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Baudelaire Charles - Page 7

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Baudelaire au théâtre

    baudelaire.jpg

    je joue seul dans Le Dis-leur", une adaptation libre des « Paradis Artificiels » de Charles Baudelaire. Cette pièce véritablement poétique, dessine son chemin à travers les mots de Charles Baudelaire : entre "Les Paradis artificiels ", " Les Fleurs du mal " et sa  propre vie. La piece intimement joué, ce joue dans les caves de la Venus Noire lieu frequenté par BAUDELAIRE lui-meme et aussi par FRANCOIS VILLON, F.CARCO, MAC ORLAN et OSCAR WILDE: je serais ravi de vous voir apres pour avoir vos impressions    eric

     VENUS NOIRE 25 rue de l' hirondelle, quartier Saint Michel paris

    http://paris.onvasortir.com/baudelaire-theatre-912581.html

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Entretien avec Bertrand Marchal

    Tracés. Revue de Sciences

    humaines

    Numéro 4 (2003)

    L’interprétation

    .............................................................................................................................................................................................................................................................................................

    Laure Dardonville

    http://traces.revues.org/index3973.html

     

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Walter Benjamin, flâneur de la pensée

    Critique

    Publication du premier volume des «Œuvres complètes»

    Par ROBERT MAGGIORI

    Walter Benjamin Œuvres et inédits Edition critique intégrale, éditée par Christoph Gödde et Henri Lonitz, sous la responsabilité (version française) de Gérard Raulet. Tome 3 : le Concept de critique esthétique dans le romantisme allemand, édition préparée par Uwe Steiner, traduction de l’allemand par Philippe Lacoue-Labarthe, Anne Marie Lang et Alexandra Richter. Fayard, 574 pp., 28 €.

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    Un original des «Fleurs du mal» vendu 775.000 €. Billet

    baudelaire2.jpgUn bon poète est un Baudelaire mort

    Par Grégoire Leménager

    Triste paradoxe ; pendant que Robert Laffont gèle les éditions Seghers, au prétexte que la poésie n'est pas un secteur assez rentable, on apprend qu'une édition originale des «Fleurs du mal» (1857), dédicacée par Charles Baudelaire à Narcisse Ancelle, a battu des records ce mardi 2 décembre chez Drouot : elle s'est vendue 775.000 euros (c'est-à-dire 620.000 euros hors frais).

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    Drouot Richelieu Le mardi 1 décembre 2009

    les fleurs du mal.jpg

    Le 1er  décembre à Drouot Richelieu, la société de ventes volontaires Gros & Delettrez dispersera le fonds Aupick – Ancelle. Cette collection autour du poète Charles Baudelaire laisse stupéfait le spécialiste comme le profane.  

    LOT n°80
    Exemplaire de Narcisse ANCELLE BAUDELAIRE Charles.
    Les Fleurs du Mal. Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857, in-12 relié demi-basane vert foncé avec filets dorés sur les plats, dos à cinq nerfs, tête dorée. Edition originale. Exemplaire offert par Baudelaire à son conseil judiciaire Narcisse Ancelle, portant la dédicace : A N. Ancelle, Témoignage d'amitié. Ch. Baudelaire. Les relations entre les deux hommes furent, toute leur vie durant, très difficiles. Après avoir été considéré comme ami de la famille, Baudelaire dut «subir» Ancelle comme son conseiller judiciaire. Leurs rapports devenaient, de ce fait, plus ambigus, Baudelaire lui reprochait toujours ses réticences et son retard à lui envoyer de l'argent, argent qui joua un rôle essentiel dans le mal-être du poète. C'est au fil du temps que leurs relations évoluèrent, Baudelaire comprenant alors les problèmes relationnels qu'il causait à Ancelle et à sa mère. C'est ce qui donne toute sa valeur au «Témoignage d'amitié» de la dédicace. Le présent exemplaire possède en outre six corrections marginales, au crayon, de la main de Baudelaire. La première située dans la Dédicace à Théophile Gautier : «au parfait magicien es langue française» corrigé deux fois «au parfait magicien es langues françaises». La seconde, p.29, dans le poème «La Muse vénale», au vers 11, le «s» de «guères» a été barré. En page 43, dans le poème «Dom Juan eux enfers», vers 11, «errants sur le rivage» a été corrigé trois fois en «errant sur les rivages». En page 110, dans la seconde partie du poème «Le Chat», au second vers, «sort au parfum» a été corrigé en «sort un parfum». En page 217, dans le poème «Le Reniement de Saint-Pierre», au vers 4 de la première strophe, «il s'endort aux doux bruit», le x de «aux» a été barré. A la strophe suivante, au vers 8, «les Cieux ne s'en sont...» le «c» de «cieux» a été remplacé par un D majuscule souligné trois fois, pour former «les Dieux ne s'en sont...» Il est à noter que l'exemplaire de Delacroix récemment vendu, ne possédait que trois corrections, celle de la dédicace et de l'importante faute de Cieux pour Dieux n'était pas corrigé par le poète. Ancelle a également annoté, au crayon, son exemplaire de plusieurs mentions telles que «Beau» ou «Beau vers», exprimant son goût pour certaines poésies comme «Bénédiction», «L'Ennemi», ou «Parfum exotique». Il a encore marqué d'un «Condamné», les poèmes qui furent frappés d'interdiction, se trompant toutefois pour « Le Vampire». La table des matières est également très annotée, par des croix pour certains poèmes, des «C» pour les pièces condamnées et par des soulignures pour d'autres. Exposition: Petit-Palais. 1968.
    Estimation : 120 000 - 150 000 €

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  • Catégories : Baudelaire Charles

    Charles Baudelaire meurt le 31 août... 1867 ...

    Charles Baudelaire meurt le 31 août 1867 ...

    Charles Baudelaire naît à Paris le 9 avril 1821, perd son père à l'âge de six ans et après des études secondaires à Lyon, puis au lycée Louis le Grand à Paris, mène une vie marginale et de bohème dans le Quartier latin...
    En 1841, sous la pression de sa famille, il embarque pour les côtes d'Afrique et de l'Orient. Il séjourne à l'île Bourbon, appelée aujourd'hui île de la Réunion et, en rentrant à Paris en 1842, écrit ses premiers textes. C'est alors qu'il s'éprend de l'actrice Jeanne Duval, qu'il a rencontré au théâtre de la Porte Saint-Antoine. Baudelaire est maintenant majeur et il reçoit l'héritage paternel de 75 000 francs, ce qui serait équivalent à plusieurs millions d'aujourd'hui. Il entame une vie dorée de bohème riche et il use et abuse de l'opium et du haschich (Les paradis artificiels).
    En 1844, sa famille s'indigne de sa vie de débauche. Baudelaire devient alors journaliste, critique d'art et critique littéraire.
    En 1857, l'année de publication des “Fleurs du Mal”, Baudelaire est attaqué en justice pour “immoralité” et il est condamné. Plusieurs poèmes sont retirés du recueil et Beaudelaire doit payer une amende. Très affecté par cet échec il sombre dans la misère et dans la maladie. Le poids des dettes s'ajoutant aux souffrances morales, Baudelaire est frappé en 1866 d'un malaise qui le rendra paralysé et aphasique. Il meurt le 31 août 1867, dans les bras de sa mère, à l'âge de quarante-six ans et est inhumé le 2 septembre au cimetière Montparnasse.
    Ce poète maudit est aussi le traducteur des oeuvres d'Edgar Allan Poe, “Les histoires extraordinaires”, “Les nouvelles histoires extraordinaires” et “Les aventures d'Arthur Gordon Pym”.
    A lire absolument !!!

    http://gegedu74.pointblog.fr/Charles-Baudelaire-meurt-le-31-aout-1867-.html

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Préface de Marcel A. Ruff aux "Oeuvres complètes" de Baudelaire(notes d'une lecture ancienne))

    baudelaire 3.jpgp.9:"S'il n'est pas sûr qu'il ait crée le mot de "modernité", il s'en faut de peu. Il est du moins le premier à l'avoir défini dans ses rapports avec l'art."

    Pour voir d'autres notes sur Baudelaire, cf. la catégorie à ce nom ou passez par la recherche ou le plan.

    Pour que cette note reste ce qu'elle est: une note de lecture incluse dans un contexte ...et non une citation sans sens pour tout autre que moi!!!!....

    Enfin, n'oubliez pas mon travail sur "Le paysage dans les oeuvres poétiques de Baudelaire(et Nerval)" que vous pouvez acheter en passant par la bannière en haut de ce blog.

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Baudelaire,"Oeuvres complètes"(notes d'une lecture ancienne)

    baudelaire 3.jpgp. 9 de l'introduction de Marcel A. Ruff:

    "Baudelaire ne cherche en la nature qu'un écho et comme un prolongement de sa sensibilité. Aussi sa référence va plus volontiers de la nature à l'homme que de l'homme à la nature:

    "Grands bois, vous m'effrayez comme des cathédrales."

    Cf. mes autres notes de la catégorie Baudelaire.

    Cf. dans ma bibliothèque Babélio:

    http://www.babelio.com/livres/Baudelaire-Oeuvres-completes/99790/41portee=editeur&desc_smenu=l

    Ce livre était aussi dans mon petit carton blanc:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2009/01/20/le-dictionnaire-truffaut.html#comments

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Etienne Carjat (1828-1906) - Charles Baudelaire

    baudelaire.jpgEtienne Carjat (1828- 1906).
    Charles Baudelaire, c. 1862. Photoglyptie d'après négatif au collodion humide éditée par Goupil, montée sur carton imprimé et légendé, issue de la Galerie Contemporaine (1878).
    23 x 18 cm.

    Bibliographie : Etienne Carjat (1828- 1906) Photographe, cat. expo. Musée Carnavalet, 25 novembre 1982 - 23 janvier 1983, Éditions des Musées de la Ville de Paris, 1982, ill. 98, p. 46.

    Lot 456

    Vente du Mercredi 22 octobre 2008

    Estampes Modernes et Contemporaines, Photographies (338 à 739)Kapandji Morhange - Paris

    Estimation : 1 500 / 2 000 €

    http://www.auction.fr/FR/result_details.php?saleId=12458&lotId=1858423

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Parmi les "66 plus belles poésies" que j'ai lues

    Mes_66_bellespoesies-a7071.jpg

    LVII

    Les Hiboux

    Sous les ifs noirs qui les abritent,
    Les hiboux se tiennent rangés,
    Ainsi que des dieux étrangers,
    Dardant leur oeil rouge. Ils méditent.

    Sans remuer ils se tiendront
    Jusqu'à l'heure mélancolique
    Où, poussant le soleil oblique,
    Les ténèbres s'établiront.

    Leur attitude au sage enseigne
    Qu'il faut en ce monde qu'il craigne
    Le tumulte et le mouvement,

    L'homme ivre d'une ombre qui passe
    Porte toujours le châtiment
    D'avoir voulu changer de place.

    Charles Baudelaire, "Les fleurs du mal", "Spleen et idéal"

    Ce poème est cité dans mon mémoire de maîtrise"Des paysages de Baudelaire et Nerval" que vous pouvez acheter en cliquant sur la bannière en haut de ce blog.

    Cette note a été selectionnée par Lartino

     

     

  • Catégories : Baudelaire Charles

    Le feuilleton Baudelaire de 1892

    La Querelle de la statue de Baudelaire (août-décembre 1892), sous la direction d’André Guyaux, avec la collaboration d’Aurélia Cervoni, de Guillaume Peigné et de Sébastien Porte, Paris : Presses universitaires de Paris-Sorbonne, coll. « Mémoire de la critique », 2007, 709 p.

     

    Oserait-on dire que cette somme d’articles de journaux et de revues publiés entre les mois d’août et de décembre 1892 au sujet de la statue de Baudelaire se lirait comme un feuilleton ? À la grande surprise du lecteur, ce volumineux ouvrage se parcourrait presque d’une seule traite, tant les rebondissements, les attaques ad hominem et les articles d’un Brunetière bretteur entretiennent la curiosité et nous saisissent. Les échanges sont vifs, engagés et souvent confondants. Voici à proprement parler la restitution d’une véritable querelle, où l’altercation tourne à la controverse.

    Ce volume édité sous la direction d’André Guyaux rend compte de cette agitation du milieu intellectuel et littéraire – et très parisien – en cette fin d’année 1892. Cet ouvrage de près de sept cents pages se compose dans sa très grande majorité des articles de journaux et de revues qui ont alimenté la querelle de la statue ou qui ont relayé l’événement. Ceux-ci sont précédés d’une préface d’A. Guyaux – qui propose une synthèse et une lecture critique de ces deux cents documents – et d’une « histoire de la statue » par Guillaume Peigné. Sont recueillies, en fin de volume, les notices des auteurs concernés par la querelle. Celles-ci témoignent d’un indéniable travail de recherche, qui permet, outre une mise au point sur quelques grandes figures intellectuelles de l’époque1, d’extraire d’un oubli certain une poignée de journalistes littéraires de cette fin de siècle.

     

    À la suite de la mort, en juillet 1892, de Léon Cladel, disciple et ami de Baudelaire, qui s’était étonné, peu de temps auparavant, du dépouillement de la tombe de son maître, Léon Deschamps, fondateur de La Plume2, lance le 1er août 1892, dans sa revue, une souscription pour la construction d’un hommage sculpté au poète. Très rapidement, un comité prend forme : Leconte de Lisle accepte d’en prendre la présidence, Mallarmé s’occupe de son recrutement et Rodin se dit prêt à réaliser l’hommage. Cette célérité initiale contraste avec le temps qu’il fallut pour mener à terme ce projet3.

    En parallèle de cet hommage sculptural, le comité Baudelaire avait proposé la réalisation d’un Tombeau de Charles Baudelaire, qui prendrait la forme d’un recueil d’hommages en vers et en prose. Mallarmé, là encore, se chargea de recueillir les différentes contributions, et en 1896, le recueil vit le jour. De médiocre qualité, comme le précise A. Guyaux, l’ouvrage ne vaut que par le seul concours de Mallarmé. Cet hommage, détaché des questions de personnes qui ont suscité la polémique autour de la statue, a pu être mené à terme sans anicroche.

     

    1892. Cela fait trente-cinq années que Baudelaire est mort. Son œuvre et sa poésie rencontrent un succès de plus en plus large4. Les générations de poètes symbolistes et décadents en font leur maître, et les voix – nombreuses au moment de la publication des Fleurs du Mal – qui s’insurgeaient contre cette poésie, se font plus rares et se focalisent autour d’un grief commun : son immoralité. Brunetière, en 1887, dans un virulent article sur les Fleurs du Mal, concentre et représente cet antibaudelairisme.

     La querelle de la statue l’illustre en tout point. Pendant un mois, depuis le lancement de la souscription jusqu’à la parution de l’article de Brunetière à ce sujet dans la Revue des deux mondes du 1er septembre, la presse, les artistes et les intellectuels s’entendent à l’accord de concert pour louer l’initiative de la Plume. Brunetière, par son article, vient troubler cette heureuse entente et initie une polémique littéraire d’une étonnante densité et d’une virulence inattendue. L’équipe d’André Guyaux a d’ailleurs rassemblé plus de deux cents publications, échelonnées sur seulement cinq mois, là où la bibliographie d’Alfred E. Carter n’en recensait — sur la même période — que soixante-dix-neuf5.  

    Cette polémique littéraire qui monta comme un soufflé s’avère être rétrospectivement peu compréhensible et disproportionnée. Des contemporains qui s’étaient éloignés de la France au plus fort moment de la crise, ont jugé avec étonnement ces échanges passionnés. André Hallays, en voyage au Maghreb, en témoigne : « Le lendemain, sur le petit vapeur anglais qui me ramenait à Gibraltar, j’eus l’idée d’ouvrir un paquet de journaux qui m’avaient été adressés de France. Ces feuilles étaient pleines de polémiques atroces ; des écrivains divers y échangeaient des outrages incessants. Il s’agissait tout simplement de la statue de Baudelaire. De très loin, ces choses sont ineffablement comiques »6. Léon Deschamps, celui-là même qui lança la souscription dans la Plume, était lui aussi bien éloigné de la querelle : et pour cause, il était en voyage de noces. Il confesse : « [Absent de Paris pour des raisons de vie privée qui ne souffraient point de remise] […] j’étais loin de m’attendre à autant de tapage à propos d’une chose si naturelle : des poètes honorant l’un des leurs en lui consacrant pieusement un monument funéraire »7.

    A. Guyaux montre bien comment l’article de Brunetière a déplacé le débat et la question, délaissant la proie pour l’ombre : « ni Baudelaire ni la statue qu’il est question de sculpter à sa mémoire ne sont les véritables enjeux ». Brunetière semble garder, en permanence, à l’esprit l’élection à venir à l’Académie française et adopter conséquemment une posture littéraire et intellectuelle adéquate. Antoine Compagnon souligne d’ailleurs qu’en ce début des années 1890, Brunetière « atteignit le faîte de la puissance et de la gloire »8 ; c’est un intellectuel incontournable au cœur du tout-Paris, et qui concentre autour de lui une admiration certaine et des haines virulentes. Delpit devint, à cet effet, l’un des plus fervents défenseurs du projet, plus par inimitié pour Brunetière que par profonde conviction. La querelle autour de la statue de Baudelaire dépassa donc les simples problématiques littéraires habituelles et coïncide avec une problématique de personnes.

     

    À cette querelle sur la statue, s’ajoute ou se superpose la question de la « statuomanie ». La deuxième moitié du XIXe siècle se montre très généreuse en érection de monuments à la mémoire des gloires nationales : cérémonies, commémorations et statues prolifèrent dans toutes les régions de France9. Nombreux sont les contemporains qui voient la laideur envahir les villes10 et qui condamnent la banalisation de cette pratique. Dans une certaine mesure, Barrès, favorable à la statue, rejoint ces derniers. Il propose, en effet, de consacrer ce monument au baudelairisme, plutôt qu’à Baudelaire, soulignant ainsi la différence qu’il jugeait importante entre la célébration d’une personne et la reconnaissance d’une influence littéraire et artistique de premier ordre. Rodin, qui avait en charge l’exécution, semblait lui aussi, de ce que l’on peut en deviner11, relativement indécis quant à la forme que devait prendre cet hommage. Aurait-il tendu plutôt vers un hommage à Baudelaire, comme pourrait le suggérer son Portrait fictif de Baudelaire, réalisé en 1898, ou plutôt vers un hymne au baudelairisme, comme on peut le retrouver son Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre sculpté en 1882 ?

    Guillaume Peigné, qui retrace à proprement parler l’histoire de la statue, depuis 1892 jusqu’à sa réalisation et à son établissement en 1902 par José de Charmoy, rappelle combien le choix de Rodin comme exécuteur du projet fit rapidement l’unanimité au sein du comité Baudelaire. Ce choix semblait, à ce moment-là, s’imposer ; Charles Morice souligne à quel point, « l’influence morale de Baudelaire est visible [dans l’œuvre du sculpteur] »12. Mais, le projet ne fut pas mené à son terme. La collecte de fonds, d’une part, nécessaire à la réalisation de la statue ne fut pas aussi rapide qu’on ne l’espérait13. Et d’autre part, Rodin exprima de vives réticences quant au lieu originellement choisi pour le monument. Regrettant l’idée d’un monument funéraire près de la tombe du poète au cimetière du Montparnasse, il eût préféré un monument situé dans un lieu plus public, comme le jardin du Luxembourg. Sans nul doute, comme l’écrit Guillaume Peigné, cet échec de Rodin restera l’un de ses plus notables.

    L’histoire de cette statue, dont la querelle de 1892 est un important prélude, permet de mieux apprécier la « fortune » de Baudelaire en cette fin de siècle, où l’on voit l’antibaudelairisme cristalliser ses attaques autour de reproches qui s’émousseront au fil du temps.

     

    C’est une belle réussite que d’être arrivé à rendre lisible ce qui aurait pu être un ouvrage réservé exclusivement aux baudelairiens les plus avisés. Les articles de Brunetière y contribuent, certes, considérablement ; son style et son talent de querelleur procurent un réel plaisir à la lecture. Une amusante caricature, parue dans le Gil Blas14, n’en souligne que très justement les traits.

    Publié sur Acta le 1 décembre 2007
    Notes :
    1 On pense notamment à Brunetière, Anatole France, Remy de Gourmont, Maurice Barrès, Jean Lorrain (alias Raitif de la Bretonne [sic]) ou Émile Faguet.
    2 Cette revue, fondée en 1889, est devenue le fer de lance de la littérature décadente et symboliste.
    3 On rappellera pour mémoire que la statue de José de Charmoy fut inaugurée dix ans plus tard, le 26 octobre 1902.
    4 Voir la très instructive étude de réception, procurée par André Guyaux dans son Baudelaire. Un demi-siècle de lecture des Fleurs du Mal, Paris : Presses universitaires de Paris-Sorbonne, coll. « Mémoire de la critique », 2007 et notre compte-rendu sur Acta fabula. A. Guyaux montre en effet, qu’à partir des années 1880, Baudelaire devient la lecture de toute une jeunesse et s’impose comme la figure de proue des courants symboliste et décadent. Ce « moment de la jeunesse » fait sortir Baudelaire et sa poésie des cercles purement littéraires et lui permet de toucher un public plus large.
    5 Alfred Edward Carter, Baudelaire et la critique française 1868-1907, Columbia : University of South Carolina Press, 1963, p. 119-143.
    6 André Hallays, « La statue de Verlaine », La Querelle de la statue de Baudelaire, p. 580.
    7 Léon Deschamps, « Sur la souscription pour le monument de Baudelaire », La Querelle de la statue de Baudelaire, p. 557.
    8 Antoine Compagnon, Connaissez-vous Brunetière ? Enquête sur un antidreyfusard et ses amis, Paris : Éditions du Seuil, coll. « l’univers historique », 1997.
    9 On peut penser notamment à la consécration du Panthéon à la mémoire des grands hommes de la nation en 1885.
    10 André Hallays, « Le penseur de Rodin, sur la place du Panthéon », Journal des débats, 20 janvier 1905.
    11 Rodin ne réalisa que peu de compositions originales pour ce projet, et la liberté totale dont il jouissait quant à la réalisation finale du monument ne nous renseigne guère sur la vision de l’artiste.
    12 Le Parti national, 25 août 1892.
    13 La collecte de 4.500 francs que publiait la treizième liste de souscription en mai 1893 ne laissait guère le choix : à ce prix, on ne pouvait espérer qu’un buste.
    14 1er octobre1892, dans le volume p. 419-422.

     Pour citer cet article : Matthieu Vernet , "Le feuilleton Baudelaire de 1892.", Acta Fabula, Novembre-décembre 2007 (volume 8, numéro 6), URL : http://www.fabula.org/revue/document3631.php

  • Catégories : Baudelaire Charles, Goethe Johann Wolfgang von

    Goethe et Baudelaire 2

    Suite de:http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/10/24/goethe-et-baudelaire.html#comments

    Roger Bauer pense que Baudelaire s’est souvenu des deux versions de la Chanson au moment de rédiger ses Invitations au voyage (FM et SP).


    Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu'on pourrait appeler l'Orient de l'Occident, la Chine de l'Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s'y est donné carrière, tant elle l'a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations.
    Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête; où le luxe a plaisir à se mirer dans l'ordre; où la vie est grasse et douce à respirer; d'où le désordre, la turbulence et l'imprévu sont exclus; où le bonheur est marié au silence; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois; où tout vous ressemble, mon cher ange.
    Tu connais cette maladie fiévreuse qui s'empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu'on ignore, cette angoisse de la curiosité? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C'est là qu'il faut aller vivre, c'est là qu'il faut aller mourir!
    Oui, c'est là qu'il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l'infini des sensations. Un musicien a écrit l'Invitation à la valse; quel est celui qui composera l'Invitation au voyage, qu'on puisse offrir à la femme aimée, à la soeur d'élection?
    Oui, c'est dans cette atmosphère qu'il ferait bon vivre, - là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.
    Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d'une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, l'orfèvrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s'échappe un parfum singulier, un revenez-y de Sumatra, qui est comme l'âme de l'appartement.
    Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfèvrerie, comme une bijouterie bariolée! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d'un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l'Art l'est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue.
    Qu'ils cherchent, qu'ils cherchent encore, qu'ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l'horticulture! Qu'ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes! Moi, j'ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu!

    Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c'est là, n'est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu'il faudrait aller vivre et fleurir? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parier comme les mystiques, dans ta propre correspondance?
    Des rêves! toujours des rêves! et plus l'âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l'éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d'opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d'heures remplies par la jouissance positive, par l'action réussie et décidée? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu'a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble?
    Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c'est toi. C'est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu'ils charrient, tout chargés de richesses, et d'où montent les chants monotones de la manoeuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l'infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme; - et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l'Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l'Infini vers toi.(SP)

    http://baudelaire.litteratura.com/le_spleen_de_paris.php?rub=oeuvre&srub=pop&id=156

    Cet article est un prolongement des recherches entreprises pour mon mémoire de maîtrise en vente sur Lulu:http://stores.lulu.com/store.php?fAcctID=617288

  • Catégories : Baudelaire Charles, Goethe Johann Wolfgang von

    Goethe et Baudelaire

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    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/10/16/nerval-et-goethe-2.html#comments

    et:http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/10/23/goethe-et-theophile-gautier.html#comments

    Roger Bauer[1] pense que Baudelaire s’est souvenu des deux versions de la Chanson au moment de rédiger ses Invitations au voyage (FM et SP). 

     

     

    L'invitation au voyage

    Mon enfant, ma soeur,
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble !
    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !
    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Des meubles luisants,
    Polis par les ans,
    Décoreraient notre chambre ;
    Les plus rares fleurs
    Mêlant leurs odeurs
    Aux vagues senteurs de l'ambre,
    Les riches plafonds,
    Les miroirs profonds,
    La splendeur orientale,
    Tout y parlerait
    À l'âme en secret
    Sa douce langue natale.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Vois sur ces canaux
    Dormir ces vaisseaux
    Dont l'humeur est vagabonde ;
    C'est pour assouvir
    Ton moindre désir
    Qu'ils viennent du bout du monde.
    - Les soleils couchants
    Revêtent les champs,
    Les canaux, la ville entière,
    D'hyacinthe et d'or ;
    Le monde s'endort
    Dans une chaude lumière.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté. (FM)

     

     

    http://poesie.webnet.fr/poemes/France/baudelai/10.html



    [1] De « Mignon » à l’ « Invitation au voyage »  in Revue de littérature comparée, n° 237, janvier-mars 1986, p. 51-57.
  • Catégories : Baudelaire Charles, Goethe Johann Wolfgang von, Nerval Gérard de

    Nerval et Goethe

    Gérard de Nerval, "Delfica" dans les "Odelettes"

    La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
    Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
    Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants
    Cette chanson d'amour qui toujours recommence ? ...

    Reconnais-tu le TEMPLE au péristyle immense,
    Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
    Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
    Où du dragon vaincu dort l'antique semence ?
    ..

    Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
    Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
    La terre a tressailli d'un souffle prophétique ...

    Cependant la sibylle au visage latin
    Est endormie encor sous l'arc de Constantin
    - Et rien n'a dérangé le sévère portique.

    http://poesie.webnet.fr/poemes/France/nerval/6.html

     Nerval s’inspire de la « Chanson de Mignon » de Goethe (Les Années d’apprentissage de Wilhem Meister) qui célébrait les bonheurs de l’Italie.

    cf. mon mémoire en vente sur Lulu:

    http://stores.lulu.com/store.php?fAcctID=617288

  • Charles Baudelaire."Le voyage".

    A Maxime Du Camp

     

    Au printemps 1859, le poète Charles Baudelaire séjourne à Honfleur, chez sa mère, dans la «maison joujou». Deux ans après la mort de son beau-père abhorré, le général Aupick, il se réconcilie avec sa génitrice. Il écrit à Sainte-Beuve: «Nouvelles fleurs faites, et passablement singulières. Ici, dans le repos, la faconde m'est revenue.» Baudelaire vient de composer le plus long poème des Fleurs du Mal, «Le voyage», qui clôturera l'édition de 1861.


    I
    Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
    L'univers est égal à son vaste appétit.
    Ah! que le monde est grand à la clarté des lampes!
    Aux yeux du souvenir que le monde est petit!

    Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
    Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
    Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
    Berçant notre infini sur le fini des mers:

    Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme;
    D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
    Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
    La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

    Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
    D'espace et de lumière et de cieux embrasés;
    La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
    Effacent lentement la marque des baisers.

    Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
    Pour partir; coeurs légers, semblables aux ballons,


    De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
    Et sans savoir pourquoi, disent toujours: Allons!

    Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,
    Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
    De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
    Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom!

    II
    Nous imitons, horreur! la toupie et la boule
    Dans leur valse et leurs bonds; même dans nos sommeils
    La Curiosité nous tourmente et nous roule,
    Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

    Singulière fortune où le but se déplace,
    Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où!
    Où l'Homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
    Pour trouver le repos court toujours comme un fou!

    Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie;
    Une voix retentit sur le pont: «Ouvre l'oeil!»
    Une voix de la hune, ardente et folle, crie:
    «Amour... gloire... bonheur!» Enfer! c'est un écueil!

    Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
    Est un Eldorado promis par le Destin;
    L'Imagination qui dresse son orgie
    Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.

    O le pauvre amoureux des pays chimériques!
    Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
    Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
    Dont le mirage rend le gouffre plus amer?

    Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
    Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis;

    Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
    Partout où la chandelle illumine un taudis.

    III
    Etonnants voyageurs! quelles nobles histoires
    Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers!
    Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
    Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.

    Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile!
    Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
    Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
    Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.

    Dites, qu'avez-vous vu?

    IV
    «Nous avons vu des astres

    Et des flots; nous avons vu des sables aussi;
    Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
    Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

    La gloire du soleil sur la mer violette,
    La gloire des cités dans le soleil couchant,
    Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
    De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

    Les plus riches cités, les plus beaux paysages,
    Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
    De ceux que le hasard fait avec les nuages.
    Et toujours le désir nous rendait soucieux!

    La jouissance ajoute au désir de la force.
    Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
    Cependant que grossit et durcit ton écorce,
    Tes branches veulent voir le soleil de plus près!

    Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
    Que le cyprès? - Pourtant nous avons, avec soin,
    Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
    Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin!

    Nous avons salué des idoles à trompe;
    Des trônes constellés de joyaux lumineux;
    Des palais ouvragés dont la féerique pompe
    Serait pour vos banquiers un rêve ruineux;

    Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse;
    Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
    Et des jongleurs savants que le serpent caresse.»

    V
    Et puis, et puis encore?

    VI
    «O cerveaux enfantins!

    Pour ne pas oublier la chose capitale,
    Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
    Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
    Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché:

    La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
    Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût;
    L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
    Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout;

    Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote;
    La fête qu'assaisonne et parfume le sang;
    Le poison du pouvoir énervant le despote,
    Et le peuple amoureux du fouet abrutissant;

    Plusieurs religions semblables à la nôtre,
    Toutes escaladant le ciel; la Sainteté,
    Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
    Dans les clous et le crin cherchant la volupté;

    L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
    Et, folle maintenant comme elle était jadis,
    Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie:
    «O mon semblable, ô mon maître, je le maudis!»

    Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
    Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
    Et se réfugiant dans l'opium immense!
    Tel est du globe entier l'éternel bulletin.»

    VII
    Amer savoir, celui qu'on tire du voyage!
    Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
    Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image:
    Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui!

    Faut-il partir? rester?
    Si tu peux rester, reste;
    Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
    Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
    Le Temps! Il est, hélas! des coureurs sans répit,

    Comme le Juif errant et comme les apôtres,
    A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
    Pour fuir ce rétiaire infâme: il en est d'autres
    Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

    Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
    Nous pourrons espérer et crier: En avant!
    De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
    Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

    Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
    Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
    Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
    Qui chantent: «Par ici! vous qui voulez manger

    Le Lotus parfumé! c'est ici qu'on vendange
    Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim;
    Venez vous enivrer de la douceur étrange
    De cette après-midi qui n'a jamais de fin!»

    A l'accent familier nous devinons le spectre;
    Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
    «Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre!»
    Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

    VIII
    O Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre!
    Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons!
    Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
    Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons!

    Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte!
    Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
    Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe?
    Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau!

     


    Le Nouvel Observateur

    Source:http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/supplement/p2228_2/articles/a350715-le_voyage.html

    Parmi l'abondante littérature consultée pour établir ce texte, voici les livres disponibles facilement que nous conseillons vivement: «Balade en Calvados, sur les pas des écrivains» aux éditions Alexandrines (21,60 euros); «Voyage en Normandie», une anthologie des récits de tous les écrivains ayant fait le voyage dans cette région au XIXe siècle (deux tomes, 17 euros chacun, éditions Pimientos); et l'excellent «Au vrai chic balnéaire» de Ginette Poulet (éditions Charles Corlet, 19,50 euros). L'auteur, responsable au château-musée de Dieppe, est une spécialiste de l'invention des bains de mer et de l'histoire des plages normandes, qu'elle raconte avec autant d'esprit que d'érudition. Un bonheur!

     


    Le Nouvel Observateur

    Source:http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/supplement/p2228_2/articles/a350739-ne_bronzons_plus_idiot.html



     

  • Baudelaire et les femmes 4. Le corps-paysage de Jeanne Duval

     5df903515018f2ff38d402232a161fd6.jpgDans mon mémoire de maîtrise,  

    « Le paysage dans les œuvres poétiques de Baudelaire et Nerval »  

    (en vente sur TBE:http://www.thebookedition.com/laura-vanel-coytte-des-paysages-de-baudelaire-et-nerval-p-8154.html)  

    Dans la 1 ère partie consacrée à la poétique du paysage,  

            La symbolisation du paysage  

                  La sexualisation du paysage dans « Les Fleurs du Mal »       

                             Le corps tout entier.

     

    Pour métamorphoser le corps féminin en paysage, Baudelaire utilise d'abord la synesthésie(sur ce mot, cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Synesth%C3%A9sie).  

    Ainsi, dans Parfum exotique, la correspondance s'établit entre l'odorat et la vision pour composer à partir du corps de Jeanne Duval un paysage marin paradisiaque :          

        Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
        Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
        Je vois se dérouler des rivages heureux
        Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ; (v.1-4)

     

      Dans Le Balcon, après une  invocation à la femme aimée, les analogies s'enchaînent les unes aux autres et suggèrent un paysage enveloppé de tièdes désirs  :  


       Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
        Que l'espace est profond ! Que le cœur est puissant !
        En me penchant vers toi, reine des adorées,
        Je croyais respirer le parfum de ton sang.
        Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! (v.11-15)

     

        Ce poème respire l'harmonie, non seulement dans le paysage, mais aussi entre l'homme et la femme. Cependant, on sait que les amours du poète ont rarement été heureux. En idéalisant la femme, il prend une revanche imaginaire sur elle.   Dans Le Beau Navire,  « Baudelaire épèle le monde grâce au corps de Jeanne (Duval ; citation de Michel Deguy, « Le corps de Jeanne » in « Poétique numéro 3,1970, p.335) » :

     

        Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large,
        Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,
        Chargé de toile, et va roulant
        Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent.

     

     
       Ta gorge triomphante est une belle armoire

     

        Tes nobles jambes sous les volants qu'elles chassent
        Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,

     

        Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,
        Ta tête se pavane avec d'étranges grâces ;
        D'un air placide et triomphant
        Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.
    (v.5-8, 18,29-30 et 37-40)    

     

    Source de l’image : http://baudelaire.litteratura.com/?rub=vie&srub=per&id=5  (et une bio de Jeanne Duval)

  • Catégories : Baudelaire Charles

    150 e anniversaire des "Fleurs du Mal": Auguste Poulet-Malassis

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    La ville d'Alençon rend hommage à Auguste Poulet-Malassis,
    xl'éditeur et imprimeur des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.

     

     
    du 23 juin au 14 octobre 2007, Eglise des Jésuites, rue du Collège
    Auguste Poulet-Malassis ou la passion des livres !



    > Pour en savoir plus, cliquez ici.

     

    Source:  http://www.poulet-malassis.com  
     
  • Catégories : Baudelaire Charles

    Baudelaire et les femmes 2 :Jeanne Duval

    a3622f0821183ead4b71b971c6dafca5.jpgDans mon mémoire de maîtrise,

     

    « Le paysage dans les œuvres poétiques de Baudelaire et Nerval »

     

    (en vente sur Lulu : http://stores.lulu.com/store.php?fAcctID=617288)

     

    Dans la 1 ere partie consacrée à la poétique du paysage,

     

    1.      La construction typologique du paysage

     

           1.2. Des paysages littérairement et culturellement construits

     

                  1.2.3. Poétique de l’air

     

     

     

     

    1.2.3.5.   Les parfums    

     

     

        Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
        Retiens les griffes de ta patte,
        Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux
        Mêlés de métal et d'agate.
       
        Lorsque mes doigts caressent à loisir
        Ta tête et ton dos élastique,
        Et que ma main s'enivre du plaisir
        De palper ton corps électrique,
       
         Je vois ma femme en esprit ; son regard,
        Comme le tien, aimable bête,
        Profond et froid, coupe et fend comme un dard, (« Les Fleurs du Mal », « Le chat », v.1-11)

     

    Le parfum du « Chat »/Jeanne Duval n’est plus seulement magique mais dangereux :

     

      Et des pieds jusques à la tête,
    Un air subtil, un dangereux parfum
     Nagent autour de son corps brun.(Idem, vers 12-14)
     


    Source  de l’image :http://baudelaire.litteratura.com/?rub=vie&srub=per&id=5

                                                                                                

  • Catégories : Baudelaire Charles, La littérature, Le XIX e siècle, Nerval Gérard de

    Sainte-Beuve (Pour Elisabeth)

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    A la suite de ses notes :

     
    http://boulevarddesresistants.hautetfort.com/archive/2007/07/04/charles-sainte-beuve-1804-1869-premier-amour.html

     

     

    http://depoesiesenpoesies.hautetfort.com/archive/2007/06/01/la-rime.html#comments

    http://boulevarddesresistants.hautetfort.com/archive/2007/07/04/sainte-beuve-la-rime.html

     

    http://depoesiesenpoesies.hautetfort.com/archive/2007/06/02/premier-amour.html#comments
     

    Le poème « Premier amour » est tiré des « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme »(1829).

    La citation sur la rime est aussi tiré de ce livre. Il publiera d’autres recueils mais sans succès.

    Je parle de Sainte-Beuve dans mon mémoire de maîtrise (« Le paysage dans les œuvres poétiques de Baudelaire et Nerval » en vente chez Lulu :

    http://stores.lulu.com/store.php?fAcctID=617288) à propos de « Baudelaire et l’illuminisme » (2 e partie,  Le paysage entre visible et invisible ; 1.Les correspondances ; 1.1. Les références occultistes ; 1.1.2.L’illuminisme, 1.1.2.2.).

     

    En ce qui concerne, l’illuminisme, Baudelaire a été influencé (entre autres) par ses admirations littéraires, Sainte –Beuve (et Balzac) dont les œuvres sont imprégnées de martinisme(mon mémoire, 1.1.2.3.4. Saint-Martin). Sainte-Beuve connaît l’illuminisme et le martinisme par Lamennais(mon mémoire toujours à propos de Saint-Martin)  qui le reçut dans sa propriété de la Chesnaie, près de Dinan.

     

    C’est dans « Volupté », son unique roman(1834) que l’on sent l’influence de Lamennais. C’est « l’histoire d’une âme, de ses inquiétudes et de ses doutes, un adieu à la jeunesse et au romantisme. Le héros du roman, Amaury, se fait prêtre : Sainte-Beuve, lui aussi, choisit une voie austère où il pourra donner sa mesure : la critique littéraire. (Lagarde et Michard, 19 e siècle) »  

    Sainte-Beuve a notamment critiqué l’art de Baudelaire (qui l’admirait tant)  dans  un article du   Constitutionnel du 22 janvier 1862.

     M. Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l'extrémité d'une langue de terre réputée inhabitable et par delà les confins du romantisme connu un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux, où on lit de l'Edgar Poe, où l'on récite des sonnets exquis, où l'on s'enivre avec le haschich pour en raisonner après, où l'on prend de l'opium et mille drogues abominables dans des tasses d'une porcelaine achevée. Ce singulier kiosque, fait en marqueterie, d'une originalité concertée et composite, qui, depuis quelque temps, attire les regards depuis l'extrême pointe du Kamtchatka littéraire romantique, j'appelle cela la folie Baudelaire.   Sur Sainte-Beuve : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Augustin_Sainte-Beuve

     

      Sur Sainte-Beuve et Baudelaire, lire l’extrait du « Contre Sainte-Beuve » de Proust :http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Charles-Pierre_Baudelaire--Sainte-Beuve_et_Baudelaire_par_Marcel_Proust

     

      Sur le « Contre Sainte-Beuve » de Proust : http://fr.wikipedia.org/wiki/Contre_Sainte-Beuve   Sur l’illuminisme et le martinisme : cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Illuminisme

     

      Sur Lamennais, cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9licit%C3%A9_Robert_de_Lamennais

     

        Si Baudelaire a admiré Sainte-Beuve, a été influencé par lui, ce dernier lui a bien mal rendu, on l’a vu. Proust dans son « Contre Sainte-Beuve », constate que le critique littéraire a encensé des artistes maintenant tombés dans l’oubli alors qu’il a méprisé Baudelaire et…. Nerval.     Sur Nerval dans le « Contre Sainte-Beuve » de Proust : http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Gerard_de_Nerval--Gerard_de_Nerval_par_Marcel_Proust

     

      Source de l’image : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Augustin_Sainte-Beuve      
  • Catégories : Baudelaire Charles, Des photographies, La littérature

    Baudelaire par Nadar(1855)

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    Cette photographie, actuellement visible au musée d'Orsay (Paris), traduit le génie de Nadar à capter un regard. C'est là la seule épreuve connue de la première séance photographique avec Nadar, il n'en reste d'ailleurs que la photographie elle-même, le négatif ayant été détruit.
    Source:
    La même année, Nerval est mort....