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Livre

  • Catégories : Livre

    Une partie de ma bibliothèque sur Babélio(extrait)

    logo.giflien ci-contre en haut de la colonne de droite.

    Des livres que j'ai chez moi, des livres qui sont encore au Maroc.

    Des livres lus ou pas, en cours de lecture, des présentations, résumés, citations, critiques etc.

    Des polars, de la poésie, des essais etc.

     

    Un nouveau livre lu:

    http://www.babelio.com/livres/Leon-De-sang-et-debene/74949

    Un nouveau livre en cours(non lu chez Babelio):

    http://www.babelio.com/livres/Feth-Le-cueilleur-de-fraises/48492

    En plus des 2 autres:

    http://www.babelio.com/livres/Ernaux-Les-annees/47538

    http://www.babelio.com/livres/balzac-Le-pere-Goriot/34045

    Un nouveau livre en cours:

    http://www.babelio.com/livres/Genet-Poemes/14131

    Pour lire la suite et d'autres textes de moi, cf. mes 13 livres en vente sur ce blog

  • Dans ma lecture du "Journal" d'Hélène Berr 2.

    journal.jpgPage 42, Hélène Berr évoque "J'ai pleuré en rêve" d'Henri Heine:ampuis 23 mai 2010 013.jpg

    J’ai pleuré en rêve ! je rêvais que tu étais morte ! je m’éveillai, et les larmes coulèrent de mes joues.

    J’ai pleuré en rêve ! je rêvais que tu me quittais ! je m’éveillai, et je pleurai amèrement longtemps après.

    J’ai pleuré en rêve ! je rêvais que tu m’aimais encore ! je m’éveillai, et le torrent de mes larmes coule toujours.

     

    57

    Toutes les nuits je te vois en rêve, et je te vois souriant gracieusement, et je me précipite en sanglotant à tes pieds chéris.

    Tu me regardes d’un air triste, et tu secoues ta blonde petite tête ! de tes yeux coulent les perles humides de tes larmes.

    Tu me dis tout bas un mot, et tu me donnes un bouquet de roses blanches. Je m’éveille, et le bouquet est disparu, et j’ai oublié le mot.

     

    58

    La pluie et le vent d’automne hurlent et mugissent dans la nuit ! où peut se trouver à cette heure ma pauvre, ma timide enfant ?

    Je la vois appuyée à sa fenêtre, dans sa chambrette solitaire ! les yeux remplis de larmes, elle plonge ses regards dans les ténèbres profondes.

     

    59

    Le vent d’automne secoue les arbres, la nuit est humide et froide ! enveloppé d’un manteau gris, je traverse à cheval le bois.

    Et tandis que je chevauche, mes pensées galopent devant moi ! elles me portent léger et joyeux à la maison de ma bien- aimée.

    Les chiens aboient, les valets paraissent avec des flambeaux ! je gravis l’escalier de marbre en faisant retentir mes éperons sonores.

    Dans une chambre garnie de tapis et brillamment éclairée, au milieu d’une atmosphère tiède et parfumée, ma bien-aimée m’attend. Je me précipite dans ses bras.

    Le vent murmure dans les feuilles, le chêne chuchote dans ses rameaux : « Que veux-tu, fou cavalier, avec ton rêve insensé ? »

     

    60

    Une étoile tombe de son étincelante demeure, c’est l’étoile de l’amour que je vois tomber !

    Il tombe des pommiers beaucoup de fleurs et de feuilles blanches ! les vents taquins les emportent et se jouent avec elles.

    Le cygne chante dans l’étang, il s’approche et s’éloigne du rivage, et, toujours chantant plus bas, il plonge dans sa tombe liquide.

    Tout alentour est calme et sombre ! feuilles et fleurs sont emportées ! l’étoile a tristement disparu dans sa chute, et le chant du cygne a cessé.

     

    61

    Un rêve m’a transporté dans un château gigantesque, rempli de lumières et de vapeurs magiques, et où une foule bariolée se répandait à travers le dédale des appartements. La troupe, blême, cherchait la porte de sortie en se tordant convulsivement les mains et en poussant des cris d’angoisse. Des dames et des chevaliers se voyaient dans la foule ! je me vis moi-même entraîné par la cohue.

    Cependant, tout à coup je me trouvai seul, et je me demandai comment cette multitude avait pu s’évanouir aussi promptement. Et je me mis à marcher, me précipitant à travers les salles, qui s’embrouillaient étrangement. Mes pieds étaient de plomb, une angoisse mortelle m’étreignait le cœur ! je désespérai bientôt de trouver une issue. — J’arrivai enfin à la dernière porte ! j’allais la franchir… O Dieu ! qui m’en défend le passage ?

    C’était ma bien-aimée qui se tenait devant la porte, le chagrin sur les lèvres, le souci sur le front. Je dus reculer, elle me fit signe de la main ! je ne savais si c’était un avertissement ou un reproche. Pourtant, dans ses yeux brillait un doux feu qui me fit tressaillir le cœur. Tandis qu’elle me regardait d’un air sévère et singulier, mais pourtant si plein d’amour,… je m’éveillai.

     

    62

    La nuit était froide et muette ! je parcourais lamentablement la forêt. J’ai secoué les arbres de leur sommeil, ils ont hoché la tête d’un air de compassion.

    Au carrefour sont enterrés ceux qui ont péri par le suicide ! une fleur bleue s’épanouit là ! on la nomme la fleur de l’âme damnée.

    Je m’arrêtai au carrefour et je soupirai ! la nuit était froide et muette. Au clair de la lune, se balançait lentement la fleur de l’âme damnée.

    64

    D’épaisses ténèbres m’enveloppent, depuis que la lumière de tes yeux ne m’éblouit plus, ma bien-aimée.

    Pour moi s’est éteinte la douce clarté de l’étoile d’amour ! un abîme s’ouvre à mes pieds : engloutis-moi, nuit éternelle !

     

    65

    La nuit s’étendait sur mes yeux, j’avais du plomb sur ma bouche ! le cœur et la tête engourdis, je gisais au fond de la tombe.

    Après avoir dormi, je ne puis dire pendant combien de temps, je m’éveillai, et il me sembla qu’on frappait à mon tombeau.

    — « Ne vas-tu pas te lever, Henri ? Le jour éternel luit, les morts sont ressuscités : l’éternelle félicité commence. »

    — « Mon amour je ne puis me lever car je suis toujours aveugle ! à force de pleurer, mes yeux se sont éteints. »

    — « Je veux, par mes baisers, Henri, enlever la nuit qui te couvre les yeux ! il faut que tu voies les anges et la splendeur des cieux. »

    — « Mon amour, je ne puis me lever ! la blessure qu’un mot de toi m’a faite au cœur saigne toujours. »

    — « Je pose légèrement ma main sur ton cœur, Henri ! cela ne saignera plus ! ta blessure est guérie. »

    — « Mon amour, je ne puis me lever, j’ai aussi une blessure qui saigne à la tête ! je m’y suis logé une balle de plomb lorsque tu m’as été ravie. »

    — « Avec les boucles de mes cheveux, Henri, je bouche la blessure de ta tête, et j’arrête le flot de ton sang, et je te rends la tête saine. »

    La voix priait d’une façon si charmante et si douce, que je ne pus résister ! je voulus me lever et aller vers la bien-aimée.

    Soudain mes blessures se rouvrirent, un flot de sang s’élança avec violence de ma tête et de ma poitrine, et voilà que je suis éveillé.

     

    66

    Il s’agit d’enterrer les vieilles et méchantes chansons, les lourds et tristes rêves ! allez me chercher un grand cercueil.

    J’y mettrai bien des choses, vous verrez tout à l’heure ! il faut que le cercueil soit encore plus grand que la tonne de Heidelberg.

    Allez me chercher aussi une civière de planche solides et épaisses ! il faut qu’elle soit plus longue que le pont de Mayence.

    Et amenez-moi aussi douze géants encore plus forts que le saint Christophe du dôme de Cologne sur le Rhin.

    Il faut qu’ils transportent le cercueil et le jettent à la mer ! un aussi grand cercueil demande une grande fosse.

    Savez-vous pourquoi il faut que ce cercueil soit si grand et si lourd ? J’y déposerai en même temps mon amour et mes souffrances.

     

     

     

    APPENDICE


    1

    Belles et pures étoiles d’or, saluez ma bien-aimée dans son lointain pays. Dites-lui mon cœur toujours malade, ma pâleur et ma fidélité.

     

    2

    Enveloppe-moi de tes caresses, ô belle femme, bien-aimée ! Entoure-moi de tes bras et de tes jambes et de tout ton corps flexible.

    C’est ainsi que le plus beau des serpents procéda avec le bien heureux Laocoon.

     

    3

    Je ne crois pas au ciel dont parle la prêtraille ! je ne crois qu’à tes yeux qui, pour moi, sont le ciel.

    Je ne crois pas au Seigneur Dieu dont parle la prêtraille ! je ne crois qu’à ton cœur et n’ai pas d’autre Dieu.

    Je ne crois pas au Diable, à l’Enfer et à ses tourments ! je ne crois qu’à tes yeux et à ton cœur perfide.

     

    4

    Amitié, amour, pierre philosophale, j’entendais célébrer ces trois choses ! je les ai célébrées et je les ai cherchées, mais hélas ! je ne les ai jamais rencontrées.

     

    5

    Les fleurs regardent toutes vers le soleil étincelant ! tous les fleuves prennent leur course vers la mer étincelante.

    Tous les lieder vont voltigeant vers mon étincelante aimée. Emportez-lui mes larmes et mes soupirs, ô lieder tristes et dolents !

    http://fr.wikisource.org/wiki/Intermezzo_lyrique_(Heine,_Nerval)

    Pour lire le début de ce poème,cf.ci-dessous.

    Pour voir mes 2 autres notes sur ce livre:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/07/10/je-viens-de-commencer-helene-berr-journal.html

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/07/10/dans-ma-lecture-du-journal-d-helene-berr.html

     

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  • Catégories : Livre

    Proust et Lyautey

    proust.gif

    Christian Gury

    ISBN 978-2-35270-071-5

    13,50 €

    Plusieurs des ouvrages de Christian Gury [Lyautey-Charlus ; Le Mariage raté de Marcel Proust et ses conséquences littéraires ; Charlus (1860-1951) ou Aux sources de la scatologie et de l’obscénité de Proust ; Proust et la Femme pétomane ; Proust, clés inédites et retrouvées ; etc] ont démontré que le couple du maréchal Lyautey et de son épouse constitue le passe-partout explicatif des personnages du palimpseste d’À la Recherche du temps perdu. L’auteur a présenté la synthèse et l’articulation de ses découvertes, à l’invitation de l’Institut culturel français Robert Schuman et de l’Institut de romanistique de l’université de Bonn, en 2008 ; le présent texte reprend et précise celui de la conférence. L’œuvre de Proust à lire désormais autrement.

    Sur Lyautey-Charlus : « [...] poissonneuse biographie [...], le maréchal de France étant présenté, analyse de textes à l’appui, comme le modèle de M. de Charlus. C’est un chef-d’œuvre kitsch ». Angelo Rinaldi, L’Express.

    Sur Le Mariage raté de Marcel Proust : « Et si la Recherche [...] n’était qu’un gigantesque calembour ? Ils abondent en effet [...]. La correspondance de Proust en est riche aussi : tradition familiale […] comique d’époque [...]. Selon Christian Gury, la Recherche [...] est la conséquence littéraire du mariage d’Hubert Lyautey [...] avec Inès de Bourgoing, que Proust avait rencontrée quelques années auparavant, sans l’épouser toutefois. En effet, leurs noms se retrouvent, combinés ou inversés, anagrammes et autres transpositions, dans ceux des personnages du récit proustien dont ils seraient les clés [...] ». Pierre-Edmond Robert, Magazine Littéraire.

    Sur Charlus (1860-1951) : « Charlus, frère du duc de Guermantes [...] serait en effet un dérivé littéraire de Charlus, chanteur éponyme de caf’conc (genre mineur fort prisé par Proust), [...] au répertoire grotesque et vulgaire [...]. Gury ausculte la profusion onomastique de l’œuvre, valise à fonds multiples et au contenu des plus surprenants [...]. Le baron doit beaucoup aussi à Lyautey, [...] lit ôté, délicate contrepèterie vers le thé au lit de la tante du Narrateur ». Jean Laurenti, Le Matricule des Anges.

    Novembre 2009, 128 pages

    http://www.editionsnonlieu.fr/Proust-et-Lyautet

  • Catégories : Livre

    Du nouveau dans ma bibliothèque Babelio(en haut de la colonne de droite)

    logo.gifDans cette bibliothèque, quelques livres lus, en cours ou à lire, que j'ai chez moi (ou au Maroc ou ailleurs)ou que j'ai emprunté à la bibliothèque.

    Les livres (dont j'ai trouvé  la couverture) défilent en haut de la colonne de droite de ce blog.

    Dans cette note, quelques livres lus, en cours, commencés ou à lire.

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  • Catégories : Livre

    Dans ma lecture du"Journal d'Hélène Berr"

    journal.jpgCe qui est surprenant dans ce journal qui raconte une destinée tragique, c'est la coexistence dans une même page de cette réalité tragique et de l'amour de la littérature.

    Par exemple, page 51: Blake(que j'ai déjà evoqué) et

     "Maman est venue m'annoncer la nouvelle de l'étoile jaune,je l'ai refoulée en disant:"Je discuterai cela après."

    J'ai terminé ce livre mais il continue à me hanter.

  • Je viens de lire:"L'inconnu et autres récits" de Julien Green

    green.jpgJulien Green et ses doubles


    Par Régis Penalva 
    # Lib. Sauramps, Montpellier


    Le recueil de nouvelles de Julien Green qui paraît ces jours-ci aux éditions Fayard offre au lecteur français un nouvel aperçu des dons de conteur du grand écrivain américain.

    En lui étaient venus se mêler harmonieusement la tradition française du roman d’analyse psychologique, les charmes vénéneux du fantastique américain et la douceur mélancolique des parfums du grand Sud vaincu.

    Les sept courts récits aujourd’hui réunis en offrent tour à tour l’illustration : vieilles demoiselles qui enfouissent leurs souvenirs dans l’obscurité silencieuse de blanches demeures, jeunes gens hantés par la présence de doubles mi réels mi rêvés, songes dont ne sait plus très bien comment se réveiller, tourments de cœurs trop tendres ravagés par l’ennui de vivre et la peur d’une existence qui ne serait pas d’exception…

    « L’inconnu », premier récit qui donne son nom à l’ensemble du recueil, texte tardif écrit avant la mort, n’échappe pas toujours aux facilités du mélodrame auxquelles l’auteur de Mauvais lieu cédait parfois avec délice ; il n’en fixe pas moins le thème obsédant de la possession d’une jeune âme – Vivien – par un maître insaisissable, inquiétant, quelque peu satanique – l’inconnu Maxime -, que l’on retrouve le long des six autres récits à tant d’années de distance : au narrateur envoûté par l’étrange Michael Corvin de la nouvelle éponyme (1922) fait écho cette Florence subjuguée par le charme du « visiteur » (1946), ainsi que ces petites bonnes soumises au bon vouloir de Bob le rôdeur (1938). Miss Eddleston, quant à elle, traque dans sa pauvre mémoire les ombres de cet époux qu’elle n’aura jamais eu, de cette petite fille une nuit déposée sous son porche et qui s’est perdue, enlevée puis brisée par la passion.

    De ces destins inachevés d’êtres marqués par la solitude, proies du hasard et de l’infortune, le romancier Green dessine des archétypes de l’humaine condition. S’il ne peut les sauver ou les damner, et en cela réside peut-être le prodigieux écart qui le sépare de son ami François Mauriac, tout au moins les abrite-t-il au sein de ces récits, en fixe-t-il la mémoire.
    Ainsi de cette Clara : « Du temps passa, on finit par ne plus se souvenir pourquoi elle était là. Elle-même n’en savait plus rien. » Mais nous, si.

    L'inconnu : et autres récits
    Green, Julien
    Editions Fayard
    Littérature française (178 p.)
    Paru le 30/01/2008
    16.00 euros

     

    «L'inconnu», le plus long des sept récits qui composent ce recueil, raconte l'histoire d'un dédoublement. Suivent des histoires d'époques diverses, presque toutes d'Amérique

    http://www.sauramps.com/article.php3?id_article=3615

    Je vais maintenant le ramener à la bibliothèque...

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    Dans ma lecture du "Journal" d'Hélène Berr

    Préface par Patrick Modiano:"Son courage, sa droiture, la limidité de son coeur m'évoquent le vers de Rimbaud:

    Par délicatesse

    J'ai perdu ma vie.(page 11)

    journal.jpgPremière page de son journal, mardi 7 avril 1942, 4 heures (page 18 du livre): Hélène Berr va chercher chez Paul Valéry un exemplaire de son livre qu'il lui a dédicacé ainsi:

    "Au réveil, si douce la lumière, et si beau ce bleu vivant."

    "Hélène Berr donne à ses amis le nom de héros de roman." (p.28)

    Hélène Berr est "bibliothécaire bénévole à l'Institut d'anglais de la Sorbonne"(p.35) A la fin du livre, figure une liste de ses lectures qui comptent beaucoup d'auteurs que j'aime.

    Cf ma note sur ce livre:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/07/10/je-viens-de-commencer-helene-berr-journal.html

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    Je viens de commencer:"Hélène Berr.Journal"

    journal.jpg

    « Si j'écris tous ces petits détails, c'est parce que maintenant la vie s'est resserrée, que nous sommes devenus plus unis, et tous ces détails prennent un intérêt énorme »

    Résumé du livre

    D'avril 1942 à février 1944, Hélène Berr, jeune Française juive de vingt et un ans issue d'une famille aisée et mélomane, agrégative d'anglais à la Sorbonne, a tenu son journal au jour le jour. Sa vie insouciante est bouleversée par les lois antisémites de 1942.

    http://www.evene.fr/livres/livre/helene-berr-journal-32751.php

    Lire la suite

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    Je viens de terminer:"Deux vies" de Vikram Seth

    deux vies.jpg

    C'est l'histoire d'un couple improbable, composé du grand-oncle de Vikram Seth, Shanti Behari Seth, né en Inde, et de sa femme, juive et allemande, Henny Gerda Caro. Tous deux se rencontrent à Berlin dans les années 1930, quand Shanti, étudiant en médecine dentaire, devient le locataire de la famille Caro. Vikram fera la connaissance de cette tante si élégante à ses yeux, quand il se rendra lui-même à Londres pour habiter chez elle et son mari afin de poursuivre ses études à l'université. La relation qui s'établit entre ces trois personnages est emplie de mystère, comme si ni Shanti, ni Henny, pas plus que le jeune étudiant indien, ne parvenait à assumer son identité. Pris en étau entre un oncle volubile pour ne pas avoir quelque chose à cacher, et cette tante si froide et distante, mais dont la tendresse se lit à fleur de peau, le jeune homme se sent tout à la fois exclu de son milieu d'adoption et pressé d'en percer le secret. Bien des années plus tard, c'est dans la correspondance que Henny entretint avec ses vieux amis restés ou revenus à Berlin après la guerre qu'il découvrira le terrible secret.

    http://www.evene.fr/livres/livre/vikram-seth-deux-vies-26867.php

    Ca faisait très longtemps que je n'avais pas lu un livre de 574 pages (hors les polars)... et je n'ai pas été déçue après en avoir entendu beaucoup parler. Emouvant, instructif,drôle, triste etc. Bien plus qu'une "chronique familiale" comme l'indique la couverture, une traversée du 20 e siècle avec ses tragédies qui touchent des personnages attachants. Des bonheurs aussi, rassurez-vous...
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    "Trains de vie" d'Eugène Dabit

    trains.jpg'Je pense qu'un écrivain doit dégager le sens de toutes les rencontres et des documents que le hasard lui apporte.' Ce recueil de nouvelles, publiées quelques mois avant la mort d'Eugène Dabit en 1936, est une série de portraits de gens simples tels qu'il les aime. Il ajoute aussi quelques pages très personnelles sur sa jeunesse en 1914-18. 'Train de Vies' est suivi de 'Velázquez', seconde partie de son essai consacré aux Maîtres de la peinture espagnole. Des pages critiques étonnamment contemporaines. Histoire de se souvenir qu'avant d'être écrivain, Eugène Dabit a été peintre.

    http://www.evene.fr/livres/livre/eugene-dabit-trains-de-vie-35262.php

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    Un diamant brut

    thomas.jpg

    Vézelay-Paris 1938-1950

    d'Yvette Szczupak-Thomas

    [Biographie]

    Résumé du livre

    Yvette Thomas est une fille de l'A.P ., l'Assistance Publique. Elle vient d'Auxerre, elle a un petit frère, ses parents sont morts. La pupille ira travailler chez les autres... Le voyage commence, elle traverse des familles de la Bourgogne nord. La première, maman Blanche, est tout amour mais l'A.P. l'en arrache et la voilà chez la mère Germaine, une patronne odieuse et méchante. Pour résister, Yvette garde en tête les recommandations de maman Blanche : 'Quoi qu'il arrive, tu dois toujours agir en restant dans Ta vérité... tout garder dans la tête et ne rien montrer au dehors.' Yvette tête de pioche retiendra la leçon et tiendra jusqu'au bout. Un jour débarquent dans sa cour des Parisiens pleins aux as, M. et Mme Zervos. 'Mignonne, la dame, et simple aussi'. La dame, c'est Yvette, qu'elle trouve mignonne, plus que ça même : 'Votre petite reine, dit-elle à ses parents adoptifs du moment, c'est un joyau brut.' Le couple, à la vue des dessins de la petite, détecte même chez Yvette un don naturel pour l'art. Et la voilà adoptée par les Zervos, des collectionneurs d'art, des éditeurs, des mécènes riches en amis artistes. Commence pour Yvette une nouvelle aventure...

    http://www.evene.fr/livres/livre/yvette-szczupak-thomas-un-diamant-brut-35044.php

  • Catégories : Livre

    Je viens de lire: "Une vie" de Simone Weil

    par Christophe Barbier, Philippe Broussard

    A 80 ans, elle se raconte. Son destin, ses combats: L'Express retrace ce parcours exceptionnel en publiant des extraits exclusifs de ses Mémoires.
    > Un destin exceptionnel parsemé de combats: à 80 ans, Simone Veil se raconte. Diaporama
    Une vie. Le titre que Simone Veil a emprunté à Maupassant pour ses Mémoires est inexact: «sa» vie n'en est pas simplement «une», tant elle est exceptionnelle. Par le tragique, d'abord, avec la déportation qui détruit sa famille; c'est en rescapée que Simone Veil a traversé le reste de l'existence. Dans le politique, ensuite, qui la voit occuper en France et en Europe de hautes fonctions, toujours liées à ses engagements les plus profonds. Enfin, son parcours est rare par sa grande valeur éthique et philosophique: presque jamais Mme Veil n'a transigé, pour des raisons électorales ou partisanes, avec ses convictions - elle confie, dans Une vie,quelques regrets. Plus que d'autres, elle est donc fondée à juger sévèrement certains acteurs politiques, et ne s'en prive pas.

    Alors qu'elle vient de franchir le cap des «quatre fois vingt ans», Simone Veil a encore voulu témoigner des épreuves surmontées et des victoires remportées. Au nom de ceux qui ont disparu: «A nos côtés, tous ces morts qui nous furent si chers, connus ou inconnus, se tiennent en silence. Je sais que nous n'en aurons jamais fini avec eux.» Mais, surtout, pour les vivants, parce que l'oubli serait une indécence à l'égard des principes et un affaiblissement face aux défis de l'avenir.

    Les grands combats de Simone Veil ont été ceux de L'Express. Pour la liberté des femmes, notamment en légalisant l'avortement; pour la construction européenne; pour la transmission aux générations futures de l'impérative mémoire de la Shoah. En publiant des extraits d'Une vie, nous voulons aussi rappeler que ces enjeux ne sont pas obsolètes. La lutte nous attend, pour laquelle Simone Veil s'adresse non seulement à notre intelligence, mais aussi, de page en page, à notre conscience.

    L'enfance (1927-1944)
    [La famille Jacob vit d'abord à Paris puis à Nice.]

    Les années 1920 furent pour eux [NDLR: ses parents] celles du bonheur. Ils s'étaient mariés en 1922. Mon père, André Jacob, avait alors trente-deux ans et Maman, Yvonne Steinmetz, onze de moins. A l'époque, l'éclat du jeune couple ne passe pas inaperçu. André porte l'élégance sobre et discrète à laquelle il tient, tout comme il est attaché à la créativité de son métier d'architecte, durement secoué par quatre années de captivité, peu de temps après son grand prix de Rome. D'Yvonne irradie une beauté rayonnante qui évoque pour beaucoup celle de la star de l'époque, Greta Garbo. Un an plus tard naît une première fille, Madeleine, surnommée Milou. Une nouvelle année s'écoule et Denise voit le jour, puis Jean en 1925, et moi en 1927. En moins de cinq ans, la famille Jacob s'est donc élargie de deux à six membres. (...)

    Papa veillait au grain. Il m'installait toujours à sa droite à table, au motif qu'il fallait me surveiller. Il estimait que trop souvent je n'en faisais qu'à ma tête, que je me tenais mal, qu'il fallait parfaire mon éducation et que lui seul pouvait compenser le laxisme maternel. Et puis, très vite, il n'a pas apprécié mon esprit contestataire. Toute surprise qu'il ne se rende pas compte du caractère exceptionnel de Maman, je ne me privais pas de dire que je considérais beaucoup de ses décisions et interdits comme autant de brimades qu'il lui infligeait.

    Pourtant, je n'avais pas l'impression de me conduire d'une manière bien originale. Je n'aimais rien plus que rester à la maison avec Maman. J'avais l'impression que je vivais mon plus grand bonheur en symbiose avec elle. Je me tenais contre elle, je lui donnais la main, je me blottissais sur ses genoux, je ne la lâchais pas. J'aurais volontiers vécu un amour exclusif avec elle. (...)

    Lorsque je repense à ces années heureuses de l'avant-guerre, j'éprouve une profonde nostalgie. Ce bonheur est difficile à restituer en mots, parce qu'il était fait d'ambiances calmes, de petits riens, de confidences entre nous, d'éclats de rire partagés, de moments à tout jamais perdus. C'est le parfum envolé de l'enfance, d'autant plus douloureux à évoquer que la suite fut terrible.

    La déportation (1944)
    [Dans les premières années de la guerre, la région de Nice est épargnée par les rafles. Mais, au printemps 1944, alors que la situation s'est brutalement détériorée, cinq membres de la famille Jacob sont arrêtés à Nice. Simone, sa mère et sa soeur Madeleine (alias Milou) sont transférées à Drancy puis à Auschwitz. Le père, André, et son fils, Jean, sont déportés en Lituanie. Denise, la troisième fille des Jacob, est entrée dans la Résistance. Elle sera par la suite arrêtée et déportée.]

    Quel fut le sort de mon père et de mon frère? Nous ne l'avons jamais su. Aucun des survivants ne connaissait Papa et Jean. Par la suite, les recherches menées par une association d'anciens déportés n'ont rien donné. De sorte que nous n'avons jamais su ce qu'étaient devenus notre père et notre frère. Aujourd'hui, je garde intact le souvenir des derniers regards et des ultimes mots échangés avec Jean. Je repense à nos efforts, à toutes les trois, pour le convaincre de ne pas nous suivre, et une épouvantable tristesse m'étreint de savoir que nos arguments, loin de le sauver, l'ont peut-être envoyé à la mort. Jean avait alors dix-huit ans.(...)

    [Dans la soirée du 15 avril 1944, Simone, Milou et leur mère arrivent au camp d'Auschwitz-Birkenau.]

    Nous avons marché avec les autres femmes, celles de la «bonne file», jusqu'à un bâtiment éloigné, en béton, muni d'une seule fenêtre, où nous attendaient les «kapos»; des brutes, même si c'étaient des déportées comme nous, et pas des SS. (...) Nous avons tout donné, bijoux, montres, alliances. Avec nous se trouvait une amie de Nice arrêtée le même jour que moi. Elle conservait sur elle un petit flacon de parfum de Lanvin. Elle m'a dit: «On va nous le prendre. Mais moi je ne veux pas le donner, mon parfum.» Alors, à trois ou quatre filles, nous nous sommes aspergées de parfum; notre dernier geste d'adolescentes coquettes. (...)

    A notre arrivée, il fallait à tout prix nous désinfecter. Nous nous sommes donc déshabillées avant de passer sous des jets de douche alternativement froids et chauds, puis, toujours nues, on nous a placées dans une vaste pièce munie de gradins, pour ce qui, en effet, était une sorte de sauna. La séance parut ne devoir jamais finir. Les mères qui se trouvaient là devaient subir pour la première fois le regard de leurs filles sur leur nudité. C'était très pénible. Quant au voyeurisme des kapos, il n'était pas supportable. Elles s'approchaient de nous et nous tâtaient comme de la viande à l'étal. On aurait dit qu'elles nous jaugeaient comme des esclaves. Je sentais leurs regards sur moi. J'étais jeune, brune, en bonne santé; de la viande fraîche, en somme. Une fille de seize ans et demi, arrivant du soleil, tout cela émoustillait les kapos et suscitait leurs commentaires. Depuis, je ne supporte plus une certaine promiscuité physique. (...)

    Vaille que vaille, nous nous faisions à l'effroyable ambiance qui régnait dans le camp, la pestilence des corps brûlés, la fumée qui obscurcissait le ciel en permanence, la boue partout, l'humidité pénétrante des marais. (...) Pour nous, les filles de Birkenau, ce fut peut-être l'arrivée des Hongrois qui donna la véritable mesure du cauchemar dans lequel nous étions plongées. L'industrie du massacre atteignit alors des sommets: plus de quatre cent mille personnes furent exterminées en moins de trois mois. (...) Je voyais ces centaines de malheureux descendre du train, aussi démunis et hagards que nous, quelques semaines plus tôt. La plupart étaient directement envoyés à la chambre à gaz. (...)

    Un matin, alors que nous sortions du camp pour aller au travail, la chef du camp, Stenia, ancienne prostituée, terriblement dure avec les autres déportées, m'a sortie du rang: «Tu es vraiment trop jolie pour mourir ici. Je vais faire quelque chose pour toi, en t'envoyant ailleurs.» Je lui ai répondu: «Oui, mais j'ai une mère et une soeur. Je ne peux pas accepter d'aller ailleurs si elles ne viennent pas avec moi.» A ma grande surprise, elle a acquiescé: «D'accord, elles viendront avec toi.» Tous les gens auxquels j'ai par la suite raconté cet épisode sont restés stupéfaits. Il s'est pourtant déroulé ainsi. Fait incroyable, cette femme, que je n'ai par la suite croisée que deux ou trois fois dans le camp, ne m'a jamais rien demandé en échange. Tout s'est donc passé comme si ma jeunesse et le désir de vivre qui m'habitaient m'avaient protégée. (...)

    Les SS nous ont entassées sur des plates-formes de wagons plats, et nous avons été dirigées d'abord sur Maut-hausen, où le camp n'a pas pu nous accueillir, faute de place. Nous sommes alors reparties pour huit jours de train, en plein vent, sans rien à boire ni à manger. Nous tendions les rares gamelles que nous avions pu emporter afin de récupérer la neige et la boire. Lorsque notre convoi a traversé les faubourgs de Prague, les habitants, frappés par le spectacle de cet entassement de morts-vivants, nous ont jeté du pain depuis leurs fenêtres. Nous tendions les mains pour attraper ce que nous pouvions. La plupart des morceaux tombaient par terre. (...)

    Maman était déjà très affaiblie par la détention, le travail pénible, le voyage épuisant à travers la Pologne, la Tchécoslovaquie et l'Allemagne. Elle n'a pas tardé à attraper le typhus. Elle s'est battue avec le courage et l'abnégation dont elle était capable. Elle conservait la même lucidité sur les choses, le même jugement sur les êtres, la même stupeur face à ce que des hommes étaient capables de faire endurer à d'autres hommes. En dépit de l'attention que Milou et moi lui prêtions, malgré le peu de nourriture que je parvenais à voler pour la soutenir, son état s'est rapidement détérioré. (...) Elle est morte le 15 mars, alors que je travaillais à la cuisine. (...) Aujourd'hui encore, plus de soixante ans après, je me rends compte que je n'ai jamais pu me résigner à sa disparition. D'une certaine façon, je ne l'ai pas acceptée. Chaque jour, Maman se tient près de moi, et je sais que ce que j'ai pu accomplir dans ma vie l'a été grâce à elle.

    Le retour en France (1945)
    [23 mai 1945. De retour à Paris avec Milou, Simone Jacob retrouve bientôt son autre soeur, Denise, rescapée du camp de Ravensbrück. Une nouvelle vie commence.]

    Dès le retour des camps, nous avons ainsi entendu des propos plus déplaisants encore qu'incongrus, des jugements à l'emporte-pièce, des analyses géopolitiques aussi péremptoires que creuses. Mais il n'y a pas que de tels propos que nous aurions voulu ne jamais entendre. Nous nous serions dispensés de certains regards fuyants qui nous rendaient transparents. Et puis, combien de fois ai-je entendu des gens s'étonner: «Comment, ils sont revenus? Ça prouve bien que ce n'était pas si terrible que ça.» Quelques années plus tard, en 1950 ou 1951, lors d'une réception dans une ambassade, un fonctionnaire français de haut niveau, je dois le dire, pointant du doigt mon avant-bras et mon numéro de déportée, m'a demandé avec le sourire si c'était mon numéro de vestiaire! Après cela, pendant des années, j'ai privilégié les manches longues. (...)

    Le départ de De Gaulle en janvier 1946 ne m'était pas apparu comme une catastrophe nationale. Il avait tellement voulu jouer la réconciliation entre les Français qu'à mes yeux les comptes de l'Occupation n'étaient pas soldés. Au procès de Laval, comme à celui de Pétain, il n'y avait pas eu un mot sur la déportation. La question juive était complètement occultée. Du haut au bas de l'Etat, on constatait donc la même attitude: personne ne se sentait concerné par ce que les juifs avaient subi.

    La magistrature (1954)
    [En 1946, Simone Jacob a épousé Antoine Veil, un futur énarque. Ils ont eu trois fils, Jean, Nicolas et Pierre-François. Quelques années plus tard, la jeune femme intègre la magistrature. Elle travaille notamment dans l'administration pénitentiaire.]

    En mai 1954, j'ai enfin pu m'inscrire au parquet général comme attachée stagiaire, à l'issue d'une nouvelle discussion émaillée d'arguments qui se voulaient dissuasifs. Le secrétaire général du parquet de Paris et son adjoint, qui m'ont reçue, n'en revenaient pas: «Mais vous êtes mariée! Vous avez trois enfants, dont un nourrisson! En plus votre mari va sortir de l'ENA! Pourquoi voulez-vous travailler?» Je leur ai expliqué que cela ne regardait que moi. (...) Devant ma résolution inébranlable, ils ont fini par accepter ma candidature. (...)

    De la grisaille générale de la noria des gouvernements émerge pourtant la courte période du cabinet Mendès France, qui m'a passionnée. J'avais beaucoup plus de sympathie pour ce personnage hors du commun que mon mari, très lié au milieu MRP. Pour ma part, je me situais plus à gauche; j'ai d'ailleurs voté socialiste à plusieurs reprises, en fonction des programmes et des personnes. Malgré ces divergences, Antoine et moi nous retrouvions dans l'intérêt que nous portions à l'actualité. Comme beaucoup de non-gaullistes, nous observions le bouillonnement d'idées que symbolisaient entre autres la création de L'Express et l'espérance de voir émerger une troisième force (...).

    Au gouvernement (1974)
    [En 1974, Valéry Giscard d'Estaing est élu président de la République. Nommé Premier ministre, Jacques Chirac confie le ministère de la Santé à Simone Veil.]

    La personnalité du nouveau président s'imposait. Il était aussi impressionnant par sa rapidité d'esprit et sa capacité de travail que par sa prestance personnelle et la haute idée qu'il se faisait de sa fonction. Aussi les nouveaux ministres, moi-même et les autres, marchions-nous sur des oeufs. Lors des conseils, si l'un d'entre nous se mettait à bredouiller, ou s'emmêlait dans ses notes, il n'était pas rare de voir le président froncer les sourcils. Jacques Chirac venait alors à la rescousse du néophyte avec aménité: «Monsieur le Président, je tiens à dire que M. Untel ou Mme Unetelle a très bien travaillé sur ce dossier et a fait tout ce qu'il fallait faire.»

    La loi sur l'IVG (1975)
    [Peu de temps après son arrivée au gouvernement, Simone Veil s'attelle à un sujet qui fait débat depuis des années: l'avortement. Une loi sur l'interruption volontaire de grossesse est à l'étude.]

    Ma tâche me paraissait d'autant plus lourde que la profession médicale, dans l'ensemble, m'acceptait avec réticence. Il ne sert à rien de travestir les faits: face à un milieu au conservatisme très marqué, je présentais le triple défaut d'être une femme, d'être favorable à la légalisation de l'avortement et, enfin, d'être juive. Je me rappelle ma première rencontre avec le groupe de médecins conseillers que Robert Boulin avait constitué quelques années plus tôt. L'accueil qu'ils me réservèrent fut glacial. Je crois bien que, s'ils avaient pu m'assassiner, ils l'auraient fait. (...)

    J'ai rencontré chez les généralistes une quasi-unanimité en faveur de la loi. Quelles qu'aient pu être par ailleurs leurs convictions morales, ces hommes de terrain étaient effarés de voir les dégâts qu'entraînaient les avortements sauvages dans les couches populaires. Il fallait que la loi protège ces femmes. Les riches, si on peut dire, étaient mieux loties: elles partaient se faire avorter clandestinement à l'étranger, en Angleterre ou aux Pays-Bas.

    (...)

    Le texte du projet de loi, rapidement mis au point, a été déposé à l'Assemblée nationale pour examen en commission. C'est alors que les vraies difficultés ont commencé. Une partie de l'opinion, très minoritaire, mais d'une efficacité redoutable, s'est déchaînée. J'ai reçu des milliers de lettres au contenu souvent abominable, inouï. Pour l'essentiel, ce courrier émanait d'une extrême droite catholique et antisémite dont j'avais peine à imaginer que, trente ans après la fin de la guerre, elle demeure aussi présente et active dans le pays. (...)

    Plus nous nous rapprochions de l'échéance du débat, et plus les attaques se faisaient virulentes. Plusieurs fois, en sortant de chez moi, j'ai vu des croix gammées sur les murs de l'immeuble. A quelques reprises, des personnes m'ont injuriée en pleine rue. (...) Je n'avais pas d'états d'âme. Je savais où j'allais. Le fait de ne pas moi-même être croyante m'a-t-il aidée? Je n'en suis pas convaincue. Giscard était de culture et de pratique catholiques, et cela ne l'a pas empêché de vouloir cette réforme, de toutes ses forces.

    La rupture Chirac-Giscard (1976)
    [ Jacques Chirac quitte le gouvernement. Il est remplacé par Raymond Barre, en août.]

    Entre Giscard et Chirac, une fêlure s'était produite, que les entourages de l'un et de l'autre s'étaient vigoureusement employés à transformer en champ de bataille. Pierre Juillet et Marie-France Garaud, du côté de Jacques Chirac, s'en étaient donné à coeur joie, et avaient fini par convaincre le Premier ministre de prendre du champ. Jacques Chirac essaya de m'entraîner avec lui. Ne partageant pas sa critique du président, je n'en voyais pas la nécessité. J'ai donc accepté de conserver ma fonction dans le gouvernement que Giscard, sans surprise pour moi, a prié Barre de former. En fin d'année, j'ai refusé d'adhérer au RPR, nouvellement créé, à la fureur, je dois le dire, de Jacques Chirac et, pendant deux ans, j'ai continué de tracer mon sillon. (...)

    Giscard, privé de l'appui des gaullistes depuis le retrait de Chirac, se trouvait politiquement affaibli. Dé sormais, le 49-3 devenait monnaie courante. Au surplus, la crise économique, conjuguée aux délices et poisons de sa charge, tendait à faire litière de ses meilleures intentions. De plus en plus enfermé dans un palais où ses conseillers lui chantaient des airs convenus, il ne percevait pas qu'il se coupait d'un pays qu'il avait promis de toujours regarder au fond des yeux, mais dont il s'éloignait. Démarré en fanfare, son septennat avait perdu de son éclat.

    Comment s'en étonner? Dans notre système, le président est d'abord un homme seul. Rien ne l'incite au dialogue. Aussi longtemps qu'il est en place, il n'est remis en cause par rien ni personne. Evoluant dans un milieu aseptisé et de plus en plus artificiel, il n'échange qu'avec ses pairs, une poignée de journalistes et une noria de hauts fonctionnaires. (...)

    Raymond Barre et le "lobby juif "
    Dès 1978, un dérapage verbal en Conseil des ministres avait bien failli mettre le feu aux poudres. Raymond Barre avait évoqué le «lobby juif» dans des termes que j'avais jugés déplacés. Après le Conseil, j'avais déclaré au président qu'en cas de nouvelle sortie de son Premier ministre sur le prétendu «lobby juif» je quitterais aussitôt le gouvernement en disant pourquoi. Giscard était intervenu, et Barre avait ensuite doctement expliqué ce qu'il avait voulu dire; à l'entendre, j'avais mal interprété ses propos. Deux ans plus tard, après l'attentat de la synagogue de la rue Copernic, sa langue avait à nouveau fourché. Alors que son ministre de l'Intérieur, Christian Bonnet, évoquait l'hypothèse d'un coup monté et que le président de la République s'abstenait de toute déclaration, Raymond Barre avait déploré la mort, à côté de juifs, de «Français innocents».

    Mitterrand et le 10 mai 1981
    [Ministre de 1974 à 1979, Simone Veil soutient Valéry Giscard d'Estaing à l'approche des élections de 1981.]

    Malgré les réserves que m'inspirait la politique conduite pendant la seconde partie de son mandat, Valéry Giscard d'Estaing me paraissait le seul choix possible. C'est François Mitterrand qui l'emporta, et ce que j'avais redouté se produisit: la France marchait désormais à grands pas vers un désastre économique et monétaire. Pierre Mauroy, dont je connaissais la sagesse et la modération, s'était retrouvé l'otage d'une démarche qui n'avait rien de social-démocrate, mais où triomphaient l'incohérence et l'incompétence, comme je l'ai exprimé à l'époque.

    Heureusement, sous la pression des réalités internationales, une autre politique, plus modérée bien que très chaotique, se mit en place après le tournant de 1983. Il m'a alors semblé que des hommes de bon sens, tels Rocard ou Delors, retrouvaient une audience dans l'opinion face aux options catastrophiques de l'aile gauche du Parti socialiste et des communistes. Cela n'était pas pour me déplaire.

    [Elue présidente du Parlement européen en 1979, Simone Veil a pris une dimension internationale et juge, de Strasbourg, l'action du nouveau chef de l'Etat.]

    (...) Ainsi va la politique: Mitterrand, dont je détestais les ambiguïtés et condamnais vigoureusement l'alliance avec les communistes, ce nouveau président dont la politique intérieure me paraissait suicidaire pour le pays, se montra tout aussi attentif à la construction européenne que l'avait été son prédécesseur.

    Les élections européennes de 1984
    [Simone Veil est à la tête d'une liste unitaire (RPR-UDF) aux élections européennes.]

    Nous sommes partis au combat européen dans l'unité, plus que dans l'harmonie. La composition de la liste m'a presque totalement échappé. En particulier, la présence de Robert Hersant, dont le passé vichyssois était dé sormais connu de tous, ne me faisait aucun plaisir, c'est le moins que l'on puisse dire. On m'avait expliqué qu'il était difficile de se mettre à dos le propriétaire du tout-puissant Figaro. Une fois encore, la politique l'emportait ainsi sur les principes moraux. Ma seule échappatoire se référait à l'ancienne appartenance du patron de presse à la FGDS, le groupuscule politique qu'avait naguère dirigé François Mitterrand. J'avais donc tout loisir de renvoyer les socialistes qui m'attaquaient sévèrement sur ce sujet à leurs propres contradictions, ce que je ne me suis pas privée de faire. Il reste que, pour la première fois de ma vie, j'avais accepté, pour de basses raisons d'opportunité, un compromis qui avait à mes yeux l'allure d'une compromission.

    François Bayrou
    [En 1989, Simone Veil se présente à nouveau aux élections européennes. Son directeur de campagne est François Bayrou.]

    Je ne suis pas près d'oublier une visite calamiteuse que, sur les conseils de François Bayrou, mon directeur de campagne, j'ai rendue à Jean Lecanuet en son fief normand. Je ne me doutais de rien, connaissant Lecanuet depuis le MRP des années 1950, et me souvenant de sa volonté farouche, cinq années seulement plus tôt, de présenter une liste purement centriste. J'arrivais donc à Rouen, où m'attendait une conférence de presse réunie dans son bureau, à la mairie. Ce fut pour entendre Jean Lecanuet déclarer aux journalistes: «Je suis heureux d'accueillir Mme Veil. Simplement, nous ne figurerons pas sur la même liste. Je participerai quant à moi à la liste Giscard.» Je n'invente rien. François Bayrou, que je connaissais alors à peine et auquel je faisais confiance, tant il m'était apparu intelligent et dynamique, venait de me donner la vraie mesure de son caractère, capable en quelques jours d'énoncer avec la même assurance une chose et son contraire, uniquement préoccupé de son propre avenir, qui, depuis sa jeunesse, ne porte qu'un nom: l'Elysée.

    Le personnage demeure incompréhensible si l'on ne tient pas compte de cette donnée essentielle: il est convaincu qu'il a été touché par le doigt de Dieu pour devenir président. C'est une idée fixe, une obsession à laquelle il est capable de sacrifier principes, alliés, amis. Comme tous ceux qui sont atteints de ce mal, il se figure les autres à son image: intrigants et opportunistes. Il a donc pu inventer cette chimère que je risquais de lui faire de l'ombre dans sa propre trajectoire, puisqu'en toutes circonstances il s'imagine que les autres ne peuvent que le gêner. (...) Les calculs de François Bayrou me laissèrent donc indifférente. Je n'ai jamais eu envie de concourir pour une campagne présidentielle.

    Le Rwanda (1994)
    [En 1994, François Mitterrand est président de la République et Edouard Balladur, Premier ministre, quand éclatent les massacres interethniques dans ce petit pays d'Afrique. Simone Veil est alors ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville.]

    Alain Juppé était d'un commerce agréable. Il fut à l'époque un excellent ministre des Affaires étrangères, fin et attentif aux réalités mondiales. Seule ombre au tableau: l'attitude pour le moins frileuse de la France face au massacre des Tutsi perpétré au Rwanda. Aujourd'hui encore, cette affaire est loin d'être clarifiée. Sans doute la France était-elle plus engagée qu'on pouvait alors le supposer. François Mitterrand, comme ses prédécesseurs, soutenait les Hutu, et la cohabitation ne facilitait pas la tâche d'Alain Juppé. La politique étrangère, surtout africaine, restait à l'époque, comme aux plus beaux temps du gaullisme, l'apanage du président de la République et de quelques proches. Pendant que, par tradition, nous soutenions les Hutu, les Belges défendaient les Tutsi. Cette situation durait depuis longtemps; en somme, comme à l'époque des luttes coloniales en Afrique, chacun avait choisi sa tribu. A cela s'ajoutait la méfiance du gouvernement français à l'égard d'une influence américaine que l'on sentait croître dans la région. Il n'en fallait pas plus pour alimenter l'affrontement entre les ethnies. De tout cela, et de bien d'autres dossiers, il était du reste impossible de parler dans le cadre institutionnel de l'époque. Autant que je m'en souvienne, la question fut à peine abordée en Conseil des ministres et jamais soumise à débat. Aujourd'hui, quand des journalistes viennent reprocher leur silence aux ministres de l'époque, comme cela s'est encore produit dernièrement à mon encontre, ils ne comprennent pas quels freins multiples le système de la cohabitation mettait à notre action.

    Le référendum de 2005
    [Les Français votent majoritairement non au référendum sur la Constitution européenne.]

    Le rejet du texte a été, à mes yeux, catastrophique. Sans doute était-ce une erreur que de soumettre ce projet à référendum. Il est clair que le projet de traité constitutionnel aurait recueilli une majorité massive devant le Parlement, contrairement au résultat qui sortit des urnes. Certains ont toutefois approuvé Jacques Chirac d'avoir pris ce risque, au nom de l'importance de l'enjeu. Ils perdent de vue que telle n'était sans doute pas sa motivation. Comme souvent, celle-ci était purement politique, j'allais écrire politicienne. Le président pensait que le référendum mettrait en difficulté l'opposition, ce qui s'est d'ailleurs avéré, mais son principal résultat fut autre: la manoeuvre se retourna en boomerang contre son auteur, et l'Europe entra, du fait de la France, dans une longue parenthèse de paralysie institutionnelle et fonctionnelle, tandis que l'Elysée, le gouvernement et le pays se retrouvaient durablement affaiblis.

    De Sarkozy à Royal
    [Nommée ministre de la Santé, des Affaires sociales et de la Ville en 1993 (gouvernement Balladur), Simone Veil a alors côtoyé Nicolas Sarkozy, chargé du Budget.]

    C'est dans ce même gouvernement que j'ai fait la connaissance d'un homme aussi vif qu'intelligent, infatigable travailleur, exceptionnellement au fait de ses dossiers: Nicolas Sarkozy. (...) Depuis lors, ce jeune homme a fait parler de lui. Depuis lors, et sans faille, je lui ai conservé amitié et confiance. Nicolas Sarkozy aime se battre. Il n'est à l'aise que lorsqu'il défend ses convictions face à un adversaire de poids. A cet égard, on ne peut pas dire que la dernière élection présidentielle lui aura offert la possibilité d'un combat d'égal à égal. Je suis convaincue qu'il aurait préféré se retrouver face à Dominique Strauss-Kahn, homme d'expérience et de compétence, plutôt que face à Ségolène Royal, plus inconsistante, plus floue dans ses jugements, bien que plus entêtée, jusque dans l'erreur.

    Les femmes
    Je suis favorable à toutes les mesures de discrimination positive susceptibles de réduire les inégalités de chances, les inégalités sociales, les inégalités de rémunération, les inégalités de promotion dont souffrent encore les femmes. Avec l'âge, je suis devenue de plus en plus militante de leur cause. Paradoxalement peut-être, là aussi, je m'y sens d'autant plus portée que, ce que j'ai obtenu dans la vie, je l'ai souvent obtenu précisément parce que j'étais une femme. A l'école, dans les différentes classes où j'ai pu me trouver, j'étais toujours le chouchou des professeurs. A Auschwitz, le fait que je sois une femme m'a probablement sauvé la vie, puisqu'une femme, pour me protéger, m'avait désignée pour rejoindre un commando moins dur que le camp lui-même.





    399 pages
    22,5 €
    147,59 FF

    Source: L'express livres






  • Catégories : Des femmes comme je les aime

    J'ai lu: "La traversée du mal" de Germaine Tillion

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    Germaine Tillion, ethnographe depuis le début des années 30, exerce une science qui, affolée par le terrorisme et la torture, n’est pas, d’évidence, une école d’optimisme. Traquer le secret du fonctionnement et les raisons d’être d’un groupe social ne porte pas nécessairement à l’indulgence.

    Source: Editions Arléa

  • Catégories : Livre

    J'ai lu:"A coups redoublés" de Kenneth Cook

    1900143199.gifUn huis clos tragique, le temps d’un samedi soir, dans un bar-discothèque où vont
    se heurter les trajectoires de personnages plus ou moins fortement imbibés qui
    cèdent à leurs pulsions ordinaires.
    Une interrogation terriblement moderne sur les pulsions bestiales de l’homme
    « civilisé »


    http://livre.fnac.com/a2044571/Kenneth-Cook-A-coups-redoubles

  • Catégories : Livre

    J'ai lu: " Lettre A D. ; Histoire D'Un Amour" d'André Gorz

    Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien. " L'auteur du Traître revient avec cinquante ans de recul sur les années décisives de son histoire. Il restait beaucoup à dire. Car ce n'était pas la sienne seulement.

    http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/gorz-andre/lettre-a-d-histoire-d-un-amour,1215140.aspx

  • Catégories : Livre

    j'ai lu(conseillé par Cécile/Absolu de la BM DE Saint-Quentin)

    Betool Khedairi : Un ciel si proche



    Dans le contexte des guerres irakiennes qui s’allonge indéfiniment, Betool Khedairi offre un regard de petite fille puis de femme de l’intérieur. L’Irak vu depuis la maison, en somme. La politique disparaît derrière les événements intimes que sont la première rentrée des classes ou le spectacle de danse de fin d’année. Les événements publics n’existent que par leurs conséquences sur le plan privé. Le père et la mère ne trouveront jamais la clé du mariage de leurs cultures respectives comme de leur mariage tout court d’ailleurs. Le combat autour de la langue cristallise toutes les crispations…

    http://lecentre-jo.org/article.php3?id_article=449

  • Catégories : Livre

    J'ai lu(conseillé par Cécile/Absolu de la BM de Saint-Quentin)

    Gringoland

    Julien Blanc-Gras

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    Julien Blanc-Gras (1970)

    - Sylvie Biscioni

    Julien Blanc-Gras est né en 1976 à Gap, une très jolie petite ville. Très jolie. Mais petite. A 18 ans, il va faire ses études à Grenoble. Il obtient par miracle un deug d’histoire puis une maîtrise en journalisme, alors qu’il sèche tous les cours pour jouer de la basse dans un groupe de pop dont le succès s’étendra presque jusqu’à Valence. Tirant un trait sur cette poussive carrière musicale, il fait ses premières piges au Petit Bulletin, un journal culturel grenoblois, et au Dauphiné Libéré, où il sera menacé de mort pour s’être moqué d’une équipe de pétanque.

    Soucieux d’élargir ses horizons, il profite du programme Erasmus pour aller étudier à Hull, la ville la plus moche d’Angleterre. Il y joue de la guitare dans les clubs et se fait des amis venus des quatre coins du monde, ce qui lui sera bien utile pour squatter à droite à gauche par la suite.

    A l’automne 2001, au moment où le monde s’écroule, il entreprend un périple avec son sac à dos qui durera finalement un an. Mexique, Cuba, Guatemala, Bélize, USA : ce voyage nourrira son premier roman, Gringoland, qu’il écrit retranché derrière une montagne de l’Oisans où il peaufine son niveau en snowboard.

    Durant ses années de branleur, il a aussi exercé les professions d’employé municipal, poissonnier, boulanger, barman, animateur en club de vacances, prof de guitare, horticulteur, distributeur de tracts, traducteur, embouteilleur d’eau minérale à la chaîne, contrebandier de cigares cubains, télé-enquêteur, archiviste, figurant à Bollywood, rédacteur de publi-reportages pour l’industrie porcine (de magnifiques sujets sur la boyauderie et les pieds paquets, notamment)…

    En 2003, armé d’un manuscrit et d’un compte en banque négatif, il s’exile à Paris. Il pige alors pour la presse magazine et la télé (L’Express, Technikart, Nova, Max, Standard, Jasmin, Canal +, Tracks…) pour essayer de payer le loyer de son studio de 20 m2 à Ménilmontant. Ses reportages le conduisent sur les cinq continents (Inde, Colombie, Chine, Australie, Turquie, Maroc, Groland…), mais quand même plus souvent à Boulogne-Billancourt.

    Gringoland sort en 2005. Julien est content : des gens lui disent bravo, on le prend en photo, on lui donne même des prix.
    En 2006, il ne se souvient plus de ce qu’il a fait.
    En 2007, son éditrice le kidnappe dans une résidence camarguaise pour achever Comment devenir un Dieu vivant, un roman qui aura moins de succès que le Da Vinci Code mais qu’il vous recommande quand même.

    A 31 ans, Julien Blanc-Gras trouve qu’écrivain baroudeur est un métier cool, même si ce n’est pas un métier. A cet âge-là, Paul Mc Cartney avait déjà quitté les Beatles, mais on peut pas vraiment comparer. http://www.commentdevenirundieuvivant.fr

    http://www.audiable.com/livre/?GCOI=84626100140130&fa=author&person_id=64&publishergcoicode=84626

    MERCI A CECILE POUR CETTE DECOUVERTE ... ET POUR CES MOMENTS PASSES ENSEMBLE JUSQU'A CE MIDI MEME