marie Roulin). Mlle Andrei espère se voir proposer, dans un avenir rapproché, la possibilité de publier ce travail.
    Deux articles de Mlle Andrei, extraits de sa thèse, sont visibles à l'adresse suivante :
    1er juin 2014
     
    EDITION
     
    G. de Nerval, Pandora et autres récits viennois, textes présentés, édités et commentés par Sylvie Lécuyer, avec la collaboration d'Eric Buffetaud et de Jacques Clémens, Paris, Honoré Champion, coll. "Bibliothèque nervalienne", 2014, 438 pages

    http://www.honorechampion.com/fr/champion/8860-book-08532800-9782745328007.html
     
     
    COMPTE RENDU

    Gabrielle Chamarat, CR de Hisashi Mizuno, Gérard de Nerval, poète en prose (Paris, Kime, 2013), in Romantisme, 2014/1, n° 163, p. 138-139.
     
     
    COLLOQUE
    "NERVAL HISTOIRE ET POLITIQUE" : 5-7 juin 2014
    Archives nationales – Salle Albâtre – 11, rue des Quatre-Fils 75003 – Paris

    Jeudi 5 juin
    Le premier Nerval: 10 h-12 h.
    Pierre Loubier (université de Poitiers) –  Nerval et l’élégie nationale.
    Hisashi Mizuno (université Kwansei Gakuin) –  Juste après Les Trois Glorieuses. Politique et Poésie chez Nerval en 1830-1831.
    Dagmar Wieser (université de Berne) –  L’Allemagne au bout ou comment être romantique ?

    Questions d’Orient : 14 h - 16h 30.
    Kan Nozaki (université de Tokyo) – Au-delà de l’orientalisme : Nerval à la lumière de Saïd.
    Sarga Moussa (LIRE – CNRS Lyon) –  L’Orient est moins éloigné de nous que l’on ne pense. Nerval et les « Tanzimat ».
    Henri Bonnet – La Croix et le Croissant dans le Voyage en Orient.

    17 h – Conférence de Jacques Bony –  Les révolutions sont épouvantables ! 

    Vendredi 6 juin
    Révolutions et utopies : 10h-12h30 
    Jean-Marie Roulin (université de Saint-Étienne) –  Matrice familiale et Révolution dans Le Marquis de Fayolle.
    Michel Brix (université de Namur) –  Nerval rouge : histoire, politique et religion.
    Keiko Tsujikawa (université Shirayuri) –  Histoires transcrites : les jeux de la citation et la poétique de l’histoire dans Les Illuminés de Nerval.
    Sylvain Ledda (université de Rouen) : Gérard de Nerval : théâtre et géopolitique.

    Fragments d’un discours sur l’histoire : 15h-17h30.
    Adriana Chimu-Harley (université de Boston) –  Nerval et les idéologues Volney et Dupuis : mémoire de la littérature, intertextualité, contre-rhétorique.
    Emmanuel Buron (université Rennes 2) –  Dans les époques de rénovation ou de décadence. La notion d’école comme modèle historiographique, de Nodier à Nerval.
    Sarah Mombert (ENS Lyon) –  Nerval, Dumas et la presse au début du second Empire.
    Filip Kekus (université Paris IV – Sorbonne) –  L’histoire au quotidien : l’esprit de la petite presse satirique dans les chroniques fantaisistes nervaliennes aux alentours de 1840.

    Samedi 7 juin
    Revenances de l’histoire et permanence du mythe : 10h-12h 30.
    Jean-Nicolas Illouz (université Paris VIII) –  Tu demandes pourquoi j’ai tant de rage au cœur : écriture et opposition, entre mythe et histoire, des Faux Saulniers à Angélique.
    Patrick Labarthe (université de Zurich) –  Rêver le passé sur ses débris : Nerval et la poétique des ruines.
    Françoise Sylvos (université de la Réunion) –  Mythes et légendes du politique.
    Jean-Luc Steinmetz : Les Chimères traversent l’Histoire.
     
    L’Histoire polygraphe : 14h-16h
    Marta Kawano (université de Sao Paulo) – Nerval, Sterne, et la condition de l’artiste. Lecture croisée des Nuits d’octobre de Nerval et du Voyage sentimental de Sterne.
    Philippe Destruel –  La sensibilité politique de Nerval dans les Scènes de la vie orientale.
    Gabrielle Chamarat (université Paris X) –  Présence de l’histoire et de la politique dans la polysémie du texte nervalien.
     
     
     
     
     
     
  • Le syndrome Nerval

    syndrome nerval.gifUn polar poétique

    Le syndrome Gutmann

    Par Claire Julliard

     

     

    Nervalienne devant l'Eternel,  Caroline Gutmann a déjà écrit un feuilleton radiophonique sur les derniers jours du poète. Sa passion pour le doux Gérard prend ici la forme d'un thriller. Dans cette moderne version de Faust, le jeune Marcel Cohen, auteur d'une thèse sur la folie en littérature, rencontre un certain Guy Joseph, gourou médiatique érigé en pape de la révolution médicale.

    Ce géant au sourire sardonique recherche un assistant pour effectuer un travail sur Nerval et organiser un colloque sur le poète dont la fin tragique le fascine. Malgré ses réticences, Marcel se voue corps et âme aux diktats du colosse, qui tire sa fortune de sa Clinique de l'Etoile, établissement huppé peuplé de détraqués fortunés. Louise, la pensionnaire de la chambre 7, attire l'attention de Marcel. Tout porte à croire que la vieille dame fantasque est prisonnière des lieux...

     

    Dans ce troisième roman trépidant peuplé de personnages hauts en couleur, Caroline Gutmann mène le lecteur dans un incroyable dédale. Autour de son monstrueux mandarin, les meurtres se succèdent. A chaque fois, une carte de tarot est retrouvée à portée du cadavre. Qui est réellement Guy Joseph ? Bien décidé à ne pas se laisser berner par ce terrible patron, Marcel enquête sur son entourage, découvre un mystérieux Club des Treize et un précieux journal écrit par le compagnon d'internement de Nerval. Polar érudit, le récit regorge de références à l'auteur des « Chimères ». Car c'est surtout le fantôme d'El Desdichado que le héros poursuit. Au point d'adopter sa philosophie de la vie, une forme de mélancolie allègre, de morbidité joyeuse. Il existait déjà un syndrome Stendhal ou maladie du voyageur. Caroline Gutmann crée une nouvelle catégorie psychologique : le syndrome Nerval.

    http://bibliobs.nouvelobs.com/20100525/19610/le-syndrome-gutmann

    cf. aussi:

    http://www.google.com/url?sa=X&q=http://livreelectronique.fnac.com/LIVRES/FICHES/74646.Livre&ct=ga&cad=:s7:f1:v0:i1:ld:e0:p0:t1276457079:&cd=p1m4-bGDGi0&usg=AFQjCNFtj5jT3dTkWZSbcdgKrkwjSTYYCg

  • Nerval journaliste.

    Par Françoise Estèbe
    Réalisation Françoise Camar

    Parallèlement au Nerval des Filles du Feu, des Chimères, d' Aurélia, le Nerval légendaire connu du grand public, il existe un autre Nerval, moins connu bien que très prolifique : le Nerval journaliste, feuilletoniste, voyageur, auteur de chroniques théâtrales, d'articles, d'impressions de voyages.
    Gérard de Nerval a collaboré aux ...

    http://www.franceculture.com/oeuvre-aspects-de-nerval-histoire-esth%C3%A9tique-fantaisie-de-jacques-bony.html

    Cf. aussi:

    http://www.i6doc.com/fr/livre/?GCOI=28001100462480

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1990_num_20_69_5690

  • Aimer Nerval

    Aimer Nerval

    de Jean-Pierre Jossua

    Collection Cerf Littérature

    288 pages - mai 2014 - Disponible

    29,00€

    Entre modernité poétique et élan vers la plénitude, l'œuvre littéraire de Gérard de Nerval fait partie de celles qui incarnent le mieux le romantisme. Réagissant au rationalisme des Lumières, les romantiques redécouvrent avec passion l'Antiquité, s'enthousiasment des Mystères venus de l'Orient tout en mettant à l'écart l'orthodoxie chrétienne. Dans cette première moitié d'un XIXème siècle avide d'une transcendance abandonnée par une religion instituée, Gérard de Nerval est l'un des écrivains qui parle le mieux de cette quête de sens, qui peut parfois atteindre l'expérience du divin. Du rêve à la réalité, des mythes à la folie en passant par l'envol des vers, il embarque inexorablement son lecteur dans le tourbillon spirituel et culturel de celui qui, selon Baudelaire, sait "délier l'âme". Regardant toujours avec sympathie l'homme fou des nuits obscures mais assumant aussi une vraie complicité avec l'auteur des "Intermittences du cœur", Jean-Pierre Jossua met en lumière le caractère profondément religieux et mystique de son œuvre, tout en discutant l'ensemble des études déjà parues de Proust à Florence Delay. Une invitation passionnante à redécouvrir, et plus encore à aimer Nerval.
     
  • Nerval et Goethe

    Gérard de Nerval, "Delfica" dans les "Odelettes"

    La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
    Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
    Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants
    Cette chanson d'amour qui toujours recommence ? ...

    Reconnais-tu le TEMPLE au péristyle immense,
    Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
    Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
    Où du dragon vaincu dort l'antique semence ?
    ..

    Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
    Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
    La terre a tressailli d'un souffle prophétique ...

    Cependant la sibylle au visage latin
    Est endormie encor sous l'arc de Constantin
    - Et rien n'a dérangé le sévère portique.

    http://poesie.webnet.fr/poemes/France/nerval/6.html

     Nerval s’inspire de la « Chanson de Mignon » de Goethe (Les Années d’apprentissage de Wilhem Meister) qui célébrait les bonheurs de l’Italie.

    cf. mon mémoire en vente sur Lulu:

    http://stores.lulu.com/store.php?fAcctID=617288