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Mes Avent et NOEL - Page 16

  • MES DERNIERS TEXTES PUBLIES SUR HF (du plus ancien au plus récent)

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    1. Saint-Etienne:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/12/26/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-saint-etienne.html#comments

    2. Le Mystério de NOEL:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/24/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-le-mysterio-de-noel.html


    3. Valse de Vienne:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/23/mon-texte-en-prose-inedit-sur-ce-blog-valse-de-vienne.html

    4. Les 365 marches:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/08/29/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-les-365-marches.html

     

    5. Des fleurs pour toi:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/06/26/mes-mots-chez-jo.html

     

    6. Promis !

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/29/mon-texte-en-prose-inedit-sur-ce-blog-promis.html

     

    7. Oublier ailleurs :

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/06/27/petits-vers-inedits-sur-ce-blog4.html

     

    8. Galette (acrostiche)

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/01/06/mon-acrostiche-inedit-sur-ce-blog-galette.html

    9. Il existe quelque part :

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/01/30/4-petits-vers-inedits-sur-ce-blog-il-existe-quelque-part.html

     

    10. Des paysages

    http://.lauravanel-coytte.com/archive/2009/01/05/re-bonne-annee-avec-mes-paysages-et-moi.html

     

    Je publie cette liste parce que vous ne commentez (lisez) pratiquement que mes textes/poèmes (sans acheter mes recueils pour la plupart d’entre vous) alors que ce blog possède une partie « ce (ux) que j’aime » qui vous permettrait de mieux comprendre « ce que j’écris. »

     

     

  • Mes derniers textes publiés sur ce blog(n'oubliez pas mes petits mots sur les autres notes)

    Du plus ancien au plus récent:

    1. Saint-Etienne:
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/12/26/mon-p...


    2. Le Mysterio de NOEL:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/24/mon-t...

    3. Valse de Vienne:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/23/mon-t...
     
    4. Les 365 marches: http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/08/29/mon-p...


    5. Des fleurs pour toi:
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/06/26/mes-m...


    6. Promis !
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/29/mon-texte-en-prose-inedit-sur-ce-blog-promis.html#comments


    7. Oublier ailleurs :
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/06/27/petits-vers-inedits-sur-ce-blog4.html


    8. Galette(acrostiche)
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/01/06/mon-acrostiche-inedit-sur-ce-blog-galette.html#comments


    9. Il existe quelque part :
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/01/30/4-petits-vers-inedits-sur-ce-blog-il-existe-quelque-part.html#comments

  • A Saint-Etienne le 2 janvier 2009

    En montant là-haut, encore beaucoup de neige et de magnifiques paysages de sapins givrés(j'avais oublié mon jetable,zut).

    A Saint-Etienne, la grande roue est en cours de démontage, les chalets du village de NOEL fermés mais les illuminations de fête étaient encore là pour sté2.jpgla 14e commune de France et la 2e commune de la région Rhône-Alpes derrière Lyon... qui n'en a pas besoin pour être la ville de mon coeur.

    Grande mais humaine.

    Vivante,universitaire,commerçante, travailleuse, culturelle(ville du Design notamment), sportive(vive l'ASSE)....

    Si vous passez par là, arrêtez -vous

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Des lieux, Mes Avent et NOEL

    Lundi 22 décembre 2008 à Marseille

    TRPHEES_LUMIERES_715.jpgCiel bleu qui rappelle le Maroc.

    Air doux.

    La criée sur le vieux port.

    Le bateau-restaurant où mange "Le tuteur" de France 2.

    La navette gratuite qui traverse le vieux Port.

    Les bateaux qui partent vers le Château d'If et le Frioul.

    La jetée et les terrasses pleines.

    La canebière, l'accent...

    Pour changer de Notre-Dame de la Garde(où je suis montée à pied la première fois... dur,dur) et de ce que je connaissais déjà un peu, je suis allée dans le Panier, le vieux Marseille, très pittoresque. (c'est là que se situe l'action de "Plus belle la vie").

    La magie de NOEL  qui se déverse en lumière à la nuit tombée.

    Pour en savoir plus:

    http://www.marseille-tourisme.com/fr/a-marseille/que-faire/marseille-ville-d-art/le-vieux-marseille-le-panier/

  • Mes derniers textes publiés

    bannière blog modifié.JPG1. Saint-Etienne:

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    2. Le Mysterio de NOEL:


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    5. Des fleurs pour toi:

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    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/26/mes-derniers-textes-publies.html#comments

    6. Promis !

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    7. Oublier ailleurs:

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  • MES DERNIERS TEXTES PUBLIES


    1. Saint-Etienne:

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    4. Les 365 marches: http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/08/29/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-les-365-marches.html

    5. Des fleurs pour toi:

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  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Mes Avent et NOEL, Mes poèmes

    Aujourd'hui, c'est la Saint-Etienne(acrostiche)

    sté2.jpgSinistre dans mon esprit
    Atrophié par les préjugés
    Imaginée puis vécue pleinement
    Noire tu étais, ville minière
    Tu es devenue ma ville

    Entièrement mienne, défendue contre
    Toutes les attaques
    Insidieuses des lieux communs
    Et de ceux qui ne savent pas
    Naître dans un nouveau paysage
    Notoirement connue puis reconnue
    Entièrement mienne, ma ville


    17/12/2007

    Je souhaite une bonne fête à ma ville de coeur,Saint-Etienne, par cet acrostiche.

    Cf. aussi ma note un peu plus bas:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/23/vendredi-19-decembre-2008-a-saint-etienne.html#comments

     et la catégorie "Saint-Etienne"

    Bonne fête aussi à Etienne Daho qui a aussi une catégorie à son nom dont cette note récente:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/23/mon-mari-m-a-offert-pour-noel-l-ultimate-edition-de-l-album.html#comments

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Daho Etienne, Mes Avent et NOEL

    Mon mari m'a offert pour NOEL: L'Ultimate edition de l'album"L'invitation" d'Etienne Daho

    C'est en plus d'être(bien-sûr) génial à écouter... un très  bel objet, comme un petit livre avec un CD et un DVD.

    Cliquez ci-dessous pour en voir la bande -annonce.

    Merci mon amour.

    D'autres notes "Etienne Daho":

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/daho

     

  • Mes derniers textes


    1. Chez Scoobydu 41 :
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/09/mon-acrostiche-inedit-sur-ce-blog-chez-scoobydu-41.html


    2. Lumières :
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/08/fete-des-lumieres-a-lyon-jusqua-ce-soir-8-decembre-2008-et-d.html


    3. Le corbeau, le poisson et le renard :
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/09/24/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-le-corbeau-le-poisson-et-le-ren.html


    4. L’enfer enfin :
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/04/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-l-enfer-enfin.html


    5. Le nouveau riche, l’étrangère et l’ancien pauvre
    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/03/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-le-nouveau-riche-l-etrangere-et.html

     

    6. Petit Papa Noël: http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/10/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-petit-papa-noel.html

    7. Lilounette:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/11/mon-acrostiche-inedit-sur-ce-blog-lilounette.html#comments

    8. Trouver:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/12/mon-poeme-inedit-sur-ce-blog-trouver.html#comments

    9. Pour le bonheur de ceux que j'aime:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/06/27/mon-poeme-inedit-sur-c-e-blog.html

    10.Marie

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/16/mon-acrostiche-inedit-sur-ce-blog-bon-anniversaire-marie-ma.html

    11. Une journée pas comme les autres:

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/12/17/mon-texte-inedit-sur-ce-blog-une-journee-pas-comme-les-autre.html

    Tous mes textes:

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/mon%20texte

    Tous mes poèmes:

    http://www.lauravanel-coytte.com/search/mon%20poème%20inédit

  • Joyeux anniversaire TheBookEdition !!

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

    Il se murmure ici-bas que toute commande passée en octobre, mois du 1er anniversaire de TheBookEdition, se verra gratifiée d'un cadeau !

    Avec TheBookEdition, c'est Noël avant l'heure !

    Peut-être une occasion de découvrir mon mémoire en zoom de la semaine sur le site:

    http://www.thebookedition.com/

  • Je suis en train de lire:"Suite française" d'Irène Nemirovsky(Pour Francine)

    suite française.jpgEditeur : Denoël
    Publication :30/9/2004

    « Les catastrophes passent et il faut tâcher de ne pas passer avant elles, voilà tout. »

    Résumé du livre

    Prix Renaudot 2004 - Cette parution posthume de 'Suite française', écrit il y a soixante ans, dans le feu de l'Histoire, dépeint presque en direct l'Exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique des familles françaises de toutes sortes, des plus huppées aux plus modestes. Avec bonheur, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d'une population en déroute. On y découvre aussi en annexe un bouleversant échange de correspondances entre Albin Michel (le seul éditeur qui sera fidèle à Irène) et Michel Epstein, montrant comment ce dernier fit tout pour tenter de sauver sa femme, avant d'être lui-même arrêté et de périr dans les camps.

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  • Catégories : Balades, CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Des lieux, Mes Avent et NOEL

    Balade du dimanche:Saint-Barthélémy de Vals

    cromelech.gifCromlech "Les Roches qui dansent" à Saint-Barthélémy-de-Vals 

    Site classé. 
    Curiosités géologiques naturelles dans lesquelles certains croient voir un lieu de culte druidique. " Les Roches qui dansent " sont un haut lieu magique : 51 gros blocs de grès très dur dont certains possèdent des symboles gravés étranges. De plus ces roches sont placées de façon quasi géométrique. 
    Ce site insolite n’a cessé de susciter l’attention des scientifiques mais il reste encore aujourd’hui complètement énigmatique. La tradition veut qu’au douzième coup de minuit la nuit de Noël, les roches se mettent à danser. 

    cromlech.gifhttp://www.saintvallier.com/article40.html

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  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, Les polars, Mes Avent et NOEL

    Dans ma lecture du "Sang des innocents" de Martha Grimmes

    l'attrape coeurs.jpgpage 280:"Cody, vous êtes un vrai Holden Caufield"

    Héros adolescent du roman de J.D.Salinger, "L'attrape-coeur."

    Nous sommes en 1949 dans une pension de la côte est américaine. Holden Caulfield pourrait être un adolescent américain tout ce qu'il y a de plus ordinaire : une famille qui lui tape sur le système, une scolarité chaotique... des problèmes d'adolescence ordinaires. Expulsé, Holden s'enfuit trois jours avant le début des vacances de Noël. Il prend le train pour New York et, ayant trop peur de la réaction de ses parents, s'installe dans un hôtel. 'L' attrape-coeurs' relate les trois jours durant lesquels ce jeune garçon est livré à lui-même. A chaque pas, à chaque rencontre, ne trouvant toujours pas les réponses à ses questions, ne comprenant pas le monde qui l'entoure, complètement paumé, il se rapproche un peu plus d'une crise qui nous guette finalement tous.

    Pour en savoir plus sur ce livre-culte:

    http://www.evene.fr/livres/livre/j-d-salinger-l-attrape-coeurs-10695.php

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  • Claude Joseph Vernet(que Nerval évoque dans le "Voyage en Orient")

    809141148.jpg


    Claude Joseph Vernet, né à Avignon le 14 août 1714 et mort à Paris le 3 décembre 1789, est un peintre, dessinateur et graveur français.
    Sommaire


    * 1 Biographie
    * 2 Œuvres
    * 3 Sa cote
    * 4 Bibliographie
    * 5 Peintres de marines inspirés par Vernet
    * 6 Galerie d'images


    Il est formé dans le Sud de la France. On lui donne comme maître Adrien Manglard. En 1734, Vernet part pour Rome pour y étudier le travail des précédents paysagistes et peintres de la marine comme Claude Gellée, dont on retrouve le style et les sujets dans les tableaux postérieurs de Vernet. Il admire également Poussin. Il crée cependant, à force de travail, son propre style.

    Il représente en général la nature en accordant beaucoup de place au ciel (les deux tiers du tableau) et les personnages et scènes de la vie quotidienne qui animent les lieux.

    En 1753, Le Marquis de Marigny, futur directeur des Bâtiments de Louis XV, lui commande 24 tableaux de Ports de France pour informer de la vie dans les ports, mais seuls quatorze tableaux seront réalisés de 1753 à 1762. Ces peintures sont de véritables témoignages de la vie dans les ports il y a 250 ans et font de lui un des plus grands peintres de la marine. Ils lui vaudront une reconnaissance de son vivant de la plupart des nobles les plus attachés à la marine, comme le comte Jean-Joseph de Laborde.

    Notons encore que son fils, Carle Vernet et son petit-fils Horace Vernet, seront également peintres.

    Œuvres

    * À Avignon la Fondation Calvet présente au Musée Calvet plusieurs de ses œuvres.
    * À Paris, le musée de la Marine présente, déposés par le musée du Louvre en 1943, treize tableaux de la série des 15 ports de France. Le Musée du Louvre expose de cette série L'entrée du port de Marseille et La ville et la rade de Toulon.

    Sa cote

    * En 1999, une paire Le Soir et Au clair de lune a été vendue pour l'équivalent de 1,98 million d'euros.
    * En 2003, une paire de tableaux : Un Calme et une Tempête (huiles sur toile, 114 x 163 cm, signées et datées de 1773, lot n° 65), ont été vendues chez Sotheby's à Londres le 10 juillet, pour 2 357 600 £
    * En 2007, le tableau Un port méditerranéen (huile sur toile, 64,9 x 80,8 cm, signée, lot 64), a été vendu à Londres chez Sotheby's le 4 juillet, pour 1 028 000 £.

    Bibliographie

    * Léon Lagrange, Joseph Vernet et la peinture au XVIIIe siècle, Paris, 1864 (deuxième édition). Les documents et pièces justificatives publiés sont des références essentielles.
    * Florence Ingersoll-Smouse, Joseph Vernet, Peintre de marine, Étude critique et catalogue raisonné..., Paris, 1926, deux volumes. Ouvrage ancien, mais indispensable.

    Peintres de marines inspirés par Vernet

    * Charles-François Grenier de Lacroix dit Lacroix de Marseille.
    * Jean Henry dit Henry d'Arles.
    * Alexandre Jean Noël

    Galerie d'images

    Vue de Naples avec le Vésuve (vers 1748).


    Source:WIKIPEDIA

  • Catégories : CE QUE J'AIME/QUI M'INTERESSE, La littérature, Mes Avent et NOEL

    A rebours, quand l’écrivain se relit

    Noro Rakotobe-D’Alberto

    La Relecture de l’œuvre par ses écrivains mêmes, Tome I, Tombeaux et testaments, Tome II, Se relire contre l’oubli ? XXe siècle, sous la direction de Mireille Hilsum, « Les cahiers de Marge » n° 2 et 3 Paris, Éditions Kimé, 2007, 240 et 272p.

    Les deux tomes de La Relecture de l’œuvre par ses écrivains mêmes dirigés par Mireille Hilsum rassemblent les vingt-neuf études issues d’une journée d’étude et d’un colloque organisés à l’université de Jean Moulin en 2005 et 2006. Le premier tome s’attache aux auteurs du XVIIIe à la première moitié du XXe siècle, de Rousseau à Robert Musil. Le second se consacre à la relecture liée spécifiquement à l’édition au XXe. Se relire pour un écrivain le renvoie au temps de la genèse de l’œuvre et l’oblige à se repositionner par rapport à ce qu’il fut, dans un contexte différent, en tenant compte de la réception de l’œuvre, de ce que lui-même est devenu. Le sujet concerne autant le rapport à soi ressaisi dans des temporalités différentes et que le rapport à autrui, lecteur et critique. Il pose la question de la création, de la fabrique littéraire tout autant à travers l’élaboration du péritexte, préface, notes, postfaces et autres lieux où l’auteur entre en dialogue, qu’à travers le remaniement d’un texte. C’est une activité hautement ambivalente qui oscille entre rejet, mélancolie et émerveillement, nostalgie.

    Le premier tome, Tombeaux et testaments, s’ouvre sur une introduction de Mireille Hilsum qui pose les enjeux de la relecture. Il regroupe quatorze articles organisés autour de quatre pôles : I. Vieillir, relire, II. La scène et le livre, III. Refaire / défaire, IV. Se relire ou non. Le second recueil, Se relire contre l’oubli ? XXe siècle comporte quinze articles également précédés d’une préface de Mireille Hilsum. Ce second opus, s’organise en trois parties dont le deuxième se subdivise en trois chapitres : I Relecture et édition, II Relecture et histoire littéraire, chapitre 1 : se souvenir ou non ?, chapitre 2 : relecture et création, chapitre 3 : l’âge des anonymes, III Relire la poésie.

    La relecture ressuscite le passé et ce retour provoque des réactions ambivalentes. Certains artistes y voient l’occasion, de redéfinir leur ethos d’écrivain ou leur idéologie. Laurent Mattiusi s’attache à la façon dont Nietzsche à travers le texte Ecce Homo, se pose comme un génie, placé sous le patronage de Dionysos, le dieu des Mystères. David Vrydaghs s’attache au cas d’Emergences-Résurgences d’Henri Michaux. Le poète revient sur la supériorité du peintre sur l’écrivain. La fonction cathartique de la peinture, plus adéquate pour parler de soi, est soulignée.

    Modifier ses positions est parfois nécessaire face à une évolution du contexte ou de soi. Pour Aude Déruelle, Balzac en réécrivant les Chouans superpose plusieurs versions qui rendent le texte ambigu sur le plan politique et axiologique. Le palimpseste oriente le texte in fine vers le légitimisme quand les textes antérieurs demeuraient plus indéchiffrables et reflétaient davantage « l’opacité des signes et l’errance du sens » (Tome I, p. 183) caractéristiques du contexte historique agité. Proust adopte une posture de circonstance dans Pastiches et mélanges selon Françoise Leriche. La priorité qui motive ce travail de mise en recueil de divers textes publiés pour les journaux et revues est à mettre en rapport avec les visées académiques de Proust. Ces textes dressent opportunément l’ethos d’un écrivain conservateur en phase avec la société de l’après-guerre. Pour Laurent Mattiusi, Michel Foucault manifeste l’évolution de sa pensée en supprimant dans la réédition la préface de l’Histoire de la folie. Sa pensée est désormais plus nietzschéenne. Il tient surtout à se poser non plus tant comme sujet que comme auteur qui refuse d’imposer une grille de lecture.

    Relire conduit donc à réactualiser d’anciennes postures, à recontextualiser un ancien soi. Cette opération s’opère entre renoncement, mélancolie et pragmatisme éditorial. Il s’agit d’aller à la rencontre d’un public dont la réception doit être prise en compte. Pour Bérengère Voisin, l’édition de New York des œuvres de Henry James constitue « une ultime tentative de séduction » (Tome II, p. 25) du lectorat. L’auteur s’implique de façon passionnelle dans la relecture de ses œuvres. Revenir en arrière, c’est se replonger dans le plaisir de la création. Mais la réédition est liée à une stratégie commerciale qui vise à réorganiser l’œuvre, permettre une réévaluation par le biais notamment du choix des photographies illustrant l’œuvre. Séduire à nouveau et même restaurer l’image de soi, c’est ce à quoi s’efforce Lamartine selon Aurélie Loiseleur. Le recueil des Méditations que le poète commente est mythifié en tant qu’entreprise de refondation de l’œuvre. Il faut se revaloriser face aux attaques, aux adversités littéraires, politiques. Crébillon relecteur d’Ah quel conte ! souhaite aussi, selon Régine Jomand-Baudry, restaurer un ethos auctorial écorné. Il s’attache en outre plus fondamentalement à renouveler le genre du conte qui devient le laboratoire d’expérimentations littéraires, inachèvement, intégration de formes hétérogènes, métadiscours…

    Le travail sur le style manifeste en effet l’évolution de l’écrivain. Flaubert relisant et réécrivant l’Éducation sentimentale réoriente le texte sur le plan esthétique davantage vers le modèle de Bouvard et Pécuchet que celui de Mme Bovary pour Stéphanie Dord – Crouslé. La parataxe notamment place le monde « sous le signe du hasard et de la discontinuité ». (Tome I, p. 201) Cioran qui dirige la traduction roumaine de Des Larmes et des Saints selon Nicolas Cavaillès épure le texte et le mène vers une esthétique plus classique que l’original.

    La relecture reste le moment privilégié d’établir un dialogue constant avec ses lecteurs. Le discours poursuit un but clairement apologétique pour un Rousseau vieillissant qui se partage, selon Michel O’Dea, entre méditation et combat infini pour se défendre contre les ennemis. Beaumarchais utilise ses préfaces comme des boucliers contre la critique et tente d’orienter la réception de ses textes. Pour Christelle Bahier-Porte, elles permettent, en outre, au dramaturge d’établir des mises au point théoriques sur le statut de l’auteur et sur le projet de rénovation d’un théâtre qui prend le roman comme horizon. Champfleury aussi redéfinit sa pratique en se relisant selon Gilles Bonnet. Il s’agit de se poser comme le « mimographe » (Tome I, p.88), l’ « inventeur de la pantomime réaliste, logique et vraisemblable » (Tome I, p.89). Andréas Pfersmann étudie les marges de Henri Matisse, Roman d’Aragon. Celles-ci, par le biais des notes notamment, permettent à Aragon de présenter Matisse à la fois comme personnage et « co-auteur ». (Tome II, p.61) L’écrivain rapporte les commentaires sur le texte que le peintre a pu livrer de son vivant. Ces remarques portent également sur Aragon lui-même. Ils proposent en outre une lecture de l’œuvre non linéaire.

    Le retour sur l’œuvre passée est donc orienté vers le lecteur ou vers sa propre pratique, vers soi. Jean-Louis Jeannelle étudie la façon dont divers écrivains tentent de se ressaisir à travers leurs Mémoires, d’Elie Wiesel à Simone de Beauvoir, de Régis Debray à André Malraux.La relecture peut en effet jouer le rôle d’un point de départ, d’un tremplin vers de nouvelles créations plus fécondes ou au contraire celui d’une origine fantasmée qui échappe à jamais. Pour Philippe Jaccottet, le poème fini, lié à une émotion particulière est rejeté dans une étrangeté intrinsèque. Lionel Verdier souligne que pour le poète, relire relève d’une quête impossible d’un centre qui se dérobe. Les Écrits minuscules de Pierre Michon, selon Laurent Demanze, témoignent également de la frustration qu’entraîne l’entreprise de relecture en ce sens que le récit premier, mythifié, fétichisé et pétrifié reste la « ligne asymptotique » vers laquelle tendre indéfiniment. La répétition échoue, elle ne peut devenir une reprise satisfaisante. Françoise Genevray souligne que lorsque Georges Sand se relit, ce n’est pas tant pour commenter l’œuvre passée que pour se projeter dans l’œuvre à venir. L’oubli est préférable à un mouvement de rétrospection qui briserait l’élan créateur. « Eviter de relire », ce serait « donner une chance à Corambé1 de revenir » (Tome I, p. 196).

    D’autres auteurs en revanche, se relisent pour faire avancer la création, réagencer la matière narrative, faire surgir d’autres possibles narratifs. Goethe, auquel s’intéresse Martin Raether, retravaille inlassablement les motifs aquatiques qui lui permettent de juguler de façon cathartique ses tendances destructrices. Jean Giono d’Angelo au Hussard sur le toit, revient sur ses méthodes de travail selon Alain Schaffner. Il remanie la matière narrative tout en l’enrichissant de nouveaux épisodes. Dans le cas de Diderot auquel s’intéresse à nouveau Michel O’Dea, revenir sur l’œuvre écrite permet essentiellement de reprendre des textes antérieurs. Le Rêve de d’Alembert doit être reconstitué d’après des bouts de manuscrits retrouvés. La Lettre sur les aveugles permet de marquer l’évolution de la pensée par une mise à distance partielle. La Religieuse est à la fois remanié et doté d’une préface importante sur le plan théorique puisqu’y est abordé la question de l’illusion romanesque. André du Bouchet réagence également des textes antérieurs dans le recueil L’Ajour. Ce travail d’  « ajourage », véritable travail plastique pour Anne Malaprade « rétablit la lumière dans « l’obscurité des pré-textes sans pour autant résoudre l’énigme du réel » (Tome II, p. 215). L’accent est mis sur la matérialité d’un texte « assoiffé de ruptures » qui tente de faire circuler « ce dont l’être humain manque : l’air, le vent, le souffle. » (Tome II, p. 217)

    Réécrire les textes s’opère parfois de façon plus radicale par des réorientations génériques ou la mise en place d’expérimentations littéraires. Jean-Marie Seillan revient sur les trois états du texte de Zola, L’Attaque du moulin. Les transformations génériques font passer le texte de la relation d’une simple anecdote historique à un quasi manifeste et pour finir à un livret d’opéra. Les changements de statut s’accompagnent du passage du naturalisme au lyrisme. La réception polémique de son roman contre la guerre d’Algérie qui actualise la notion originale de « sensure » (Tome II, p. 133), (« [dénaturer] les mots en vouant un culte à l’information quantitative qui dévalue le langage et véhicule un savoir vidé de toute substance critique (Tome II, p. 133)) pousse Bernard Noël à transformer Le Château de Cène en pièce de théâtre. Mais le réel, le procès, s’invitent dans les marges du texte selon Anne Malaprade.

    La relecture qui oscille entre création et déconstruction, oubli et célébration nostalgique se joue fondamentalement entre clôture et inachèvement, morcellement et totalisation, élaboration de l’œuvre monument. Olivier Catel assimile la composition de la Vie de Rancé à une « esthétique de la mosaïque » (Tome I, p. 137). Chateaubriand dans une œuvre plus autobiographique que réellement biographique peut enfin mettre en œuvre ce qu’il admire tant dans les beaux-arts, le « sublime de la religion » (Tome 1, p. 150). Le texte met le point d’orgue à la création par l’auteur de sa cathédrale littéraire, en revenant à travers l’autocitation et l’intratextualité sur le reste de l’œuvre monumentale.

    Florence Godeau pose la question de la modernité à travers celle de l’ouverture de l’œuvre, de son inachèvement à travers Marcel Proust et Robert Musil  La critique rappelle le débat qui oppose les critiques proustiens sur l’achèvement ou non de l’œuvre. Jean-Yves Tadié souligne l’achèvement fondamental d’une « œuvre cathédrale » (Tome I, p. 218) conçue comme un tout. D’autres critiques soulignent la relecture et les corrections incessantes auxquels se livraient l’auteur de la Recherche. L’impossibilité de revenir sur les trois derniers romans publiés de façon posthume inscrit l’œuvre dans l’inachèvement. Pour Musil, la question se pose autrement, s’il corrige également ses textes d’une façon inlassable, en butte à des circonstances extérieures qui l’oblige à échelonner la publication de ses textes, en revanche, il porte le projet d’un livre intrinsèquement ouvert, un « Livre-mobile, dont les feuillets auraient pu être lus de manière plus ou moins aléatoire ». (Tome I, p. 225) Pour Roland Barthes, la question éminemment moderne de l’inachèvement se pose aussi. Laurent Demanze s’intéresse au retour incessant sur soi d’un sujet mélancolique. La relecture permet de fictionnaliser le sujet. Différents masques se mettent en place et permettent de le morceler.

    Le dernier mot est laissé au poète Esther Tellerman qui revient sur sa propre pratique et assimile la relecture à une zone vide « entre-deux-morts » (Tome II, p. 253). C’est un moment qui se situe entre fécondité et dépossession. Il est mélancolique et heureux à la fois.

    Publié sur Acta le 21 janvier 2008
    Notes :
    1 Voir pour cette figure de Corambé l’étude de Pierre Laforgue, Corambé. Identité et fiction de soi chez George Sand, Paris, Kliencksieck, 2003.
  • Denis Westhoff:«Ma mère n'était pas paresseuse»

    par Jérôme Dupuis
    Lire, février 2008

     Il est le fils unique de Françoise Sagan. Ce photographe de 45 ans gère aujourd'hui l'oeuvre - et les dettes colossales - que lui a léguée sa mère. Il raconte de l'intérieur et sans langue de bois la vie quotidienne de l'auteur de Bonjour tristesse. Du faste des sixties à la ruine des dernières années.

    Quelles sont les premières images que vous gardez de votre mère?

    Denis westhoff Lorsque je suis né, en 1962, ma mère était au faîte de sa gloire. A la maison, elle recevait en permanence la visite d'éditeurs, d'agents, d'amis, aimantés par sa gentillesse, son intelligence et sa disponibilité. Nous n'avions pas du tout les mêmes horaires. Comme elle se couchait très tard et écrivait la nuit, elle dormait le matin. Je n'ai donc jamais pris mon petit déjeuner avec elle. Nous avions du personnel qui m'amenait à l'école et me préparait mes repas. L'été, nous partions ensemble en Normandie et dans le Lot.

    Qui était exactement votre père, Bob Westhoff?

    D.w. Il était l'avant-dernier d'une famille de onze enfants qui vivait à Minneapolis. Pour échapper au carcan familial, il s'est engagé à 16 ans dans l'armée de l'air, en falsifiant ses papiers. Il a été affecté au Texas puis au Japon, avant de devenir instructeur en Indochine. Il a été évacué juste avant Dien Bien Phu et s'est retrouvé sur une base lugubre en Alaska. Je crois que c'est là qu'il a commencé à boire. Comme il était très bel homme, il est ensuite devenu mannequin sur le paquebot France. Arrivé à Paris, il a accompagné des amis en lune de miel au manoir normand de ma mère. Ce fut un coup de foudre. Ma mère étant enceinte de moi, ils ont décidé de se marier. Et ont divorcé après ma naissance, ma mère ne supportant pas l'idée d'avoir une bague au doigt. Ce qui ne les a pas empêchés de vivre ensemble encore six ans, avant de se séparer vraiment...

    Quelle vie avez-vous alors menée avec votre mère?

    D.w. C'était une existence très fastueuse. Je me souviens, dans l'appartement de la rue Guynemer, face au Luxembourg, de réceptions avec 150 personnes. Je croisais Orson Welles, Ava Gardner ou Georges Pompidou, qui venait régulièrement. Des maîtres d'hôtel servaient champagne et caviar. Ma mère avait horreur de la solitude et, dans tous les appartements que nous avons eus, il y avait une chambre pour son ami, l'écrivain Bernard Frank. Elle a aussi recueilli pendant un temps Françoise Jeanmaire, une Sud-Africaine ravissante et tourmentée, croisée chez Régine. Pendant les vacances, nous allions au manoir du Breuil, près de Honfleur, acheté un matin grâce à ses gains de la nuit au casino. Je me souviens d'après-midi d'été entiers où je jouais dans le jardin, pendant que le cliquetis de sa machine à écrire retentissait dans sa chambre verte. Elle ruisselait de sueur... Plus tard, elle a écrit au feutre Tempo sur des cahiers Clairefontaine; et, à la fin de sa vie, minée par ses soucis de santé, elle dictait ses livres à sa secrétaire ou les enregistrait sur un petit magnétophone. Contrairement à l'image que l'on a d'elle, ma mère n'était pas paresseuse. Elle avait besoin d'être «fouettée» par un éditeur pour s'y mettre. Mais alors, elle était très rigoureuse, s'imposait des horaires et s'isolait loin des invités et du téléphone.

    Pourquoi a-t-elle si souvent changé d'éditeurs?

    D.w. Après Julliard, qui l'a publiée jusqu'en 1968, elle est passée chez Flammarion. Mais, persuadée d'avoir découvert des anomalies dans ses comptes d'auteur, elle a fini par se fâcher avec Henri Flammarion. La séparation fut violente. Conseillée par un agent, elle a ensuite navigué entre plusieurs éditeurs, au gré de ses besoins d'argent, avant de se fixer chez Plon.

    Il est vrai que ses rapports à l'argent n'étaient pas simples...

    D.w. Il ne fallait surtout pas laisser un chéquier entre ses mains! Ma mère a gagné énormément d'argent. Elle était la seule, avec Malraux, à percevoir 20% de droits sur ses livres. Mais elle avait un immense train de vie. Du coup, Flammarion réglait directement ses impôts. Ensuite, son argent était géré par une banquière de chez Rothschild, Marylène Detcherry. C'est cette femme qui encaissait l'argent, payait le personnel, réglait le loyer de nos appartements, etc. Lorsque ma mère avait besoin de liquidités, un coursier venait lui apporter son «argent de poche»... Les problèmes sont arrivés lorsque ma mère a quitté Flammarion et que sa «banquière» n'a plus travaillé pour elle. On lui a alors redonné un chéquier...

    Sa légende tient aussi à son goût de la vitesse...

    D.w. Ma mère conduisait vite et bien, un peu à la manière d'un ambulancier, sans à-coups. Elle n'a eu que deux accidents dans sa vie: l'un en 1957, au volant de son Aston Martin, et l'autre avec sa Maserati, à cause d'une flaque d'huile sur la route. Elle a même failli courir la fameuse course italienne, le «mille miles». Grâce à son ami, Enzo Ferrari, elle avait fait des essais sur le circuit de Maranello. Mais la course a été annulée cette année-là. Bien sûr, à la toute fin de sa vie, elle était moins maître de ses réflexes, sa vue était moins bonne, et je prenais parfois le volant.

    Qui étaient les gens qui l'impressionnaient?

    D.w. Elle admirait les gens plus rapides qu'elle, les grandes intelligences. Elle avait une vraie complicité avec Sartre, qu'elle invitait à déjeuner à la Closerie des Lilas. Je me souviens que parmi les livres qu'elle m'a conseillés, outre La chartreuse de Parme et Le choix de Sophie, il y avait Les mots. François Mitterrand l'impressionnait aussi beaucoup. Il y avait entre eux un grand respect, fondé sur des valeurs communes, en particulier la liberté. Il venait régulièrement manger chez nous, rue du Cherche-Midi. D'ailleurs, un beau jour, ma mère, qui avait une éducation bourgeoise, a décidé que je devais faire mon service militaire pour connaître la «vraie vie»; elle a appelé directement Charles Hernu, ministre de la Défense de Mitterrand, pour accélérer mon départ à l'armée...

    Les récents livres d'Annick Geille (Un amour de Sagan, Pauvert) et de Marie-Dominique Lelièvre (Sagan à toute allure, Denoël) ont révélé un certain nombre des relations homosexuelles de votre mère. Le saviez-vous?

    D.w. Au risque de paraître naïf, je ne m'en étais pas rendu compte, même si je savais que la relation avec son amie styliste Peggy Roche était particulière. Je connaissais Annick Geille, bien sûr, mais c'est en lisant son livre, il y a deux mois, que j'ai appris qu'elle avait été l'amante de ma mère! Vous savez, comme beaucoup d'enfants sans doute, je ne m'intéressais pas à la vie sexuelle de ma mère...

    Comment se sont passées les dernières années?

    D.w. Ma mère n'avait plus vraiment d'appartement à elle et son état de santé s'est dégradé. Elle éprouvait des difficultés à écrire. Surtout, elle était minée par ses problèmes d'argent. Suite à des retards d'impôts et à sa condamnation dans l'affaire Elf, cent pour cent de ce qu'elle gagnait était saisi, y compris une petite pension de quelques centaines d'euros. Elle qui aimait tant la liberté supportait mal d'être dépendante d'une amie, qui l'hébergeait avenue Foch. Il y avait bien eu une petite lueur d'espoir, au printemps 2004, lorsque le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, alerté par sa situation, avait envoyé un émissaire en Normandie pour essayer de trouver une solution. Elle devait le revoir à l'automne. Mais ma mère s'est éteinte pendant l'été...

    Que vous a-t-elle laissé en héritage?

    D.w. Un million d'euros de dettes! Et pas un seul manuscrit, car elle avait coutume de les offrir. Je suis son fils unique et j'aurais pu refuser la succession, mais l'idée que les droits sur son oeuvre allaient être vendus aux enchères par l'Etat m'était insupportable. J'ai donc décidé d'accepter la dette et la gestion future de son oeuvre.

    Où en êtes-vous aujourd'hui?

    D.w. Avec mon avocat, Me Jean Aittouares, nous avons rencontré les services de Donnedieu de Vabres, puis ceux de Thierry Breton, à Bercy, à l'automne 2005. Comme aucune solution ne se dessinait, j'ai finalement écrit à Nicolas Sarkozy, début 2006. Il m'a répondu par un petit mot chaleureux. Du coup, après son élection à la présidence de la République, je lui ai de nouveau écrit et il m'a dirigé vers Eric Woerth, au ministère du Budget. Nous avons entamé les négociations et proposé un échéancier, pour étaler les remboursements. Nous sommes en effet confrontés à un cercle vicieux, dans la mesure où nous sommes évidemment imposés sur les droits générés aujourd'hui. Nous attendons une réponse de Bercy courant février.

    A combien se monte la dette aujourd'hui?

    D.w. Nous avons commencé à combler le passif. Mais nous devons encore en être aux alentours de 600 000 euros. Peut-être le projet d'adaptation de Bonjour tristesse par Hollywood, en discussion actuellement, pourrait-il contribuer à assainir la situation. Ensuite, je m'attellerai au plus important: que l'oeuvre de ma mère soit enfin disponible en librairie...

    Propos recueillis par Jérôme Dupuis

    http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=52061/idR=200

  • Sagan: une biographie à vitesse grand V

    par Tristan Savin
    Lire, février 2008

    Journaliste à Libération, Marie-Dominique Lelièvre s'est fait une spécialité des portraits «pleine page», titre du recueil de ses meilleurs articles. On attendait avec impatience sa biographie de Sagan, annoncée comme un petit événement, trois ans après la disparition de l'auteur de Bonjour tristesse. Selon l'alléchante quatrième de couverture, notre consoeur a rencontré les intimes de l'écrivain, ses médecins, ses secrétaires, sa gouvernante, sa banquière. Elle a mené trois ans d'enquête. Ne manquent, parmi les témoins clés, que Juliette Gréco, Véronique Campion (amie d'enfance de Sagan) et Denis Westhoff, le fils unique de l'écrivain et son ayant droit, qui certifie l'avoir seulement croisée il y a une dizaine d'années.

    Marie-Dominique Lelièvre cite abondamment Florence Malraux (personnage capital), à qui elle dédicace Sagan à toute allure. Se mettant elle-même en scène dans son «voyage au pays de Sagan», riche en anecdotes, la portraitiste boit du thé au Meurice avec «une femme dont les illustres gènes sont stockés au Panthéon». Marie-Dominique Lelièvre pousse loin l'identification avec son sujet: elle couche dans le lit de Sagan et porte son cachemire Bompard pour mieux la raconter. Elle insiste sur ses addictions multiples, avec un luxe de détails - pas un centime ne manque.

    Elle est surtout crédible et passionnante quand elle tente de comprendre les blessures de son héroïne. Elle dresse un portrait sans complaisance. Comme si l'intention était de susciter un parfum de scandale... La biographe se fait humble, en revanche, lorsqu'il est question d'analyser les textes de l'écrivain avec finesse.


    Sagan à toute allure

    Marie-Dominique Lelièvre
    DENOEL
    354 pages.
    Prix : 20 € / 131,19 FF.

    http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=52059/idR=200

  • Françoise Sagan: dernières révélations

    f3b65e6ab24976758904b117880bffe5.jpgpar Tristan Savin
    Lire, février 2008

     Trois ans après sa disparition, le «charmant petit monstre» fait de nouveau l'actualité, à travers un film de Diane Kurys dont la sortie en salle est prévue au printemps, l'adaptation par Florian Zeller de Château en Suède pour la télévision et plusieurs ouvrages. Le purgatoire n'aura pas été long. Sauf de son vivant: vingt ans de souffrances et d'oubli en librairie, après vingt ans de succès mondial. Lire a mené l'enquête pour faire la lumière sur un écrivain dont la vie flamboyante ne doit pas occulter l'oeuvre.

    "Je ner pas beacou de chose à te dire parce que jan é pas beaucou invanté dans ma tête ma chère maman.» Ce mot d'enfant de cinq ans pourrait résumer à lui seul Françoise Sagan: franche mais portée sur le mensonge, espiègle, peu diserte quand il est question de parler de soi. On peut aussi y voir la définition - précoce - d'un écrivain. Françoise est née Quoirez, dans le Lot, en juin 1935. Son père, ingénieur, dirige une compagnie d'électricité. Sa mère, frivole, toujours gaie, laisse à sa gouvernante les tâches domestiques et l'éducation des enfants. L'éditeur Jean Grouet fit la connaisance de Sagan à ses débuts, avant de devenir son secrétaire: «Elle aimait beaucoup ses parents. Elle habitait encore chez eux trois ans après le succès de Bonjour tristesse. Son père était insupportable, un peu hussard, Françoise le trouvait très drôle. Sa mère était exquise... mais un peu réac.» Ils avaient des principes bourgeois, rapporte aujourd'hui Denis Westhoff, le fils unique de Sagan (voir l'entretien page 32): «On ne prononçait pas de gros mots, on ne devait pas dire du mal de quelqu'un. A table, il était interdit de parler de politique, de religion ou d'argent.»

    Françoise n'est pas seulement la petite dernière des trois enfants Quoirez. Sa naissance, miraculeuse aux yeux de ses parents, survient après la perte d'un bébé. Du coup, père et mère lui passent tous ses caprices. Sa soeur Suzanne confie à la biographe Marie-Dominique Lelièvre: «Elle était une enfant pourrie-gâtée. Toute sa vie, elle a joui d'une totale impunité.» A neuf ans, elle peut conduire la voiture de son père. La secrétaire de monsieur Quoirez doit lui apprendre à taper à la machine. L'écriture, la vitesse. La légende commence à germer. Sa mère racontera plus tard à son petit-fils, Denis: «A deux ans, elle s'emparait d'un livre pour essayer de le lire. Mais elle ne le tenait pas dans le bons sens. Très tôt, elle a inventé des contes de fées et s'est mise à écrire un roman de chevalerie, en vers. Elle pouvait citer Le Cid par coeur.» La petite princesse adore amuser ses proches avec ses jeux de mots. Paradoxe, pour une intellectuelle: c'est aussi un garçon manqué, un meneur de bande. Adulte, gâtée par le succès, elle restera un Petit Poucet androgyne, qui sème des trous de cigarettes partout sur son passage.

    Ses meilleurs amis, qui constitueront sa garde rapprochée toute sa vie, ont pour nom Florence Malraux et Bernard Frank. Même âge, mêmes origines bourgeoises, même amour des livres. A cette différence près: ils sont juifs. La lucidité, face aux horreurs du monde, aux mensonges des adultes, les rapproche tous les trois. «J'avais tout compris à douze ans», déclarera Bernard Frank. Françoise aussi. Mais elle semble taraudée par la culpabilité: «Elle disait que son père avait été résistant, ce qui n'était pas vrai. Elle m'en a toujours voulu de l'avoir démentie à ce sujet au cours d'un dîner», rapporte Jean Grouet. Avant de lâcher, dans un sourire complice: «Elle était menteuse.» Sur ce point, la honte est légitime: la fillette imaginative resta hantée toute sa vie par la découverte des camps de la mort, à travers un film d'actualité projeté dans un cinéma quand elle avait dix ans. Comment ne pas faire le rapprochement avec le début de l'occupation allemande lorsqu'elle avait cinq ans? Comment composer avec une famille qu'elle perçoit comme banalement antisémite?

    Expulsée du couvent des Oiseaux pour «dégoût de l'effort», la jeune fille extralucide au visage de musaraigne fuira à sa manière un milieu trop rigide. D'abord en séchant les cours de la Sorbonne, à la rentrée 1953. Et en écrivant, sous Maxiton, son premier roman, en partie inspiré par Gatsby le magnifique. Puis en changeant de patronyme. «Tu ne mets pas mon nom sur ton livre», lui aurait dit son père. Elle en choisit un dans A la recherche du temps perdu. Et brouille déjà les pistes: s'identifie-t-elle au dandy Boson de Talleyrand-Périgord, prince de Sagan? Ou à la princesse de Sagan?

    La femme pressée
    En 1954, François Nourissier était lecteur chez Denoël. Il reçoit le manuscrit de Bonjour tristesse mais ne l'ouvre pas. Quelques jours plus tard, il finit par le lire sur les conseils d'une amie. Trop tard. Sagan vient de signer chez Julliard. Elle a demandé 25 000 francs, au hasard, mais René Julliard lui en a offert le double. L'éditeur a flairé en elle un nouveau Raymond Radiguet, qui avait fait la fortune de la maison. Rien n'est laissé au hasard: le bandeau du livre, sorti le 15 mars 1954, porte la mention «Le diable au coeur». Le succès est immédiat, grâce au prix des Critiques. Parmi les jurés: Georges Bataille, Marcel Arland, Maurice Nadeau, Jean Paulhan et Roger Caillois. La lauréate est trop jeune, 19 ans, pour toucher le chèque de 100 000 francs. Qu'à cela ne tienne, on les lui verse en espèces.

    Une semaine plus tard, le Prix Nobel de littérature, François Mauriac, évoque dans sa chronique du Figaro la «férocité lucide» de la «terrible petite fille», dont le talent littéraire «n'est pas discutable». L'autre consécration vient du clan des Hussards, quand Jacques Chardonne écrit à Roger Nimier: «Cette jeune fille est de bonne famille. La famille des grands écrivains.» La presse grand public s'empare du phénomène. Le Vatican met à l'index ce «poison qui doit être tenu à l'écart des lèvres de la jeunesse». Le scandale fait vendre: en un an, 500 000 exemplaires vont partir. Michel Déon, reporter à Paris Match, visite le prodige en vacances - et tombe amoureux. Premier «écrivain people», Sagan lance la mode Saint-Tropez avec Juliette Gréco, avant Brigitte Bardot. Elle passe ses nuits chez Régine, s'affiche avec Trintignant, se lie avec Jacques Chazot, Jules Dassin. Otto Preminger adapte son roman au cinéma.

    Etait-ce la bonne vivante que l'on a dit? Jean Grouet se souvient des fameux repas de la bande à Sagan: «Elle se foutait complètement de manger et demandait toujours l'avis de Bernard Frank pour le vin. Elle était habile pour conduire, pas pour cuisiner.» Ses bolides symbolisent son mode de vie et contribuent à fixer la légende: Jaguar X/440, Mercedes, Gordini, Ferrari 250 GT achetée grâce au succès de La chamade. Mais - à l'instar de Roger Nimier - c'est avec une Aston Martin qu'elle a son accident, en 1957. Coma, fractures du crâne, du bassin, du thorax... Une rescapée. «Rien ne paraît désespérément souhaitable que l'imprudence», écrivait-elle un an plus tôt dans Un certain sourire. Le rapprochement avec La fureur de vivre est facile. Mais l'écrivain a pris James Dean de vitesse: son succès le devance d'un an. «Sans Sagan, la vie serait mortelle d'ennui», écrit Bernard Frank.

    Dans l'existence de Françoise Sagan, la drogue a très tôt côtoyé l'ivresse de la vitesse. Elle en est aussi la conséquence. A la clinique, pour calmer ses douleurs, on lui a administré de la morphine, des mois durant. Après une première cure de désintoxication, elle se met à boire. «Je suis une bête qui épie une autre bête, au fond de moi», note-t-elle dans Toxique. Elle confiera à son ami Massimo Gargia avoir continué à se droguer à cause du succès: «La curiosité de la presse l'a écrasée. La drogue lui donnait du courage. Elle était timide, à ses débuts», précise Gargia. Celle qui incarnait la femme libre de l'après-guerre est devenue dépendante.

    L'adrénaline lui sert de moteur. Le jour de ses vingt et un ans, elle découvre le jeu. L'impassibilité vitale du joueur lui convient: il faut dissimuler ses sentiments. Elle en abuse au point de se faire interdire de casino en France. «J'ai une vision très romanesque de ma ruine éventuelle», confie-t-elle à Télérama. Son chiffre fétiche: le huit. Après avoir tout misé sur lui, en 1958, elle gagne 80 000 francs en une nuit. A huit heures du matin, elle achète ainsi le manoir du Breuil, à Equemauville, près de Honfleur. Elle vit d'excès, y compris dans le travail, devient dramaturge (Roger Vadim adaptera Château en Suède), critique cinéma à L'Express, joue les figurantes aux côtés d'Ingrid Bergman et d'Yves Montand dans l'adaptation d'Aimez-vous Brahms..., écrit le scénario de Landru pour Claude Chabrol. Sagan cherche les émotions fortes, elle les aura toutes. En 1961, elle signe le manifeste des 121, approuvant l'insoumission des appelés en Algérie (voir l'encadré page 24). Peu après, l'immeuble de ses parents, boulevard Malesherbes, est plastiqué. Denis Westhoff se souvient du témoignage de son grand-père: «Il avait aperçu un étrange paquet dans le hall. Il le laisse, monte chez lui. Juste après avoir fermé la porte de l'appartement, il entend une explosion. Tous les carreaux de l'immeuble ont volé en éclats. Ce jour-là, ma mère s'était absentée...» Rescapée, à nouveau.

    L'insupportable solitude
    Ses frasques amoureuses, également menées tambour battant, défraient la chronique, de son idylle avec l'homme d'affaires Pierre Bergé à son projet de mariage avec le play-boy italien Massimo Gargia. «Je l'ai rencontrée en 1965, se souvient ce dernier. Coup de foudre. Elle était très jolie, très gentille. Elle voulait s'amuser avec moi. On ne parlait surtout pas de littérature! Elle voulait oublier ses problèmes...» Elle a aussi du goût pour les femmes. En 1955, Florence Malraux organise une rencontre avec Juliette Gréco. L'égérie de Saint-Germain-des-Prés chante déjà Prévert, Queneau et Sartre. Sagan lui écrit quatre chansons, dont Sans vous aimer, première déclaration chantée d'anamour, dix ans avant Serge Gainsbourg. C'est aussi le titre d'un livre de Michaël Delmar (voir l'extrait p. 37) consacré à la rencontre de la chanteuse avec l'auteur de La femme fardée. «Nous étions deux jeunes femmes insouciantes et nous aimions l'amour. Nous le faisions souvent et pas toujours avec le même partenaire», y déclare Juliette Gréco. «Françoise a toujours eu dans le privé ce mélange de gravité innée et d'humour acide. On a immédiatement trouvé un langage commun et partagé une complicité d'enfants.»

    L'écrivain lui offre un tigre en peluche. «Je l'ai gardé longtemps, jusqu'à ce que les mites le dévorent.» Delmar a fréquenté l'entourage de Sagan pendant vingt ans: «Je ne l'ai pas connue autrement que lesbienne. Elle a longtemps vécu avec la styliste Peggy Roche, qui ressemblait à Juliette. C'est frappant. Sagan ne le reconnaissait pas facilement, elle n'aborde pas non plus la question des rapports féminins dans ses romans, contrairement à Colette. Pour elle, c'était honteux.» Prêche-t-il pour sa paroisse? Massimo Gargia dément: «Elle a eu beaucoup d'hommes. Elle a même eu une histoire avec Delon. Ce n'était pas une lesbienne, contrairement à Garbo, qui ne supportait pas l'organe masculin. Françoise était très portée sur le sexe, très active, avec beaucoup d'imagination. Elle m'emmenait dans les hôtels de passe. Toutes les expériences l'amusaient. Elle voulait même faire du parachute...» On s'est longtemps interrogé sur la nature de la relation entre Françoise Sagan et l'écrivain Bernard Frank, qui a presque toujours logé chez elle. Le mieux placé pour répondre est sans doute son ami Jean Grouet, qui l'a soigné jusqu'à sa disparition en 2006: «Bernard était pudique, il ne m'en parlait pas mais je suis certain qu'il ne s'est jamais rien passé entre eux. Ils n'étaient pas le genre l'un de l'autre. Ils s'engueulaient souvent mais s'adoraient. Pour ma part, Sagan a été la femme de ma vie, de manière spirituelle. Le jour où je lui ai juré que je ne coucherai jamais avec elle, elle m'a montré la porte...» Quand ils ont fait connaissance, Grouet assistait Vadim sur le tournage d'un film avec Bardot. Françoise travaillait avec le réalisateur à un projet de ballet, Rendez-vous manqué. «Elle m'a dit: "Vous connaissez la danse? Moi non plus. On va faire semblant." Elle voulait Picasso pour le décor. Mais gratuitement. J'ai réussi à le joindre et il a refusé. Elle a finalement pris Bernard Buffet.»

    Capricieuse, Sagan s'avère également une séductrice manipulatrice, parfois perverse. Annick Geille (voir ci-contre), séduite par son «allure de garçonnet avec sa chemise de cow-boy et son ceinturon de cuir», en fera les frais. Françoise est infidèle, elle ne peut jamais se passer de compagnie. Michaël Delmar, que Sagan avait interrogé sur l'influence des astres, rappelle qu'elle est née le même jour que Sartre, à trente ans d'écart: «Ils sont Gémeaux, donc très joueurs. Elle est dans la duplicité, elle se masque, reste fuyante.» La franchise de ses textes parle pour elle. L'amour? C'est comme l'argent: «Il se dépense. Et plus tard, il se pense.» Après avoir analysé l'un de ses livres, Romain Gary écrira: «Françoise est complètement dépourvue de culpabilité.1»

    Coup de théâtre: un beau jour, Sagan épouse l'éditeur Guy Schoeller, plus âgé mais réputé grand séducteur. Explication de Massimo Gargia: «Il la protégeait, comme un père.» Schoeller dira plus tard au biographe Jean-Claude Lamy: «On n'a jamais pu la prendre en flagrant délit de bêtise.» Leur entente est brève, un homme d'affaires ne peut pas suivre sa femme au casino... L'espiègle Lili (le mot est de Sartre) se marie en 1962 à un beau sculpteur américain. Jean Grouet l'a fréquenté à l'époque: «Bob Westhoff était homosexuel. Il a vécu avec François Gibault, le biographe de Céline. Françoise s'est retrouvée enceinte de lui, il lui fallait se marier vite. C'était un bon père. Mais il est mort à cause de l'alcool.»

    Ancien soldat, acteur puis mannequin, ce personnage de roman fut, aussi, l'un des traducteurs de Sagan en langue anglaise. De leur union naquit un fils, Denis. «Elle voulait vraiment cet enfant, elle n'aurait pas pu vivre sans en faire un,» estime Massimo Gargia. Modeste, sensible et courtois, l'enfant a aujourd'hui 45 ans et ressemble à sa mère, surtout quand il sourit. Il conserve le souvenir d'une femme toujours présente: «Elle savait en permanence où j'étais. Elle s'inquiétait pour moi.» Irresponsable pour elle-même, elle ne l'était pas avec lui et l'éleva selon ses principes: «Quand elle a réalisé que je traînais un peu trop dans les bars, elle a tenu à ce que je fasse mon service militaire.» Sans omettre une bonne instruction: «Elle m'a fait lire ses romans préférés, en commençant par La chartreuse de Parme. A la maison, il y avait des livres partout.»

    L'écriture, malgré tout
    La légende de la «mademoiselle Chanel de la littérature», comme l'a surnommée Frank, a souvent occulté l'oeuvre, pourtant placée dès les débuts sous les auspices de Proust et de Stendhal. Bertrand Poirot-Delpech l'avait rappelé: Sagan est d'abord, et surtout, un écrivain. Et ses livres n'ont pas vieilli, soulignait dans Lire en 2004 notre regretté confrère Jean-Jacques Brochier. Réputée oisive, Sagan publia un livre tous les dix-huit mois - sans compter les scénarios, les poèmes, les chansons. On ne la voyait pas écrire car elle remplissait ses cahiers Clairefontaine la nuit. A partir de 1970, elle dicte ses textes et n'hésite pas à convoquer sa secrétaire à quatre heures du matin. Laure Adler se souvient de ses débuts aux côtés de l'éditeur Christian Bourgois, en 1991: «J'ai travaillé avec Sagan sur son roman La laisse. Elle était très demandeuse, aimait être lue, discutée, corrigée. Pour elle, les critiques étaient nécessaires, vitales. La forme littéraire n'était pas le fruit du deuxième ou du troisième jet mais de ce work in progress, ce chantier en construction. Elle réécrivait beaucoup, redemandait des relectures et corrigeait encore au moment où le texte partait à l'impression. On avait une impression de grande incertitude, d'humilité. En fait, c'était une petite fille. Perdue.» Le genre de femme qu'on a envie de protéger, tellement elle semble s'excuser de sa gloire. Le phénomène Sagan? «Il s'agit avant tout d'un phénomène sociologique», répondait l'intéressée. Pourtant, elle intimidait Simone de Beauvoir. A cause de l'acuité de son regard, peut-être... «Rien ne lui échappait. J'avais l'impression qu'elle percevait tout», se souvient Annick Geille. Sagan aurait même fait la conquête d'Ava Gardner, révèle Marie-Dominique Lelièvre: «Par la force de l'esprit, elle avait séduit une des plus belles femmes du monde.»

    L'intelligence revient sans cesse à son propos. La définition qu'elle en donnait dans Répliques, le recueil d'entretiens édité par Grouet, est celle du coeur: «Avec de l'imagination, on se met à la place des autres, et alors on les comprend, donc on les respecte. L'intelligence, c'est, d'abord, comprendre au sens latin du terme.» Elle applique elle-même ce principe, atteste Laure Adler: «Elle avait un rapport simple, modeste et direct avec les gens. Elle se mettait à égalité avec vous. Même si vous n'étiez rien.» Annick Geille nuance: «Elle avait un tel souci de ne blesser personne qu'elle déployait des trésors d'hypocrisie pour faire croire au moindre raseur que son commerce était divin.» Pourtant, quand Sagan s'ennuie trop, c'est-à-dire souvent, il lui arrive d'abandonner ses invités pour bouquiner. Cette curieuse solitude imprègne toute son oeuvre. Les écrits lui servent de refuge. «Quand nous habitions ensemble à Rome, rapporte Gargia, elle passait des heures à lire devant le Colisée.» Parmi ses «milliers de livres préférés»: Les palmiers sauvages de Faulkner, Adolphe de Benjamin Constant et Les mots de Sartre. Elle se rêve en héroïne proustienne - d'où son attirance pour les noms à consonance aristocratique, comme les Rothschild. Mais depuis le duc de Guermantes, l'époque a changé: avec Bernard Frank, elle forme une sorte de couple à la Scott et Zelda Fitzgerald. Zelda n'est-il pas le nom de l'héroïne de sa pièce Il fait beau jour et nuit? Sagan a toujours aimé le théâtre. Et la chanson. Elle admire Billie Holiday, Orson Welles, Tennessee Williams. Elle se lie avec eux lors de ses séjours américains et en brosse de mémorables portraits dans Avec mon meilleur souvenir. Elle s'entend avec les écorchés car, au fond, elle leur ressemble. «Aux yeux des filles de ma génération, poursuit Laure Adler, c'était l'icône de la liberté sexuelle, de la rapidité d'écrire (avec grâce), elle conduisait à tombeau ouvert, aimait le sable chaud et les beaux mecs. Mais dans la réalité, elle n'avait pas ce côté solaire qu'on a tant décrit. Elle n'était pas sûre d'elle - et ce n'était pas de la fausse modestie, elle ne composait pas. Elle était dans la déchirure de l'être.» Et n'était rigoureuse que dans l'écriture.

    Aimer perdre
    Vingt ans après Bonjour tristesse, toujours en avance sur son époque, Sagan mène une existence de punkette boulimique. Amphétamines, anxiolytiques, cocaïne, piqûres de morphine, crises de delirium tremens, asile. Elle devient intime avec la veuve d'un gangster, fréquente des toxicomanes. La brigade mondaine perquisitionne chez elle. L'égérie de Sartre se réveille avec la nausée. Entre-temps, elle s'est fâchée avec Flammarion. «Il a retiré tous ses livres de la vente, allant jusqu'à casser les plaques d'impression», raconte Denis Westhoff. Massimo Gargia la retrouve en 1985: «Elle était déjà fatiguée à quarante ans, n'avait plus la force de sortir. Elle ne supportait plus les boîtes de nuit, les mondanités. Elle n'aimait pas ce milieu de la jet-set, au fond. Comme Bardot, elle préférait vivre dans la simplicité, le désordre.»

    Les années Mitterrand seront son chant du cygne. A l'époque, Laure Adler est conseiller culturel de l'Elysée: «Ils étaient très liés, Mitterrand et elle. Nous avons fait ensemble des voyages en hélicoptère. Elle arrivait en retard et faisait attendre tout le monde, y compris le Président. Cela l'amusait. Ils avaient une relation très tendre - pas amoureuse. Il me parlait d'elle avec admiration, il avait lu tous ses livres.» Cette amitié vaudra à Sagan de nombreux déboires. Et contribuera à brouiller un peu plus son image auprès du public. En 1985, tombée dans le coma lors d'un voyage officiel du Président en Colombie, elle est rapatriée d'urgence. Les médias évoquent une overdose, Jack Lang parle de mal d'altitude.

    En 1991, André Guelfi, l'un des protagonistes de l'affaire Elf (sous le nom de Dédé la Sardine), demande à l'écrivain d'intervenir auprès de François Mitterrand pour favoriser l'activité de la compagnie pétrolière en Ouzbékistan. Endettée jusqu'au cou, Sagan accepte, contre la promesse d'une commission de 5,5 millions de francs. Selon Marc Francelet2, qui servit d'intermédiaire, seule une partie de la somme aurait été versée, sous forme de travaux dans son manoir normand, qu'elle omet de déclarer aux services fiscaux. «Elle avait un petit côté coquin et aimait les filouteries. D'ailleurs, Mitterrand l'a un jour comparée à Mata Hari. Mais, dans cette histoire, on s'est servi d'elle pour blanchir de l'argent. Les travaux ont été facturés quatre millions de francs, il y en avait à peine pour le tiers...» plaide son ayant droit Denis Westhoff. En février 2002, Françoise Sagan est condamnée à un an d'emprisonnement avec sursis pour fraude fiscale et doit rembourser, aggravés des pénalités, les revenus dissimulés. «Elle a dû vendre ses bijoux et les plus beaux cadeaux qu'elle avait reçus dans sa vie. Les droits sur ses derniers livres partaient directement aux impôts», témoigne Massimo Gargia. Amie des grands de ce monde, elle se croyait au-dessus des lois, la voici officiellement insolvable.

    Jean Grouet, à la fois agent et éditeur, tente d'endiguer les problèmes financiers: «Françoise écrivait quand elle était acculée par les dettes. Elle m'a fait vendre trois fois la même nouvelle. Elle avait toujours besoin d'argent. Quand elle m'en empruntait, elle disait: "Je ne vous le rendrai jamais mais je ne vous en voudrai pas." CBS a accepté de payer 20 000 dollars une interview d'elle avec Brigitte Bardot. Le problème, c'est qu'elles n'avaient rien à se dire...» Massimo Gargia garde le souvenir d'amusants trafics: «Françoise revendait les cadeaux en or, en argent ou en cristal de sa grande amie Marie-Hélène de Rothschild, qui avait financé sa pièce Château en Suède. Le jour où Marie-Hélène s'en est rendu compte, elle s'est mise à lui offrir de fausses fourrures. Et lorsque Françoise a préfacé le livre d'une amie très riche, elle a demandé à être payée au noir...»

    Pourtant, l'oeuvre de Sagan généra longtemps des sommes colossales, aux quatre coins du monde. Bonjour tristesse fut un best-seller en Italie, dans sa version... française. Et se vendit à deux millions d'exemplaires aux Etats-Unis, où la Fox déboursa 100 000 dollars pour les droits du roman Le garde du coeur. Traduite en Corée du Sud et en Chine, Sagan fut aussi l'un des seuls écrivains français autorisés en Russie pendant la guerre froide. Le journaliste Guillaume Durand est l'un de ses ardents défenseurs: «Ce n'était pas une tricheuse. Elle ne s'est pas installée en Suisse, comme d'autres. Elle distribuait son argent à ses copains. Elle ne possédait rien à part ses voitures et une maison bizarre. Tellement de gens ont profité d'elle, chacun se prétendait son meilleur ami.» Tous les proches de l'écrivain conservent le souvenir de sa grande générosité. «Sa table était toujours ouverte, avec les meilleurs vins et du caviar», précise Gargia. Elle offrait bijoux, vêtements... jusqu'à ses propres manuscrits. Son fils n'en a récupéré qu'un seul, un inédit illisible. Bonne joueuse, elle se contentait de proclamer, à propos des biens matériels: «J'aime perdre.»

    A la fin de sa vie, la star déchue loge avenue Foch, chez son amie Ingrid Mechoulam, épouse d'un millionnaire. Ruinée, privée de chéquier, elle peut à peine s'acheter ses cigarettes. «Cette amie l'a soignée, emmenée à l'hôpital et sauvée financièrement - mais elle l'a coupée du monde, juge Denis Westhoff. Massimo Gargia défend l'amie qu'il présenta à Sagan: «On est possessif, quand on est amoureux. Ingrid l'a quand même soutenue pendant douze ans, jusqu'à la fin... "Il n'y a que des preuves d'amour", disait Cocteau!» Guillaume Durand fréquente l'écrivain déchu à cette époque, pour un projet de livre: «Sa principale blessure venait de cette histoire avec le fisc. Elle se sentait coincée. Elle s'est enfermée dans un désenchantement élégant. Démunie, au bout de sa vie, dans un écrin de luxe. Et personne n'a rien fait, soi-disant à cause de ses problèmes de cocaïne. Elle avait une ébriété à l'égard de l'argent. Ce n'est pas toléré par la société. Charasse (NDLR: alors ministre du Budget) s'est vanté de ne pas l'avoir aidée!» Selon Laure Adler, la Présidence aurait eu les moyens d'annuler une dette, mais l'ancienne conseillère n'en dit pas plus. Gargia est plus explicite: «Quand Mitterrand est tombé, c'est devenu très dur pour Françoise.» Durand poursuit: «Seuls des amis un peu voyous lui ont tendu la main. Francelet lui a fait vendre une chanson à Johnny.» Ce sera son dernier texte... «Elle déclinait physiquement et devenait très difficile d'accès. La porte ne s'ouvrait plus, même pour François Mitterrand.» Pour Durand non plus: son livre d'entretiens ne sortira jamais. «Elle restait en pyjama, lisait les grandes romancières anglaises et écrivait au lit, sa célèbre Kool à la main. Elle demeurait pourtant pudique et coquette, se remaquillait un peu avant de me recevoir.» Laure Adler se rend avenue Foch au même moment: «Elle était affaiblie et bouleversante. Elle marchait à petits pas, mettait un temps fou à ouvrir la porte. Je venais pour écrire une biographie mais je n'osais pas prendre de notes... Je me souviens de conversations sur des sujets profonds, comme la religion. A la fin de la journée, elle continuait à parler dans l'obscurité, elle n'allumait même pas la lumière.»

    Françoise Sagan s'éteint le 24 septembre 2004, à Equemauville, d'une embolie pulmonaire. Elle repose désormais auprès de Peggy Roche. Juliette Gréco, présente aux obsèques avec les derniers fidèles, en a donné l'explication au Monde: «Elle a demandé à être enterrée à Cajarc (Lot), dans le pays où elle est née, qu'elle aimait, avec une femme qu'elle a aimée et qui l'a aimée jusqu'au bout.» Pourtant, le nom de ce grand amour n'est pas inscrit sur la tombe. Pudique jusqu'au bout. A propos de Sarah Bernhardt, dont elle se fit la biographe, Sagan écrivait: «Ce que j'aime en elle, c'est cet humour qu'elle a gardé jusqu'au bout. Elle a eu une vie gaie et heureuse et elle n'a pas été punie parce qu'elle avait plein d'amants.» Souhaitait-elle, secrètement, qu'on en dise autant d'elle?

    1) Cité par J.-C. Lamy dans Sagan. 2) Cité par M.-D. Lelièvre dans Sagan à toute allure.

    Sans vous aimer par Michaël Delmar, 192 p., Scali, 16 euros 5, rue des Italiens par Bernard Frank, 714 p., Grasset, 24,50 euros Les femmes qui écrivent vivent dangereusement par Laure Adler et Stefan Bollmann, 150 p., Flammarion, 29 euros Sagan par Jean-Claude Lamy, 340 p., Mercure de France, 22 euros

    Les oeuvres complètes de Françoise Sagan sont publiées par Robert Laffont, dans la collection Bouquins créée par son premier mari, Guy Schoeller.

    http://www.lire.fr/enquete.asp?idc=52055&idR=200&idG=

  • Jeanne Moreau dans le tourbillon de la vie

    Propos recueillis par Dominique Borde et Marie-Noëlle Tranchant
    31/01/2008 | Mise à jour : 18:39 |

    Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

    À l'occasion de ses soixante ans de carrière la comédienne fait l'objet d'une grande rétrospective à la Cinémathèque française.» VIDÉO INA - L'interview de Jeanne Moreau par Marguerite Duras (Marguerite Duras, un rôle magistralement interprété par Jeanne Moreau en 1981 dans «Cet Amour-là», de Josée Dayan)

    Quelle actrice! Quelle femme! Avec Jeanne Moreau tout se confond en soixante années d'une carrière de plus de cent films, de dizaines de pièces, de téléfilms, d'écrits et d'interventions. D'Ascenseur pour l'échafaud au Procès, de La Reine Margot au Journal d'une femme de chambre, des Liaisons dangereuses aux Valseuses, elle n'a pas arrêté de tourner, de parler. Non pas d'elle mais des autres, de ses rencontres, Malle, Truffaut, Losey, Welles, de son métier, de ses découvertes, du futur. Car elle est toujours tournée vers l'avenir. Aujourd'hui, alors que le festival Premiers Plans d'Angers vient de la fêter, la Cinémathèque française lui rend hommage du 6 février au 3 mars en programmant plus d'une cinquantaine de films (le 9 à 17 heures une rencontre sera organisée salle Henri-Langlois avec Serge Toubiana). Elle qui n'aime pas se retourner sur le passé a toutefois accepté de réagir à certains mots, certains noms qui ont jalonné sa vie et ses rôles.

    Enfance «J'écris beaucoup de discours sur les autres souvent à l'occasion de remises de décorations, et ce qui m'intéresse, c'est de chercher l'enfant qui est en eux. Ma nature s'est dessinée dès que j'ai commencé à écrire… à quatre ans. Mon oncle m'envoyait des lettres et j'ai vite compris que la lecture, c'est la liberté. J'avais un petit copain que je terrorisais, son père était médecin et avait une grande bibliothèque. C'est là que j'ai découvert La Faute de l'abbé Mouret de Zola à 7 ans. Et je puisais aussi dans la «Bibliothèque verte » et la collection des «Contes et légendes.»

    Temps «Je le vis comme un trésor. Cela permet d'avancer, de faire des progrès, de découvrir des tas de choses. La vie a une fin inéluctable, on a juste le temps qu'il faut pour aller à la découverte. Dans la rétrospective de la Cinémathèque, j'ai tenu à faire figurer des films de mes débuts, pour qu'on voie l'évolution.»

    Vocation «Le choc s'est produit en voyant l'Antigone d'Anouilh pendant l'Occupation. Elle incarnait l'insoumission de celle qui acceptait de mourir pour rétablir le droit divin contre Créon, la force de l'État. La vocation a une dimension presque sacrée. C'est un engagement et c'est vrai pour beaucoup de comédiens. Une vocation ce n'est pas une envie. C'est quand on sait qu'on doit faire cela et pas autre chose. C'est intraduisible avec des mots, comme la musique. C'est ce que me disait encore hier Barenboïm. Sur scène, c'est comme un orchestre, on s'écoute les uns les autres et on écoute la résonance en soi. On est traversé, on n'y est pour rien. Je me compare à un tuyau d'arrosage !»

    Star «Je ne me vis absolument pas comme une star. Je n'y ai jamais pensé et je n'ai aucun souci de mon image. J'ai débuté au cinéma avec les grandes stars de l'époque, comme Fernandel dans Meurtre, ou Gabin dans Gas Oil, et cela s'est passé très naturellement. Ils se sont montrés simples et gentils. Je me souviens de Gabin : on l'entendait venir de loin. Mon enthousiasme l'amusait. Il disait: “Il y en a une qui chante ! Elle est contente de faire du cinéma ! Ça te plaît, hein ?” Oui, ça me plaisait…»

    Louis Malle «Il y avait en lui une insatisfaction profonde, une quête désespérée, comme une cassure. Il venait d'une famille bourgeoise et essayait d'en sortir. Comme Truffaut, il avait cet amour des femmes. Tous les grands cinéastes quand ils choisissent une héroïne et aussi un héros sont dans une relation amoureuse, parce qu'ils emprisonnent une personne, la mette à leur service. Un tournage, c'est une intimité incroyable, une accélération du temps et des émotions.»

    Scandale «Les Amants, Eva, Jules et Jim ont fait scandale à l'époque et quand dans la rue, on me traitait de putain après Eva, je comprends ce qu'on voulait dire. Mais ce n'est pas mon métier de me cacher…»

    François Truffaut «Il me l'a dit après, avec Jules et Jim il voulait laisser son empreinte. J'avais une image assez dramatique, j'étais la pensive, la fatale. Là il m'a voulu joyeuse. Mais nous nous sommes brouillés quand j'ai réalisé mon premier film, Lumière. Je lui ai envoyé mon scénario et il me l'a renvoyé, complètement annoté.

    Ce n'était plus mon film mais le sien et je le lui ai renvoyé. Bien plus tard, nous nous sommes revus et il m'a dit: “Les plus grandes rivalités ne sont pas entre actrices comme je le croyais mais entre réalisateurs”.»

    Luis Bunuel «Nous avions deux projets qui n'ont pas abouti : Au-dessous du volcan et Le Moine. C'était un homme adorable… Bien après sa mort quelqu'un m'a envoyé des photos de sa maison à Mexico, entièrement vide. C'était déchirant. Là-bas il avait un bar bien rempli avec un plan du métro de Paris affiché au mur.»

    Écriture «J'aime écrire mais je n'ai pas toujours le temps nécessaire au milieu de toutes mes activités. Là je vais partir pour Berlin présenter le film d'Amos Gitaï One Day you'll Understand, et avant j'enregistre en français, en anglais, en italien, les textes qui accompagnent le musée itinérant commandé par Karl Lagerfeld. Un parcours initiatique vocal pour suivre sept cents pièces conçues par une architecte iranienne.»

    La politique «On ne peut pas la regarder de loin parce qu'elle a des conséquences directes sur notre vie quotidienne. Aujourd'hui, il y a une accumulation de décisions quelquefois contradictoires qui accroissent un sentiment d'instabilité. Les gens sont très anxieux pour leur avenir, pour la pérennité du travail. Celui-ci n'est pas seulement un moyen de gagner sa vie, c'est aussi l'accomplissement d'un individu, une façon d'exister. En province où je me rends souvent, l'inquiétude est palpable.

    Bien sûr que les choses doivent changer. Mais la familiarité ne veut pas dire la compréhension, et la compassion fugitive ne veut pas dire que l'on s'intéresse vraiment aux autres!»

    Politique spectacle «Il ne faut pas mélanger les deux. Dire que les politiciens font du cinéma, c'est dire du mal du cinéma.»

    Hommages «C'est agréable mais encombrant ! L'abondance embarrasse et arrête.»

    Jeunesse «J'ai tourné jeune avec de jeunes réalisateurs : Orson Welles qui était un roi en exil, Losey qui fuyait le maccarthysme, Tony Richardson qui incarnait la nouvelle vague anglaise. J'ai souvent fait des premiers films et j'en vois aussi beaucoup. D'où mon intérêt pour le festival Premiers Plans d'Angers consacré aux réalisateurs débutants. J'ai lancé il y a quatre ans les Ateliers d'Angers où on sélectionne des réalisateurs pour leur permettre de faire leur premier long-métrage. Cette année, il y en aura sept que nous prenons en charge pendant dix jours en les mettant en rapports avec toutes les techniques (son, décors, images, régie). J'aime éveiller leurs possibilités. Certains trouveront leur voie soit dans l'écriture, soit dans la photographie. Angers, c'est la pouponnière de Cannes.»

    Les films préférés «Je n'en ai pas. Je suis faite de tout ce que j'ai fait. Je ne porte pas de jugement. C'est au public de décider. Pour moi, toutes les expériences ont été enrichissantes. On apprend autant en tournant avec des metteurs en scène insuffisants, car même quand on est déçu on doit donner le maximum. Je suis un petit soldat!»

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    Apple lance son ordinateur ultrafin Macbook Air

    Marc Cherki
    16/01/2008 | Mise à jour : 08:36 |

    Steve Jobs a présenté le MacBook Air, un portable dont l'épaisseur ne dépasse pas 2 centimètres pour un poids de 1,36 kg. Crédits photo : AP

    La firme à la pomme se lance également dans la location de films en ligne.

    « IL Y A décidément quelque chose dans l'air aujourd'hui », a commencé Steve Jobs en présentant hier sa stratégie pour 2008, à San Francisco. Habillé comme à son habitude d'un polo noir et d'un jean, il a dévoilé le MacBook Air, une nouvelle gamme d'ordinateurs portables qui va compléter sa gamme professionnelle et grand public. « Nous allons lancer le plus mince ordinateur au monde dans deux semaines », a lâché Steve Jobs. Il s'agit d'un MacBook portable dont l'épaisseur ne dépasse pas 2 centimètres pour un poids de 1,36 kg. Cette machine tient dans une grande enveloppe.

    Elle sera commercialisée aux États-Unis, à 1 799 dollars, et en France à 1 699 euros. Des performances rendues possibles par un disque dur minuscule. Apple a été aidé par la miniaturisation du microprocesseur, une puce Core 2 Duo, qu'a livrée en personne Paul Otellini, le président d'Intel, à Steve Jobs, hier au Moscone Center. L'autonomie de ce micro-ordinateur, sans recharge, est de cinq heures. La grande innovation de cette machine est d'avoir un pavé tactile multipoint, en guise de souris, comme l'iPhone.

    Dans l'informatique, Apple revient en force. Son taux de croissance (+ 30 %) l'an dernier est le double de celui du secteur. De ce fait, la firme de Cupertino s'est hissée au troisième rang aux États-Unis l'an dernier, avec 8 % des ventes, derrière HP et Dell. En Europe, sa part de marché est aux alentours de 4 %.

    4 milliards de morceaux

     

    Mais Steve Jobs a consacré l'essentiel de son temps à présenter son nouveau service de location de vidéo en ligne. Il a présenté iTunes Movie Rentals , ce site « sera lancé cette année à l'international » . Tous les grands studios de Hollywood ont accepté de participer à ce nouveau service : Fox, MGM, Warner, Walt Disney, Sony Pictures et Universal. Un film de catalogue sera loué trois dollars et une production récente quatre dollars. Et les films au format en haute définition coûteront un dollar de plus.

    Steve Jobs ajoute du contenu pour tenter de vendre davantage d'iPod vidéo. Le site de vente de commerce en ligne, iTunes Store, a vendu, en cumul 4 milliards de morceaux, dont « un record de 20 millions de morceaux à Noël », dans une discothèque de 6 millions de morceaux.

    Les films pourront être regardés sur un PC, les iPod de dernières générations ainsi que sur l'iPhone. Car une vidéo louée pour 24 heures peut être transférée d'un Mac ou d'un PC vers n'importe lequel des récents iPod adaptés à la vidéo, et l'iPhone.

    D'autre part, Steve Jobs est revenu sur le succès de l'iPhone. En « 200 jours, l'iPhone a été lancé. Nous en avons vendu 4 millions, soit 20 000 par jour » , a ajouté Steve Jobs qui n'a pas présenté la version 3G. Toutes ces activités font d'Apple un groupe plus productif que Microsoft. Malgré la forte expansion de ses effectifs pour ses deux cents boutiques AppleStore, qui emploient environ 8 000 employés, la firme à la pomme compte 21 600 salariés dans le monde. De son côté, Microsoft emploie 79 000 personnes. Et un salarié d'Apple génère près de deux fois plus de chiffre d'affaires (1,1 million de dollars par an) qu'un employé de Microsoft (0,64 million).

    La vidéo du Keynote (en anglais)

    Une retranscription en français

    http://www.lefigaro.fr/societes-francaises/2008/01/16/04010-20080116ARTFIG00270-apple-lance-son-pc-ultrafin-macbook-air.phpda7cf51c4fc1011d74646966d4546c7c.jpg

     

  • Résonances I - Photographier après la guerre France-Allemagne, 1945-1955

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    Le Jeu de Paume inaugure un nouveau cycle d’expositions, qui proposent, périodiquement, une nouvelle manière d’aborder l’histoire de la photographie. En s’appuyant sur les collections de la Médiathèque de l’architecture et du pat rimoine, le cycle “Résonances“ permettra de revisiter ces fonds photographiques remarquables grâce à leur confrontation avec des collections ou des fonds « invités », venus du monde ent ier. Il s’agit ainsi de di versi fier l’approche de l’histoire de la photographie, de montrer la genèse du processus créat if des photographies.

    « Résonances I. Photographier après la guerre. France-Allemagne, 1945 - 1955 » confronte les fonds de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine avec ceux du Museum Folkwang d’Essen. Ute Eskildsen, conservatrice du département photo du prestigieux musée allemand et Marta Gili, directrice du Jeu de Paume, procèdent ensemble, au travers des collections des deux institutions, à une lecture croisée de la production photographique des années 1950 en France et en Allemagne. L’occasion d’observer « deux pays clés de l’Europe, dont les convergences et les divergences sociales, politiques ou encore psychologiques pendant la période funeste de l’après-guerre s’avèrent incontournables pour qui veut comprendre la géopolitique de l’Europe contemporaine ». Outre les nombreux tirages issus des deux collections, c’est aussi tous les documents d’époque (maquettes de catalogues, planches contact, lettres manuscrites…) qui accompagnent le travail des photographes et la genèse de l’image que dévoile le Jeu de Paume.

    Les art istes présentés :

    Photographes issus des collections de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine :

    Noël Le Boyer (1883 – 1967)

    Marcel Bovis (1904 – 1997)

    Denise Colomb (1902 – 2004)

    Roger Corbeau (1908 - 1995)

    René-Jacques (1908 – 2003)

    Thérèse Le Prat (1895 – 1966).

    Collections du Museum Folkwang :

    Chargesheimer (1924 – 1972)

    Heinz Hajek-Halke (1898 – 1983)

    Lotte Jacobi (1896 – 1990)

    Kurt Julius (1909 – 1986)

    Peter Keetman (1916 – 2005)

    Willi Moegle (1897 – 1989)

    Hilmar Pabel (1910 – 2000)

    Wolfgang Reisewitz (né en 1917)

    August Sander (1876 – 1964)

    Otto Steinert (1915 – 1978)

    « Résonances »

    D’autres histoires de l’histoire de la photographie Marta Gili, directrice du Jeu de Paume. Extrait du texte du catalogue

    L’histoire de la photographie reste un vaste territoire à découvrir. Ignorée de ceux qui croient que la photographie a été réinventée à partir de son éclosion sur le marché de l’art contemporain, ou bien réduite à un pur récit autonome par le modernisme tardif, cette histoire foisonne de multiples secrets, préjugés et exercices du pouvoir qui ont déterminé en grande partie notre connaissance du monde actuel.

    Avec « Résonances », le Jeu de Paume a voulu explorer de nouvelles façons d’expliquer l’histoire de la photographie, s’essayer à des timbres, à des tons différents dans des registres narratifs autres.

    Pour ce projet, fidèle à sa vocation d’analyse des multiples phénomènes sociaux, politiques, artistiques et culturels qui traversent le vaste champ de l’image, le Jeu de Paume s’est associé à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine de Paris. Le but est bien sûr d’étudier, de comparer et d’apprécier à leur j uste valeur ses remarquables archives photographiques, mais aussi de les confronter, avec un esprit ouvert et critique, à d’autres collections et fonds internationaux. Loin d’une homogénéisation des récits sur l’histoire de la photographie, « Résonances » propose d’en diversifier l’approche ; et il ne s’agit pas tant d’harmoniser les discours que d’identifier les points de discordance ou de tension qui viendraient démentir le consensus ordinairement associé au récit canonique sur le passé de nos images.

    À travers ces "Résonances", le Jeu de Paume fait passer le processus de création avant le résultat final, l'esprit avant le geste, dans une entreprise de compilation de gloses aussi ouvertes que polysémiques sur les différents contextes sociaux, politiques et culturels où se sont développés usages et pratiques photographiques.

    Nul n’en doute : la photographie, et plus généralement l’image, font partie de notre paysage médiatique. Or, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la production photographique s’est toujours trouvée intimement liée aux processus complexes d’exercice du pouvoir, de production de l’information, de construction de sens et d’organisation du réel. L’invitation au dialogue, lancée par le Jeu de Paume à des collections et des archives photographiques du monde entier, vise ainsi à favoriser la connaissance critique d’une histoire complexe et commune, celle de nos relations – parfois orageuses, parfois ingénues – avec l’image.

    Pour cette première occasion, le Jeu de Paume a demandé à Ute Eskildsen, conservatrice du département photo du Museum Folkwang d’Essen, de lui soumettre un projet de collaboration entre la légendaire collection allemande et les fonds de la Médiathèque. Fondée sur l’analyse d’une partie de la production des années 1950, sa proposition jette un regard croisé sur les collections allemande et française. Deux pays clés de l’Europe, dont les convergences et les divergences sociales, politiques ou encore psychologiques pendant la période funeste de l’après-guerre s’avèrent incontournables pour qui veut comprendre la géopolitique de l’Europe contemporaine. (…)


    http://www.actuphoto.com/6361-resonances-i-photographier-apres-la-guerre-france-allemagne-1945-1955.html