LE MONDE DES LIVRES | 22.07.10 | 10h16 • Mis à jour le 22.07.10 | 10h32
Ma toute première robe de gala était rose, ainsi d'ailleurs que la dernière. La première n'était qu'un empilement de volants rose bonbon sur du tulle rose, avec des manches bouffantes. En période de guerre, on héritait d'une robe, on ne la choisissait pas, mais celle-là me plut. La seconde et dernière fut celle que je portais à mon dernier bal du printemps à Cambridge, elle était rose avec des moirures or sombre ; c'était un feuilleté d'organdi sur des jupons amidonnés des années 1950, et elle me plaisait aussi quoique, à l'époque, je fusse plutôt tentée par les noirs, les bleus et les verts. Le rose ne me tentait guère. Mais la robe m'allait comme un gant. Avec son petit air Dior, elle me faisait une taille de guêpe. Jusqu'à l'âge de 8 ans, j'avais déclaré que le rose était ma couleur favorite. Par la suite, je me mis à le détester ; c'était bon pour les bébés et les petites filles. Le rose fushia dit "shocking" n'apparut que pendant mes impécunieuses premières années de mariage. Il était choquant en ce qu'il s'opposait à tout ce qu'on avait associé jusqu'alors avec la couleur rose. Mais ce rose-là m'était interdit car il donnait à ma peau des reflets livides et bleuâtres.
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