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La littérature - Page 16

  • Catégories : La littérature

    Kertész contre Kertész

    LE MONDE DES LIVRES | 17.01.08 | 12h26  •  Mis à jour le 17.01.08 | 12h26

    e ne connais pas d'écrivain sérieux qui ne se mette pas en scène", disait Isaac Bashevis Singer. Quelques années plus tard, un autre Prix Nobel de littérature, le Hongrois Imre Kertész, affirme sans détours : "Je considère que ma vie est la matière première de mes romans - et cela me libère de tout complexe." Cela paraît simple comme ça, cette intrication entre l'existence de l'auteur et son oeuvre, entre la fiction et "ce qu'on appelle la réalité". Pourtant, ce que montre ici Kertész, c'est justement l'infinie complexité des va-et-vient entre les deux. Car nulle fiction n'échappe aux circonstances personnelles, au subjectif, et donc au biographique. Et, à l'inverse, la mémoire ne cesse de reconstruire ses objets, de sorte que tout souvenir devient recréation.
    Comme le dit Nerval, "inventer, au fond, c'est se ressouvenir".
    Telle est donc la question centrale de ce passionnant Dossier K., sorte de livre-testament d'Imre Kertész : la vérité autobiographique existe-t-elle ? La genèse de l'ouvrage est singulière. Après que l'écrivain eut reçu le prix Nobel, en 2002, son éditeur hongrois remarqua qu'"un certain nombre de rumeurs et de fausses informations" circulaient sur sa vie. Des erreurs diffusées par les journaux mais relayées dans des revues ou même des travaux universitaires. Il était manifeste qu'une fois de plus les lecteursd' Etre sans destin ou de Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas avaient confondu le narrateur et l'auteur. Aussi l'éditeur a-t-il demandé à un ami de Kertész d'enregistrer avec lui plusieurs heures d'entretien. Une douzaine de bandes magnétiques au total : une confession sonore, une vie parlée, en quelque sorte...

    Mais lorsque Kertész reçut la transcription, il lui parut impossible de la publier telle quelle. "Après avoir lu les premières pages, j'ai repoussé le manuscrit, et d'un geste instinctif j'ai ouvert mon portable", raconte-t-il. C'est ainsi qu'est né ce livre, le seul que j'aie jamais écrit pour obéir à une incitation extérieure." Une autobiographie en bonne et due forme ? Sans doute. Mais "si l'on accepte la proposition de Nietzsche, qui ramène les sources du genre romanesque aux dialogues de Platon", c'est aussi, selon Kertész, "un véritable roman" que le lecteur a entre les mains.

    Son originalité ? Les questions ont été entièrement refondues, mais la forme du dialogue a été conservée. Comme Platon, Kertész pense que l'essence de la philosophie, c'est la dialectique. Que seule la discussion permet d'approcher la vérité. Ici, le jeu des questions-réponses fait penser à l'autobiographie de Nathalie Sarraute, Enfance. Comme si celui qui interroge finissait par être un autre "je". Kertész écoute Kertész. Il soupèse, doute, rectifie. Il se pousse lui-même dans ses retranchements. Une sorte de tête-à-tête avec soi-même.

     

    "ECRITURE CLANDESTINE"

     

    On retrouve là les grands pans d'une existence singulière : la déportation à Auschwitz, à 15 ans à peine ; le retour des camps et les chocs successifs - dans l'autobus, à Budapest, lorsqu'on lui demande d'acquitter son ticket ; l'arrivée chez lui lorsqu'il trouve l'appartement de ses parents occupé par d'autres ; la nécessité de retourner à l'école alors qu'il a, si l'on peut dire, "une certaine expérience de la vie". Et puis, après le nazisme, le stalinisme et l'entrée progressive dans "l'écriture clandestine".

    Kertész revient aussi sur la rédaction d'Etre sans destin, commencée en 1961 et qui lui prendra dix ans. Des années où il vit avec sa femme dans une chambre minuscule, en marge de la société hongroise. Pour survivre, il écrit des comédies musicales et des pièces de boulevard. Il traduit aussi des auteurs allemands - Nietzsche, Freud, Hofmannsthal, Canetti, Wittgenstein... La parution d'Etre sans destin marque un cap : "Il arrive dans la vie d'un homme un moment où, d'un coup, il prend conscience, et alors ses forces se libèrent ; c'est à partir de ce moment-là qu'on peut se considérer comme soi-même, c'est à partir de ce moment-là qu'on naît."

    Au passage, il livre son point de vue sur quelques sujets sensibles. La famille : "Il fut un temps où j'étais persuadé que la cause de toute maladie mentale - or la cause de presque toutes les maladies est mentale - c'est la famille (...), le grand lit familial, mou et sentant le renfermé qui étouffe toute vie." La relation père-fils : "On est toujours injuste avec son père. Il faut se révolter contre quelqu'un pour justifier nos souffrances et nos faux pas." La prise de conscience de sa judéité, un soir, dans une rue de Budapest : "Mon père m'expliqua que le film allemand Le Juif Süss passait au cinéma du quartier et qu'à la sortie le public cherchait des juifs parmi les passants et faisait un pogrom. Je devais avoir neuf ans et je n'avais jamais entendu le mot "pogrom". Mais le comportement de mon père et le tremblement de sa main m'expliquaient le sens de ce mot." Et bien sûr les camps, la souffrance, la lucidité, le refus des totalitarismes : "Si Auschwitz n'a servi à rien, Dieu a fait faillite ; et si nous faisons faillir Dieu, nous ne comprendrons jamais Auschwitz."

    Jamais sans doute Imre Kertész ne se sera tant livré. Avec une simplicité et une probité intellectuelle sans faille. Citant Gombrowicz, Kertész parle des "gens avec lesquels on rapetisse". De sa fréquentation, au contraire, on sort immanquablement grandi.


    DOSSIER K. (K. DOSSZIÉ) d'Imre Kertész. Traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzvai et Charles Zaremba. Actes sud, 206 p., 19 €.
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    François Nourissier quitte l'Académie Goncourt

    C.J (lefigaro.fr) avec AFP et AP
    08/01/2008 | Mise à jour : 17:03
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    François Nourissier (AFP/Demarthon)

    L'écrivain, 80 ans, est contraint de laisser son siège qu'il occupait depuis 30 ans « pour raisons de santé ».

    L'Académie Goncourt perd un de ses jurés. François Nourissier, citant des «raisons de santé » en a démissionné. C'est la fin d'une histoire de 30 ans. L'écrivain, âgé de 80 ans, avait été élu à l'Académie Goncourt en 1977 au couvert de Raymond Queneau avant d'en devenir secrétaire général en 1983 puis président de 1996 à 2002. Un poste auquel Edmonde Charles-Roux l'a remplacé.

    Auteur d'une vingtaine de romans, souvent autobiographiques, François Nourissier publie en 1951 son premier livre l'Eau Grise. La consécration vient en 1966 avec une Histoire française qui reçoit le Grand Prix du Roman de l'Académie Française. Quatre ans plus tard c'est le Femina qui couronne La Crève. Son dernier ouvrage, la Maison Mélancolie, est sorti en 2005. En 2003, dans le Prince des Berlingots, il avait évoqué son combat contre la maladie de Parkinson. Son successeur au jury Goncourt sera désigné dans les prochains mois.

    L'Académie Goncourt se réforme

     

    La démission du romancier coïncide avec le déjeuner de rentrée de l'Académie Goncourt. Les membres de l'Académie ont profité, mardi, de ce rendez-vous mensuel pour modifier son règlement intérieur. Dorénavant, seul le vote des membres du jury présents sera pris en considération lors du vote pour le prix Goncourt. Le scrutin ne pourra se porter que sur les ouvrages figurant sur la dernière sélection. Un débat sur la composition du jury avait surgi lors de l'attribution du dernier Goncourt à Gilles Leroy. Alabama Song avait émergé vainqueur à l'issue de quatorze tours de scrutin en novembre dernier.

    Edmonde Charles-Roux souhaite que le débat, les plaidoiries des académiciens soient au centre des délibérations. « Il n'y aura rien de confidentiel, ce seront des choses racontables après la proclamation du résultat, chacun pourra connaître la teneur du débat, qui a voté pour qui » souligne-t-elle. Une réforme des statuts de l'Académie Goncourt «prévoyant un passage automatique à l'honorariat à partir d'un certain âge» va aussi être engagée.

    http://www.lefigaro.fr/livres/2008/01/08/03005-20080108ARTFIG00536-francois-nourissier-quitte-l-academie-goncourt.php

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    Je suis en train de lire:Le Magazine Littéraire de janvier 2008, n° 471,Simone de Beauvoir, la passion de la liberté

    Au sommaire du dossier du Magazine Littéraire de janvier, coordonné par Perrine Simon-Nahum, Simone de Beauvoir : repères chronologiques, vies et combats, entretiens avec Danièle Sallenave, Elisabeth Badinter... "Par-delà le combat pour les femmes, Beauvoir a su développer une philosophie dont on perçoit aujourd'hui l'extrême richesse. Selon ses disciples les plus radicales, elle aurait soufflé à Sartre les prémisses dela pensée existentialiste. Plus certainement, elle a su, à partir du substrat qui leur était commun, développer une philosophie originale, l'appliquant aussi bien à la condition féminine qu'à la question de la vieillesse, à propos de laquelle elle eut aussi un rôle de pionnière..."

    Sommaire complet :

    Entretien avec Danièle Sallenave, propos recueillis par Pierrine Simon-Nahum
    Repères chronologiques
    La naissance du castor ou la construction de soi, par Sylvie Le Bon de Beauvoir
    Inédit : Extraits des Cahiers de jeunesse de Simone de Beauvoir
    Sartre et Beauvoir, le dialogue infini, par Bernard Fauconnier
    Chicago blues, par Evelyne Bloch-Dano
    L'amoureuse et l'Autre, par Bill Savage
    Les vies de Simone de Beauvoir, par Perrine Simon-Nahum
    Le combat pour les femmes, par Benoître Groult
    La consécration américaine, par Ingrid Galster
    Simone de Beauvoir aux Etats-Unis, par Emily Grosholz
    Entretien avec Elisabeth Badinter, propos recueillis par Perrine Simon-Nahum
    Aux risques de la liberté, par Julia Kristeva
    L'existentialisme réinventé, par Eric Deschavanne
    L'existence comme roman, par Frédéric Worms
    L'idéal de la vieillesse moderne, par Pierre-Henri Tavoillot
    Epilogue, par Charles Dantzig

    Le même numéro propose un entretien entre Bruno Latour et François Jullien, deux philosophes au parcours atypique, le premier passant par l'anthropologie, le second par la sinologie, avec la même volonté de "penser autrement les relations entre les peuples et de définir un socle commun."

    http://bmlphi.canalblog.com/

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    Gentlemen de fortune

    Entretien. Une nouvelle fois, la Britannique Mary Gentle reconstruit la grande histoire, en y mêlant les petites qu’elle imagine.
    Recueilli par FRÉDÉRIQUE ROUSSEL
    QUOTIDIEN : jeudi 27 décembre 2007

    Mary Gentle vit à Stevenage, non loin de Londres. Née en 1956 dans le Sussex, elle a écrit son premier livre à 15 ans. Les lecteurs français l’ont véritablement découverte en 2004 avec la traduction en quatre tomes du Livre de Cendres, une vaste fresque de violence et de sang mettant en scène Cendres, une femme de 19 ans. Avatar de Jeanne d’Arc et de… Cendrillon.

    L’histoire a oublié cette guerrière blonde au visage balafré, capitaine d’une troupe de mercenaires. La légende dit que, stratège hors pair, elle était guidée par la voix d’un saint. En 1476, Cendres se dresse sur la route des Carthaginois qui envahissent le sud de l’Europe pour détruire l’empire de Frédéric de Habsbourg. Mary Gentle raconte son épopée en mêlant de faux documents d’époque retrouvés par Peter Ratcliffe, un historien contemporain, et sa correspondance avec l’éditeur.

    Son roman suivant, l’Enigme du cadran solaire, part de l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac, puis se déplace en Grande-Bretagne où règne Jacques Stuart. Depuis, l’auteur a publié Ilario, une sorte de suite au Livre de Cendres, qui se situe deux générations avant. Elle vient tout juste de signer un contrat pour un prochain roman qu’elle veut situer autour de 1820 en Italie. Mary Gentle donne de rares interviews. «Que dire de plus que mes livres ?» dit-elle. Rencontre à Londres.

    Le premier chapitre de «l’Enigme du cadran solaire», qui raconte à la première personne la découverte des manuscrits de Rochefort, est-il autobiographique ?

    C’est moi qui prétends être moi… Une critique a même écrit quelque part que j’avais dit la vérité, et que le manuscrit était bien celui des Mémoires de Rochefort, traduit du français. J’ai trouvé ça vraiment mignon. Il faut plutôt y voir le résultat de la forte influence de Lovecraft et surtout de Rider Haggard, un auteur très populaire en Angleterre. Je l’ai lu pour la première fois à 9 ans. Je venais de dévorer le Seigneur des anneaux de Tolkien, et l’enfant avide de lectures que j’étais n’en avait pas eu assez. Ce fut une révélation. Rider Haggard avait pour habitude de remettre en question toutes les évidences pour bâtir une histoire. Le lecteur en arrive à se demander si ce n’était pas réel. Dans les premiers chapitres de She, il présente des documents archéologiques pour amener à croire à l’existence d’une femme vieille de deux mille ans. Lovecraft crée son Necronomicon de la même manière, avec l’appui de lettres, d’articles de journaux… Je suis littéralement tombée amoureuse de ce cadre de narration. Pour le Livre de Cendres, cela m’a paru assez naturel. J’ai imaginé croiser deux niveaux de temporalité : 2000, avec l’historien Peter Ratcliffe qui travaille sur des documents datant de la fin du Moyen Age, et 1476, l’Europe transformée en champ de batailles avec Cendres pour héroïne. L’Enigme du cadran solaire joue un peu sur le même tableau.

    Comment expliquez-vous cette passion pour l’histoire ?

    Elle vient peut-être de mon expérience personnelle : jusqu’à l’âge de 10 ans, j’ai passé beaucoup de temps avec mon grand-père, le père de ma mère adoptive. Il vivait à la campagne, sans électricité, sans eau courante, et il fallait aller ramasser du bois pour alimenter le poêle. Les arbres craquaient. J’adorais ça. Mon grand-père n’avait jamais peur de rien. Grand voyageur dans sa jeunesse, il aurait aimé être écrivain, mais je crois qu’il était meilleur conteur. Je me rappelle d’histoires incroyables au sujet de monstres volants. C’est lui qui m’a appris la valeur des histoires. Il m’enseignait des tas de choses qui énervaient ma mère, comme siffler ou grimper dans les arbres. Pour lui, une fille devait être capable de faire les mêmes choses qu’un homme. Il est mort quand j’avais 10 ans, mais il m’a énormément marquée.

    Des études inspirent-elles vos romans ?

    Adolescente, je ne pensais pas aller à l’université un jour. J’ai quitté l’école à 16 ans, quand ma mère a décidé que mon job de cet été-là deviendrait permanent. J’ai fait divers petits boulots tout en écrivant. Mon deuxième roman a été publié quand j’avais 18 ans. A 25 ans, je me suis dit qu’il me fallait obtenir des qualifications pour trouver un travail. J’ai découvert que j’aimais les études, et que les cours pouvaient me fournir quantité d’idées pour des fictions. Depuis, j’ai obtenu deux masters à l’université de Londres : le premier sur le XVIIe siècle, qui m’a beaucoup appris en histoire des sciences ; le second sur la guerre, que j’ai suivi au moment de la première guerre du Golfe. Voir le monde du point de vue militaire est fascinant. Mon intérêt pour la guerre n’était pas nouveau : je l’avais pratiquée sous l’angle ludique par le biais du jeu de rôle. J’ai également appris à me battre à l’épée quand j’ai voulu écrire l’Enigme du cadran solaire, vers 1989. Je m’intéresse aux épées depuis l’adolescence. J’avais Cendres en tête avant d’entamer ces études sur la guerre, mais j’avais besoin d’engranger. Je savais que ce serait un roman épique qui allait me demander de profondes connaissances historiques. Mais l’université n’a pas seulement été un moyen d’alimenter mes romans, j’adore le travail académique.

    Vous pratiquez une sorte d’histoire spéculative. Pourquoi ?

    Dans l’Enigme du cadran solaire, Valentin Raoul Rochefort, qui n’a bien sûr jamais existé (il est un conglomérat de mauvais garçons), remplit un creux de l’histoire. La mort du roi Henri IV à Paris en 1610 s’est déroulée dans une atmosphère de conspiration sujette à spéculations. J’en ai profité pour remplir les «vides». D’où Rochefort. L’idée est de parvenir à le faire si habilement que nul ne peut prouver que cela n’est pas arrivé. J’en profite aussi pour remettre de la lumière sur des événements occultés. C’est le cas dans le Livre de Cendres, où je réhabilite à ma manière un acteur d’importance, le duché de Bourgogne.

    Dans les sources historiques anglaises, la Bourgogne n’existe que comme si elle n’avait été qu’une province de France. Elle a disparu de la conception populaire de l’histoire européenne presque instantanément quand Charles de Bourgogne a été tué à la bataille de Nancy en 1477. Je n’en connais évidemment pas la raison. Mon roman propose une explication, qui n’est probablement pas la vraie, mais elle me plaît. Est-ce une forme de réflexion sur l’histoire ? Imaginer des pistes spéculatives vient sans doute de ma conviction que l’histoire est une construction. On en attend certes un plus grand degré de véracité que de la fiction, mais elle reste une construction. Quelles que soient les recherches que je mène aujourd’hui dans des archives, elles seront dépassées dans trente ans. Dans l’intervalle, de nouveaux manuscrits vont émerger, des documents anciens auront été réévalués… L’histoire ressemble à un puzzle, le passé laisse une poignée d’indices et de reliques derrière lui. Et le jeu que j’affectionne particulièrement est de caser une histoire secrète dans les interstices de l’histoire telle que nous la connaissons. Beaucoup d’événements et de personnages du Livre de Cendres et de l’Enigme du cadran solaire ont existé sur le papier. J’imagine des possibles en me débrouillant pour que le lecteur ne puisse pas voir les coutures.

    La violence ne vous fait pas peur…

    Cendres est aussi violente qu’elle aurait pu l’être en 1476. C’était une époque barbare. Certaines scènes me sont parfois insoutenables : j’écris d’une main quand l’autre s’occupe ailleurs. Je sais que ces passages doivent être là pour le vrai, donc il me faut les écrire. La plupart des sources dont nous disposons viennent du XIXe siècle, du romantisme, avec l’idée que les méchants sont punis et tués. La réalité n’est pas comme ça. La sensualité et l’érotisme non plus. J’ai fait cinq ou six titres érotiques lorsque j’écrivais Cendres, principalement pour des raisons financières. Ils étaient destinés à un éditeur de Londres qui publiait une collection de livres érotiques écrits par des femmes, «Ex-Libris». J’ai eu beaucoup de plaisir à les faire. Je suis pour que les femmes aient accès à la fantaisie sexuelle, comme les hommes par le passé. Par ailleurs, c’est un excellent exercice d’écrivain : l’écriture érotique doit faire ressentir par le biais de tous les sens et à l’instant même où elle se dévoile au lecteur. J’écrivais ces livres sous le pseudonyme de Roxanne Morgan. Roxanne était le nom de mon personnage dans un jeu de fantasy «grandeur nature» avec des décors médiévaux. On se retrouvait à deux mille personnes tout un week-end d’août, chacun prétendant être quelqu’un d’autre. J’ai pensé que Roxanne pouvait aussi écrire ses propres livres.

    http://www.liberation.fr/culture/livre/300444.FR.php

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    Les cafés littéraires du Centre Charles Péguy - Orléans (45) - 10 janvier 2008

    Le Centre Charles Peguy propose :
    "Maurice Genevoix, promenades gourmandes", par Anne-Marie Royer-Pantin, le jeudi 10 janvier 2008, à 18h30 précises.

    A cette occasion, A.M. Royer-Pantin présentera et dédicacera ses livres "Célébration du coing", Célébration de la noix" et " La rose et le ...

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    "Une passion dans le désert. De Balzac à Jouve" - exposition à la Maison de Balzac - Paris 16e - du 4 octobre 2007 au 6 janvier 2008

    9ca01bb52db6885455d7540ffdc4d3af.jpga5e97dec58a7e817509bd5bce75c8243.jpgLa Maison de Balzac présente la rencontre de Paul Jouve, le plus grand artiste animalier du XXe siècle, avec "Une passion dans le désert", sulfureuse nouvelle de Balzac. Narrant les amours d'un soldat de l'armée napoléonienne et d'une panthère dans le désert d'Egypte, ce récit n'a reçu aucune illust...

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    Performance poétique n° 1 chez Jules Verne à Amiens (80) - 9 janvier 2008

    120adedf0790eabd532235e076fe6b5c.jpg Pierre Garnier, inventeur de la poésie spatiale, inaugure l'exposition de son manuscrit de 128 poèmes : "Voyages extraordinaires (poésie spatiale), hommage à Jules Verne", avec de nombreux amis poètes venus parfois de loin, le 9 janvier 2008, de 18h30 à 22h30.

    Pierre Garnier soufflera ses 80 ...

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    La folie Lovecraft

    Arts. En Suisse, le musée européen de la Science-Fiction célèbre les 70 ans de la mort de l’écrivain américain en conviant une centaine de dessinateurs à s’inspirer du «Livre de raison», son carnet de cauchemars.
    Envoyée spéciale à Yverdon-les-Bains (Suisse) Frédérique Roussel
    QUOTIDIEN : jeudi 27 décembre 2007
    L’expo qui rend fou, H. P. Lovecraft et le Livre de raison Maison d’Ailleurs à Yverdon-les-Bains (Suisse). Mer.-ven. 14h-18h, sam. et dim. 12h-18h. Jusqu’au 6 avril. Rens.: (00 41) 24 425 64 38 ou www.ailleurs.ch
          

    Au commencement, un petit carnet de notes. A l’intérieur, Howard Phillips Lovecraft griffonnait des idées, des rêves, des citations, «dont le but est de permettre l’envol de l’imagination et du souvenir». Rien de bien exceptionnel pour un écrivain, avide de détails quotidiens susceptibles de nourrir une narration. Ecrites de 1919 à 1934, les courtes phrases de l’auteur de Providence (Rhode Island) apparaissent comme l’essence de sa pensée. Lovecraft arrive à y évoquer, cliniquement, des horreurs indicibles, des monstres tapis dans l’obscurité, des cités sous-marines ou des rêves se confondant avec le réel.

    Sur le même sujet

    Vision. Lovecraft pensait que nous vivons dans l’illusion et que des choses se cachent à la périphérie de la vision. Exemples tirés du fameux carnet, intitulé le Livre de raison (The Commonplace Book) : «Une chose vivante, informe, constitue le cœur d’un vieux bâtiment» ou «Rôder la nuit autour d’un étrange château sans lumières, au milieu d’un décor surprenant». Ces notes lancinantes ont parfois servi à bâtir des fictions à faire se dresser les cheveux sur la tête (1).

    L’idée de mettre ce «pense-bête» au cœur d’une exposition est venue du dessinateur-humoriste suisse Mix & Remix. A 47 ans, il a découvert l’univers de Lovecraft après avoir lu la monographie de Michel Houellebecq. Il a alors entendu évoquer le petit Livre de raison. Pourquoi ne pas donner ces 222 suggestions brutes à des illustrateurs ? Mix & Remix lui-même a croqué une cinquantaine de dessins en un temps record. Tout ne l’a pas inspiré. «Vous avez ce petit détonateur qui fait que vous avez envie de dessiner une image ou pas», explique-t-il à l’émission Sonar de la radio suisse romande Espace 2. Certaines phrases ont parlé à tout le monde, d’autres sont restées dans les limbes.

    Tentacules. Une centaine d’illustrateurs, de dessinateurs de bande dessinée, d’albums pour enfants se sont prêtés au jeu. Au total, près de 500 œuvres inédites fêtent à leur manière le 70e anniversaire de la mort de H.P. Lovecraft (1890-1937). «C’est l’expo qui rend fou… les organisateurs», s’amuse Patrick Gyger, directeur de la Maison d’Ailleurs, musée de la Science-Fiction, de l’Utopie et des Voyages extraordinaires (lire page suivante). La production ne montre pas que des tentacules sur le point d’étrangler un pauvre humain, mais aussi des collages humoristiques, des visions burlesques ou poétiques. «L’expo qui rend fou» permet de revisiter la légende avec une multitude de points de vue. «Ce n’est pas une exposition sur Lovecraft, mais une exposition lovecraftienne», estime Patrick Gyger. Ainsi d’Albertine, illustratrice pour enfants, qu’a inspirée en bleu et rose la sinistre pensée qui dit : «Sensation de noyade. Sous la mer - villes, navires, âmes de morts. La noyade est une mort horrible.» Caza imagine «l’Intrigue du Dr Eden Spencer» avec une main de monstre sur le point de sonner à la porte dudit docteur. Tom Tirabosco voit dans «Un bruit hideux dans l’obscurité» un monstre qui boit à la paille le cerveau d’un chat, sous les yeux d’un sympathique canard, sa mascotte. Un homme de dos en marcel regarde par une fenêtre et se demande : «Où est passée ma bagnole ?» L’œuvre signée Antoine Guex accompagne en réalité la pensée lovecraftienne, «Quelqu’un regarde par la fenêtre et se rend compte que la ville et le monde au-dehors sont désormais sombres et morts».Nyarlatote

    Lignée. L’exposition propose également de courts textes fictifs rédigés par des écrivains, comme les Américains Terry Bisson, James Morrow ou Norman Spinrad, le Britannique Christopher Priest ou le Belge Jacques Finné.

    Loin d’être un panégyrique à un mort qui hante encore, l’exposition d’Yverdon a donné du matériau lovecraftien à remoudre. Après sa mort, il a été vite adapté aux Etats-Unis par des magazines d’horreur. Dans cette lignée, un hors-série de Métal Hurlant sera exclusivement consacré à HPL en 1978. Son univers se retrouve aussi chez Philippe Druillet, Tibor Csernus ou Jean-Michel Nicollet. Car l’envers de la réalité reste une source d’inspiration inépuisable.

    (envoyée spéciale à Yverdon)

    (1) Dans Night Ocean et autres nouvelles, traduit par Jean-Paul Mourlon, Belfond, 1986.

    http://www.liberation.fr//culture/300459.FR.php?utk=008b428a

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    Bourgois et son poisson pilote

    philippe garnier correspondant de Libération à Los Angeles.
    QUOTIDIEN : jeudi 27 décembre 2007
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    «Vous n’avez pas répondu à mes deux fax et votre silence me surprend un peu, mais j’ai toujours admis que nos relations pouvaient ne pas être faciles…» (Christian Bourgois à P.G., 19 juin 1995).

    On a déjà suffisamment, ici et ailleurs, écrit sur Christian Bourgois l’homme, Bourgois l’obstiné ou le mondain, pour que cela donne envie de savoir comment cela se passait dans la boutique. L’aperçu que j’en donnerai sera par le très petit bout de la lorgnette : à côté de Walter Benjamin, une bio de Nicholas Ray, tous ces livres de Vian, Burroughs ou Ginsberg, ceux qu’on a faits ensemble paraîtront de la petite bière. Je ne prétends pas non plus être un intime, ni même un ami, en tout cas pas très souple (voir ci-dessus), mais j’ai travaillé pour lui dans des circonstances et capacités diverses, et si sur plus de vingt ans nous avons eu des différends, le mode de fonctionnement, pour être intermittent, est néanmoins resté le même jusqu’à la fin : la simplicité même. Au-delà de ses goûts personnels, Bourgois savait faire confiance. Il était toujours partant, même si parfois l’enthousiasme initial se perdait dans le tourbillon d’une vie surmenée, de ses ennuis réels (les années Rushdie) et d’activités extralittéraires pas toujours perçues comme essentielles à son vrai métier. C’était important pour des gens comme nous, les directeurs de collection SDF qui n’insistent pas pour marquer de leur nom les auteurs comme du bétail, de pouvoir toujours compter sur une lecture attentive. «Je contacte l’éditeur demain» était toujours la réponse. «Merci de votre lettre du 2 avril [1990]. Tout d’abord, en chapeau, si je peux dire, laissez-moi vous dire que lorsque j’arrive le matin à 8 h 30, j’aimerais bien écrire à mes amis, Philippe Garnier à Los Angeles, René Vienet à Taipei, Francis Deron à Pékin, ou à X, Y, Z à Londres, New York, Milan ou Berlin qui me donnent des conseils amicaux et m’ont permis de faire Bourgois et 10/18.» Pour dire qu’il n’y avait pas que le plaisir dans la vie. Mais il finissait toujours par répondre.

    Nous avons commencé à travailler ensemble, informellement, à la fin de l’été 1984. J’avais publié un article dans Libération sur John Fante, signalant la réédition de ses livres oubliés chez Black Sparrow. Sur la foi de ce papier, Bourgois m’annonçait qu’il en avait acheté quatre ! Et désirais-je en traduire un, ou plusieurs ? Demande à la poussière me suffirait, merci. Ce coup-ci fut le bon, il n’y en eut jamais de meilleur, mais j’étais aussi interloqué qu’inquiet. A tort : trois ans plus tard, il y avait des piles de Fante dans les kiosques d’aéroports.

    La collaboration dura ainsi, j’étais poisson pilote non sollicité ni rémunéré, ravaudeur de traductions foireuses dans les années Presses de la Cité-10/18, tout comme après. Début 1991, je lui signalai un drôle de livre sur le pétrole, par un inconnu nommé Rick Bass. A peine avais-je eu le temps d’écrire sur lui dans un de mes livres que Bourgois récidivait, écrivant de son côté : «Je viens de recevoir un contrat pour les deux titres de Rick Bass que vous m’avez conseillés et j’attends que Seymour Lawrence (son agent) m’envoie des épreuves du troisième titre.» Quand, n’y croyant plus, je dus m’arrêter en cours de traduction d’un des deux livres, l’éditeur acceptait mon forfait embarrassé avec bienveillance, mais restait ferme : «Je vous remercie de m’avoir communiqué vos doutes sur la commercialité de ces livres (Brice est d’accord avec vous), mais je désire cependant continuer à publier Rick Bass.» Il continue encore.

    Cette fidélité aux auteurs faisait mieux passer d’autres de ses pratiques, plus cavalières. Bourgois a longtemps été fameux pour ses couvertures. Il a longtemps fonctionné sur l’illusion que si un tableau ou une photo était reproduits en détail et non entièrement, il n’avait pas à se soucier des droits de reproduction, même quand il pouvait les avoir pour des nèfles. Pour la couverture de Demande à la poussière, je lui avais signalé une photo de Dorothea Lange, un très gros plan sur des jambes de Mexicaine avec des bas troués et des huarachas qui me semblaient idéals pour évoquer cette période, ainsi que le personnage de Camilla dans le roman. Ayant pris la peine de relever le numéro qui lui permettrait d’obtenir de la Library of Congress, pour la somme de quinze dollars, port compris, un très beau tirage de cette photo de la Farm Security Administration, je commis l’erreur de lui envoyer pour référence une repro de la chose découpée dans un livre. Dans un délai qui m’a toujours paru n’être guère plus long qu’un retour de courrier, Christian m’envoyait un premier exemplaire du livre, avec ce mot : «J’ai un photograveur inestimable.» D’où le flou et la trame de la couverture, qui, ma foi, allait bien avec le livre. Mais ces pratiques finirent par le rattraper, et je crois savoir qu’il lui en coûta. Après une longue brouille plus sérieuse que d’habitude, nous nous étions retrouvés sur un coup nous rappelant à tous les deux la complicité des débuts. Par un hasard dément, nous nous étions chacun de notre côté passionnés pour un obscur livre de Tom Kromer sur la dépression américaine, Waiting for Nothing.

    Bourgois venait d’acheter les droits d’une récente réédition universitaire pour la seule raison qu’il avait lu le livre cinquante ans plus tôt. Répondant à ma lettre enthousiaste, il m’annonçait aussi qu’il avait déjà mis le livre en traduction. La chose traîna, et entre-temps un ami bouquiniste me trouva la traduction française parue à l’époque chez Flammarion, les Vagabonds de la faim, due à un extraordinaire personnage nommé Raoul de Roussy de Sales. Elle était incroyablement juste et fidèle, fleurant bon un ton qu’aucun traducteur aujourd’hui, fût-il excellent, ne saurait trouver. Celle commanditée par Christian était parfaitement bonne, mais il prit sur lui de «s’arranger» avec le traducteur, de reprendre la traduction Flammarion, et de m’en confier la présentation. A ma grande surprise, le livre marcha assez bien et obtint de nombreuses critiques. Je crois que ma dernière communication sur le sujet fut de rouspéter à propos de la couverture, que je jugeais peu appropriée. Mais c’était cela le secret de la collaboration : je connaissais mon métier, il connaissait le sien.

    http://www.liberation.fr//rebonds/300448.FR.php?utk=008b428a

  • Catégories : La littérature

    La mort de Julien Gracq dans "L'express" (cf. article du Figaro dans ma note du 24)

    Propos recueillis par François Dufay

    Julien Gracq, auteur du Rivage des Syrtes, est mort à 97 ans. L'un de ses amis proches, Dominique Rabourdin, écrivain et réalisateur, se souvient de lui.

     

    Vous fréquentiez Julien Gracq depuis de longues années. Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?
    Je lui ai rendu visite au mois septembre, et je lui ai parlé au téléphone la semaine dernière. Il m’avait paru en pleine forme. D’après ce qu’on m’a dit, il a été emporté par un malaise dû une gastrite, alors qu’il était hospitalisé à Angers. A 97 ans, tout incident bénin peut devenir fatal.

    Quel souvenir gardez-vous de lui ?

    Je tiens d’abord à rectifier quelque chose: depuis sa disparition, j’entends parler dans les hommages de l’"ermite" de Saint-Florent-le-Vieil, d’un personnage hautain, distant, misanthrope. Or c’était quelqu’un d’extrêmement ouvert, accueillant, attentif, que je voyais quatre ou cinq fois par an depuis 1968. Il recevait beaucoup de chercheurs, de gens qui aimaient ses livres, il entretenait une abondante correspondance, répondait très scrupuleusement aux envois d’ouvrages. C’était quelqu’un d’extraordinairement fidèle en amitié: songez qu’après la mort d’André Breton, il a pendant des années téléphoné chaque semaine une heure à sa veuve Elisa.

    Mais il avait un côté prof, vieux garçon, non ?
    Vous savez, ce n’était pas seulement un professeur agrégé, c’était aussi un homme de la campagne! Simple, gentil, malicieux, convivial et prévenant avec ses voisins. Il existe des photos où on le voit jouer au boomerang avec des gens du coin! Il adorait le football, il avait suivi la dernière coupe du monde de rugby, et trouvait que le XV de France n’avait eu que ce qu’il méritait à cause de son jeu fermé. Ses autres distractions étaient les DVD: opéras de Wagner, films tirés de ses livres ou œuvres de Robert Bresson.

    Un peu "coincé" quand même ?
    Pas vraiment : pensez au Beau ténébreux, aux pages érotiques du Balcon en forêt: ce sont des livres violents, romantiques. Pour ne pas parler de son pamphlet La littérature à l’estomac. il avait eu plusieurs liaisons féminines, notamment avec Nora Mitrani. Simplement, il avait fixé une règle, qu’il m’a répétée lors de nos entretiens: "Il n’y a pas de vie privée". Il y avait un domaine réservé, une limite infranchissable, celle de l’intimité. C’était quelqu’un de formidablement têtu, en bon Vendéen qu’il était.

    Dans les derniers temps, souffrait-il de son grand âge ?
    Depuis la mort de sa sœur, décédée à peu près au même âge que lui il y a une dizaine d’années, il vivait seul dans sa grande maison de Saint-Florent-le-Vieil. Il était devenu très frileux, il vous recevait en robe de chambre, avec écharpe et béret, même au mois de juin. Il sortait peu quand le temps était mauvais, de peur de se casser le col du fémur.

    Pour parler de la seule chose qui importait avec lui, l’écriture, il disait "décliner". A cause de l’arthrose, il avait du mal à tenir un stylo, lui qui ne s’était jamais servi d’une machine à écrire ou d’un ordinateur. Surtout, il prétendait avoir de plus en plus de problèmes à trouver le mot juste, en raison des troubles de la mémoire. Alors, disait-il, il valait mieux cesser d’écrire, ou ne plus le faire que par hygiène. Mais jamais je ne l’ai entendu se plaindre, de cela ou d’autre chose. Il avait un côté stoïcien.

    Au cours d’une de vos dernières rencontres, il vous a confié être un "écrivain mort"!
    Il disait cela parce que, à part un recueil d’entretiens en 2002, il n’avait rien publié depuis les Carnets du grand chemin en 1992. Et son dernier roman, Un balcon en forêt, date de 1958! C’est en ce sens qu’il se disait "mort".

    En était-il attristé ?
    Non, chez lui, il n’y avait pas de nostalgie, de tristesse, il était au contraire serein, détaché, avec même un petit côté pince-sans-rire. Il était conscient d’être un écrivain d’un autre temps: à vingt ans, il savait par cœur La Chartreuse de Parme, ce qui n’est certes plus le cas de la génération internet. De nos jours, constatait-il, la littérature tendait à devenir "horizontale", avec la multiplication des titres et des auteurs à l’échelle planétaire, alors que le lien "vertical" avec les anciens s’estompait. Il était conscient que la littérature telle qu’on l’avait connue n’existerait plus dans les prochaines décennies. La disparition du livre lui paraissait inéluctable.

    Il parlait de la vieillesse et de la mort avec le même calme étonnant. "La perspective de ma disparition ne me scandalise pas, m’avait-il confié à la fin de l’entretien publié dans Le magazine littéraire en juin dernier, la mort étant partout inséparable de la vie". C’était un homme libre, un individualiste, un personnage énigmatique, d’une grande dignité.

     

    + d'informations

    Cf. aussi article du monde dans ma note d'aujourd'hui.

    http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=463201

  • Catégories : La littérature

    La mort de Julien Gracq dans "Le monde" (cf. article du Figaro dans ma note du 24)

    Auteur notamment du Rivage des Syrtes et de Eaux Etroites, l'écrivain Julien Gracq est mort, samedi 23 décembre, à l'âge de 97 ans, a-t-on appris dimanche de sources concordantes dans son entourage. Il avait été hospitalisé au CHU d'Angers en début de semaine après avoir eu un malaise à son domicile de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), où il vivait retiré depuis de nombreuses années, ont précisé les mêmes sources.

     

    Né le 27 juillet 1910 dans ce même village d'Anjou, en bord de Loire, Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, figurait parmi les très grands écrivains francais. Il a signé 19 ouvrages (poésie, théâtre, essais et romans). Jamais édité en poche, il est resté fidèle à des tirages limités qui ne l'ont pas empêché de jouir d'un grand prestige dans le monde des lettres. Pourquoi avoir choisi le nom de Gracq ? Pour des "raisons de rythme et de sonorité", avait-il expliqué.

    Homme secret et rétif aux honneurs - il menait une vie "très éloignée des cercles littéraires et des parades mondaines", peut-on lire sur le site de son éditeur, José Corti -, Julien Gracq avait refusé le prix Goncourt en 1951 pour son chef d'oeuvre Le rivage des Syrtes, l'histoire d'un suicide collectif sur fond de pays imaginaires. Il avait cependant accepté d'entrer en 1989 dans la prestigieuse collection de Gallimard, la Pléiade et avait ainsi été l'un des rares contemporains à être publié de son vivant dans cette collection.

    Agrégé d'histoire et de géographie, il écrit tout en enseignant dans des lycées de Quimper, Nantes, Amiens et Paris.  En 1938, il présente en vain le manuscrit de Au château d'Argol à la NRF (Gallimard). Il s'adresse alors à l'éditeur et libraire José Corti, à qui il restera fidèle durant toute sa vie.

    UNE PERFECTION DE STYLE

    En 1939, après avoir rencontré André Breton, chef de file du surréalisme, il devient un compagnon de route du mouvement dont il s'éloigne cependant assez vite.

    Avec une perfection de style frisant parfois la préciosité, il était pamphlétaire dans La littérature à l'estomac (1950), où il stigmatisait les moeurs littéraires, poète dans Liberté grande (1947), critique dans Préférences (1967), nouvelliste dans La presqu'île (1970) et, bien sûr, romancier dans Un beau ténébreux (1945) ou Un balcon en forêt (1958). Il était aussi l'auteur de En lisant, en écrivant (1981) ou La forme d'une ville (Nantes) (1985).

     

    Un balcon en forêt, Le roi Cophetua - une des trois nouvelles composant La presqu'île - et Un beau ténébreux ont été adaptés au cinéma respectivement par Michel Mitrani, André Delvaux et Jean-Christophe Averty.

    De très nombreux ouvrages savants sont parus sur son oeuvre, traduite en plusieurs langues.

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3382,36-992794,0.html

  • Catégories : La littérature

    Je l'ai appris hier midi avec tristesse:L'écrivain français Julien Gracq est mort

    Sébastien Lapaque
    24/12/2007 | Mise à jour : 18:18
    2fce495dbd9a876aa49c53b57c60b774.jpgCrédits photo : AFP

    Julien Gracq est mort samedi, à Angers, à l'âge de 97 ans. Normalien, entré dans «La Bibliothèque de la Pléiade» de son vivant, il était auréolé d'une réputation d'écrivain secret.

    Depuis quelques années, l'auteur des Carnets du grand chemin ne quittait guère sa maison natale du quartier de la Gabelle à Saint-Florent-le-Vieil, où il recevait des visiteurs auxquels il parlait volontiers de football ou d'échecs, mais plus rarement de littérature, conseillant à ses hôtes de se reporter à ses livres. Dernier classique vivant, honoré de deux volumes dans «La Bibliothèque de la Pléiade», Julien Gracq avait donné le mot de la fin à nos confrères du Monde dans le courant de l'année 2000.

    «En littérature, je n'ai plus de confrères. Dans l'espace d'un demi-siècle, les us et coutumes neufs de la corporation m'ont laissé en arrière un à un au fil des années. J'ignore non seulement le CD-Rom et le traitement de texte, mais même la machine à écrire, le livre de poche, et, d'une façon générale, les voies et moyens de promotion modernes qui font prospérer les ouvrages de belles-lettres. Je prends rang, professionnellement, parmi les survivances folkloriques appréciées qu'on signale aux étrangers, auprès du pain Poilâne, et des jambons fumés chez l'habitant.»

    Une survivance folklorique du monde d'avant : ainsi se présentait plaisamment Julien Gracq, «anarque» angevin souvent cité parmi les favoris d'un prix Nobel de littérature qu'il se serait fait un devoir de refuser, comme il avait refusé le Goncourt et l'Académie française. Il était né Louis Poirier à Saint-Florent-le-Vieil, rue du Grenier-à-Sel, sur les hauteurs de la Loire, le 27 juillet 1910. Son père était représentant de commerce, sa mère employée aux écritures dans une mercerie en gros. Élève de khâgne au lycée Henri-IV à Paris, où Alain a été son professeur, reçu à l'École normale supérieure en 1930 avec Henri Queffélec, il a passé l'agrégation de géographie en 1934 avant d'enseigner à Quimper, Nantes, Amiens et Paris, où il a notamment eu Renaud Matignon et Jean-René Huguenin pour élèves.

    «Il parlait d'une voix égale, nette et confidentielle, qui forçait l'attention et abolissait toute velléité de distraction, se souvenait Renaud Matignon. Résultat : dans la classe de M. Poirier, professeur d'histoire et géographie qui enseignait Saint-Just et le plissement hercynien aux potaches du lycée Claude-Bernard, on entendait une mouche voler.» L'auteur des Eaux étroites a quitté l'Éducation nationale en 1970, vivant depuis lors de sa retraite de professeur et de ses droits d'auteur et partageant le plus clair de son temps entre lecture, écriture et promenade.

    Toute sa vie, Julien Gracq a fréquenté les livres plutôt que les gens. Tout a commencé avec Jules Verne, le héros de ses 8 ans. Ensuite il y a eu Edgar Poe, découvert à 12 ans, et Stendhal, qu'il a lu à 15 ans. «Mes seuls véritables intercesseurs et éveilleurs», confiait-il. Il faut leur associer Chateaubriand, Balzac, Nerval, Saint-John Perse, Francis Ponge, André Pieyre de Mandiargues et Ernst Jünger, dont il est devenu l'ami après s'être acheté Sur l es falaises de marbre par hasard à la gare d'Angers.

    Héritier d'André Breton

     

    Depuis 1937, et la publication chez José Corti, libraire éditeur à Paris, du Château d'Argol, Julien Gracq était auréolé d'une réputation d'écrivain génial et secret qui faisait quelques envieux. Certains le disaient arrogant. Cet Alceste des bords de Loire qui avait légué sa riche bibliothèque à la municipalité de Saint-Florent-le-Vieil il y a quelques années s'en étonnait. «Je ne discerne pas très bien en quoi consiste cette arrogance, cette posture arrogante, qu'on me reproche là ?» Marqué à la fois par le romantisme allemand, par la littérature fantastique et par le surréalisme, Au château d'Argol n'a eu qu'une poignée de lecteurs, mais de ceux qui comptent.

    Ainsi André Breton, que Julien Gracq a eu l'occasion de rencontrer à Nantes à la veille de la Seconde Guerre mondiale et auquel il a consacré en 1948 un maître essai dans lequel il s'attarde sur l' introduction de la poésie dans la prose à laquelle l'auteur de Nadja a puissamment contribué et à laquelle lui-même s'est attaché dans tous ses livres romans ( Un beau ténébreux, Le Rivage des Syrtes, Un balcon en forêt), théâtre (Le Roi pêcheur), mélanges de critique littéraire (Lettrines, En lisant en écrivant, Carnets du grand chemin), pamphlet (La Littérature à l'estomac), récits (Les Eaux étroites), nouvelles (La Presqu'île) ou essais de géographie sentimentale (La Forme d'une ville, Autour des sept collines).

    Héritier d'André Breton, Julien Gracq l'était par son goût de la prose poétique et non par un quelconque respect de la doxa surréaliste. Qu'on songe à cette interrogation splendide qui ouvre Les Eaux étroites : «Pourquoi le sentiment s'est-il ancré en moi de bonne heure que si le voyage seul le voyage sans idée de retour ouvre pour nous les portes et peut changer vraiment notre vie, un sortilège plus caché, qui s'apparente au maniement de la baguette de sourcier, se lie à la promenade entre toutes préférée, à l'excursion sans aventure et sans imprévu qui nous ramène en quelques heures à notre point d'attache, à la clôture de la maison familière ?»

    Né à la frontière de l'Anjou et de la Vendée, dans ces Mauges qui servent de décor aux Chouans de Balzac, Julien Gracq était l'écrivain des paysages absolus. À l'étendue où aime se dissoudre l'homme moderne, il a toujours préféré la profondeur, revenant sans cesse aux mêmes écrivains, aux mêmes livres, aux mêmes souvenirs, aux mêmes questions. Il a aimé les routes, les cartes, les confins, les reliefs, les fleuves, les lisières, les frontières comme aucun autre avant lui. Plutôt que d'aller chercher de nouveaux paysages au bout du monde, il a passé sa vie à retrouver à l'infini ceux de son enfance. Passionné par l'étude des formes du terrain, Julien Gracq est le seul écrivain de sa date à s'être aussi obstinément consacré à célébrer «la face de la terre». Ses livres les plus singuliers sont nés de ce beau souci : La Forme d'une ville, Autour des sept collines.

    Ses œuvres vendues au bar-tabac

     

    Sa froideur apparente dissimulait un tour, un accent et un sel volontiers impertinents et drôles. Il a ainsi bousculé les gendelettres dans La Littérature à l'estomac avant de refuser le prix Goncourt 1951 décerné au Rivages des Syrtes. Évoquant le charme constant qu'exerçait sur lui l'œuvre de Jules Verne, ce supporteur du Football Club Nantes Atlantique expliquait sans rire qu'il détestait qu'on critique l'auteur des Aventures du capitaine Hatteras en sa présence. «Ses défauts, son bâclage m'attendrissent. Je le vois toujours comme un bloc que le temps patine sans l'effriter.» Rattachant les écrivains à la catégorie des «professions délirantes», Julien Gracq était la fois un voyeur et un voyant, comme Arthur Rimbaud avant lui. Écrivain sans biographie ou presque , il tenait tout entier dans son œuvre et dans son style, où le temps s'abolit au profit d'une autre modalité de l'être et du dire, mystérieuse et initiatique.

    On le lisait, on l'admirait, on rêvait d'aller lui rendre visite à Saint-Florent-le-Vieil où les deux volumes de ses Œuvres complètes dans la «Pléiade» étaient vendus au bar-tabac le plus proche de chez lui. M. Gracq n'avait abdiqué au «gros animal» social qu'une infime part de lui-même, restant jusqu'au bout un écrivain sans machine à écrire.

    http://www.lefigaro.fr/culture/2007/12/24/03004-20071224ARTFIG00161-julien-gracq-un-ecrivain-immense-et-secret.php

  • Catégories : La littérature

    Hommage à Albert Camus

    a09e85a2fa5df7c6b9edad0aa6342fdd.jpgLe 10 décembre 1957, Albert Camus obtient le prix Nobel de littérature «pour l'ensemble d'une œuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes».
    A cette occasion, découvrez nos essais sur cet écrivain humaniste et plein d'espoir.


    L'inhumain dans le théâtre d'Albert Camus essai de Karima Ouadia
    Une étude sur les différentes facettes de "l’inhumain" dans le théâtre de Camus

    Un ouvrage qui tente de rendre sensible à la fois la fragilité de l’humanité et la force qui réside dans sa volonté ou non de créer un monde meilleur.
    Une mise en cause de la volonté humaine dans le règne de l’inhumanité.
    Un essai à lire absolument


    Albert Camus, adaptateur de théâtre document de Karima Ouadia
    Une analyse du travail d’adaptation d’Albert Camus comme un travail de création littéraire et théâtrale.

    A travers l'analyse des adaptations de Camus, l'ouvrage s'interroge sur l’ambiguïté de l’adaptation, de la recréation dont la part de création est incontestable, notamment sur scène.




    Albert Camus, l'exigence morale colloque sous la direction de Agnès Spiquel et Alain Schaffner
    L'actualité et la force d 'Albert Camus
    La pensée d’Albert Camus est une  "pensée qui refuse la démesure et qui, n’oubliant jamais l’exigence morale, en fait le principe de toute action.Pour lui rendre hommage, des penseurs et des chercheurs interrogent cette pensée et le mode de rapport au monde, à l’homme et à l’Histoire qu’elle implique.
    Une étude à suivre avec intérêt

    Source: Le manuscrit.fr



  • Catégories : La littérature

    Rencontre d'Artiste autour de L'Astrée

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    Evénement

    Information publiée le lundi 10 décembre 2007 par Alexandre Gefen

    Mercredi 19 décembre 2007, ENS Paris

     

    RENCONTRES D’ARTISTES

    Les Amours d’Astrée et de Céladon (Rohmer, 2007) - L’Astrée (D’Urfé, 1607) :

    Hommes et femmes quatre siècles plus tard.

    Le 19 décembre à 17h30, salle Dussane, 45 rue d’Ulm.

    La publication de L’Astrée en 1607 donne son expression à une nouvelle réalité des rapports entre les sexes. Aujourd’hui, le succès à la fois public et critique de l’adaptation réalisée par Eric Rohmer Les Amours d’Astrée et de Céladon, incite à revenir sur la représentation du rapport entre hommes et femmes dans le roman d’Honoré D’Urfé. Travestissement, courtoisie, galanterie : les modèles ont-ils changé ?

    L’œuvre de Rohmer entretient un rapport étroit avec le texte. Outre de nombreuses adaptations, le cinéaste s’est consacré à l’écriture romanesque (La Maison d’Elizabeth, sous pseudonyme en 1946) et l’écriture critique (aux Cahiers du Cinéma). Nous étudierons comment son cinéma poursuit ou modifie l’expression littéraire des rapports heureux ou malheureux entre les sexes.

    La projection sera suivie d’un débat en présence de Delphine Denis (Paris IV), Marc Fumaroli (Collège de France, sous réserve), Claude Habib (Lille III), Noël Herpe (Université de Caen) et Yves Hersant (EHESS, CRAL).

    Source: Fabula.org

     

     

  • Catégories : La littérature

    Le Renaudot est un best-seller, devant le Goncourt

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    Qui arrive en tête des ventes de livres en novembre, selon le classement mensuel Ipsos-Livres Hebdo ?


    Sans surprise, le prix Renaudot 2007 décroché par Daniel Pennac !

    "Chagrin d'école" (Gallimard) caracole en tête des meilleures ventes romans/fictions. Nul doute que de nombreux lecteurs(trices) se sont émus de ce ce récit d'un cancre devenu prof, puis écrivain, grâce à des enseignants ayant su débusquer les talents cachés d'un élève rebelle.

    Plus élitiste, le Goncourt (qui raconte la vie tourmentée de Zelda Fitzgerald et sa fin tragique) se vend trois fois moins et n'arrive qu'en deuxième place. Mais il bénéficie encore à la maison Gallimard puisque qu'il a été décerné à Gilles Leroy pour "Alabama song", publié par le Mercure de France, filiale de la maison de la rue Sébastien Bottin.

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    En tête des meilleures ventes Essais, "Une vie" de Simone Veil. L'autobiographie de l'ancienne ministre de la Justice, tirée à plus de 400.000 exemplaires par Stock, est un des phénomènes d'édition de l'automne.

    Simone Veil déroule avec retenue le fil de son existence, revient sur sa déportation, sa jeunesse et une carrière politique qui ne fut épargnée ni par la malveillance ni par la calomnie.

    "L'élégance du hérisson" de Muriel Barbery, solidement ancré à la troisième place et présent depuis des mois dans les meilleures ventes, résiste toujours, alors que "Ni d'Eve ni d'Adam" d'Amélie Nothomb, malgré son prix de Flore, quitte le Top 5, après deux mois de présence.

    Ce classement inclut à hauteur de leurs parts de marché tous les circuits de distribution de vente au détail : librairies, grandes surfaces culturelles, hypermarchés (1.500 points de vente).

    Voir aussi les critiques de :
    -> "Chagrin d'école"
    -> "Alabama song"
    -> "Une Vie"

    Et les articles sur :
    - > le Goncourt et le Renaudot 2007
    -> les prix littéraires 2007





    Anne BRIGAUDEAU
    Publié le 08/12 à 08:05

    Source: Culture et loisirs france2.fr

  • Catégories : La littérature

    La saison des dictionnaires

    S
    aison des prix mais aussi celle des dictionnaires. Les presses Universitaires de France, après le Dictionnaire des Sciences humaines et le Dictionnaire européen des Lumières, sortis il y a quelques mois, publient deux volumes d’un Dictionnaire des religions. Version considérablement remaniée et enrichie d’une édition précédente. Tous ces volumes paraissent en collection Quadrige. Un Dictionnaire du Coran est aussi proposé par la collection Bouquins chez Robert Laffont. Enfin, un monumental Dictionnaire du monde germanique avec quelque cinq cent entrées, abordant aussi bien l’art que l’histoire, la religion, la littérature, la politique, les sciences et la philosophie vient de sortir chez Bayard. Toutes ces éditions offrent des contributions scientifiques de spécialistes et, d’un prix abordable, permettent d’avoir sous la main de véritables encyclopédies. On se permettra donc de réfuter ce jugement intempestif porté par Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues. A l’entrée Dictionnaire, il avait écrit : « En dire : N’est fait que pour les ignorants ». ◆ G.H. Paul Poupard (dir.), Dictionnaire des religions, PUF, 2 tomes, 49 € / Mohammad Ali Amir-Moezzi, Dictionnaire du Coran, coll. Bouquins, Robert Laffont, 30 € / E. Décultot, M. Espagne et J. Le Rider (dir.), Dictionnaire du monde germanique, 129 € jusqu’au 31 janvier 2008, 149 € après.

    Source: Télérama.fr

  • Catégories : La littérature

    Moravia revient

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    Roman. Publication en Italie et en France d’un inédit d’Alberto Moravia, «les Deux Amis». Amour, politique et lutte de classes, dans un texte écrit entre «le Conformiste» et «le Mépris».

    REMO BODEI
    QUOTIDIEN : jeudi 8 novembre 2007

    La publication de textes que leurs auteurs ont laissés délibérément inédits est souvent une déception. Ce n’est pas le cas des Deux Amis d’Alberto Moravia, qui contient des pages splendides, éparses dans les trois variantes d’un roman écrit vers 1952, entre le Conformiste (1951) et le Mépris (1954). On dirait que, pour une fois, vaut le critère herméneutique selon lequel un auteur est le dernier à se comprendre. Si le Conformiste raconte l’histoire d’un homme qui adhère au fascisme pour fuir son propre vide intérieur et achève sa parabole par la trahison et l’homicide politique, les Deux Amis prend en examen le communisme, en sa version la plus diffusée dans le second après-guerre italien.

    La trame : un journaliste cultivé mais pauvre, Sergio, se propose d’amener au Parti communiste son seul ami, Maurizio, un «bourgeois» riche et cynique qui le fascine et avec lequel il engage un duel serré, cachant un inavouable désir de revanche sociale. Sergio veut démontrer sa supériorité au représentant d’une classe qu’il considère comme étant condamnée par l’histoire à l’extinction violente. Fidèle à la trouble conviction qu’il s’est construite, selon laquelle la vie privée doit être subordonnée à la mission suprême de gagner de nouveaux adeptes à la cause, il signe le pacte méphistophélique proposé par Maurizio, dont l’enjeu n’est pas la vente de son âme, mais celle de sa femme. Sergio sacrifie alors son amour pour Lalla, en offrant celle-ci à son ami-adversaire en échange de son inscription au parti – métaphore moderne de la signature par le sang d’un contrat diabolique.

    D’en bas. Sur le point de consommer l’acte sexuel, Maurizio refuse. Il n’a jamais désiré cette femme et n’a aucune intention de devenir communiste : il n’a fait que tendre un piège à Sergio. Il l’a mis à l’épreuve, pour lui montrer comment on peut devenir le maquereau de la femme qu’on aime en croyant poursuivre l’idéal d’une révolution jugée inévitable et imminente, mais qui n’est rien d’autre qu’une égoïste bouée de sauvetage à laquelle il s’accroche pour oublier sa condition d’intellectuel insignifiant, «sans but et sans centre». En se sentant traitée comme le pion d’un jeu dont elle est exclue, la femme revendique à la fin sa propre liberté, sa dignité, et elle abandonne les deux hommes. Les amis-rivaux se trouvent ainsi démasqués et se révèlent marionnettes d’un spectacle plus grand qu’eux, porteurs de préjugés contagieux qui ignorent les besoins et l’humanité «brute» des victimes d’une guerre de religion idéologique moderne (que Moravia refuse en tant que telle, même sur le plan artistique, en revendiquant l’autonomie de l’écrivain).

    Sergio voudrait sauver et convertir les individus, Maurizio les laisser enfermés dans la sphère des jouissances et des ressentiments privés. Tous deux considèrent les personnes comme des moyens, non pas comme des fins. Et ils ont tendance à les mépriser, à les humilier, soit par pulsion obscure et «irrationnelle», soit parce qu’ils les évaluent selon les canons de leurs idéologies respectives – simples paravents de leur incapacité à agir et à influer sur les événements.

    Par rapport au roman néoréaliste, idyllique, de Vasco Pratolini, Chronique des pauvres amants (1947) – où la misère renforce l’amour entre prolétaires –, ici les différences de classes, centrées sur les difficultés de la vie matérielle de Lalla et Sergio, ont une incidence sur les idées et les attitudes des personnages, et insèrent un douloureux coin entre la réalité et les aspirations. A travers Moravia, on redécouvre aujourd’hui une dimension traditionnelle de la lutte de classe, vue d’en bas : celle entre riches et pauvres. Dans le roman, elle est cependant mêlée, de façon ambiguë, à la volonté de revanche sociale, et, surtout, à une variante perverse du primat de l’intérêt général sur l’intérêt des individus. Ce livre inachevé montre une «coupe» de l’Italie de ces années-là, où a éclaté une guerre civile dans les âmes, un conflit qui a impliqué les valeurs et les consciences d’un peuple sorti dramatiquement de vingt années de dictature et d’une guerre civile féroce.

    Le «rideau de fer» traverse aussi les consciences, les familles, les amis, les camarades de travail. Cette hostilité prend tantôt des formes cruelles, de continuation privée de la guerre bien après sa fin officielle, tantôt, et encore plus fréquemment, montre comme des crevasses, à travers lesquelles filtrent des formes de «convivance» occasionnelle, débonnaire, sinon, au quotidien, de compromis (entre catholiques engagés aux côtés de la gauche «athée» et les communistes qui se marient à l’église et font baptiser leurs enfants). Mais il ne s’agit pas seulement de manifestations superficielles de compromis : c’est que la haine politique ne réussit pas toujours à entacher les rapports personnels.

    Militance. Dans les ébauches de Moravia, il semble que la barre graphique qui sépare chez Carl Schmitt le rapport ami-ennemi caractérisant la catégorie du politique ait été effacée, et que les deux notions se confondent. Cependant, la militance – faite de générosité factieuse, de prosélytisme, de mobilisation, de lutte, de sacrifices personnels aux dépens des intérêts immédiats – devient pour beaucoup raison de vie. Et, bien que les phénomènes d’opportunisme ne manquent pas, la double et contradictoire expérience des peurs (guerre, bombardements, faim) et des espérances (renaissance, bien-être, monde meilleur) leur apprend à concevoir et pratiquer la politique en tant qu’engagement total, jalousement exclusif. La conviction est qu’un avenir meilleur s’atteint grâce au parti – lequel demande en échange discipline, obéissance et fidélité à la «ligne générale».

    Moravia lacère l’écorce des idéologies et analyse les pathologies du «tronc» de la société italienne, par le biais de ses deux personnages principaux et de la figure féminine, qui sera à la fin objet de mépris de la part de Sergio. Celui-ci est le prototype de l’intellectuel engourdi et inconcluant de la période du fascisme (digne représentant de cette espèce humaine déjà décrite dans les Indifférents), qui trouve ensuite dans le Parti communiste une solution à son inertie, et l’outil apte à lui faire surmonter le sentiment d’infériorité sociale à l’égard de Maurizio. Si Sergio est un personnage tourmenté et mesquin, qui n’a rien de la fanatique grandeur du Hoederer des Mains sales de Sartre, Maurizio est, lui, un ex-fasciste, qui voit sa propre classe, la bourgeoisie, décadente et corrompue, et se borne désormais à satisfaire les désirs de sa vie privée.

    Aux deux personnages correspondent des milieux, des choses, des vêtements qui évoquent efficacement l’atmosphère de la fin des années 40. D’un côté, des chambres meublées miséreuses, des bassines d’eau froide derrière des paravents crasseux, des chaussettes trouées et des chaussures usées (Lalla rêve d’une maison à elle, même modeste, de toilettes recouvertes de faïence, d’une baignoire avec de l’eau chaude et de posséder des vêtements décents, voire élégants), de l’autre, l’appartement de Maurizio, confortable, mais poussiéreux, vieux, abandonné et presque spectral.

    Pour Sergio, la politique domine, alors que l’amour a dépéri, réduit au seul échange charnel. Chez Maurizio prévaut une sorte de machiavélisme au rabais et, dans une des versions, la revendication vitaliste des élans irrationnels du fascisme. Ainsi, en toile de fond, se révèle le thème de la dévaluation de la vie et des affects – auquel Moravia tenait dans ces années-là. Malgré la grande qualité littéraire qu’on décèle dans maintes parties du roman, ce fut le schématisme idéologique des deux amis-ennemis qui, peut-être, ne parvint pas à satisfaire Moravia et le conduisit à abandonner le projet.


    http://www.liberation.fr/culture/livre/289924.FR.php

    Inédits, Les Deux Amis viennent à propos rappeler l'audace d'une oeuvre de bout en bout sulfureuse.

    > Lire les premières pages:http://livres.lexpress.fr/premierespages.asp/idC=13259/idR=6/idG=4
    Les Deux Amis
    Alberto Moravia
    ed. FLAMMARION

    Source: L'express livres

  • Catégories : La littérature

    Disparition:Best Mailer

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    Ecrivain, journaliste, pendant plus d'un demi-siècle, Norman Mailer a écrit le roman de l'Amérique. Souvenirs de sept rencontres avec celui qui fut le véritable héritier d'Hemingway.

    > La dernière rencontre avec Mailer

    http://www.lire.fr/portrait.asp/idC=51650/idR=201/idG=4
    > Entretien en 1995

    http://www.lire.fr/entretien.asp/idC=31525/idTC=4/idR=201/idG=

    Source: L'express livres

  • Catégories : La littérature

    Prix littéraires: l'Interallié à Christophe Ono-dit-Biot, le Renaudot des lycéens à Carole Martinez

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    L'écrivain français Christophe Ono-dit-Biot pose, le 17 juin 2004 à Paris.

    Il y a 18 heures

    PARIS (AFP) — La saison des prix littéraires s'achève avec l'attribution mardi du prix Interallié à Christophe Ono-dit-Biot pour son roman "Birmane" (Plon), tandis que le prix Renaudot des lycéens revenait à Carole Martinez pour "Le coeur cousu" (Gallimard) et le prix Quai des Orfèvres à P.J. Lambert pour son roman "Le vengeur des catacombes".

    Le prix Interallié 2007 a été attribué à "Birmane", le 4e roman de Christophe Ono-dit-Biot, qui a aussitôt appelé "à ne pas oublier la Birmanie et les Birmans" après la répression violente des manifestations d'opposition par la junte au pouvoir en septembre.

    Choisi au premier tour par six voix contre quatre à "Nada exist" de Simon Liberati (Flammarion), Christophe Ono-dit-Biot, 32 ans, est journaliste au Point et romancier. Sorti quelques jours avant les manifestations conduites par les moines à Rangoun, le livre a bénéficié de l'intérêt du public pour la Birmanie, dont l'auteur est un fin connaisseur.

    "Je suis très ému de recevoir ce prix pour ce livre, très ému également pour ce pays qui m'a donné envie de l'écrire et qui souffre toujours. De voir que le livre a été rattrapé par l'actualité me montre combien c'est important d'écrire sur le réel", a déclaré le romancier.

    "Aucun pays, aucune communauté d'hommes ou de femmes ne m'a ému à ce point-là, ce n'est pas le moment d'oublier la Birmanie et les Birmans", a ajouté l'auteur de "Désagrégé(e)" (2003) et de "Génération spontanée" (2005).

    Dans "Birmane", un reporter à la recherche d'une interview "du plus grand trafiquant de drogue de tous les temps" découvre l'emprise de la dictature.

    Le 16e prix Renaudot des lycéens a quant à lui été attribué à Loudun (Vienne) mardi à Carole Martinez pour son livre "Le coeur cousu" (Gallimard).

    Carole Martinez, professeur de français de 41 ans, est récompensée pour son premier roman. Elle l'a emporté avec 15 voix contre 12 à Christopher Donner pour "Un roi sans lendemain" (Grasset), à l'issue du sixième tour de scrutin.

    Le roman raconte l'histoire d'une mère de famille, Frasquita Carasco, dotée de pouvoirs surnaturels, condamnée à errer à travers une Andalousie troublée par des révoltes paysannes après avoir été réprouvée par son village pour adultère.

    Plus de 300 élèves de dix lycées de Poitou-Charentes et pour la première fois de trois établissements des académies de Bordeaux, Limoges et Nantes, ont eu plus d'un mois pour lire les onze livres retenus dans la sélection officielle du Renaudot. Mardi, la présidente et les 26 représentants des comités de lecture de chaque lycée se sont réunis pour délibérer à Loudun, ville où est né Théophraste Renaudot.

    Le prix du quai des Orfèvres 2008 a été attribué mardi à P.J. Lambert pour son roman "Le vengeur des catacombes".

    Ce prix littéraire, dont c'est cette année la 61e édition, récompense un manuscrit inédit de roman policier présenté par un écrivain de langue française.

    L'intrigue de ce roman se noue dans une carrière située sous l'hôpital Broussais où sont découverts deux corps mutilés.

    L'intrigue illustre des liens de respect et de connivence tissés entre policiers et journalistes.

    Le prix du quai des Orfèvres est choisi de manière anonyme par un jury présidé par le directeur de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris, Christian Flaesch, et composé d'une vingtaine de membres (policiers, magistrats, journalistes). Pour la désignation du lauréat, outre la qualité littéraire, sont pris en compte l'exactitude matérielle des détails et le degré de réalisme avec lequel est décrit le fonctionnement de la police et de la justice.

    Voici la liste des lauréats des principaux prix littéraires de l'automne 2007

    Prix Goncourt : Gilles Leroy pour "Alabama Song" (Mercure de France)

    Renaudot : Daniel Pennac pour "Chagrin d'école" (Gallimard)

    Femina : Eric Fottorino pour "Baisers de cinéma" (Gallimard)

    Femina étranger : Edward Saint Aubyn pour "Le goût de la mère" (Christian Bourgois)

    Médicis : Jean Hatzfeld pour "La stratégie des antilopes" (Le Seuil)

    Médicis étranger : Daniel Mendelsohn pour "Les Disparus" (Flammarion)

    Grand prix du roman de l'Académie française : Vassilis Alexakis pour "Ap. J.-C." (Stock).

    Interallié : Christophe Ono-dit-Biot pour "Birmane" (Plon)

    Décembre : Yannick Haenel pour "Cercle" (Gallimard)

    Goncourt des lycéens : Philippe Claudel pour "Le rapport de Brodeck" (Stock)

    http://afp.google.com/article/ALeqM5jRtihJ86r8JFvAz5VYmPvWkIVT3Q

  • Catégories : La littérature

    Olivier Adam, prix du Roman France Télévisions

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    Par BibliObs.com

    Entre Olivier Adam (candidat malheureux au Goncourt) et Christophe Donner (candidat malheureux au Renaudot) le match a été serré, au jury du prix du roman France Télévisions: 14 voix pour l'un, 11 pour l'autre au cinquième tour de scrutin.

    On voit par là que tout le monde n'a pas tenu compte de la supplique formulée par l'auteur du «Roi sans lendemain» (souvenez-vous, c'était vendredi dernier sur BibliObs: Christophe Donner exposait les raisons de sa colère, et demandait à être retiré des listes de prix cette année pour protester contre les «manipulations» de Franz-Olivier Giesbert).

    Mais qu'importe, le résultat est là. Les journalistes et animateurs du groupe France Télévisions ont donc choisi de récompenser «A l'abri de rien» (l'Olivier). Ce livre qui était, il y a dix jours, l'autre grand favori de Bernard Pivot, a connu un beau succès en librairie cet automne (70.000 exemplaires vendus, selon son éditeur). Il méritait bien une récompense cependant, si l'on en juge d'après la critique de ce livre publiée dans l'Obs.

    Vous pouvez évidemment la (re)lire ici, en attendant l'adaptation du roman à l'écran, sous le titre «Maman est folle». Réalisée par Jean-Pierre Améris, avec Isabelle Carré dans le rôle principal, elle sera diffusée le jeudi 22 novembre... sur France 3.

    16/11/2007

  • Catégories : La littérature

    Belles Etrangères

    Organisée chaque année par le Centre national du livre (CNL), la manifestation Les Belles Etrangères a pour vocation de « favoriser la découverte des littératures étrangères contemporaines ». Pour l'édition 2007, c'est la littérature libanaise qui est mise à l'honneur. Invités en France, douze écrivains libanais, parmi lesquels huit auteurs arabophones et quatre auteurs francophones, participeront, du 12 au 24 novembre prochains, à une série de manifestations publiques : lectures, tables-rondes et débats. Leurs textes font l'objet d'une anthologie, qui paraît aux éditions Verticales : Les Belles Étrangères Liban de Collectif Douze écrivains libanais (224 p., 20 €). ◆ Na.C. www.belles-etrangeres .culture.fr
    Source: Télérama

  • Catégories : La littérature

    Daniel Pennac, prix Renaudot pour "Chagrin d'école"

    Le 5 novembre 2007 à 13h28 | LE FIL LIVRES

    A soixante-deux ans, Daniel Pennac lève le voile sur son passé de cancre en publiant "Chagrin d'école" (Prix Renaudot 2007), qui mêle souvenirs autobiographiques, réflexions pédagogiques et considérations sur l'époque. Il lit pour Télérama.fr un extrait de son texte.

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    "Mais comment un cancre pourrait-il être joyeux ?" : Entretien - Daniel Pennac

    http://www.telerama.fr/livre/