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journal d'hélène berr

  • Dans ma lecture du "Journal" d'Hélène Berr 2.

    journal.jpgPage 42, Hélène Berr évoque "J'ai pleuré en rêve" d'Henri Heine:ampuis 23 mai 2010 013.jpg

    J’ai pleuré en rêve ! je rêvais que tu étais morte ! je m’éveillai, et les larmes coulèrent de mes joues.

    J’ai pleuré en rêve ! je rêvais que tu me quittais ! je m’éveillai, et je pleurai amèrement longtemps après.

    J’ai pleuré en rêve ! je rêvais que tu m’aimais encore ! je m’éveillai, et le torrent de mes larmes coule toujours.

     

    57

    Toutes les nuits je te vois en rêve, et je te vois souriant gracieusement, et je me précipite en sanglotant à tes pieds chéris.

    Tu me regardes d’un air triste, et tu secoues ta blonde petite tête ! de tes yeux coulent les perles humides de tes larmes.

    Tu me dis tout bas un mot, et tu me donnes un bouquet de roses blanches. Je m’éveille, et le bouquet est disparu, et j’ai oublié le mot.

     

    58

    La pluie et le vent d’automne hurlent et mugissent dans la nuit ! où peut se trouver à cette heure ma pauvre, ma timide enfant ?

    Je la vois appuyée à sa fenêtre, dans sa chambrette solitaire ! les yeux remplis de larmes, elle plonge ses regards dans les ténèbres profondes.

     

    59

    Le vent d’automne secoue les arbres, la nuit est humide et froide ! enveloppé d’un manteau gris, je traverse à cheval le bois.

    Et tandis que je chevauche, mes pensées galopent devant moi ! elles me portent léger et joyeux à la maison de ma bien- aimée.

    Les chiens aboient, les valets paraissent avec des flambeaux ! je gravis l’escalier de marbre en faisant retentir mes éperons sonores.

    Dans une chambre garnie de tapis et brillamment éclairée, au milieu d’une atmosphère tiède et parfumée, ma bien-aimée m’attend. Je me précipite dans ses bras.

    Le vent murmure dans les feuilles, le chêne chuchote dans ses rameaux : « Que veux-tu, fou cavalier, avec ton rêve insensé ? »

     

    60

    Une étoile tombe de son étincelante demeure, c’est l’étoile de l’amour que je vois tomber !

    Il tombe des pommiers beaucoup de fleurs et de feuilles blanches ! les vents taquins les emportent et se jouent avec elles.

    Le cygne chante dans l’étang, il s’approche et s’éloigne du rivage, et, toujours chantant plus bas, il plonge dans sa tombe liquide.

    Tout alentour est calme et sombre ! feuilles et fleurs sont emportées ! l’étoile a tristement disparu dans sa chute, et le chant du cygne a cessé.

     

    61

    Un rêve m’a transporté dans un château gigantesque, rempli de lumières et de vapeurs magiques, et où une foule bariolée se répandait à travers le dédale des appartements. La troupe, blême, cherchait la porte de sortie en se tordant convulsivement les mains et en poussant des cris d’angoisse. Des dames et des chevaliers se voyaient dans la foule ! je me vis moi-même entraîné par la cohue.

    Cependant, tout à coup je me trouvai seul, et je me demandai comment cette multitude avait pu s’évanouir aussi promptement. Et je me mis à marcher, me précipitant à travers les salles, qui s’embrouillaient étrangement. Mes pieds étaient de plomb, une angoisse mortelle m’étreignait le cœur ! je désespérai bientôt de trouver une issue. — J’arrivai enfin à la dernière porte ! j’allais la franchir… O Dieu ! qui m’en défend le passage ?

    C’était ma bien-aimée qui se tenait devant la porte, le chagrin sur les lèvres, le souci sur le front. Je dus reculer, elle me fit signe de la main ! je ne savais si c’était un avertissement ou un reproche. Pourtant, dans ses yeux brillait un doux feu qui me fit tressaillir le cœur. Tandis qu’elle me regardait d’un air sévère et singulier, mais pourtant si plein d’amour,… je m’éveillai.

     

    62

    La nuit était froide et muette ! je parcourais lamentablement la forêt. J’ai secoué les arbres de leur sommeil, ils ont hoché la tête d’un air de compassion.

    Au carrefour sont enterrés ceux qui ont péri par le suicide ! une fleur bleue s’épanouit là ! on la nomme la fleur de l’âme damnée.

    Je m’arrêtai au carrefour et je soupirai ! la nuit était froide et muette. Au clair de la lune, se balançait lentement la fleur de l’âme damnée.

    64

    D’épaisses ténèbres m’enveloppent, depuis que la lumière de tes yeux ne m’éblouit plus, ma bien-aimée.

    Pour moi s’est éteinte la douce clarté de l’étoile d’amour ! un abîme s’ouvre à mes pieds : engloutis-moi, nuit éternelle !

     

    65

    La nuit s’étendait sur mes yeux, j’avais du plomb sur ma bouche ! le cœur et la tête engourdis, je gisais au fond de la tombe.

    Après avoir dormi, je ne puis dire pendant combien de temps, je m’éveillai, et il me sembla qu’on frappait à mon tombeau.

    — « Ne vas-tu pas te lever, Henri ? Le jour éternel luit, les morts sont ressuscités : l’éternelle félicité commence. »

    — « Mon amour je ne puis me lever car je suis toujours aveugle ! à force de pleurer, mes yeux se sont éteints. »

    — « Je veux, par mes baisers, Henri, enlever la nuit qui te couvre les yeux ! il faut que tu voies les anges et la splendeur des cieux. »

    — « Mon amour, je ne puis me lever ! la blessure qu’un mot de toi m’a faite au cœur saigne toujours. »

    — « Je pose légèrement ma main sur ton cœur, Henri ! cela ne saignera plus ! ta blessure est guérie. »

    — « Mon amour, je ne puis me lever, j’ai aussi une blessure qui saigne à la tête ! je m’y suis logé une balle de plomb lorsque tu m’as été ravie. »

    — « Avec les boucles de mes cheveux, Henri, je bouche la blessure de ta tête, et j’arrête le flot de ton sang, et je te rends la tête saine. »

    La voix priait d’une façon si charmante et si douce, que je ne pus résister ! je voulus me lever et aller vers la bien-aimée.

    Soudain mes blessures se rouvrirent, un flot de sang s’élança avec violence de ma tête et de ma poitrine, et voilà que je suis éveillé.

     

    66

    Il s’agit d’enterrer les vieilles et méchantes chansons, les lourds et tristes rêves ! allez me chercher un grand cercueil.

    J’y mettrai bien des choses, vous verrez tout à l’heure ! il faut que le cercueil soit encore plus grand que la tonne de Heidelberg.

    Allez me chercher aussi une civière de planche solides et épaisses ! il faut qu’elle soit plus longue que le pont de Mayence.

    Et amenez-moi aussi douze géants encore plus forts que le saint Christophe du dôme de Cologne sur le Rhin.

    Il faut qu’ils transportent le cercueil et le jettent à la mer ! un aussi grand cercueil demande une grande fosse.

    Savez-vous pourquoi il faut que ce cercueil soit si grand et si lourd ? J’y déposerai en même temps mon amour et mes souffrances.

     

     

     

    APPENDICE


    1

    Belles et pures étoiles d’or, saluez ma bien-aimée dans son lointain pays. Dites-lui mon cœur toujours malade, ma pâleur et ma fidélité.

     

    2

    Enveloppe-moi de tes caresses, ô belle femme, bien-aimée ! Entoure-moi de tes bras et de tes jambes et de tout ton corps flexible.

    C’est ainsi que le plus beau des serpents procéda avec le bien heureux Laocoon.

     

    3

    Je ne crois pas au ciel dont parle la prêtraille ! je ne crois qu’à tes yeux qui, pour moi, sont le ciel.

    Je ne crois pas au Seigneur Dieu dont parle la prêtraille ! je ne crois qu’à ton cœur et n’ai pas d’autre Dieu.

    Je ne crois pas au Diable, à l’Enfer et à ses tourments ! je ne crois qu’à tes yeux et à ton cœur perfide.

     

    4

    Amitié, amour, pierre philosophale, j’entendais célébrer ces trois choses ! je les ai célébrées et je les ai cherchées, mais hélas ! je ne les ai jamais rencontrées.

     

    5

    Les fleurs regardent toutes vers le soleil étincelant ! tous les fleuves prennent leur course vers la mer étincelante.

    Tous les lieder vont voltigeant vers mon étincelante aimée. Emportez-lui mes larmes et mes soupirs, ô lieder tristes et dolents !

    http://fr.wikisource.org/wiki/Intermezzo_lyrique_(Heine,_Nerval)

    Pour lire le début de ce poème,cf.ci-dessous.

    Pour voir mes 2 autres notes sur ce livre:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/07/10/je-viens-de-commencer-helene-berr-journal.html

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/07/10/dans-ma-lecture-du-journal-d-helene-berr.html

     

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  • Catégories : Livre

    Dans ma lecture du "Journal d'Hélène Berr"

    journal.jpgpage 169:"Peut-être aussi y a t-il le sentiment que "les autres" ne vous comprennent pas à fond,qu'ils vous souillent,qu'ils vous mutilent, et qu'on se laisse avilir comme une marchandise."

    Des pages sur ses sentiments, ses émotions par rapport aux événements de la France, sa vie amoureuse(etc.): pages 43-44

    pages 53-54-55

    pages 59-60

    Je n'ai pas le temps de tout recopier; quand vous l'aurez en main, vous lirez par vous-mêmes.

    p.65: "Il y a du beau mêlé au tragique. Une espèce de resserement de la beauté au coeur de la laideur. C'est très étrange."

    p.71:"Singleness of mind[sentiment de solitude]."

    p.73-74: l'arrestation de son père, poignante...

    Cette note a été selectionnée par Paperblog:

    http://www.paperblog.fr/978790/dans-ma-lecture-du-journal-d-helene-berr/

  • Catégories : La littérature

    Dans ma lecture du "Journal d'Hélène Berr"

    journal.jpgpage 64:"J'ai acheté un Mallarmé rue Gay-Lussac[...]"

    Ce qui est formidable aussi dans ce livre c'est la description de Paris et des paysages en général à laquelle je suis très sensible évidemment...

    Toujours donc la passion de la littérature, de la musique et l'amour de la vie malgré le pressentiment de la tragédie.

    p.66: "Ala bibliothèque,jusqu'à trois heures j'ai lu "Crime et châtiment", qui maintenant m'empoigne."

    L'attention aux autres aussi:

    p.68:

    "Il n'est revenu que pendant ma promenade au Quartier latin, à la recherche de Thucyclide pour Jacques."

    p.164: une librairie que je connais bien:Gagliani

  • Catégories : La littérature

    Dans ma lecture du "Journal d'Hélène Berr"

    journal.jpgp.212:"Car ce matin j'ai étudié Keats et je me suis laissé enthousiasmer comme autrefois."

    p.213: "Donc, ce matin, j'ai travaillé dans mon ancienne chambre. Pris des notes sur les "Odes" de Keats. Après deux heures, je me suis ape de la vérité de aperçue de la vérité de cette phrase de Wolff: l'essence suprême de l'art de Keats, c'est sa puissance de suggestion. L'"Ode à l'automne", par exemple, s'est prolongée en moi, "lingered deliciously[a persisté délicieusement] en moi bien après que je l'aie relue."

    p.214:"Je veux que l'on donne aussi à Jean mon cahier de notes, surtout le grand cartonné marron, car il contient autant de moi que ces pages. Je n'ai pas encore eu le temps d'écrire ce que je pensais de Keats, mais le choix même des critiques représente exactement ce que j'aime ou n'aime pas dans son oeuvre.[...]

    Pour le moment, je passe par dessus les obstacles. J'ai pris un exposé pour le troisième semestre sur Shelley."

    p.233:"Ce matin, je lisais Shelley, et sa "Défense de la poésie"; hier soir un dialogue de Platon, traduit par lui. Quel désespoir de penser que tout cela, tous ces magnifiques résultats de polissure,d'humanisation, toute cette intelligence et cette largeur de vues sont morts aujourd'hui. Vivre une époque pareille, et être attiré vers toutes ces oeuvres, quelle dérision, c'est presque incompatible. Que dirait Platon?Que dirait Shelley?On me traiterait de rêveuse et d'inutile. Mais n'est-ce pas les autres, n'est-ce pas la rage de mal qui sévit actuellement qui est la chose fausse et inutile? Si j'étais née à une autre époque, tout cela aurait pu s'épanouir."

  • Catégories : Livre

    Dans ma lecture du "Journal d'Hélène Berr"

    p.168: Keats, au début d'"Hypérion":

    "Since every man whose soul is not a clod

    Hath visions,and would speak,if he had loved

    And been well nurtured in his mother tongue"

    Car tout homme dont l'âme n'est pas masse argileuse

    A des visions qu'il évoquerait,s'il avait l'amour,

    Et la pleine connaissance de sa langue maternelle."

    "La chute d'Hyperion. Un rêve",1.13-15,1819

    p.176: "Keats est le poète,l'écrivain, et l'être humain avec lequel je communique le plus immédiatement et le plus complètement. Je suis sûre que j'arriverais à le comprendre très bien.

    Ce matin(mercredi),j'ai copié des phrases qui pourraient servir de sujet à des essais,à des pages où je mettrais tout de moi-même.

    Hier soir,j'ai presque fini "Les Thibault. Jacques me hante, c'est si triste,sa fin, et pourtant si inévitable. Ce livre est beau, car il a la beauté de la réalité, comme Shakespeare; c'est à ce props que je voudrais écrire sur la phrase de Keats:"L'excellence d'un art, c'est l'intensité."

    Hélène Berr évoque souvent "Les Thibault" et "Les Frères Kramasov", notamment "le grand Inquisiteur" page 173

  • Catégories : La littérature

    Dans ma lecture du "Journal d'Hélène Berr"

    journal.jpgPage 278, à lire:

    Résurrection
    (Gallimard/Folio, 1994, 643 pages)

    résurection.jpg

    Un autre très bon livre de Tolstoï, mais il ne faut pas avoir peur de visiter les prisons et le système carcéral russe au tournant du XXe siècle.

    Ce livre est le dernier roman de Tolstoï. Il n'était pas tout à fait satisfait de la qualité littéraire du produit fini, mais il l'a publié pour aider un groupe religieux ukrainien persécuté à immigrer au Canada, par les droits d'auteur récoltés. Parce qu'il traitait du système de justice, de politique ainsi que du tsar, le livre a été fortement censuré à sa publication. Comme Tolstoï avait d'autres préoccupations que cette oeuvre, il semblerait qu'il n'ait pas remarqué tous les effacements. Il faut absolument lire l'oeuvre intégrale, sinon la majorité des commentaires critiques disparaissent.

    Le roman raconte le tourment morale d'un jeune noble. Alors qu'il est juré à un procès, il reconnaît dans une femme qui se fait injustement condamner au bagne, la jeune servante qu'il avait "perdue" jeune : il lui avait fait un enfant puis l'avait abandonnée à son sort. Elle a été chassée de la maison, a ensuite déboulée les diverses marches de la débauche pour se retrouver dans une maison de tolérance, et elle est maintenant accusée de meurtre et de vol. Nekhlioudov se sent responsable de cette déchéance, et mettra toutes ses énergies à renverser la décision judiciaire. Il visite aussi la détenue, l'accompagne en Sibérie et offre de la marier. En même temps, il découvrira toute l'horreur du système carcéral et l'inéquité du système judiciaire. Il usera de son influence pour servir d'autres prisonniers qui n'ont pas de recours ou d'appui (au désespoir de la société bien-pensante), mais il y a tellement de malheureux.

    On retrouve dans ce livre les préoccupations de Tolstoï, qu'on retrouve aussi dans d'autres livres: comment faire le bien, quel est le sens de la vie, quelle solution pour les paysans russes, comment faire rayonner la justice. Il y a aussi la figure, comme dans "Les cosaques", de l'être simple qui est plus près du bien que l'être sophistiqué moderne et urbain. Le sophistiqué peut corrompre l'être simple, mais ce dernier peut toutefois permettre à l'être superficiel de retrouver la lumière divine.

    Cette oeuvre a quelque chose de zolaesque : la réalité est crue et détaillée. L'histoire romanesque apparaît presque un prétexte à dépeindre et critiquer les systèmes judiciaire et carcéral.

    Très bon livre, mais pour amateurs.

    Note : 4.5/5
    (le réaliste-romantique)

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  • Catégories : Livre

    Dans ma lecture du"Journal d'Hélène Berr"

    journal.jpgCe qui est surprenant dans ce journal qui raconte une destinée tragique, c'est la coexistence dans une même page de cette réalité tragique et de l'amour de la littérature.

    Par exemple, page 51: Blake(que j'ai déjà evoqué) et

     "Maman est venue m'annoncer la nouvelle de l'étoile jaune,je l'ai refoulée en disant:"Je discuterai cela après."

    J'ai terminé ce livre mais il continue à me hanter.

  • Catégories : Livre

    Je viens de commencer:"Hélène Berr.Journal"

    journal.jpg

    « Si j'écris tous ces petits détails, c'est parce que maintenant la vie s'est resserrée, que nous sommes devenus plus unis, et tous ces détails prennent un intérêt énorme »

    Résumé du livre

    D'avril 1942 à février 1944, Hélène Berr, jeune Française juive de vingt et un ans issue d'une famille aisée et mélomane, agrégative d'anglais à la Sorbonne, a tenu son journal au jour le jour. Sa vie insouciante est bouleversée par les lois antisémites de 1942.

    http://www.evene.fr/livres/livre/helene-berr-journal-32751.php

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